Stephen B. Simpson au congrès annuel de la British Columbia Association of Broadcasters

Discours

Kelowna (Colombie-Britannique)
Le 16 mai 2018

Stephen B. Simpson, Conseiller régional de la Colombie-Britannique et du Yukon
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes

Priorité à l’allocution

Merci pour cet accueil chaleureux.

Je reconnais que notre rencontre se déroule sur le territoire traditionnel de la Nation des Syilx/Okanagan. Je les remercie et je rends hommage à leurs Aînés.

Notre réunion a lieu en des temps particulièrement durs, peut-être les plus difficiles dans l’histoire de la radiodiffusion.

L’instabilité financière que nous observons à l’échelle mondiale est sans précédent depuis les années 1930. Peu de pays et d’industries sont épargnés par cette instabilité financière mondiale, y compris le secteur de la radiodiffusion.

Nous vivons dans un monde où tout va plus vite, où les liens se multiplient et où, en raison de toutes ces options, nous devons faire des choix afin de consommer le contenu qui nous intéresse le plus. Les Canadiens ont montré une préférence pour les sources qui offrent du contenu local — et la demande pour ce type de contenu va croissant, particulièrement en radiodiffusion.

En ce qui concerne les télédiffuseurs conventionnels, ce n’est rien dévoiler en disant que l’époque dans laquelle nous vivons les a touchés de manière encore plus marquée. L’offre de service numérique en ligne les a rendus particulièrement vulnérables face au faible marché de la publicité.

Attendez un instant… C’est le discours que j’ai prononcé devant la British Colombia Association of Broadcasters (BCAB) en 2009.

Mon discours à l’époque se voulait une réflexion sur un monde au cœur d’une tempête financière, il n’y a pas de doute; et en parallèle, le milieu de la radiodiffusion était sur le point de vivre d’importants changements — des changements découlant de nouvelles technologies, d’une offre de contenu plus grande sur des plateformes toujours plus nombreuses, le tout entraînant des changements dans les habitudes de consommation et les comportements connexes.

En 2009, je participais au congrès de la BCAB pour la première fois en tant que votre conseiller de la Colombie-Britannique et du Yukon. Nous voici, près d’une décennie plus tard, toujours en train de réfléchir aux changements dans le milieu de la radiodiffusion. La bonne nouvelle? Vous êtes toujours là, vous vous adaptez aux changements et vous êtes de plus en plus forts.

Cela dit, ce sont mes derniers moments au CRTC et il me semble approprié de livrer mon dernier discours là où j’ai prononcé mon premier — ici, à la BCAB.

Nous y reviendrons plus tard. J’ai assez parlé de moi, parlons de vous.

Comme c’est notre bonne habitude, je me référerai au plus récent Rapport de surveillance des communications du CRTC. Mais plutôt que de mettre l’accent sur les revenus, voyons voir ce qu’il nous dit d’autre.

Dans mon premier discours que je vous ai livré il y a une décennie, je parlais des changements que nous pouvions entrevoir. Aujourd’hui, nous comprenons mieux la direction que prennent les choses.

Nous voyons que le contenu règne encore dans le monde des médias.

Le rapportde cette année indique qu’en 2016, les radiodiffuseurs ont investi plus de 3,5 milliards de dollars dans la création de contenu télévisuel, musical et oral canadien.

Voilà d’excellentes nouvelles, mais la production ne représente que la moitié de l’histoire. Nous voyons très bien que la véritable histoire à suivre, c’est l’évolution du paysage au chapitre des plateformes de distribution de contenu.

Nous voyons que les Canadiens veulent avoir accès à ce contenu de la façon qui leur convient le mieux.

Le Rapport de surveillance des communications montre qu’en 2016, le nombre d’heures d’écoute hebdomadaire de la télévision traditionnelle a diminué, en particulier chez les gens âgés de 34 ans et moins. Parallèlement, l’écoute hebdomadaire d’émissions de télévision sur Internet s’est avérée plus populaire.

L’écoute de la radio suit une trajectoire semblable. L’écoute de la radio traditionnelle est également à la baisse, encore là, surtout chez les jeunes, alors que plus de la moitié des Canadiens ont indiqué avoir écouté du contenu audio en ligne.

Ces tendances sont éloquentes et ont incité, en partie, la ministre Joly à demander au CRTC de produire un rapport sur l’avenir de la programmation audio et vidéo au Canada. Plus précisément, on nous a demandé d’examiner :

  • le ou les modèles de distribution de programmation susceptibles d’exister à l’avenir
  • la façon dont les Canadiens accéderont à cette programmation et l’intermédiaire par lequel ils pourront y accéder
  • la mesure dans laquelle ces modèles pourront garantir un marché intérieur dynamique capable de soutenir en continu la création, la production et la distribution d’une programmation canadienne, dans les deux langues officielles, y compris une programmation originale dans les domaines du divertissement et de l’information.

En vue d’éclairer ce rapport, et afin que nous ayons un dossier public aussi complet que possible sur le sujet, nous avons entrepris une consultation en deux phases.

Pendant la première phase, qui a pris fin l’automne dernier, nous avons demandé aux Canadiens de nous faire part de leurs idées sur des questions telles que la façon dont ils accèdent aux émissions, les éléments qui, à leur avis, font la marque d’un marché national dynamique sur le plan de la création et de la distribution de contenu, et les mesures stratégiques nécessaires pour appuyer ce marché.

Au cours de la deuxième phase de notre consultation, nous avons aussi effectué de vastes recherches sur l’opinion publique afin d’éclairer davantage notre rapport prospectif.

Ce rapport doit être présenté au gouvernement d’ici le 1er juin et il sera publié simultanément en version numérique, sans version papier, à l’intention de tous les Canadiens.

Aucun arbre ne sera abattu. Seuls les pixels seront utilisés.

Avec sa conception interactive, il sera mis en ligne à la disposition du public. Je vous encourage à le consulter rapidement car il constituera un élément central de notre compréhension quant à la façon dont les choses s’orientent, dans un avenir proche, au chapitre des plateformes de distribution de contenu.

Je peux dire qu’il est évident que les Canadiens veulent utiliser les applications et les services sur les appareils de leur choix.

Si le changement est devenu une constance dans votre monde, il en est de même dans le nôtre. De fait, notre organisation est depuis longtemps au premier plan des changements réglementaires.

Cette année marque le 50e anniversaire du CRTC et, au cours des cinq dernières décennies, nous avons fait face à plusieurs changements technologiques d’importance, qu’il s’agisse de l’arrivée de la télévision par câble, des communications par satellite, des téléphones cellulaires, de la radiodiffusion numérique, puis maintenant, de la large bande.

Depuis 1968, les nombreuses personnes qui ont été présidents et conseillers ont adopté des approches réfléchies, créatives et canadiennes afin de relever de nombreux défis complexes sur le plan de la réglementation.

Le CRTC a réagi avec aplomb à l’évolution transformative du dernier demi-siècle.

Avec l’arrivée du câble, puis du satellite, et ensuite d’Internet, le CRTC a dû établir un équilibre entre donner aux Canadiens accès à une programmation diversifiée tout en s’assurant que le contenu créé par les Canadiens, qui reflète nos réalités, occupe une place de choix dans le système canadien de radiodiffusion.

Tandis que des entreprises comme les vôtres continuent d’innover au chapitre de la programmation offerte aux Canadiens, peu importe que ce soit par le biais de moyens nouveaux ou traditionnels, le CRTC entend continuer à s’assurer que les dispositions sur la neutralité d’Internet au Canada soit respectée.

Dans un discours prononcé l’automne dernier, notre nouveau président, Ian Scott, a utilisé l’exemple de la Commission des transports qui nous a précédés et qui « a maintenu l’ouverture des voies ferrées pour tous les usagers ».

Notre président a ramené son auditoire en 1976, lorsque le CRTC était chargé de réglementer les fournisseurs de services de télécommunications. Avant cela, cette responsabilité incombait à la Commission canadienne des transports, l’entité responsable de réglementer les systèmes de transport aérien, maritime et terrestre du Canada.

Si cela vous surprend, songez qu’à l’époque, on croyait que les mêmes principes de neutralité des fournisseurs de services qui s’appliquaient aux voies ferrées devaient s’appliquer aux réseaux de téléphonie et de télégraphe du pays. Les propriétaires et les exploitants de chaque système ne pouvaient faire de discrimination à l’endroit du fret en fonction de son propriétaire ou de sa destination.

Il a terminé sa présentation en soulignant que 40 ans plus tard, le CRTC avait traité de la même question de la neutralité des fournisseurs de services lorsque nous avons publié notre cadre sur la neutralité d’Internet.

Plus ça change, plus c’est pareil!

En regardant vers l’avenir, au-delà de cette étape que constitue notre 50e anniversaire, nous allons tirer profit d’outils novateurs et adopter les pratiques exemplaires d’autres compétences afin de maintenir notre statut en tant que principal organisme de réglementation des communications — un organisme qui sert toujours l’intérêt public et qui s’assure que les Canadiens ont accès à un système de communications de classe mondiale.

Alors, pour amorcer cette conclusion, j’ai pensé aussi poser un regard sur mon propre parcours depuis 10 ans, de 2008 à aujourd’hui, et mettre en relief certains des jalons dont j’ai été témoin au cours de mon mandat.

Comme vous le savez, le CRTC prend des décisions — les licences pour la radio et la télévision, les tarifs de télécommunications, l’accès de gros aux réseaux, ce genre de chose. Chaque décision découle d’un processus et est préparée grâce aux efforts incessants des employés du Conseil, des gens brillants et travaillants, avant qu’ultimement les conseillers tranchent.

Durant ma première année, nous avons rendu 369 décisions en radiodiffusion et 122 en télécommunications. Puis, des entreprises et des personnes se sont lancées dans une vague de fusions et d’acquisitions; en une seule année, en 2009, le nombre de décisions à prendre a bondi de 500 à 800.

Le nombre de décisions s’est stabilisé ces dernières années, mais avec les changements à venir, qui sait ce qui va se produire.

En ce qui concerne les événements d’importance qui ont marqué notre travail, il y a la faillite de Canwest en 2009 et l’acquisition de CTV par Bell en 2010. L’année suivante a marqué le lancement du réseau Sun News, puis en 2013, Bell était de retour pour une fusion avec Astral.

L’année 2015 a marqué la fin pour le réseau Sun News, alors qu’en 2016, Corus a soumis un projet pour acquérir Shaw Media.

Au moment où des entreprises comme Corus, Bell et Newcap sont allées vers l’ouest, des radiodiffuseurs et des entreprises de télécommunications de l’Ouest comme Telus, Pattison et Golden West se sont dirigées vers l’est.

Ç’a été une période remarquable qui nous a tenus occupés.

Pendant mon mandat, nous avons aussi fait la manchette avec quelques-unes de nos décisions comme l’appui au Système national d’alertes au public, la création du Code sur les services sans fil, le Code des fournisseurs de services de télévision, et la gestion des dispositions législatives entourant la Liste nationale de numéros de télécommunication exclus de même que la LCAP, la Loi canadienne anti-pourriel.

Nous avons ordonné que la large bande soit considérée comme un service de base, nous avons demandé à ce que les télécommunications dans le Nord canadien soient améliorées et modernisées, et nous avons créé un cadre pour les services 9-1-1 de prochaine génération.

La création d’un service de relais vidéo pour les Canadiens ayant un trouble d’audition a constitué un autre jalon important.

Et lors de notre consultation sur un futur système canadien de télévision, nous avons rejoint les Canadiens partout au pays grâce aux réseaux sociaux, à des conférences éclairs, à des séances de discussion ouverte en ligne et à des sondages en vue d’encourager les gens à participer à notre instance — une pratique que nous utiliserons de nouveau alors nous entendons rendre nos processus encore plus transparents.

Et qui ne se souvient pas du Fonds pour l’amélioration de la programmation locale et, ultérieurement, du Fonds des nouvelles locales indépendantes, grâce auquel les stations indépendantes ont accès à quelque 23 millions de dollars afin de produire des émissions d’information de grande qualité.

Et maintenant, comme pour témoigner de l’avenir de la radiodiffusion, il y a de l’action qui se prépare avec l’acquisition proposée de Newcap par Stingray.

Je dois dire que j’ai été très honoré qu’on m’ait demandé de servir comme conseiller du CRTC. Cela a été un honneur et un privilège d’agir comme votre conseiller régional.

Enfin, je désire terminer avec une citation tirée de ma scène préférée du film original Blade Runner, alors que Rutger Hauer, blessé mortellement, fait ses adieux :

« J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion. J’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l’ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de… jouer au golf. »

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