Allocution du ministre de la Santé sur le supplément pour l’arriéré et cinq domaines prioritaires pour l’avenir des relations fédérales-provinciales en matière de soins de santé, le 25 mars 2022

Discours

Le 25 mars 2022 | Ottawa (Ontario) | Santé Canada

Le texte prononcé fait foi

Bonjour tout le monde,

Et merci à tous d’être ici aujourd’hui.

Je viens d’avoir un excellent échange avec de jeunes étudiants ici, à l’École des sciences infirmières de l’Université d’Ottawa.

Ces jeunes Canadiens sont concentrés, dévoués et déterminés à fournir les meilleurs soins possible à leurs concitoyens, tout comme notre gouvernement.

Aujourd’hui, je suis accompagné de mes collègues, les ministres Bennett et Khera.

Nous avons des nouvelles très importantes pour les Canadiens et leur famille.

Notre annonce comporte deux volets.

Premièrement, j’ai des nouvelles à communiquer concernant les retards en chirurgie et, deuxièmement, je vous présenterai brièvement notre vision pour l’avenir de la collaboration fédérale et provinciale en matière de soins de santé au Canada.

Comme nous le savons tous, les deux dernières années ont été éprouvantes pour notre système de santé, pour nos travailleurs de la santé et pour les patients, particulièrement pour nos aînés et leur famille à travers tout le pays.

Dans plusieurs cas, la pandémie a mis en lumière des problèmes qui existaient déjà depuis de nombreuses années et elle a rendu les choses encore plus difficiles.

C’est particulièrement vrai dans le cas des retards dans les diagnostics, les traitements et les chirurgies de toutes sortes.

Ce problème n’est pas nouveau, mais la pandémie a contribué à l’exacerber encore plus.

Ces retards représentent un fardeau qui peut être très difficile à supporter pour les patients concernés, leur famille et leurs proches, ainsi que pour le personnel soignant.

Imaginez un instant que vous recevez un diagnostic de cancer, que l’on vous recommande une intervention chirurgicale et que, le moment venu, on vous informe que votre opération doit être reportée.

La réalité est que, faute de temps, d’espace et de personnel disponible pour effectuer les interventions, un trop grand nombre de nos concitoyens ont souffert et souffrent encore de cette épreuve.

Ces délais n’ont pas seulement un impact sur la santé des gens à court et à long terme, ils ont un impact sur le stress des patients et de leurs familles, mais aussi sur celui de notre personnel de la santé, qui est au front depuis plus de deux ans.

Cela ne devrait tout simplement pas se produire au Canada, en 2022.

Annonce d’un supplément

Aujourd’hui, au nom du gouvernement fédéral, j’ai le plaisir d’annoncer un investissement de 2 milliards de dollars pour aider nos partenaires provinciaux et territoriaux à réduire considérablement l’arriéré d’interventions chirurgicales retardées en raison de la COVID-19.

Cet investissement majeur pourrait aider les provinces et les territoires à réaliser des centaines de milliers d’opérations en attente.

Pour les gens à la maison, cela signifie que l’opération que vous attendez depuis des mois, voire des années, sera enfin planifiée.

Cela signifie que l’opération de remplacement de la hanche que votre mère ou votre père attend ne sera plus reportée.

Pour beaucoup de Canadiens, l’annonce d’aujourd’hui représentera un énorme soulagement.

Ces montants seront transférés à nos partenaires provinciaux et territoriaux au moyen d’un supplément unique du Transfert canadien en matière de santé.

Il s’agit d’un premier pas important pour relever les grands défis qui nous attendent dans le domaine des soins de santé.

En plus des 4 milliards de dollars pour les arriérés annoncés en mars 2021, l’annonce d’aujourd’hui permettra de réparer les dommages causés par la pandémie à notre système de soins de santé.

Elle vient également nous mettre en bonne voie pour que notre système de santé puisse relever les défis structurels et démographiques du XXIe siècle.

Pour ce faire, nous voudrons collaborer avec nos partenaires provinciaux et territoriaux et mettre l’accent sur les besoins des patients et l’obtention de résultats concrets.

Même si elle n’est pas encore terminée, nous pouvons et nous devons tirer des leçons de la pandémie.

Dès maintenant, nous pouvons et nous devons protéger notre système de santé public et universel, un système de santé qui respecte certains principes fondamentaux tels qu’ils sont édictés dans la Loi canadienne sur la santé, un système basé sur :

  • la gestion publique;
  • l’intégralité des soins;
  • l’universalité;
  • la transférabilité; et
  • l’accessibilité.

Rôle joué dans le passé par le gouvernement fédéral en matière de soins de santé

Nous l’oublions parfois ou le tenons pour acquis, mais il y a plusieurs décennies, au Canada, nous avons fait le choix d’avoir un système de soins de santé public et universel.

Collectivement, en tant que pays, nous avons choisi de ne laisser personne de côté et de ne refuser à personne les soins nécessaires, quel que soit son statut ou sa capacité de payer.

Permettez-moi de faire un petit détour historique pour vous raconter très brièvement comment nous en sommes collectivement arrivés à faire ce choix.

À l’échelle nationale, non sans s’inspirer de l’assurance-maladie mise en place par le regretté Tommy Douglas en Saskatchewan, nous avons fait ce choix pour la première fois sous la direction du gouvernement de Louis Saint-Laurent, grâce à l’adoption de la Loi sur l’assurance-hospitalisation et les services diagnostiques, en 1957.

Pour la première fois de notre histoire, l’idée d’un financement public des soins de santé devenait loi.

Pour la première fois de notre histoire, les Canadiens pouvaient se rendre à l’hôpital sans craindre de faire faillite ou, pire, de ne pas être soignés parce qu’ils n’en avaient pas les moyens.

Pour la première fois de notre histoire, l’idée d’un financement public des soins de santé devenait loi.

Quelques années plus tard, en 1966, la Loi sur les soins médicaux a été déposée, avant d’être finalement promulguée en 1968.

Avec cette loi, pour la première fois, le principe d’universalité était codifié dans une loi canadienne, applicable d’un océan à l’autre.

En échange de la garantie que les provinces et territoires respecteraient ce principe, le gouvernement fédéral s’engageait à rembourser aux provinces et territoires une partie de leurs dépenses en soins de santé.

En 1977, la Loi sur les accords fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces et sur le financement des programmes établis, connue sous le nom de FPE, a été adoptée.

Au lieu de se faire rembourser leurs dépenses au fur et à mesure, les provinces et territoires obtenaient du gouvernement canadien un financement annuel en bloc, et le fédéral accepte de réduire ses taux d’imposition pour permettre aux provinces d’élever les leurs afin de financer les soins de santé.

Ce long cheminement a culminé en 1984, avec l’adoption à l’unanimité de la Loi canadienne sur la santé, à laquelle j’ai fait référence un peu plus tôt.

Alors, pourquoi ce long détour?

Parce qu’aujourd’hui, près de 40 ans après l’adoption de la Loi canadienne sur la santé et deux ans après le début de la pire pandémie que le monde ait connue depuis plus d’un siècle, nous devons admettre qu’à défaut d’agir rapidement et fermement, la survie à long terme du système de santé public et universel que les Canadiens chérissent est en péril.

Une approche collaborative avec les partenaires provinciaux et territoriaux

Heureusement, au cours des deux dernières années, la pandémie a illustré ce que nous pouvons accomplir lorsque tous les ordres de gouvernement travaillent ensemble.

Grâce aux investissements annoncés aujourd’hui, de nombreuses personnes à travers tout le pays pourront plus rapidement accéder aux traitements chirurgicaux dont elles ont besoin.

C’est une excellente nouvelle, mais nous voulons aussi être lucides.

Si l’annonce d’aujourd’hui est une excellente nouvelle, nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire.

Les défis auxquels nous faisons face demandent une action concertée et collaborative de la part de notre gouvernement et de nos gouvernements provinciaux et territoriaux.

Avec les années, le contexte démographique, socio-sanitaire et environnemental mettra de plus en plus de pression sur nos systèmes de santé.

Le vieillissement de la population a pour effet d’à la fois augmenter les besoins et de réduire la disponibilité de nos travailleurs de la santé.

Tous les experts le constatent, nous faisons et ferons face à une augmentation des maladies chroniques, des maladies rares, une augmentation du coût de la technologie, du coût des médicaments, sans oublier les effets de plus en plus importants des changements climatiques sur la santé des gens.

Pour relever ces défis importants, les Canadiens ne sont pas intéressés par un débat sur les compétences ou une lutte fiscale et financière.

Les patients qui attendent une opération et les familles qui espèrent avoir accès aux services de santé familiale veulent des résultats : ils veulent des soins.

Comme nous l’avons promis pendant la campagne électorale et comme nous l’avons souvent répété depuis, notre gouvernement veut collaborer avec les provinces et les territoires pour répondre aux besoins des Canadiens et de leurs familles et de nos travailleurs de la santé.

Aujourd’hui, nous voulons offrir publiquement notre collaboration à toutes les provinces et tous les territoires.

Les Canadiens ne sont pas intéressés par un débat fiscal stérile.

Je le répète, les Canadiens veulent des résultats : ils veulent des soins.

Selon les sages paroles de l’honorable Monique Bégin, ancienne ministre fédérale de la Santé et responsable de l’adoption de la Loi canadienne sur la santé :

« Il n’y a rien de plus contre-productif au Canada qu’une guerre de chiffres entre deux paliers de gouvernement. »

Je suis économiste, mais, même moi, je ne suis pas en faveur des guerres de chiffres.

Ces débats fiscaux et financiers sont stériles.

R.R.R.

Bien entendu, cette collaboration doit s’exercer dans le respect des juridictions et des compétences de chacun des paliers de gouvernements; elle doit aussi être axée sur la responsabilité partagée de chacun et mettre l’accent sur les résultats.

C’est ce que j’appelle la règle des trois R : respect, responsabilité et résultats.

  • Respect des compétences;
  • Responsabilité partagée; et
  • Accent sur les Résultats.

Comme je l’ai décrit lors du petit détour historique que nous avons pris un peu plus tôt, le fédéral a joué un rôle déterminant dans la création de notre système de santé public et universel et nous avons tous un rôle à jouer pour maintenir cette universalité et cette accessibilité.

Je le répète, il en va de la survie à long terme de notre système de santé public et universel.

Cinq domaines prioritaires

Ce que nous avons entendu lors de nos conversations avec les Canadiens et avec nos partenaires provinciaux et territoriaux, c’est que notre travail de collaboration doit être axé sur cinq domaines prioritaires fondamentaux pour assurer la viabilité à long terme du système de santé.

  1. Arriérés et personnel de la santé

La première de ces cinq priorités est celle qui concerne les retards dans les traitements, les diagnostics et les opérations chirurgicales et qui est inextricablement liée à la question critique des travailleurs de la santé.

Les investissements que nous venons d’annoncer nous permettront de réaliser des progrès importants, mais pour respecter les principes d’universalité et d’accessibilité chers à tous les Canadiens, nous devons mieux soutenir les travailleurs de la santé.

Nous devons trouver des moyens d’attirer et de maintenir en poste un plus grand nombre d’entre eux, comme les vaillants étudiants que nous avons rencontrés aujourd’hui à l’Université d’Ottawa.

  1. Accès aux services de santé familiale

Le deuxième domaine de priorités concerne l’accès aux services de santé familiale, également connus sous le nom de soins primaires.

Plus de 4,5 millions de Canadiens tentent toujours d’obtenir un meilleur accès aux services de santé familiale.

Ces services sont pourtant essentiels à la fois en matière de prévention en santé et en matière d’accessibilité à des soins de santé appropriés, efficaces et équitables.

  1. Soins de longue durée et soins à domicile

La troisième priorité concerne les soins de longue durée et les soins à domicile.

En raison du vieillissement rapide de notre population, nous savons que les besoins en soins de longue durée et en soins à domicile d’une part croissante de notre population ne feront qu’augmenter.

La pandémie nous a aussi cruellement rappelé que nos services de soins de longue durée et de soins à domicile ont besoin d’être soutenus.

Ils ont besoin d’être soutenus afin de nous assurer que nos aînés et les personnes en situation de handicap puissent vivre en sécurité et avec dignité.

En effet, s’il est établi que nous avons maintenant tous le droit de mourir dans la dignité, nos aînés devraient aussi avoir le droit de vivre et de vieillir dans la dignité.

Ma collègue, la ministre Khera, travaille déjà d’arrache-pied sur ces questions et elle nous en dira plus à ce sujet dans quelques minutes.

  1. Santé mentale et consommation de substances

Le quatrième domaine prioritaire concerne la santé mentale et la consommation de substances.

Depuis quelques années, certains des tabous les plus tenaces en matière de santé mentale tombent et la santé mentale prend davantage la place qui lui revient dans l’espace public.

La pandémie a aussi eu des impacts considérables sur la santé mentale de nombreux Canadiens.

Nos systèmes de santé doivent prendre acte de ces changements et de ces impacts et disposer des ressources nécessaires pour faire face aux défis que cela amène.

De plus, en matière de dépendance et de toxicomanie, la crise des opioïdes qui continue à sévir dans l’ombre doit elle aussi retenir davantage notre attention.

Ma collègue, la ministre Bennett, a toujours fait preuve d’un leadership remarquable sur ces questions et continue de le faire.

  1. Données sur la santé et soins virtuels

Enfin, la santé numérique et les soins virtuels doivent également être au cœur de notre collaboration avec les partenaires provinciaux et territoriaux.

En 2022, il n’est pas normal que d’un hôpital à l’autre, d’une ville à l’autre et d’une province à l’autre, les Canadiens ne puissent pas accéder à leur propre dossier médical et le consulter en un seul et même endroit.

Ces cinq priorités ne sont évidemment pas exhaustives, mais pour ce qui est de fournir des résultats concrets pour les Canadiens, elles représentent la base fondamentale sur laquelle nous voulons continuer à travailler avec nos partenaires provinciaux et territoriaux, en plus des questions liées aux soins dentaires et au coût croissant des médicaments.

S’il y a une chose que les deux dernières années de pandémie ont réussi à démontrer, c’est qu’avec de la bonne volonté et beaucoup de travail, la nature fédérative de notre pays peut apporter des bienfaits considérables.

Nous avons démontré notre capacité à faire de grandes choses à un certain nombre d’occasions au cours de notre histoire et encore plus ces deux dernières années, dans le contexte de la pandémie.

Nous l’avons démontrée dans le domaine du logement, avec 13 accords bilatéraux.

Nous en faisons la démonstration dans le domaine de la garde des enfants.

Nous l’avons démontrée grâce à la livraison de milliards d’articles d’équipement de protection individuelle et de millions de vaccins.

Nous l’avons démontrée avec l’appui des forces armées canadiennes dans nos centres de soins de longue durée.

Nous continuons à la démontrer grâce à l’approvisionnement en antiviraux et à leur administration.

Et nous continuons à le démontrer avec l’approvisionnement et la distribution de centaines de millions de tests rapides.

Depuis le début de la pandémie, notre gouvernement a investi plus de 72 milliards de dollars dans la santé des Canadiens.

À cela s’ajoute :

  • trois milliards pour des ententes bilatérales en matière de soins de longue durée;
  • trois milliards de dollars pour des ententes bilatérales sur la santé mentale; et
  • trois milliards pour des ententes bilatérales sur les soins à domicile.

Nous avons d’ailleurs hâte de négocier ces ententes avec tous nos partenaires des provinces et des territoires.

Finalement, il ne faut pas non plus oublier les 45 milliards de dollars que représente le Transfert canadien en santé.

Clairement, nous sommes prêts à faire notre part.

Ensemble, avec nos partenaires des provinces et des territoires, nous allons continuer de retrousser nos manches, saisir cette opportunité historique et livrer ensemble des résultats dans le meilleur intérêt de tous.

Ensemble, avec nos partenaires des provinces et des territoires, nous pouvons obtenir des résultats dans l’intérêt fondamental de tous.

Merci.

Recherche d'information connexe par mot-clé : Santé et sécurité | Santé Canada | Canada | Système et services de santé | médias | discours

Détails de la page

2022-03-26