Déclaration de la vice-première ministre lors de la 108e réunion du Comité de développement
Déclaration
Déclaration de l’honorable Chrystia Freeland
Vice-première ministre et ministre des Finances (Canada)
Au nom d’Antigua-et-Barbuda, des Bahamas, de la Barbade, du Belize, du Canada, de la Dominique, de la Grenade, du Guyana, de l’Irlande, de la Jamaïque, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines
108e réunion du Comité du développement
Le 13 octobre 2023
Notre groupe souhaite exprimer sa sincère sympathie et ses plus profondes condoléances aux peuples du Maroc et de la Libye à la suite du terrible tremblement de terre et des inondations de septembre 2023.
À la suite des attaques terroristes barbares du Hamas contre l’État d’Israël, le Canada confirme sa condamnation sans équivoque du Hamas. Nous réitérons notre soutien inébranlable à l’État d’Israël et à son droit de se défendre, conformément au droit international. En outre, nous demandons que les personnes tenues en otage soient libérées immédiatement et qu’elles soient traitées conformément au droit international.
La menace la plus importante pour la reprise économique mondiale demeure l’invasion illégale à grande échelle de l’Ukraine par la Russie. En plus d’entraîner des effets directs et déplorables sur des millions d’Ukrainiens, l’invasion menée par la Russie aggrave les défis macroéconomiques de tous les pays du monde, plus particulièrement en accentuant les effets négatifs sur les populations les plus vulnérables de la planète et en exacerbant la pauvreté, l’inégalité des revenus et l’insécurité alimentaire. Le Canada et ses partenaires sont fermement déterminés à soutenir le brave peuple ukrainien et son gouvernement dans leur lutte pour défendre leur démocratie et leur souveraineté.
Nous saluons la réponse rapide et exhaustive de la Banque et sa mobilisation de près de 38 milliards de dollars américains pour aider l’Ukraine à continuer à fournir des services essentiels, à entretenir les infrastructures essentielles et à répondre aux besoins humanitaires. Compte tenu de l’ampleur des besoins financiers de l’Ukraine, la Banque doit faire preuve d’une ambition accrue et jouer un rôle de premier plan dans la mobilisation de capitaux privés pour la reconstruction de l’Ukraine, notamment en atténuant les risques et en promouvant la confiance des investisseurs.
Nous sommes profondément préoccupés par les récents reculs en matière de développement et par l’augmentation de l’extrême pauvreté. En outre, les pays à revenu faible ou moyen sont aux prises avec de graves problèmes budgétaires et liés au coût de la vie, marqués par le surendettement et d’importants obstacles à la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique. Au cours de la dernière année, la Banque a répondu à l’appel et a amélioré ses méthodes pour pouvoir répondre à ces défis. Le Canada et ses partenaires félicitent le conseil d’administration, les cadres et le personnel de la Banque pour le rôle qu’ils ont joué dans la progression des changements importants apportés à leur mission ainsi qu’à leurs modèles financier et de fonctionnement.
Les changements climatiques et la perte de biodiversité, notamment les répercussions disproportionnées sur les Autochtones, les femmes, les filles et les jeunes, exigent une intervention urgente pour protéger l’humanité et l’économie mondiale. La Banque a fait des progrès pour harmoniser ses opérations de financement avec l’Accord de Paris, et nous l’encourageons à continuer à faire d’autres investissements ambitieux pour soutenir les pays membres dans la transition vers un développement propre, résilient et respectueux de la nature, tout en y incluant l’amélioration et la simplification de l’accès des petits États au financement.
Nos économies propres seront plus fortes grâce à notre collaboration. Le Canada est fier d’annoncer une contribution de 5 millions de dollars canadiens au partenariat pour des chaînes d’approvisionnement résilientes et inclusives (Partnership for RISE), à l’initiative du Japon et soutenu par la Banque mondiale, qui contribuera à accélérer la croissance des économies propres dans les pays à revenu faible ou moyen et à renforcer nos chaînes d’approvisionnement en énergie propre et en minéraux critiques conjointes.
Le Canada est également fier d’annoncer qu’il offrira à l’avenir des clauses de dette résiliente aux changements climatiques (Climate Resilience Debt Clauses [CRDC]) afférentes à tous les nouveaux prêts souverains. Nous appelons tous les créanciers à faire de même dans leurs nouveaux prêts souverains. Afin de renforcer ce nouvel outil pour les pays les plus vulnérables aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, nous demandons à la Banque de réaliser d’autres analyses sur les avantages de l’application des CRDC aux prêts existants, plutôt que de les limiter aux nouveaux prêts.
Dans la perspective de la COP28, nous encourageons la Banque à être prête à mobiliser du soutien pour l’architecture internationale du financement climatique, plus particulièrement pour les besoins de petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés. En outre, nous exhortons la Banque à aligner son financement sur le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et à utiliser le nouveau Fonds du Cadre afin d’atteindre notre objectif collectif de recueillir au moins 200 milliards de dollars américains de financement international annuel pour la biodiversité d’ici 2030.
Nous saluons la réponse de la Banque à l’évaluation indépendante du G20 des cadres d’adéquation des fonds propres des banques multilatérales de développement (BMD), notamment pour ce qui est des réformes adoptées lors des réunions du printemps. Nous soulignons toutefois l’importance de l’optimisation des bilans de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et de l’Association internationale de développement (IDA). Nous pensons que la Banque pourrait faire plus pour déployer son capital de manière plus efficace, en intégrant une part du capital exigible au cadre d’adéquation de ses fonds propres et en évaluant des options permettant de réduire davantage le ratio fonds propres-prêts. Nous soutenons les progrès continus de la Banque en ce qui a trait aux moyens novateurs mis en œuvre pour renforcer sa capacité de prêt, par exemple en mobilisant du capital hybride et par l’intermédiaire de la plateforme de garantie de portefeuille proposée. L’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) dispose d’un important potentiel inexploité pour libérer la marge de décaissement de la BIRD et d’autres banques multilatérales de développement, et nous appelons l’institution à élaborer de nouveaux instruments de garantie à cette fin.
En outre, nous invitons la Société financière internationale à tirer parti de l’approche « Un Groupe de la Banque mondiale unifié » pour profiter de la mobilisation de capitaux privés, et nous soutenons pleinement le travail de la Société financière internationale dans son utilisation d’investissements de capitaux privés dans le développement, y compris par l’intermédiaire du nouveau laboratoire de l’investissement privé, et dans la mise en place d’une plateforme d’entreposage et de titrisation pour transformer les prêts des banques multilatérales de développement en titres pouvant être investis pour les investisseurs institutionnels
Pour accélérer l’investissement privé dans les pays en développement, nous demandons la transformation aussi rapide que possible du consortium international pour la mise en place d’une base de données mondiale sur les risques des marchés émergents en une entité autonome, ce qui permettrait aux investisseurs de mieux évaluer les risques à l’aide de données sur les incidents de crédit utilisables, pertinentes et très accessibles.
Enfin, nous nous réjouissons des progrès réalisés à ce jour dans l’élaboration de principes et d’un cadre pour guider l’allocation des ressources à des conditions favorables, ainsi que des travaux supplémentaires devant être menés après Marrakech. Nous soulignons le fait que le cadre doit intégrer des incitations financières et non financières bien ciblées pour les pays clients – y compris les petits États et les pays vulnérables à revenu moyen.
Le Canada et ses partenaires sont prêts à poursuivre le long travail d’évolution de la Banque mondiale en vue d’assurer le progrès et de pouvoir faire face aux défis les plus pressants à l’échelle mondiale.