Vicky Eatrides au Banff World Media Festival

« Aller vite et loin ensemble : Notre trajet pour créer le système de radiodiffusion de l’avenir »

Banff (Alberta)
Le 12 juin 2023

Vicky Eatrides, présidente et première dirigeante
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC)

Le discours prononcé fait foi

Bonjour,

Avant de commencer mon allocution, j’aimerais souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel des Premières Nations du traité n^o 7, comprenant entre autres les Premières Nations Stoney et Siksika. Je les remercie et je rends hommage à leurs Aînés.

Je suis tellement ravie d’être parmi vous aujourd’hui, aux côtés de certains de mes collègues conseillers et d’autres collègues du CRTC. Banff est un lieu sans pareil. Je pense que je parle pour tout le monde quand je dis que les Rocheuses sont à couper le souffle.

Dans l’esprit du Festival, je voudrais commencer par présenter un nouveau projet sur lequel nous travaillons. C’est rafraîchissant. C’est passionnant. C’est inclusif. Plus important encore, il concerne tous les Canadiens.

Imaginez la scène. Le projet que nous présentons parle de connexions. De la façon dont les gens se connectent les uns aux autres par la musique, la télévision et le cinéma. Il parle de la culture que nous partageons, laquelle est construite et renforcée par les histoires que nous racontons, et de comment elle s’approfondit et s’enrichit au fur et à mesure que de nouvelles perspectives sont introduites.

Notre projet se centre sur un système de radiodiffusion fort et sain, où une multitude de voix créent des contenus originaux destinés à être diffusés à la radio, à la télévision et sur des services de diffusion en continu. Ce système comprend des médias de nouvelles locales sains et dynamiques qui reflètent les communautés qu’ils desservent. Il invite les Canadiens à se connecter aux contenus de qualité produits ici, chez eux, et ailleurs.

Le projet que nous présentons concerne la manière dont nous construisons ensemble le système de radiodiffusion de l’avenir. C’est l’histoire d’un voyage et de la façon dont un groupe de partenaires – le CRTC, les Canadiens et les milliers de personnes et d’entreprises qui travaillent dans ce secteur – s’appuieront sur les forces de chacun pour atteindre un objectif commun.

Alors, qu’en pensez-vous? Qui est prêt à donner le feu vert?

Bon, peut-être est-il trop tôt pour savoir si tout cela s’avérera un contenu captivant à l’écran. Continuons-donc à travailler sur ce scénario.

Que cela fasse ou non l’objet d’un bon contenu à l’écran, je veux discuter avec vous, aujourd’hui, de ce voyage que nous sommes sur le point d’entamer. Parce que d’un point de vue législatif, nous avons tout à fait reçu le feu vert pour aller de l’avant avec ce projet. Tous ceux qui sont présents dans cette salle aujourd’hui – y compris les régulateurs, acteurs des médias traditionnels et services de diffusion en ligne, ainsi que les Canadiens d’un océan à l’autre – sont sur le point de s’engager sur une voie qui nous mènera de la Loi sur la radiodiffusion d’aujourd’hui à un système de radiodiffusion renouvelé et modernisé pour l’avenir.

Alors que nous entamons ce voyage, un proverbe me revient en tête : « Si tu veux aller vite, vas-y seul. Si tu veux aller loin, allez-y ensemble. »

En fait, notre plan est d’aller vite et loin ensemble. Nous irons vite parce que le résultat de notre voyage nous affecte tous. Nous irons loin en travaillant ensemble et en tirant parti des forces et de l’expertise de chacun, et en ajoutant toujours des occasions de mobilisation. Nous devons faire les choses correctement. Parce que les Canadiens comptent sur nous.

Notre voyage commence par l’état actuel du système. Je commencerai par le rôle que jouera le CRTC, maintenant que le Parlement a adopté la Loi sur la diffusion continue en ligne. Je souhaite également parler du chemin qui nous attend et des escales que nous passerons en cours de route pour donner vie au système vibrant, dynamique et inclusif que j’ai décrit. Je conclurai en soulignant quelques-unes des questions clés sur lesquelles nous nous pencherons en cours de route, y compris sur la nécessité d’un nouveau cadre de contribution plus souple.

Donc tout d’abord, parlons du rôle du CRTC maintenant que la Loi sur la diffusion continue en ligne est entrée en vigueur.

Vers un système de radiodiffusion modernisé

Depuis que j’ai assumé le rôle de présidente et première dirigeante du CRTC il y a cinq mois, j’ai eu l’occasion de rencontrer un large éventail d’intervenants du secteur de la radiodiffusion : radiodiffuseurs privés et publics, producteurs de contenu, associations musicales, stations de radio, services de télévision spécialisés, services de diffusion en continu étrangers, ainsi que syndicats et guildes.

J’ai rencontré des gens de partout au pays, de Whitehorse à Toronto, en passant par Montréal et Halifax – et ici en Alberta, à Calgary et à Airdrie – et je suis frappée par l’importance de comprendre les occasions et les défis auxquels chacun est confronté. Une petite station de radio des Prairies, par exemple, pourrait avoir besoin que le CRTC comprenne l’importance qu’elle revêt pour sa communauté locale. Un producteur indépendant du centre du Canada est confronté à différents défis, comme vendre du contenu à des auditoires internationaux. Chacun d’eux est unique dans son rôle et son contexte.

Une des nombreuses choses que j’ai retenues de ces réunions est que chacun d’entre nous – radiodiffuseurs, créateurs, producteurs ou régulateurs – a un rôle important à jouer pour aider à la construction du système de radiodiffusion de l’avenir. Certains contribueront à la production d’émissions d’information locales de qualité. D’autres créeront des contenus télévisuels captivants. D’autres feront la promotion de la musique ou soutiendront des artistes émergents. D’autres encore apporteront une contribution qu’aucun d’entre nous n’a encore imaginée.

Au cours de ses plus de cinquante années d’activité, le CRTC a joué un rôle important dans le développement de ce système. Nous avons aidé à assurer que les histoires canadiennes et autochtones soient racontées. Nous avons aussi aidé à assurer le soutien de nos musiciens à la radio, de nos talents à l’écran, ainsi que des personnes et des entreprises de notre secteur de production dynamique.

Notre rôle à l’avenir est de contribuer à la construction du système de radiodiffusion modernisé du futur. Il s’agit d’accepter le mandat législatif que le Parlement nous a donné il y a à peine plus de six semaines et de travailler avec nos partenaires pour construire le cadre réglementaire qui sous-tend ce nouveau système.

La Loi sur la diffusion continue en ligne jette les bases de ce changement. Elle répond à l’évolution des modes de consommation des contenus – par les services en ligne et les médias traditionnels – et nous donne la responsabilité de construire un système plus inclusif qui répond aux occasions et aux défis auxquels sont confrontés tous les intervenants.

Bien entendu, on ne peut mentionner la Loi sur la diffusion continue en ligne sans mentionner les instructions proposées par le gouvernement, lesquelles fournissent au CRTC une orientation supplémentaire dans le cadre de la nouvelle législation. Le ministre du Patrimoine canadien en a parlé, plus tôt ce matin. Et comme nous l’avons déclaré depuis avoir lancé nos consultations publiques, nous ajusterons notre approche, si nécessaire, une fois ces Instructions officiellement établies.

En attendant, nous nous mettons au travail. Car nous n’avons pas de temps à perdre. Si nous avons constaté un afflux d’investissements dans notre secteur créatif, dont en provenance de radiodiffuseurs nationaux et de productions étrangères, toutes les parties du système de radiodiffusion n’en tirent pas les mêmes bénéfices.

Nous commençons donc notre voyage vers ce cadre modernisé. La route devant nous est longue et nous devons bouger rapidement, ensemble.

D’aujourd’hui à l’avenir : notre plan

Si le système futur que j’ai décrit est notre destination, la question très réelle et très pertinente que nous posons est la suivante : « Comment allons-nous y arriver? »

Nous avons un plan.

Dans les jours qui ont suivi la sanction royale du projet de loi C-11, le CRTC a publié un projet de réglementation définissant notre approche en trois phases.

La première phase pourrait être décrite comme la préparation aux changements à venir. En particulier, nous avons l’intention d’examiner comment les services de diffusion en continu peuvent contribuer aux objectifs stratégiques publics de la Loi sur la radiodiffusion. Nous approfondirons les questions politiques au cours de la deuxième phase, et consacrerons la troisième phase à la mise en œuvre de nos décisions.

Nous avons choisi de structurer le processus de cette manière parce que nous ne pouvons pas prendre des cadres réglementaires en place depuis des années et simplement les appliquer à notre nouvelle réalité. On ne peut enfoncer un clou avec un tournevis. Et nous ne pouvons pas modifier ces cadres du jour au lendemain.

Le journaliste et auteur canadien Malcolm Gladwell a dit un jour que « le visionnaire commence avec une feuille de papier vierge et réimagine le monde ».

C’est là où nous en sommes tous aujourd’hui. Nous avons devant nous une feuille vierge qui nous invite non pas à remodeler un monde, mais à créer un système qui touche la vie de chacun des près de 40 millions d’entre nous qui vivent dans ce pays. Pour réimaginer notre système de radiodiffusion, nous devons faire participer une plus grande diversité d’acteurs qui peuvent apporter de la profondeur et de l’ampleur aux conversations fondatrices.

Tout cela s’imbriquera dans la troisième phase, alors que le système de radiodiffusion de l’avenir commencera à prendre forme et que le rôle que chacun jouera se précisera.

Comme je l’ai mentionné précédemment, notre approche dans ce voyage consiste à agir rapidement, mais aussi à agir ensemble. En d’autres termes, il s’agit de s’assurer de pouvoir compter sur une mobilisation importante et des dossiers publics solides. Nous recherchons des idées qui ne profitent pas seulement à une partie du système, mais à son ensemble.

Notre plan évoluera au fur et à mesure que nous écouterons les gens et travaillerons en partenariat sur les différents enjeux. Nous le mettrons à jour au fur et à mesure afin de tenir tout le monde informé.

Nous pouvons aller vite seuls, mais nous ne pouvons aller loin que si nous travaillons ensemble.

Élaborer un nouveau cadre de contribution

Cela m’amène à aborder les questions clés que nous examinerons lors de l’élaboration de notre cadre.

Lorsque nous avons lancé la première phase de notre plan le mois dernier, nous avons lancé trois consultations. Elles nous aideront à définir les enjeux dont il sera question. La première demande quels sont les services de diffusion en continu qui doivent s’inscrire auprès du CRTC. La seconde examine si ces derniers devraient avoir des conditions de service de base.

La troisième, sur laquelle je voudrais m’attarder un instant, engage la conversation sur un nouveau cadre de contribution.

J’ai dit plus tôt que l’objectif que nous poursuivons avec ce nouveau système de radiodiffusion est de donner aux créateurs canadiens encore plus d’occasions de raconter leur histoire. Nous entendons par là tous les créateurs, y compris ceux qui n’ont peut-être pas été aussi visibles par le passé. Je pense plus précisément aux groupes sous-représentés et mal desservis.

Les diffuseurs traditionnels et en ligne peuvent contribuer de manière importante à soutenir nos industries de production nationales. Pour veiller à ce que les histoires soient racontées.

Notre proposition comprend trois catégories de soutien.

La première est un niveau de contribution de base qui serait le même pour tous. Cette contribution serait dirigée vers des fonds, tels que le Fonds des médias du Canada, le Radio Starmaker Fund ou des fonds indépendants certifiés.

La seconde serait une exigence financière souple permettant d’investir dans différents types de programmes, comme la programmation de nouvelles, ou encore la formation et le développement. Cela prendrait en compte le fait que tout le monde ne pourra pas contribuer de la même manière.

La troisième catégorie comprendrait les contributions intangibles, telles que les projets dont le but est de rendre le contenu canadien et autochtone plus facile à trouver.

Cette approche fonctionne-t-elle? Chaque radiodiffuseur sera-t-il en mesure de contribuer à la réalisation des objectifs stratégiques publics? Nous voulons savoir ce que tout le monde en pense.

Le moment est venu d’innover et d’explorer de nouveaux modèles. Cette feuille vierge dont parle Malcom Gladwell ne demande qu’à être transformée par de nouvelles idées. Comment les producteurs peuvent-ils travailler avec les radiodiffuseurs pour créer des contenus qui attirent des auditoires au Canada et à l’étranger?

À vous de nous le dire. Nous voulons voir sur papier vos brillantes idées. Nous acceptons les observations au sujet de cette approche, et nous prévoyons organiser une audience publique en novembre.

Entre-temps, nous poursuivrons notre travail cet automne en organisant des séances de mobilisation préliminaires sur les définitions du contenu canadien. Ces séances nous aideront à tester les concepts et à préparer les questions pour la consultation publique qui suivra. Nous devons nous assurer que nous posons les bonnes questions.

Conclusion

En conclusion, donc, tous ensemble, nous avons une tâche énorme à accomplir, ainsi qu’une occasion unique. Sur ce voyage que nous entreprenons, nous pavons une nouvelle voie.

Alors que nous travaillons de concert à construire le système de radiodiffusion de l’avenir, notre objectif est de créer un cadre inclusif et souple qui offre des possibilités de création, d’échange et de promotion du contenu. Ce nouveau système sera plus grand que la somme de ses parties. Il s’appuiera sur les forces de tous les participants pour soutenir le contenu canadien et autochtone. Il favorisera l’émergence d’un secteur de production indépendant et solide, reflétant la diversité du Canada et donnant la possibilité à de nouvelles voix de s’exprimer. Et il regorgera de contenus créés au Canada.

Mais comme je l’ai dit, c’est un voyage qu’aucun d’entre nous ne peut entreprendre seul. Une longue route nous attend. Nous ne pouvons aller loin et vite que si nous travaillons ensemble. Tout le monde doit mettre l’épaule à la roue.

Et pour en revenir à mon introduction, j’ai déjà hâte de revenir l’an prochain pour vous vendre un scénario plus avancé au sujet de notre voyage vers le système de radiodiffusion du futur.              

D’ici là, mettons-nous au travail. Il y a des histoires à raconter et des feuilles vierges à remplir.

Merci.