CACN - Relations bilatérales entre le Canada et Hong Kong (Affaires mondiales Canada) - 16 nov, 2020
Contexte
Le Canada entretient un partenariat spécial avec Hong Kong en raison de ses importants liens commerciaux, institutionnels et interpersonnels. Le Canada et Hong Kong n’ont aucune source de friction commerciale bilatérale et continuent à coopérer dans plusieurs domaines clés, notamment le commerce et l’investissement, la promotion de l’industrie culturelle, le bureau des diplômés, ainsi que la santé publique. En outre, ils coopèrent à l’échelle multilatérale dans le cadre d’organisations internationales, comme le Forum de coopération économique Asie‑Pacifique (APEC) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Hong Kong fait également partie du Conseil de stabilité financière (CSF) et participe aux réunions régulières afin d’échanger des points de vue sur les vulnérabilités potentielles du système financier international.
Gouvernance responsable, développement démocratique et droits de la personne
Les droits de la personne, notamment les droits civils et politiques, la liberté d’expression et de réunion ont décliné de manière considérable et constante à Hong Kong au cours des dernières années, notablement depuis le mouvement Occupy Central en 2014. Graduellement, les personnes considérées comme associées aux opinions politiques « localistes » ont été exclues de la participation politique, et on craint que cette tendance se poursuive ou qu’elle s’aggrave. Le 6 novembre 2018, le Canada a formulé sa première recommandation au sujet des droits de la personne à Hong Kong, dans le cadre du processus d’examen périodique universel de la Chine : « garantir à la population de Hong Kong le droit de participer aux activités du gouvernement, sans distinction aucune ».
Manifestations
Des manifestations de grande envergure ont éclaté en juin 2019 en réponse à la proposition du projet de loi sur l’extradition du gouvernement de Hong Kong, qui permettrait d’extrader des citoyens au cas par cas vers tous les autres territoires, y compris vers la Chine. De nombreuses personnes considéraient que la loi permettrait de cibler des dissidents politiques et qu’elle représenterait une menace considérable à la grande autonomie et à l’indépendance judiciaire de Hong Kong. Le projet de loi a été suspendu le 15 juin, puis retiré complètement le 23 octobre 2019. Les manifestations se sont tout de même poursuivies, et n’ont ralenti qu’en janvier 2020, en raison de l’éclosion de la pandémie de la COVID-19. Le mécontentement politique demeure généralisé. À mesure que le mouvement s’est intensifié et que le mécontentement public a augmenté en réaction à la réponse du gouvernement, cinq demandes de la part des manifestants ont émergé : 1) le retrait du projet de loi sur l’extradition, 2) la conduite d’enquêtes indépendantes sur la conduite policière, 3) le retrait de toutes les accusations envers les manifestants, 4) le retrait de la catégorisation des manifestants comme des émeutiers, 5) le suffrage universel.
Le sentiment d’anxiété relatif à la perte d’autonomie de Hong Kong et des libertés fondamentales qu’on y retrouvait, ainsi que le manque de confiance envers Beijing font en sorte que le mouvement de protestation se poursuit (voir la note distincte « Agitation politique à Hong Kong »). Le nombre de manifestations a chuté à mesure que le nombre de cas de COVID-19 a monté en flèche dans la Région administrative spéciale (RAS). Cependant, on ne sait pas si d’autres manifestations à grande échelle auront lieu, compte tenu des craintes importantes à l’égard de la nouvelle loi sur la sécurité nationale (LSN). Il n’y a aucune résolution politique à l’horizon pour atténuer les tensions politiques généralisées. Au cours des derniers mois, les manifestations ont été largement réprimées par la pandémie de la COVID-19 et par l’augmentation des interventions policières ayant suivi la LSN.
L’agitation politique à Hong Kong a beaucoup attiré l’attention de la communauté internationale et a entre autres donné lieu à des déclarations et à des commentaires de politiciens de premier plan des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Union européenne, de la France et de l’Allemagne. Le Canada a publié trois déclarations au sujet de l’agitation politique actuelle dans la RAS : le 30 mai 2019, dans le cadre d’une déclaration commune avec le Royaume-Uni, le 12 juin 2019, dans une déclaration autonome, et le 17 août 2019, dans une déclaration commune avec l’UE.
Réponse à la COVID-19
Le 25 janvier, le gouvernement de Hong Kong a déclaré que l’éclosion de la COVID-19 constituait une situation d’urgence et a répondu par des contre-mesures. Hong Kong, qui a connu une importante deuxième vague à la fin mars, s’en est bien tiré jusqu’à la troisième vague, plus sévère, qui a débuté en juillet et qui a beaucoup diminué en septembre et en octobre. Des règles de distanciation sociale comme le télétravail, le port obligatoire du masque, et des restrictions limitant les rassemblements à un maximum de deux personnes ont été mises en place avec l’appui de la population. Les restrictions ont été assouplies depuis.
Les lois relatives à la sécurité nationale
Le 30 juin 2020, le Comité permanent du Congrès national du peuple a imposé la controversée loi de la République populaire de Chine sur la sauvegarde de la sécurité nationale dans la région administrative spéciale de Hong Kong. La Loi a été immédiatement promulguée par la cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, et est entrée en vigueur une heure avant le 23e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la République populaire de Chine. La Loi n’a pas été rendue publique avant d’être mise en œuvre et a été rédigée sans consultation inclusive et par un processus qui a contourné le Conseil législatif de Hong Kong. La Loi criminalise la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des forces étrangères. La Loi a également donné compétence aux autorités de la Chine continentale sur certaines affaires, ce qui signifie que ces affaires peuvent être jugées et signifiées en Chine continentale. La peur et l’incertitude généralisées se sont immédiatement répandues à Hong Kong; les commerces ont retiré de leurs vitrines les slogans du mouvement de protestation, et la participation aux manifestations a connu un fort déclin.
Le 22 mai, le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni ont publié une déclaration commune pour exprimer leurs préoccupations partagées. Le 28 mai, le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont émis une autre déclaration réitérant ces préoccupations, et une déclaration commune comprenant les pays du G7 a été rendue publique le 17 juin.
Le 30 juin, le Canada s’est joint à 27 autres pays pour la publication d’une déclaration exprimant des préoccupations continues à l’égard des mesures législatives en matière de sécurité nationale imposées à Hong Kong, à l’occasion de la 44e rencontre du Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Le 6 octobre, lors de la troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Canada a cosigné, avec 38 autres pays, une déclaration commune exprimant des préoccupations par rapport à la situation des droits de la personne au Xinjiang et à Hong Kong.
Le 3 juillet, le Canada a annoncé une série de mesures en réponse à la LSN, notamment des mesures de contrôle de l’exportation, la suspension du traité d’extradition avec Hong Kong, et une révision des conseils de déplacement à Hong Kong. Le premier ministre Trudeau a promis la tenue d’évaluations continues des conséquences de la Loi et des réponses, ainsi que la mise en place d’autres mesures, dont certaines toucheront l’immigration. Depuis le 3 juillet, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont également suspendu des traités d’extradition avec Hong Kong, et plusieurs pays de l’UE examinent les leurs. Le Royaume-Uni a également qualifié la LSN de violation de la Déclaration commune sino-britannique.
Le 31 juillet, Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif de Hong Kong, a annoncé qu’elle allait invoquer les pouvoirs d’urgence pour reporter les élections législatives d’un an, en affirmant que de telles mesures étaient nécessaires en raison de la récente montée des cas d’infections à la COVID-19. Le 9 août, le Canada, de concert avec les partenaires du Groupe des cinq, a publié une déclaration faisant part de ses inquiétudes et demandant au gouvernement de Hong Kong de réévaluer sa décision de reporter les élections. À la lumière de son application à ce jour, on peut dire que la LSN est susceptible de miner la confiance à l’égard de l’intégrité du cadre « d’un pays, deux systèmes » et de la primauté du droit à Hong Kong, et pourrait avoir des répercussions négatives sur l’attrait de Hong Kong comme carrefour commercial et financier international.
Liens entre les populations
Hong Kong abrite l’une des plus importantes populations canadiennes à l’étranger, laquelle est estimée à 300 000 citoyens canadiens, et 200 entreprises canadiennes. L’estimation du nombre de citoyens canadiens vivant à Hong Kong est tirée d’une enquête de la Fondation Asie-Pacifique du Canada (2010). Cette population, ainsi que quelques 185 000 résidents de Hong Kong formés au Canada jouent un rôle clé dans la relation bilatérale. La participation de 1 975 soldats canadiens à la bataille de Hong Kong en 1941, dont 550 ont donné leur vie, est commémorée chaque année en décembre au cours d’une grande cérémonie au cimetière militaire de Sai Wan. Le Canada et Hong Kong partagent également un legs du Commonwealth, en plus d’un historique de défense d’un certain nombre de valeurs, dont la primauté du droit et la liberté d’expression, lesquelles constituent des éléments essentiels de la stabilité et de la prospérité de Hong Kong.
Commerce et investissement
Commerce des marchandises
Le commerce bilatéral des marchandises entre Hong Kong et le Canada en 2019 s’élève à un total de 4,4 milliards de dollars, une augmentation de 3,5 % comparativement à 4,2 milliards de dollars en 2018. En 2019, Hong Kong était le 21e partenaire commercial en importance du Canada et le 6e en importance en Asie (après Taïwan). Le Canada a exporté pour 4 milliards de dollars en marchandises à Hong Kong en 2019, plaçant la région au 10e rang des marchés d’exportation les plus importants pour le Canada. De plus, les importations du Canada en provenance de Hong Kong s’élevaient à 378,9 millions en 2019.
Les exportations du Canada vers Hong Kong au cours des huit premiers mois de 2020 (de janvier à août) totalisaient 1,3 milliard de dollars, ce qui représente une chute importante de 56,3 % par rapport à la même période en 2019 (3 milliards). Les importations en provenance de Hong Kong pour la même période s’élèvent à 372,6 millions, une augmentation de 43,4 % par rapport à 259,8 millions de dollars un an auparavant.
Commerce des services
Les fournisseurs de services canadiens excellent dans divers secteurs tels que les finances, l’ingénierie, les technologies de l’information et les services professionnels. Les exportations de services du Canada vers Hong Kong, qui étaient de 2,2 milliards de dollars en 2018, ont chuté à 1,8 milliard de dollars en 2019, tandis que les importations de services de Hong Kong totalisaient 5,3 milliards de dollars. Dans la première moitié de 2020, les exportations de services vers Hong Kong s’élevaient à 755 millions de dollars, une baisse de 18,9 % comparativement à la même période en 2019 (931 millions de dollars).
Investissement
En 2019, le stock total des investissements étrangers de Hong Kong (valeur comptable) au Canada était de 20,9 milliards de dollars, ce qui représente une diminution de 3,2 % par rapport au stock de 21,6 milliards de dollars en 2018. Le stock d’investissement direct du Canada à Hong Kong s’élevait à 11,7 milliards de dollars en 2019.
L’effet combiné des répercussions de la pandémie de la COVID-19, des manifestations, qui ont débuté en mai 2019 et ralenti à l’été 2020, du différend commercial entre la Chine et les États-Unis et, plus récemment, de l’imposition d’une nouvelle loi sur la sécurité nationale par Beijing le 30 juin, a mené l’économie de Hong Kong à sa plus grave récession depuis des années. Le FMI (octobre 2020) prévoit que l’économie de Hong Kong diminuera de 7,5 % en 2020. Hong Kong a lancé trois séries de mesures pour soutenir les secteurs touchés et le public, pour un total de 287,5 milliards de dollars de Hong Kong, ou 10 % du PIB de la ville.
Après la période de confinement liée à la pandémie de la COVID-19, la réponse de Hong Kong sur le plan de la politique économique consistera à poursuivre la promotion de l’intégration de Hong Kong à la Chine continentale, et ce, en jouant un rôle de plus en plus important dans les projets menés par Beijing, comme l’initiative de la grande baie et l’initiative des nouvelles routes de la soie.
Universités
Il existe de nombreux liens institutionnels entre les universités canadiennes et celles de Hong Kong dans des domaines comme la recherche en santé, la technologie de l’information, le génie, et les programmes généraux à deux diplômes. Cinq universités canadiennes ont des bureaux permanents à Hong Kong, qui est un endroit important pour la collecte de fonds auprès des anciens, le recrutement d’étudiants, et les partenariats universitaires. Les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) montrent qu’un total de 2 445 permis d’études a été approuvé en 2018 pour des étudiants de Hong Kong. Il y a vingt-neuf sections canadiennes actives d’anciens étudiants à Hong Kong, lesquelles continuent en outre d’être une source importante d’étudiants internationaux. Comme il n’y avait pratiquement aucune propagation communautaire du virus en mai et en juin, de nombreuses universités espéraient un retour des classes en personne à l’automne. Toutefois, l’augmentation du nombre de cas locaux à compter de juillet rend cette possibilité très incertaine. En raison de l’imprévisibilité du mouvement de protestation en 2019, de nombreuses universités avaient déjà opté pour les cours en ligne, et à ce chapitre, elles étaient prêtes à relever certains des défis posés par le virus.
Le Consulat général du Canada
Comptant près de 150 employés, le Consulat général est l’une des plus grandes missions du Canada à l’étranger. Il s’agit du plus important centre de prestation de services (passeports et immigration) du Canada à l’étranger. La Gendarmerie royale du Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada, qui ont toutes deux des bureaux au Consulat général, collaborent de façon active avec des homologues locaux, régionaux et alliés en ce qui concerne l’intégrité des mouvements migratoires et la coopération en matière de lutte contre le crime. Le Canada avait conclu des traités d’extradition et d’entraide juridique en matière criminelle avec Hong Kong. Cependant, en réponse à la mise en œuvre de la LSN, le Canada a suspendu ses traités d’extradition avec Hong Kong, en date du 3 juillet 2020. En réponse, le 28 juillet 2020, le gouvernement de Hong Kong a suspendu le traité d’entraide juridique. Les gouvernements de l’Alberta et de la Colombie-Britannique ont des bureaux autonomes à Hong Kong, et le gouvernement du Québec partage un bureau avec le Consulat général.