Déclaration par l’honorable Chrystia Freeland, vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, pour le compte d’Antigua-et-Barbuda, des Bahamas, de la Barbade, du Belize, du Canada, de la Dominique, de la Grenade, de l’Irlande, de la Jamaïque, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines

Déclaration

Réunion du Comité monétaire et financier international – Le 21 avril 2022

Tandis que la pandémie de COVID-19 continue de toucher les vies et les moyens de subsistance des gens partout au monde, une nouvelle menace pour la sécurité mondiale, l’ordre international fondé sur des règles et la stabilité macro-économique a émergé. Lorsque M. Poutine a ouvert le feu sur le peuple ukrainien, il a aussi retourné ses armes contre la période de prospérité sans précédent que les démocraties du monde entier ont mis tant d’ardeur à construire depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Un monde fondé sur des règles, où l’usage de la force n’engendre pas le droit et où la puissance nucléaire ne peut redessiner les frontières ni dicter la politique étrangère d’autres pays, est dans l’intérêt supérieur évident du Canada et des membres de son groupe du Fonds monétaire international (FMI). L’invasion de l’Ukraine par la Russie constitue un affront direct à cet ordre international fondé sur des règles. Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’invasion illégale et l’attaque non provoquée de l’Ukraine par la Russie, et nous sommes solidaires des Ukrainiens, courageux, qui ne demandent rien d’autre que de pouvoir vivre librement et en paix.

En réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Canada s’est joint à ses partenaires et alliés pour imposer les sanctions les plus sévères jamais infligées à une grande économie, tout en imposant également des sanctions directement au président Poutine et à plus de 900 autres personnes et entités russes. En outre, le Canada a offert un soutien immédiat à l’Ukraine et à son peuple, en plus d’offrir deux prêts souverains bilatéraux à l’Ukraine, d’une valeur pouvant atteindre 620 millions de dollars canadiens. Le Canada continuera d’en faire davantage au cours des prochaines semaines et des prochains mois.

Le FMI joue un rôle crucial en aidant l’Ukraine à faire face à cette crise et à répondre à ses besoins urgents de financement. Nous sommes fiers de soutenir le prêt d’urgence du FMI de 1,4 milliard de dollars américains pour l’Ukraine, soit le maximum autorisé par la politique actuelle du Fonds. Même si ce soutien contribue à atténuer les répercussions économiques de l’invasion par la Russie, il s’avère urgent de trouver du financement supplémentaire pour l’Ukraine. C’est pourquoi, de concert avec le FMI et d’autres pays, le Canada a milité pour la création du nouveau Compte administré pour l’Ukraine à multiples donateurs du FMI. Ce nouveau mécanisme permettra à l’Ukraine de répondre à ses besoins relativement à sa balance des paiements et en matière budgétaire, ce qui contribuera à stabiliser l’économie ukrainienne tout en fournissant des mesures de sauvegarde importantes et en réduisant les contraintes administratives sur l’Ukraine. Le Canada offre à l’Ukraine jusqu’à 1 milliard de dollars canadiens en nouvelles ressources de prêt au moyen du compte administré et invite les autres membres du FMI à verser des fonds à ce compte.

Le FMI doit également envisager la façon d’évaluer et de répondre à d’autres questions, dont certaines ont été exacerbées par l’invasion par la Russie. La pandémie de COVID-19 continue de toucher de façon disproportionnée les femmes, les jeunes, les communautés racisées, les peuples autochtones, les travailleurs à faible revenu et d’autres groupes vulnérables. Le FMI a joué un rôle important dans la réponse d’envergure mondiale à la pandémie, notamment en fournissant aux membres un financement de plus de 217 milliards de dollars américains. Le Canada s’est engagé à canaliser 20 % de ses nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) nouvellement attribués vers les pays dans le besoin, et encourage des engagements semblables d’autres pays. Le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (FFRD) sera essentiel pour fournir un soutien à long terme aux pays vulnérables et à faible revenu. En plus de sa contribution de 500 millions de dollars en DTS sous forme de nouveaux engagements de prêts et d’une subvention de 107 millions de dollars canadiens au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FFRPC) du FMI, le Canada a le plaisir d’annoncer qu’il fournira au FFRD 1,4 milliard en DTS (environ 2,4 milliards de dollars canadiens) sous forme de nouveaux engagements de prêts et d’une subvention de 40 millions de dollars canadiens. Si l’on combine ce financement au nouveau soutien à l’Ukraine par l’intermédiaire du compte administré au FMI, le Canada dépasse de loin ses engagements en matière de canalisation.

Ensemble, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et la pandémie de COVID-19 aggravent les défis auxquels la communauté internationale doit faire face. Au nombre de ces défis figurent les pressions inflationnistes mondiales qui font augmenter le coût de la vie dans le monde entier, et les perturbations sur les marchés des produits de base qui rendent la construction des infrastructures essentielles plus difficile. Le FMI doit poursuivre ses travaux afin de faire en sorte que les efforts de relance mondiale ne laissent personne pour compte.

Nous ne devons pas non plus perdre de vue le renforcement de notre résilience, en ce qui concerne les défis actuels et futurs, qui est d’une nécessité vitale et dont l’importance est cruciale pour les membres du groupe de pays que représente le Canada. Nous sommes heureux de voir que le Fonds met l’accent sur de grandes questions stratégiques, comme les changements climatiques, l’inégalité, la numérisation et l’égalité entre les genres. La nécessité d’une action climatique urgente et ambitieuse n’a jamais été aussi grande, et le Canada encourage le Fonds à accroître son ambition climatique, notamment en faisant progresser son intégration de l’analyse climatique dans les principaux volets de ses travaux, comme la surveillance et le perfectionnement des capacités.

Compte tenu des niveaux d’endettement sans précédent causés par la pandémie, un resserrement des conditions financières présente un risque grave pour les pays qui sont vulnérables à l’endettement. Le faible taux d’adoption du cadre commun pour le traitement de la dette, au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD), malgré le nombre de pays qui font face à des vulnérabilités à l’endettement, est préoccupant et souligne la nécessité d’accroître la sensibilisation auprès des débiteurs et des créanciers afin d’offrir le cadre commun à titre de solution viable.

Étant donné que bon nombre de pays membres du FMI ont probablement besoin d’aide financière à court terme, il est devenu de plus en plus crucial de maintenir un filet de sécurité financier mondial fiable. Nous demeurons attachés à un FMI fort fondé sur des quotes-parts, et nous nous efforcerons de faire aboutir en temps utile la Seizième révision générale des quotes-parts, qui protégera la voix des pays membres les plus pauvres et les plus petits.

Au-delà de ces défis mondiaux, le Canada et les membres de notre groupe du FMI comprennent ce qui est en jeu. Aujourd’hui plus que jamais, il est important que nous nous unissions pour défendre l’ordre international fondé sur des règles. Nous savons que le peuple ukrainien, dans sa lutte pour sa survie et sa souveraineté, se bat également pour nous. Il se bat pour la démocratie et nous nous tenons debout à ses côtés.

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