Préparatifs de fermeture d’hiver dans les musées – Notes de l'Institut canadien de conservation (ICC) 1/3

La Note de l'ICC 1/3 fait partie de la première série des Notes de l'ICC (Entretien des collections - principes généraux)

Introduction

Les musées et les collections qui s'y trouvent doivent faire l'objet de préparatifs soigneusement planifiés au moment de la fermeture d'hiver.

Sécurité

  • Certaines polices d'assurance sont sans effet si le bâtiment assuré est vacant ou n'est pas inspecté régulièrement. Il importe donc d'aviser la société d'assurance de la date de fermeture du musée et d'obtenir confirmation de la validité de la couverture.
  • Aviser le service des incendies de la fermeture du musée et armer le système d'alarme.
  • Demander à la police locale de faire chaque jour la ronde. Si le musée est doté d'un système d'antivol, le mettre en marche.
  • Afin de décourager les rodeurs, utiliser une minuterie à cellule photo-électrique ou un autre type de minuterie, de façon à ce que certaines lampes puissent s'allumer automatiquement à des heures déterminées. On peut aussi acheter des détecteurs de mouvement peu coûteux que l'on relie au système antivol.
  • Recouvrir les fenêtres de panneaux bien construits, fermés de l'intérieur. Les fenêtres grossièrement recouvertes de planches et les édifices mal entretenus ont l'air abandonnés et attirent les vandales.
  • Poser du ruban-cache sur les grandes fenêtres qui ne sont pas recouvertes de panneaux ou de volets, pour empêcher les oiseaux de s'y heurter.

Entretien à l'extérieur

  • S'assurer que les gouttières et les descentes de gouttières sont biens fixées et libres de débris pouvant créer des accumulations de glace, ce qui aurait pour effet de repousser l'eau sous les bardeaux du toit. Les descentes de gouttières peuvent être nettoyées facilement à l'aide d'un furet de dégorgement (outil pour la plomberie). Il est toutefois préférable de poser un grillage sur les gouttières car on s'épargne ainsi la corvée annuelle du nettoyage. Les gouttières et les descentes de gouttières doivent être aussi rectilignes que possible pour favoriser l'écoulement de l'eau et empêcher les débris de s'accumuler. Au niveau du sol, l'eau qui provient des descentes de gouttières doit être rejetée loin des fondations.
  • Vérifier si les tiges de paratonnerre sont bien mises à la terre.
  • Nettoyer les trous d'aération du toit et des murs.
  • Inspecter le toit. S'il manque des bardeaux ou si certains sont mal assujettis, fendus, bombés, déformés ou usés, les remplacer. Cette vérification peut être faite à partir du sol, au moyen de jumelles.
  • S'assurer qu'il n'y a pas de fuites dans les solins du toit.
  • Inspecter les arbres à proximité de l'édifice. Couper les branches qui pourraient se briser sous le poids de la neige et causer des dommages à l'immeuble.
  • Examiner les environs du bâtiment et fixer tout ce qui risque de balloter lorsque le vent souffle fort.

Lutte contre les animaux nuisibles

Veiller à ce que tous les orifices pouvant servir d'accès aux rongeurs, tels que les évents et les fenêtres, soient recouverts d'un fin grillage métallique, ce qui aura également pour effet d'empêcher les rongeurs de gruger les rebords en bois ou de s'insinuer dans l'édifice par les évents. Les boules antimites, lorsqu'elles sont placées à des endroits appropriés, sont censées éloigner temporairement les rongeurs, mais elles ne sont pas efficaces à long terme.

Appâter des pièges à souris et les poser en prenant soin de consigner leur emplacement. Il existe un nouveau type de piège à souris qui consiste en une plaque adhésive où les rongeurs viennent se prendre.

Si l'on utilise des rodenticides dans un musée, il y a des risques que les rongeurs aillent mourir dans des endroits inaccessibles, où leur cadavre dégagerait des odeurs nauséabondes et attirerait les insectes.

Pour éloigner les chauves-souris, tenir une ampoule incandescente de forte puissance allumée en permanence. Une extrême prudence est de rigueur lorsqu'on est exposé à de la poussière provenant de fèces de chauves-souris, qui contient les germes de l'histoplasmose, une maladie grave.

Éliminer tout ce qui peut attirer les rongeurs : on songe généralement à enlever les aliments avant de fermer un musée, mais on oublie parfois que certains produits, tels que les savons, les bougies et les éponges, attirent aussi les rongeurs.

S'il y a des fissures dans les fondations, les boucher avec du ciment, et poser des colliers de serrage sur les joints des conduites d'eau qui traversent les planchers et les murs extérieurs.

Couper les branches à proximité du bâtiment pour que les écureuils ne puissent sauter sur l'édifice et s'y introduire par les avant-toits.

Pour empêcher les oiseaux de faire leur nid dans les cheminées inutilisées, mettre sur tous les tuyaux de poêle des couvercles de métal qui s'adaptent parfaitement à ce type de conduits : une boîte à café en fer blanc d'un format de deux livres pourrait convenir aux tuyaux de poêle.

Inspecter minutieusement les collections pour s'assurer qu'il n'y a aucun indice d'infestation d'insectes. Procéder à une nouvelle inspection au moment de la réouverture du musée. Il n'est pas recommandé généralement d'utiliser des boules, des paillettes ou des cristaux antimites (naphtalène, paradichlorobenzène) ni même du papier insecticide (dichlorvos) pour protéger les objets de musée.

Pour de plus amples renseignements sur la lutte contre les animaux nuisibles, communiquer avec l'ICC.

Entretien à l'intérieur

Il importe de prendre certaines précautions dans les régions où la température est inférieure à 0 °C.

Plomberie

Quand l'eau et le chauffage sont coupés :

  • Vidanger tous les tuyaux et les toilettes. Verser dans les siphons et les cuvettes de l'alcool,
  • De l'antigel ou de kérosène pour éviter le gel. Il importe de boucher la goulotte de vidange des lavabos et des cuvettes
  • Lorsqu'on utilise de l'alcool afin que celui-ci ne puisse s'évaporer.

Quand l'eau n'est pas coupée:

  • Pour éliminer tout risque de gel, placer des bandes chauffantes sur les tuyaux et verser de l'antigel dans les réservoirs de cabinets.

Si l'alimentation en eau se fait par pompage, fermer l'interrupteur de la pompe, vider tous les robinets et la pompe elle-même. Pour effectuer cette dernière opération, on peut généralement enlever le bouchon qui se trouve au bas de la pompe, à l'aide d'une clé anglaise.

Chauffage occasionnel

Certains musées que l'on ferme pendant la saison froide sont ouverts à certaines occasions en hiver. Pour maintenir en bon état les collections et l'édifice qui les abrite, il est recommandé d'éviter les hausses subites et extrêmes de température, qui provoquent une fluctuation rapide et très marquée de l'humidité relative (HR). Si le bâtiment doit être chauffé, on doit élever graduellement la température, durant deux ou trois jours. Les mêmes précautions s'imposent lorsqu'on refroidit le bâtiment.

Les poêles à bois, que l'on aime utiliser dans certaines circonstances parce qu'ils créent une atmosphère intime et accueillante, constituent parfois un danger sérieux d'incendie. On peut demander au directeur des services locaux d'incendies de les inspecter pour s'assurer qu'ils sont adéquatement installés et conformes aux normes de sécurité. Afin de réduire au minimum l'accumulation de créosote, n'utiliser que du bois de chauffage bien sec et mettre en oeuvre un programme de nettoyage régulier des tuyaux de poêle et des carneaux.

Dommage existants

Pour préserver l'intégrité historique de certains édifices, on évite parfois de faire disparaître les taches sur le papier peint, les fissures dans le plâtre et diverses traces laissées par le temps. Il importe alors de décrire avec soin les dommages existants afin que le personnel puisse déterminer si la détérioration continue. On peut utiliser à cette fin un croquis d'élévation.

Sous-sols

Les fondations non chauffées d'un bâtiment dont la structure présente des faiblesses peuvent subir des dommages si le froid sévit pendant de longues périodes. L'édifice peut alors se séparer de ses fondations et certaines parties de celles-ci risquent de s'enfoncer.

Dans les sous-sols des bâtiments non chauffés, on peut maintenir la température au-dessus du point de congélation pour un coût modique, en utilisant des plinthes chauffantes électriques. Si le sous-sol n'est pas chauffé et que l'humidité y semble excessive, on peut se servir d'un déshumidificateur portatif. On notera toutefois que les appareils qui sont censés résister au froid ne fonctionnent efficacement qu'à des températures ambiantes supérieurs à 18 °C.

Dans les sous-sols chauffés, l'humidité peut également engendrer des problèmes causés par deux défauts courants ayant trait à la structure du bâtiment :

  1. un mauvais écoulement des eaux, dû à des fuites dans les tuyaux de drainage ou à une inclinaison inappropriée du sol à proximité des fondations;
  2. une isolation insuffisante des murs et un pare-vapeur imparfait, qui provoquent la condensation de l'eau sur la maçonnerie derrière l'isolant et la formation d'une couche de glace.

Si l'édifice est muni d'une pompe d'assèchement, s'assurer qu'elle est en bon état.

Collections

Régulation de l'humidité relative

L'absence de chauffage dans un musée ne constitue pas un facteur de détérioration des collections. De fait, cette mesure élimine une importante source de saleté, car la plupart des systèmes de chauffage dégagent des sous-produits de combustion et occasionnent un déplacement de poussière. Il est rare que les objets d'une collection se dégradent parce que la température se situe au-dessous de zéro; cependant, il se produit parfois des craquelures dans les peintures à l'huile ou à l'acrylique lorsque la température est basse. Il faut avant tout éviter les chutes soudaines de température, qui peuvent entraîner une HR élevée et de la condensation.

Dans les nouveaux édifices pourvus d'une isolation adéquate et d'un système de régulation hygrostatique, il importe de maintenir une HR stable et des températures permettant d'économiser l'énergie.

Les matériaux qui exigent une HR plus constante peuvent être conservés dans un milieu où l'on a créé un micro-climat au moyen de gel de silice, en suivant les indications fournies dans Le gel de silice (ICC, Bulletin technique 10).

La surface interne des murs extérieurs est l'un des premiers endroits où se produit la condensation. Il est donc recommandé d'enlever tous les objets qui y sont suspendus ainsi que tous les meubles ou objets placés contre les murs extérieurs ou à proximité de ceux-ci. Pour ce faire, utiliser toujours des méthodes de manipulation appropriées.

Les espaces clos, par exemple les armoires et les placards, ont un effet tampon qui atténue les fluctuations subites d'HR. Par contre, l'air humide risque de se condenser lorsqu'il est emprisonné dans de tels espaces.

Les garde-robes, bureaux et malles qui reposent sur des planchers froids peuvent aussi emprisonner l'humidité qui monte du sol; il vaut donc mieux les placer sur des blocs.

Les housses de meubles les plus courantes sont en polyéthylène ou en coton. On peut placer un tissu de coton sous le polyéthylène pour protéger le meuble de la condensation.

Éclairage

Il vaut mieux conserver les objets dans l'obscurité pour prévenir les dommages occasionnés par la lumière visible et la lumière ultraviolette. Si l'on ne peut recouvrir les fenêtres de volets ou de panneaux et qu'il y ait des rideaux ou des tentures, on peut les fermer, à moins qu'il ne s'agisse d'éléments de décor originaux. Dans ce cas, on doit les enlever pour les protéger de la lumière solaire et les remplacer par des tentures ou des rideaux qui ne font pas partie de la collection.

Inondations

Si le musée est situé dans une région où il y a des risques d'inondation, poser les meubles sur des blocs. Rouler les tapis et les mettre en réserve, comme il est décrit dans la publication intitulée Enroulement des textiles en réserve (Notes de l'ICC, 13/3).

Déblaiement de la neige

Il est recommandé d'enlever rapidement la neige et la glace pour qu'elles ne puissent s'accumuler.

Les chasse-neiges à turbine ou à lame égratignent et ébrèchent les matériaux historiques, tels que les pavés de cailloux, de briques et de pierres.

Le sel utilisé couramment pour faire fondre la glace risque d'avoir un effet corrosif sur la brique, le béton et le métal. On peut se procurer dans le commerce un mélange de poudre de calcaire et de carbamide, qui sert à déglacer les allées sans provoquer d'efflorescence.

Mesure à prendre avant de fermer le musée

Au moment de fermer à clef le bâtiment, vérifier le panneau de commande pour s'assurer que les circuits alimentant les appareils électriques (ruban chauffants, minuteries à cellule photo-électrique, etc.) sont bien en marche.

Planification générale

Après avoir décidé de la marche à suivre concernant la fermeture saisonnière du musée, on assignera au personnel des diverses tâches qui s'imposent et on établira des plans permettant de faire face à toute situation d'urgence.

En outre, on dressera un calendrier d'inspection et d'entretien qu'il importe de suivre rigoureusement pendant toute la durée de la fermeture. (Figure 1)

Fournisseurs

Mélange antidérapant composé de carbamide et de carbonate de calcium :
quincailleries
Déshumidificateur résistant au froid :
quincailleries et grands magasins
Alarme-inondation :
quincailleries
Rubans chauffants :
magasins Canadian Tire
Minuteries à cellule photo-électrique :
principaux fournisseurs d'accessoires électriques. La Société AMF Paragon offre une gamme complète de ce type de produit.
Détecteurs de mouvement :
Les sociétés commerciales qui se spécialisent dans les systèmes de sécurité peuvent, de concert avec les policiers locaux, recommander des produits appropriés. On trouve dans le commerce des détecteurs à infrarouge, à micro-ondes, à ultra-sons ou photo-électriques; cependant, l'appareil doit être choisi en fonction de son emplacement.

Bibliographie

  1. Agriculture Canada. La lutte contre les rats et les souris, Services d'information, Ottawa, .

  2. Dawson, John. Problèmes posés par les rongeurs et d'autres animaux nuisibles dans les musées, Bulletin technique 13, Ottawa, Institut canadien de conservation, sous presse.

  3. Gayle, Margot, David W. Look et John G.Waite. Metals in America's Historic Buildings, vol. 4, Washington, U.S. Government Printing Office, .

  4. Institut canadien de conservation. Le plan d'urgence en cas de sinistre : Introduction, Notes de l'ICC, 14/1, Ottawa, Institut canadien de conservation, .

  5. Institut canadien de conservation. Le plan d'urgence en cas de sinistre : Situation pressante ou sinistre? Notes de l'ICC, 14/2, Ottawa, Institut canadien de conservation, .

  6. Institut canadien de conservation. Le plan d'urgence en cas de sinistre : évaluation des risques, Notes de l'ICC, 14/3, Ottawa, Institut canadien de conservation, .

  7. Institut canadien de conservation. Enroulement des textiles en réserve, Notes de l'ICC, 13/3, Ottawa, Institut canadien de conservation, .

  8. Johnson, E Vernon, et Joanne C.Horgen. Mise en réserve des collections de musée, Paris, UNESCO, .

  9. Lafontaine, Raymond H. Normes relatives au milieu pour les musées et les dépôts d'archives canadiens, Bulletin technique 5, Ottawa, Institut canadien de conservation, .

  10. Lafontaine , Raymond H. « Humidistatically Controlled Heating: A New Approach to Relative Humidity Control in Museums Closed for the Winter Season », Journal de l'Institut international pour la conservation - Groupe canadien, vol. 7, 1 et 2, .

  11. Lafontaine , Raymond H. Le gel de silice, Bulletin technique 10, Ottawa, Institut canadien de conservation, .

  12. Conseil national de recherches Canada. Inspection d'une maison ancienne : liste de vérification. Liste des notes sur la construction, Ottawa, .

  13. Association des musées de l'Ontario. The Museum and Archival Supplies Handbook, Toronto,

  14. Society for the Protection of Ancient Buildings and The Fire Protection Association. Fire Safety in Historic Buildings, Technical Pamphlet, vol. 6, Londres, .

  15. The National Trust. The National Trust Manual of Housekeeping. Londres, .

  16. U.S. Deptartment of the Interior. Cyclical Maintenance for Historic Buildings, Washington, Office of Archaeology and Historic Preservation, National Park Service, .


Par Mary Peever Laboratoire d'ethnologie

Texte également publié en version anglaise.
Copies also available in English.

© Communications Canada,
Nº de cat. : NM 95-57/1-3-1988F
ISSN : 0714-6221


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