Comment redonner un nom à un militaire? L’anthropologue médico-légale des FAC explique
Le 3 novembre 2025 – Nouvelles de la Défense
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Sarah Lockyer, Ph. D., coordonnatrice du Programme d’identification des pertes militaires devant un modèle de squelette humain.
Source de la photo : Sarah Lockyer, Ph. D.
Se consacrer à une tâche qui durera des mois ou même des années paraît intimidant. Dans le domaine d’identification des pertes militaires, on ne le sait vraiment jamais.
Le Programme d’identification des pertes militaires redonne un nom et un visage aux Canadiens décédés au service du Canada. C’est une équipe petite mais puissante, dirigée par la coordinatrice Sarah Lockyer, Ph. D., qui a reçu un doctorat en bioarchéologie et qui est l’unique anthropologue médico légale pour les Forces armées canadiennes (FAC).
En contraste avec ses collègues, qui sont toutes des historiennes, Lockyer se spécialise dans l’analyse de restes humains squelettiques et dans la coordination du programme. Cette coordination a été cruciale lors de l’identification du capitaine William Webster Wilson en juin, déjà enterré comme un soldat inconnu, Lockyer n’a pas pu effectuer d’analyse squelettique.
Le métier n’est pas facile
Malgré l’agrandissement de son équipe, le manque d’information disponible demeure un obstacle. Certains documents cruciaux des pertes militaires étaient souvent détruits après un conflit, tels que les documents dentaires. Bien qu’une digitalisation importante de documents ait aidé, beaucoup reste introuvable.
De plus, l’analyse d’ADN est essentielle, mais « extrêmement compliquée et n’est pas aussi facile que la télévision nous fait croire », explique Lockyer. Trouver un descendant prend du temps, et il faut le convaincre de fournir son ADN. Souvent, avant qu’il ne raccroche.

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Le Programme d’identification des pertes militaires redonne le nom aux membres des FAC.
Source de la photo : Sarah Lockyer, Ph. D.
« On passe beaucoup de notre temps à juste réconforter les gens qu’on est légitime. Très souvent, on utilise des articles de CBC, même parfois avec BBC : ils sont super utiles pour ceux qu'on communique avec en Écosse ou en Angleterre. »
Finalement, Lockyer explique que la recherche n’est surtout pas linéaire. « Parfois, on peut se rendre à la tâche C et il y a un problème, alors il faut qu'on aille à la tâche A. Puis tout d'un coup, on descend dans une autre direction complètement différente parce que les données qu'on a découvert changent tout. »
Alors que leur cas le plus rapide a été résolu en six mois, l’identification d’une autre dépouille a nécessité onze ans et demi. Lockyer appelle ainsi ce processus un « casse-tête sans bordures. »
Pour faciliter ce processus, les proches de militaires morts sans sépulture connue (soit de la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale ou le conflit en Corée) sont invités à communiquer avec le programme.
Ce que Lockyer a le plus appris : persévérer. « Il ne faut pas devenir extrêmement déprimé des résultats négatifs, qui sont toujours. Il faut avoir du drive de continuer, même quand les résultats ne sont pas ceux qu'on cherche. »
En redonnant un nom à chaque militaire disparu, le programme rassemble des familles et renforce un sens d’appartenance au sein des FAC. Pour Lockyer, ces aspects sont les plus gratifiants de son travail.