La ministre Duncan parle de l’avenir du sport au Canada à la conférence Une proposition de valeurs : le renforcement du sport au Canada
Discours
OTTAWA, Ontario, le 16 octobre 2018
À vérifier au moment de l’allocution. Ce discours a été traduit conformément à la Politique sur les langues officielles et révisé pour affichage et distribution conformément à la Politique sur les communications du gouvernement du Canada.
Bonjour à tous et à toutes. C’est un privilège d’être ici ce matin.
Tout d’abord, je tiens à souligner que nous sommes réunis aujourd’hui sur le territoire non cédé des Algonquins Anishinabeg.
Merci au Centre canadien pour l’éthique dans le sport et au Forum des politiques publiques d’avoir organisé cette importante conférence pour parler du sport axé sur les valeurs.
Et à toutes les personnes rassemblées : merci. Merci aux athlètes de nous inciter à rêver. Merci aux entraîneurs et aux officiels d’être des membres essentiels du système sportif.
Merci aux organismes de sport qui bâtissent ce système et qui travaillent si fort pour l’améliorer continuellement.
Le sport est important. Ce que vous faites a du poids. Et je veux vous dire à quel point le sport compte pour moi, et combien je suis fière de servir la communauté canadienne du sport.
Je me reconnais à la fois dans le sport et dans la recherche, mais c’est du milieu du sport que je viens. Le sport est au cœur même de mon identité.
Laissez-moi vous dire pourquoi. Ma mère enseignait l’éducation physique. Mon père jouait au baseball et six équipes de la ligue majeure l’ont approché pour qu’il devienne leur lanceur. Pendant les premières décennies de ma vie, je faisais de la gymnastique six soirs par semaine.
Mon amour de l’entraînement intensif a nourri ma passion pour les marathons, les triathlons et tous les types de courses. J’adore participer à des compétitions.
Mais l’une de mes plus grandes joies est d’avoir été entraîneuse, que ce soit en gymnastique, avec les tout-petits, ou encore en plongeon, en trampoline, en haltérophilie et en danse.
J’aime aider les enfants et les jeunes à réaliser leurs plus grands rêves, que ce soit dans le sport, à l’école ou dans la vie.
Parlons donc de l’avenir du sport au Canada et de la façon dont nous allons y arriver ensemble, en partenariat et en collaboration.
Comment pouvons-nous agir de façon encore plus délibérée dans le sport? À quel point certaines valeurs sont-elles fondamentales au sport et au développement de meilleurs athlètes et de meilleurs citoyens? Comment allons-nous donner la priorité à nos athlètes, du terrain de jeu jusqu’au podium?
Mon point de vue sur le sport est clair : pour que les gens vivent des expériences enrichissantes, de qualité, le sport doit être axé sur les valeurs.
J’y crois et je sais que vous y croyez aussi. C’est la raison de votre présence ici, aujourd’hui.
En 2022, nous lancerons la nouvelle mouture de la Politique canadienne du sport. Travaillons ensemble à édifier un système sportif plus robuste – un système fondé sur nos valeurs, c’est-à-dire la sécurité, la santé, l’équité, la diversité et l’inclusion, sans oublier le franc-jeu, l’honnêteté, l’intégrité, le respect et la responsabilité.
Pour que nous ayons plus d’aspects positifs et moins d’aspects négatifs, et que nous bâtissions un meilleur Canada pour tous au moyen du sport.
Commençons par le fondement même du sport axé sur les valeurs, ce sur quoi tout repose : un milieu sportif sécuritaire.
Dès ma première semaine en poste, j’ai établi une priorité : éliminer l’abus, la discrimination et le harcèlement dans le sport.
J’ai eu la chance de grandir et de travailler avec des entraîneurs extraordinaires.
Jour après jour, ils ont sacrifié un temps précieux avec leur famille pour nous aider dans notre entraînement et nous écouter parler de ce que nous vivions à l’école, tant nos réussites que nos difficultés. Ils étaient positifs et encourageants. Ils soulignaient toujours le bon travail, pas juste le talent. Et ils trouvaient toujours quoi dire au bon moment.
Mes entraîneurs ont ensoleillé mon enfance.
Malheureusement, ce n’est pas le cas pour tous les athlètes. Le printemps dernier, nous avons encore une fois constaté les dégâts causés par un mauvais entraîneur et un milieu non sécuritaire.
Je tiens à remercier des skieuses extrêmement courageuses : elles ont été agressées par le même entraîneur dans leur propre club, au niveau provincial et national, et elles ont eu le courage de sortir de l’ombre pour raconter leur histoire et éviter que d’autres athlètes subissent le même sort.
L’entraîneur a abusé de son pouvoir, il a trahi la confiance de ses proches et volé l’enfance et les rêves de ces femmes.
Bien qu’il n’y ait aucune statistique fiable sur l’exploitation sexuelle, dans aucun pays, nous avons de plus en plus connaissance de l’exploitation sexuelle et de la violence fondée sur le sexe dans le milieu du sport.
Nous ne pouvons rester indifférents devant de tels gestes.
Nous avons le devoir d’être vigilants et, si nous remarquons quelque chose d’anormal, de le dire et d’agir.
Il est important d’être à l’écoute des athlètes. Le milieu du sport a le devoir de prendre soin de ses membres et des athlètes, et je crois qu’il est plus que temps de se pencher sur cette question.
Ce devoir de protection existe déjà dans le monde de l’enseignement, pourquoi pas dans celui du sport?
En juin dernier, la communauté nationale du sport m’a épaulée lorsque j’ai présenté de nouvelles mesures pour consolider les politiques existantes. Dorénavant, pour bénéficier d’un financement du gouvernement du Canada, les organismes de sport devront : prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un milieu sain et sécuritaire; avoir une politique de lutte contre les abus, la discrimination et le harcèlement; obtenir l’aide d’une tierce partie, indépendante, pour gérer les cas d’abus, de discrimination et de harcèlement, et les déclarer à la Ministre; et offrir une formation obligatoire en la matière d’ici avril 2020.
Permettez-moi d’insister, les Canadiens et les Canadiennes doivent pouvoir faire du sport en toute sécurité.
Sachez que nous continuons à travailler pour rendre le milieu du sport plus sécuritaire. Je tiens à remercier Lorraine Lafrenière et Ahmed El-Awadi de diriger le groupe de travail sur un milieu sportif sécuritaire, groupe qui réunit des organismes nationaux de sport et organismes nationaux de services multisports. Ils font un excellent travail qui aura des effets positifs partout au pays, j’en suis certaine.
Je tiens à ce que vous sachiez que j’ai parlé avec tous mes homologues provinciaux et territoriaux, sauf le ou la future ministre du Québec, ce que je compte faire prochainement.
Les commentaires que j’ai reçus ont été très positifs. Les ministres veulent tous collaborer pour en faire plus, pour faire avancer les choses plus vite.
Les athlètes doivent être au cœur de notre action. Le système sportif doit être axé sur les athlètes, parce qu’ils ne sont ni des produits ni des objets.
Tous les jeunes devraient pouvoir faire des activités sportives de qualité et dans un milieu sécuritaire. Je n’ai pas besoin de vous convaincre : une bonne dose d’activité physique favorise de bons résultats scolaires, stimule la créativité, aide à résoudre des problèmes et améliore notre productivité et notre santé mentale.
Dans mon quartier d’Etobicoke-Nord, et dans plusieurs quartiers comme le mien, les jeunes ne peuvent se payer le luxe de participer à des sports organisés. Nous nous sommes donc mis ensemble pour que les plus talentueux puissent recevoir de l’équipement et s’acheter des billets d’autobus pour aller s’entraîner. Les parents qui ont déjà deux ou trois emplois pour joindre les deux bouts payent collectivement l’accès au gymnase pour que leurs enfants puissent jouer au soccer.
Ensemble, nous devons faire en sorte que les Canadiens développent leurs aptitudes physiques de base, comme l’exercice aérobique, la souplesse, la force, et que les enfants puissent se développer et connaître des réussites.
Il reste encore beaucoup à faire pour que tous aient accès à un milieu sportif de qualité, sécuritaire et axé sur les valeurs, y compris les jeunes filles, les Autochtones, les personnes handicapées, les nouveaux arrivants et les gens de la communauté LGBTQ2.
Notre gouvernement a investi la somme inégalée de 30 millions de dollars pour appuyer des projets de promotion des femmes et des filles dans le sport, et il s’est fixé comme objectif d’atteindre l’égalité des sexes dans le sport d’ici 2035.
J’espère voir des résultats concrets bien avant cela.
J’ai mis sur pied le premier groupe de travail sur l’équité des genres dans le sport. Ce groupe d’experts comprend la professeure et entraîneuse de basketball Guylaine Demers, le professeur et ancien athlète olympique Bruce Kidd, la directrice générale de l’Association canadienne des entraîneurs, Lorraine Lafrenière ainsi que Waneek Horn‑Miller, Hayley Wickenheiser et John Herdman.
Je voulais former un groupe qui m’encouragerait à en faire encore plus; un groupe qui formulerait de véritables recommandations plutôt que de produire un énième rapport sur un problème déjà bien connu.
Ce groupe de travail abordera toutes les facettes du problème, de l’augmentation de la participation au sport jusqu’au recrutement des filles et des femmes comme entraîneuses et dirigeantes, en passant par la recherche et la lutte contre toutes les formes de violence. Je tiens à remercier ses membres de leur formidable travail!
L’année 2026 s’annonce particulièrement excitante. Nous accueillerons la coupe de la FIFA et, pour la première fois, la coupe du monde masculine!
J’espère aussi que nous réussirons à ramener les Jeux olympiques d’hiver à Calgary. Je sais que nous avons tous hâte de voir les résultats du référendum du 13 novembre.
Les Jeux de Calgary nous donneront l’occasion d’encourager nos athlètes en sol canadien, de présenter notre pays au monde entier, de faire progresser la réconciliation et d’atteindre l’égalité des sexes dans le sport.
Nous aurons aussi l’occasion d’offrir une couverture médiatique égale aux Jeux olympiques et paralympiques ainsi qu’une couverture égale aux femmes et aux hommes.
Nous aurons l’occasion de démontrer notre détermination à soutenir le sport propre et la lutte contre le dopage. Comme vous tous, j’ai été très préoccupée par la décision de réintégrer l’Agence antidopage russe.
L’avenir du système sportif repose sur des athlètes qui consacrent leur vie à la compétition et à la poursuite de l’excellence – et qui favorisent une saine pratique du sport.
Je vous assure que je travaillerai très fort avec mes homologues des autres pays pour protéger la santé des athlètes et la vigueur du système sportif, tout en défendant la position du Canada sur le sport sans dopage.
Je sais que chacun d’entre vous est prêt à relever le défi d’édifier un système sportif canadien axé sur les valeurs.
Nous devons agir dès maintenant.
Car le monde du sport vit de sérieuses difficultés, qu’il s’agisse d’abus, d’intimidation, de dopage, de parties truquées ou d’autres choses.
Je suis certaine que vous avez tous vu l’entrevue de la BBC avec Beckie Scott la semaine dernière. Ça prend beaucoup de courage pour faire ce qu’elle a fait.
La contribution de Beckie Scott au mouvement antidopage est considérable.
Ça me préoccupe toujours d’entendre parler de rapports qui ne prennent pas le point de vue des athlètes au sérieux ou qui tentent de les masquer.
Les valeurs que nous soutenons en tant que société ‒ la sécurité, la santé, l’équité, la diversité, l’inclusion, le franc-jeu, l’honnêteté, l’intégrité, le respect et la responsabilité ‒ doivent être intentionnellement intégrées au système sportif.
Je veux que vous sachiez que je partage votre détermination à soutenir le sport fondé sur les valeurs.
Je suis heureuse que ce symposium ait lieu. Je suis heureuse de constater votre engagement envers cette question.
Et je suis enchantée de continuer à travailler avec vous.
Mes collègues et amis, encore une fois merci de m’avoir invitée. Merci de tout ce que vous apportez au milieu canadien du sport. J’ai bien hâte de travailler avec vous pour édifier un système sportif encore plus équitable, inclusif et sécuritaire.
Merci beaucoup.