Soins des murales existantes

Une murale qui subit une dégradation prématurée, est endommagée ou est l'objet de vandalisme pose des risques accrus de dommages additionnels. De plus, elle ne sera plus une source de fierté pour la communauté et ne témoignera pas des valeurs positives qu'elle devait, à l'origine, inspirer.

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Durée de vie prévue

Les responsables de nombreux programmes d'art des lieux publics considèrent les peintures murales comme des œuvres temporaires ayant une durée de vie de quelque 10 ans. Il existe toutefois des murales qui sont toujours en bon état plus de 20 ans après leur création et les communautés où elles se trouvent veulent les conserver encore plus longtemps.

Les conditions extérieures rigoureuses et les modifications apportées à l'usage de l'espace public exigent d'adopter une approche différente, en matière de préservation des peintures murales, par rapport à celle visant une œuvre d'art classique. Des travaux d'inspection, d'entretien continu et de traitement périodique constituent des mesures essentielles pour assurer le bon état d'une murale. Dans des cas exceptionnels, il faut même envisager l'application de nouvelles couches de peinture, le déplacement de l'œuvre ou son aliénation. Bien que la longévité d'une peinture murale soit en grande partie déterminée par les prises de décisions durant les étapes de planification et de création, il est aussi très important de conserver l'implication et le soutien des membres de la communauté. Les responsables des villes ayant des programmes de murales majeurs ont constaté qu'une murale qui n'est plus importante pour la communauté devient peu à peu une cible pour les actes de vandalisme et les graffitis. En outre, les dommages non résolus, notamment ceux causés par le vandalisme et les graffitis, en entraînent d'autres de même nature et enclenchent un cycle de détérioration croissante.

Inspections et entretien

Il est important d'effectuer une inspection annuelle ou semestrielle des murales afin de pouvoir déceler les dommages, les signes d'instabilité et des conditions ou un état qui pourraient causer des dommages, et ce, avant que des dommages majeurs ou une dégradation de l'œuvre ne se produisent. Il faut documenter tous les résultats des inspections et les détails des travaux ultérieurs (voir le modèle du formulaire de constat d'état).

Calendrier des inspections et entretiens

Le printemps constitue une excellente période pour réaliser une inspection annuelle, car l'exécution des travaux d'entretien et de traitement peut ensuite se faire en été. Il est préférable d'effectuer une autre inspection en automne afin de résoudre les problèmes avant l'arrivée des conditions hivernales rigoureuses.

Qui doit exécuter les travaux?

Les budgets des organismes municipaux ne permettent habituellement pas d'engager les services d'un restaurateur qui exécuterait tous les travaux d'inspection, d'entretien et de traitement requis. Il faut à tout le moins s'assurer qu'un restaurateur mettra en œuvre le programme d'entretien de la murale et qu'il sera disponible, au besoin, pour fournir des conseils ou effectuer des traitements. Certaines administrations municipales ont assuré le bon état de leurs murales en engageant un artiste de l'endroit, qui effectue annuellement des travaux habituels, selon les recommandations d'un restaurateur, soit un nettoyage léger à l'éponge, l'application de matériaux de bouchage dans les zones endommagées et l'exécution de retouches dans les zones présentant des lacunes. Le succès de telles entreprises repose bien souvent sur la continuité des services offerts par une seule et même personne. Il faut aussi contacter un restaurateur si on envisage d'utiliser de nouveaux produits ou de nouvelles méthodes, si des graffitis doivent être éliminés ou si d'importants travaux de traitement sont nécessaires. L'emploi de nouveaux produits et de nouvelles méthodes exige toujours l'exécution d'évaluations et d'essais pertinents. Avant de nettoyer une murale, il est important de noter ce qui suit :

  • Il faut faire preuve de prudence lorsque des membres bien intentionnés de la communauté offrent de nettoyer une murale ou d'en assurer l'entretien.
  • Les méthodes d'entretien industrielles comme le lavage sous pression sont souvent inadéquates pour nettoyer les murales et elles peuvent même les endommager sérieusement.
  • Des travaux de réparation entrepris par des personnes n'ayant pas de connaissances poussées sur les matériaux et les techniques et l'approche globale à adopter en matière de traitements de conservation peuvent causer des dommages très peu esthétiques.
  • Il faut toujours demander l'avis d'un second spécialiste au sujet de travaux majeurs de réparation de la murale ou du mur, particulièrement si la recommandation initiale est offerte par un fournisseur de produits ou de services.

Vandalisme

Les œuvres mal entretenues constituent une invitation au vandalisme

Les stratégies de prévention d'actes de vandalisme comprennent diverses mesures qui permettent d'avoir un site agréable et bien entretenu, une œuvre d'art en bon état, un édifice qui commande le respect et une communauté bien informée qui assure son soutien aux projets.

Les graffitis représentent une des formes les plus courantes de vandalisme. Ils témoignent souvent du besoin de certains groupes de délimiter leur zone d'influence : un site est ainsi « marqué » en y apposant des graffitis, afin d'identifier le « territoire » du groupe. Un premier graffiti constitue souvent une invitation à l'apposition de graffitis additionnels de groupes rivaux et l'élimination rapide des premiers signes permet donc de prévenir leur prolifération. Dans bien des cas, il est toutefois plus efficace de demander aux jeunes de la communauté de participer à certaines étapes de la création ou de l'entretien de la murale.

L'élimination des graffitis doit être effectuée en utilisant une méthode efficace qui est sans danger pour la couche picturale sous-jacente. Les travaux doivent donc être exécutés par un restaurateur ou alors par un artiste ou un technicien qui connaissent bien l'œuvre, sous la supervision d'un restaurateur ou après consultation avec un tel spécialiste. Si l'élimination de graffitis est effectuée par une personne n'ayant pas l'expérience requise ou sans une supervision adéquate, ou si les travaux sont entrepris avant d'avoir réalisé les essais nécessaires, la murale peut subir des dommages irréparables.

Approches de traitement et documentation

Les grandes lignes de l'approche à adopter pour prendre des décisions relatives au traitement de la peinture murale doivent avoir été exposées lors de l'étape initiale de planification ou présentées sous forme de politique de conservation dans le cadre du programme de murales. Si un tel document existe, il servira de « carte routière » dans le processus de prise de décisions en matière de traitements. Il indiquera par exemple le nom des personnes à contacter (un restaurateur ou un artiste, ou les deux), si les traitements proposés feront ou non l'objet d'une discussion au sein d'un quelconque comité (qui pourrait comprendre l'administrateur du programme, l'artiste, le restaurateur, des membres de la communauté et des représentants de l'organisme de financement), et qui approuvera le traitement envisagé.

Des décisions de traitement distinctes doivent être prises pour chaque murale. Idéalement, un restaurateur professionnel doit cependant participer au processus, en fournissant différentes techniques de traitement possibles et une liste des matériaux et méthodes à utiliser. La décision finale doit tenir compte du point de vue des divers intervenants, que ce soit le propriétaire de l'œuvre, les représentants de l'administration municipale, les membres de la communauté ou l'artiste qui a créé la peinture murale.

Dans de nombreuses villes, on demande à des restaurateurs de participer aux travaux d'importants programmes de conservation de murales d'intérêt. Les projets d'autres communautés ont été réalisés avec succès, de concert avec des artistes et des bénévoles du milieu travaillant sous la supervision de personnes qualifiées. Mme Judith Baca fournit de nombreux exemples de cas où la communauté a joué un rôle crucial au chapitre des prises de décision relatives aux traitements et des activités connexes (J. Baca, « Public Participation in Conservation. 1: The Great Wall of Los Angeles », p. 21–29, dans Conservation and Maintenance of Contemporary Public Art, [The Cambridge Arts Council and Archetype Publications, ]).

Avant d'entreprendre le traitement convenu, il faut clairement établir la cause de la dégradation et y remédier. Il faut aussi consulter l'artiste qui a créé la peinture murale avant d'exécuter un traitement important ou d'altérer l'œuvre ou son environnement, et ce, pour des questions de droits moraux, mais aussi parce que l'artiste peut offrir de précieux renseignements détaillés sur les matériaux et les techniques qui ont été employés ainsi que sur l'aspect visuel de la surface d'origine.

Les traitements qui seront effectivement réalisés font partie d'une vaste gamme de mesures possibles : on peut adopter une approche de conservation classique (selon laquelle le restaurateur aplanit les zones de peinture qui s'écaillent et les fait adhérer de nouveau au support, et bouche les zones comportant des lacunes et y exécute des retouchesNote de bas de page 1), ou, à l'autre bout du spectre, adopter une approche plus globale du processus de traitement et demander à un restaurateur de conseiller un artiste ou un groupe de bénévoles de la communauté en matière de travaux de restauration et de reconstitution, ou de superviser des activités connexes, ou à des traitements entrepris par un artiste, qui est respectueux de l'approche de la conservation et s'engage à utiliser des procédures relativement simples qui ont été approuvées par l'artiste et le propriétaire. Une murale qui présente une lacune majeure ou une zone de dégradation importante peut exiger des mesures d'intervention plus sérieuses, par exemple la reconstitution des zones endommagées (au moyen de l'application de nouvelle peinture), un procédé qui tient compte des matériaux d'origine qui sont encore en place et des données sur l'état antérieur de l'œuvre (p. ex. des photographies); il est parfois même nécessaire de demander à l'artiste qui a créé la peinture murale de l'exécuter à nouveau, en tout ou en partie.

Il faut soigneusement documenter l'exécution des traitements. Les décisions relatives aux traitements doivent être consignées dans un registre détaillé comportant les travaux réalisés et les noms des personnes qui les ont effectués, les dates pertinentes et les matériaux utilisés. Il faut aussi prendre des photographies de l'état de l'œuvre et des zones d'intérêt avant, pendant et après les traitements.

Il existe de nombreuses ressources pouvant faciliter le contact avec un restaurateur. Au Canada, l'Association canadienne des restaurateurs professionnels (ACRP) offre une liste des restaurateurs du pays qui ont obtenu l'accréditation volontaire et elle peut fournir des renseignements permettant de faire un choix éclairé. Toutefois, la liste de l'ACRP ne comporte pas les noms de tous les restaurateurs qualifiés qui travaillent dans ce domaine au Canada. On peut aussi contacter des galeries et musées importants de la région pour obtenir d'autres références connexes.

Tous les restaurateurs travaillant au Canada sont assujettis aux normes et principes de déontologie énoncés dans le document intitulé Code de déontologie et Guide du praticien, élaboré par l'Association canadienne pour la conservation et la restauration et l'ACRP.

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