Allocution de la vice-première ministre et ministre des Finances à Edmonton 

Discours

La version prononcée fait foi

Le 20 octobre 2022

Merci beaucoup, Hugh, pour cet accueil chaleureux.

Je suis évidemment très heureuse d’être ici avec la Fédération du travail de l’Alberta et je tiens vraiment à remercier l’International Brotherhood of Boilermakers, Local 146, pour son accueil très chaleureux.

Les syndicats savent— les chaudronniers le savent, l’AFL le sait— qu’une bonne politique économique signifie une politique qui est bonne, d’abord et avant tout, pour les travailleurs. Une politique qui maintient et crée de bons emplois pour les gens ici, en Alberta et dans tout le pays, et qui les met au travail pour bâtir une économie qui fonctionne pour tout le monde. Je pense que ma présence ici aujourd’hui tombe vraiment à point, parce qu’une partie de ce que je veux vous dire concerne le rôle que les travailleurs syndiqués doivent jouer pour aider à bâtir une économie florissante et axée sur les travailleurs pour les générations à venir, le rôle que les travailleurs peuvent et doivent jouer dans l’élaboration des politiques dont nous avons besoin pour construire une économie qui fonctionne pour tous.

Mais d’abord, je veux parler de notre économie aujourd’hui, et du sentiment que partagent beaucoup d’Albertains. J’ai voyagé cet été aux quatre coins du Canada— dans 21 villes et municipalités différentes— pour rencontrer des travailleurs canadiens et des représentants d’entreprises canadiennes. J’ai visité une installation d’hydrogène à Sherwood Park, une mine de potasse en Saskatchewan, une jeune entreprise en Ontario et le port de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Comme vous l’avez peut-être entendu, je suis allé dans la région de Peace Country et j’ai rencontré des agriculteurs et d’autres personnes à Grande Prairie. J’ai discuté avec de nouveaux parents, avec des travailleurs syndiqués et avec des camionneurs qui permettent à notre économie de continuer à rouler.

On m’a parlé de la nécessité de renforcer nos chaînes d’approvisionnement et de créer plus de bons emplois pour la classe moyenne, ainsi que du besoin absolument criant d’accélérer la construction des logements nécessaires à notre pays en plein essor. Mais de toutes les conversations que j’ai eues d’un bout à l’autre du pays, il est ressorti que les Canadiens sont inquiets. Je le sais, nous avons l’impression qu’un bouleversement n’attend pas l’autre depuis l’arrivée de la COVID-19 au pays au début de 2020.

Nous avons traversé une pandémie qui n’arrive qu’une fois par génération. Nous avons mis l’économie canadienne sur pause, puis nous l’avons relancée. Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine et nous voilà maintenant aux prises avec l’inflation. Ces phénomènes sont évidemment tous interreliés. L’inflation mondiale ne peut être attribuée aux décisions d’un seul gouvernement, mais plutôt à la combinaison de contrecoups subis durant deux années et demie d’un tumulte sans précédent. Cela ne change rien aux conséquences que subissent les Canadiens. Je sais à quel point, ces derniers mois, la hausse des prix à la pompe à essence et à la caisse est venue compliquer la vie des gens d’Edmonton et de partout au pays.

Et en tant que vice-première ministre et ministre des Finances, il est donc important que je sois honnête face aux Canadiens concernant ce qui nous attend encore. Même si l’inflation continue de reculer dans les mois à venir, elle qui a été ramenée à 6,9 % en septembre, une troisième baisse consécutive, ce sera quand même une période difficile pour beaucoup de Canadiens, pour nos amis, les membres de nos familles et nos voisins. Notre économie connaîtra un ralentissement parce que la banque centrale prend les mesures qui s’imposent pour lutter contre l’inflation. Des gens verront leurs paiements hypothécaires augmenter. Les affaires ne seront plus aussi florissantes que lorsque nous sommes sortis de chez nous pour retourner dans le monde après les déconfinements.

Notre taux de chômage ne sera plus à son niveau le plus bas. C’est ce qui se produira au Canada et aux États-Unis. Et c’est ce qui se produira dans toutes les économies du monde, grandes et petites.

Pour les Canadiens qui en ont le plus besoin, ceux qui sont le plus vulnérables, ceux qui ressentent le plus la hausse des prix, notre gouvernement sera là. Et nous sommes là pour eux aujourd’hui en doublant le crédit d’impôt pour la TPS pendant six mois, en augmentant l’Allocation canadienne pour les travailleurs, grâce à un paiement pour les locataires, à des soins dentaires pour les enfants de moins de 12 ans et à d’autres mesures de soutien importantes pour les personnes qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts en raison de l’inflation.

Plus tôt cette semaine, le doublement du crédit d’impôt pour la TPS a reçu la sanction royale.  Cela signifie que les personnes qui en ont le plus besoin pourront bientôt bénéficier de cette aide. Toutes ces mesures de soutien sont ciblées et responsables financièrement.  Et ces mesures n’aggraveront pas l’inflation. 

Mais c’est également vrai qu’aujourd’hui, nous ne pouvons pas soutenir chaque Canadien comme nous l’avons fait avec les mesures d’urgence pour assurer la protection et la solvabilité des gens au plus fort de la pandémie. Nous ne pouvons pas indemniser chaque Canadien pour l’inflation causée par une pandémie mondiale ainsi que par l’invasion de l’Ukraine par Poutine. Une telle mesure ne ferait qu’aggraver et prolonger l’inflation et forcerait la Banque du Canada à hausser encore plus les taux d’intérêt.

Les Canadiens sont intelligents, et ils comprennent cette position. Maintenant que nous sortons de la pandémie, nous gérons les finances de manière rigoureuse. Nous avons le déficit et le ratio de la dette au PIB les plus faibles parmi les pays du G7, et nous nous sommes engagés à réduire de 9 milliards de dollars les dépenses du gouvernement dans le budget de 2022. Les Canadiens réduisent leurs dépenses, tout comme notre gouvernement. De cette façon, nous faisons notre part pour éviter que l’inflation augmente et dure longtemps.

Des jours difficiles attendent encore l’économie du Canada et celle de nos amis et de nos alliés ailleurs dans le monde. Il serait faux de dire le contraire. Notre filet de sécurité sociale sera en place, dont l’assurance-emploi et les pensions auxquelles les Canadiens ont contribué pendant toute leur carrière. Et nous nous assurons que le Canada a la capacité financière nécessaire, maintenant et à l’avenir, pour aider les personnes qui ont besoin de soutien. Nous réussirons à traverser le ralentissement économique qui attend le Canada et le reste du monde.

Et une fois que ça sera chose faite, que nos forces économiques fondamentales seront encore intactes et que la récession attribuable à la COVID-19 sera derrière nous, aucun pays du monde ne sera mieux positionné que le Canada pour prospérer dans cette économie mondiale post-COVID. L’avenir du Canada et de ses travailleurs est prometteur, mais il faut savoir saisir les occasions qui se présentent. Et notre gouvernement s’est doté d’un plan pour le faire. Dans l’Énoncé économique de l’automne, je présenterai certaines des mesures que nous prendrons pour saisir les occasions de cet avenir prometteur. Mais, aujourd’hui, j’aimerais me concentrer sur un élément essentiel de ce plan.

La semaine passée, j’ai prononcé un discours sur la transformation de l’économie mondiale et du monde entier dans la foulée de l’invasion barbare de l’Ukraine par Vladimir Poutine. J’ai parlé de la réaction que les démocraties du monde doivent adopter par rapport à cette transformation et du travail que nous devons faire ensemble. Cela dit, l’aspect le plus important de notre réponse doit être de renforcer les liens économiques entre les démocraties du monde. J’ai repris un concept que la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a décrit comme étant du friendshoring, à savoir que les démocraties du monde doivent faire un effort conscient pour bâtir leurs chaînes d’approvisionnement en s’appuyant sur les économies d’autres démocraties.

Autrement dit : quand une démocratie doit se montrer vulnérable sur le plan stratégique, elle devrait l’être parmi d’autres démocraties. Notre gouvernement croit que ce virage ouvrira des opportunités économiques au Canada et à ses travailleurs pendant toute une génération. L’influence que nous avons sur l’économie mondiale dépasse la taille de notre pays, qui a seulement 38 millions d’habitants, et cela nous donnera la chance de faire prospérer notre économie pendant des générations, de rendre la vie plus abordable et de créer des milliers et des milliers de bons emplois bien rémunérés. C’est le mandat qui nous attend. C’est l’avenir que nous pouvons nous offrir et offrir à nos enfants.

Voici pourquoi je suis aussi convaincue que nous pourrons y arriver. Premièrement, le Canada a ce dont l’économie mondiale a besoin.

Nous avons la production agricole pour nourrir la planète. Et nous avons les engrais dont les agriculteurs ont besoin partout dans le monde pour leurs cultures. Nous avons les minéraux critiques et les métaux nécessaires pour les voitures électriques, les cellulaires et les technologies d’aujourd’hui et de demain. Et nous avons les ressources naturelles pour propulser la transition mondiale vers une économie verte. Il s’agit de la plus importante transition économique depuis la révolution industrielle. Et nous avons les ressources pour assurer la sécurité énergétique de nos alliés pendant que cette transition s’accélère.

Deuxièmement, et plus important encore : nous avons l’économie démocratique qui a toute cette abondance. Nos alliés et leurs plus importantes entreprises étudient déjà par quels moyens ils pourraient s’affranchir de leur dépendance stratégique envers les dictatures et se tourner vers les démocraties. L’Allemagne, qui se prépare à affronter un rude hiver puisqu’elle dépend de la Russie sur le plan énergétique, s’est tournée vers le Canada cet été et a signé une entente à Terre-Neuve pour obtenir de l’hydrogène canadien. La même journée où j’ai parlé de friendshoring à Washington, le premier ministre et mon ami François-Philippe Champagne étaient au Québec avec Rio Tinto pour annoncer un investissement de 222 millions de dollars dans les minéraux critiques. Et bien sûr, cela fait partie de l’effort national dirigé par Jonathan Wilkinson pour mettre en œuvre la Stratégie sur les minéraux critiques annoncée dans le budget d’avril.

L’hydrogène, les minéraux critiques, les véhicules électriques sont des exemples concrets de friendshoring qui soutiennent nos alliés les plus proches, tout en permettant de créer de bons emplois et d’assurer la prospérité des collectivités canadiennes et des travailleurs canadiens. Et en ce qui concerne la loi américaine sur la réduction de l’inflation, les États-Unis sont passés d’une politique favorisant l’achat de produits américains à une politique favorisant l’achat de produits nord-américains en ce qui a trait aux minéraux critiques et aux véhicules électriques. Un autre bel exemple de friendshoring qui appuie aussi nos efforts. Lorsque la situation évoluera plus rapidement au cours des mois et des années à venir, le Canada sera prêt avec un réseau d’électricité propre, des normes environnementales et de travail rigoureuses, des institutions solides, un engagement à l’égard de la primauté du droit et une cote de crédit triple A.

Nos alliés et leurs principales entreprises cherchent la paix, l’ordre et un bon gouvernement— et c’est, bien sûr, ce que le Canada offre. Nous avons déjà investi dans la transition verte avec la Stratégie canadienne sur les minéraux critiques et dans le Fonds de croissance du Canada, qui nous permettront d’attirer les milliards de dollars de nouveaux capitaux privés dont notre économie a besoin et de créer de bons emplois pour les travailleurs canadiens dans une économie mondiale en pleine transformation.

En tant que fière fille de l’Alberta, j’aimerais vous parler un instant de ce que cette transformation verte signifie pour cette province et pour les gens remarquables qui y vivent et y travaillent. L’économie mondiale devient verte. C’est déjà une certitude, tout comme le fait qu’il y aura d’ici peu de la neige au sol dans la belle vallée fluviale d’Edmonton. S’assurer que le Canada investit aussi vigoureusement dans la transition verte est donc à la fois un impératif moral et une nécessité économique. La transition verte peut représenter une occasion incroyable pour l’Alberta. Cette province a les gens, les compétences et les ressources nécessaires pour être un fournisseur d’énergie fiable dans un monde carboneutre.

Les travailleurs du secteur de l’énergie d’ici, en Alberta, dont beaucoup sont syndiqués, ont contribué à des décennies de prospérité, non seulement pour l’économie albertaine, mais pour l’ensemble de l’économie canadienne. Notre gouvernement comprend ça. Nous savons que la prospérité de l’Alberta est un moteur essentiel à celle du Canada. Et nous savons que la prospérité de l’Alberta est bâtie par les travailleurs exceptionnels de l’Alberta. Ils vont construire et exploiter l’oléoduc TMX. Ils vont exploiter des installations d’hydrogène comme celle que j’ai visitée cet été à Sherwood Park, et ils vont construire de nouvelles infrastructures résilientes dans les quatre coins de la province. Ils vont contribuer à faire du Canada et de l’Alberta un chef de file mondial au chapitre du captage du carbone, de l’hydrogène, des minéraux critiques et des métaux.

Soudeurs, plombiers, électriciens - nous avons et nous aurons besoin de tous les travailleurs qualifiés de cette province. Et dans les industries anciennes et nouvelles, les travailleurs d’ici en Alberta peuvent contribuer à bâtir une économie florissante et prospère pour les générations à venir si nous faisons des investissements intelligents aujourd’hui.

Notre gouvernement a toujours été d’avis qu’il fallait investir dans les gens et dans les travailleurs qui sont au cœur de l’économie canadienne. Mais aujourd’hui, les travailleurs canadiens n’ont pas seulement besoin de compétences, de places en garderies, de soins de santé, d’une assurance-emploi et du Régime de pensions du Canada, même si toutes ces choses sont importantes. Ce dont les travailleurs canadiens ont aussi besoin – aujourd’hui et dans les années à venir – c’est d’un gouvernement doté d’une véritable politique industrielle; un gouvernement qui s’engage à investir dans la transition verte, à attirer des capitaux privés et à favoriser la création d’emplois bien rémunérés d’un océan à l’autre.

C’est ce dont j’ai parlé avec les dirigeants syndicaux de l’Alberta aujourd’hui. Et j’ai besoin d’eux pour aider à créer ces politiques et à les mettre en œuvre. Parce que ces types d’investissements dans les industries canadiennes sont en fait des investissements dans les travailleurs canadiens et dans les emplois d’aujourd’hui et de demain. Une occasion historique s’offre à nous, soit celle de bâtir une économie qui puisse créer de bons emplois et prospérer pendant des générations. Mais nous devons saisir cette occasion, et personne ne devrait tenir pour acquis que nous allons réussir. Nous devons prendre des mesures concrètes pour relever le défi de la productivité qui est notre talon d’Achille économique. Et nous devons prendre des mesures réelles et significatives dans la foulée de la Loi sur la réduction de l’inflation pour nous assurer que le Canada est le meilleur endroit au monde pour que les entreprises puissent croître et investir.

Nos principaux partenaires commerciaux - les États-Unis et l’Union européenne - investissent massivement dans la transition verte et exigent de plus en plus que leurs chaînes d’approvisionnement internationales soient conformes aux normes de l’OCDE. Ce sont nos clients. Et le client a toujours raison. Nous devons nous assurer que les Canadiens possèdent les compétences nécessaires pour occuper les bons emplois d’aujourd’hui et de demain. Nous avons besoin d’un plus grand nombre de nouveaux Canadiens qui contribueront à assurer la croissance des entreprises. Nous avons besoin de syndicats forts qui se battront pour les travailleurs ici en Alberta et partout au pays qui bâtissent notre économie. Alors merci pour ce travail acharné.

Et il nous faut un plan concret pour permettre au Canada de montrer la voie. Tous ces points ont occupé une place centrale dans le budget que nous avons déposé en avril dernier. Et ils conserveront cette place importante dans l’Énoncé économique de l’automne et dans le budget qui suivra au printemps prochain. Nous allons traverser cette période économique difficile. La tempête se calmera, et des jours meilleurs nous attendent. Lorsque ces jours viendront, nous devons être prêts, et nous serons prêts à saisir les opportunités qui n’arrivent qu’une fois par génération qui s’offriront aux Canadiens et à profiter de la prospérité qu’elles apporteront. Nous le ferons en bâtissant une économie qui profite à tous et en bâtissant un Canada où chacun peut gagner un revenu décent pour une journée de travail honnête grâce à un bon emploi de la classe moyenne sûr et sécuritaire. Nous le ferons en bâtissant un Canada où personne n’est laissé pour compte. Ensemble.

Merci.

Détails de la page

Date de modification :