Aperçu des résultats : Évaluation horizontale de la Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances

Bureau de l'audit et de l'évaluation
Août 2023

Contexte du programme

La Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances (SCDAS) prévoit une approche globale, collaborative, humaniste et fondée sur des données probantes à l'égard de la politique sur les drogues. La SCDAS a remplacé la Stratégie nationale antidrogue lancée en 2006 et a fait de la réduction des méfaits un pilier central de la stratégie, au même titre que la prévention, le traitement et l'application de la loi. La SCDAS porte sur un large éventail de substances légales et illégales, dont le cannabis, l'alcool et les opioïdes.

En 2018, le gouvernement fédéral a lancé l'initiative « Faire face à la crise des opioïdes » (l'initiative sur les opioïdes). Des fonds de la SCDAS ont été réaffectés à cette initiative horizontale complémentaire. La SCDAS et l'initiative sur les opioïdes sont supervisées par la ministre de la Santé et des Dépendances et ministre associée de la Santé. Santé Canada (SC) est le ministère responsable des deux initiatives et peut compter sur l'appui de 15 autres ministères et organismes fédéraux.

Dépenses

SCDAS : 741,6 M$ sur 5 ans
Initiative sur les opioïdes : 80,9 M$ sur 5 ans

Approche de l'évaluation

L'évaluation a porté sur les activités menées dans le cadre des deux initiatives, principalement sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du pilier, sur les risques et les besoins, ainsi que sur l'efficacité de la structure de gouvernance et de la mobilisation externe.

Méthodes d'évaluation

• Examen de documents et dossiers
• Analyse comparative
• Analyse documentaire
• Examen de données financières
• Analyse des données
• Sondages
• Entrevues auprès des informateurs clés

Ce que l'évaluation a révélé

Dans l'ensemble, la SCDAS et l'initiative sur les opioïdes ont contribué à ce que la consommation de substances soit présentée comme un problème de santé publique et ont permis d'élargir l'accès aux services de traitement et de réduction des méfaits au Canada grâce à des mesures réglementaires et à d'autres activités financées. Malgré des efforts notables, les méfaits et les décès liés à la consommation de substances continuent d'augmenter à un rythme alarmant. La pandémie de COVID-19 a exacerbé la crise des surdoses en raison de l'augmentation du nombre de personnes qui consomment des substances alors qu'elles sont seules, de la réduction de l'accès aux services de soutien et d'un approvisionnement en drogues illégales puissantes et toxiques.

Vu l'urgence de la crise, les activités de prévention et la collaboration visant à s'attaquer aux causes profondes de la consommation de substances ont été limitées et la Stratégie s'est donc concentrée principalement sur les drogues illégales. Si la crise des surdoses doit rester une priorité, l'évaluation a révélé que d'autres substances devraient être davantage prises en compte dans le cadre de la SCDAS. Plus particulièrement, il a été établi que la consommation d'alcool, en raison de ses effets à long terme sur la santé et l'économie, était une lacune de la Stratégie et un élément de risque qui nécessite des mesures de prévention, y compris des approches ciblées destinées à des populations précises (p. ex., les jeunes).

De plus, la SCDAS a appuyé les initiatives en cours visant à réduire le détournement de drogue; cependant, la toxicité croissante des drogues illégales demeure un problème. Plus précisément, la hausse de l'importation de précurseurs chimiques servant à la production de drogues illégales aux frontières et la capacité du régime de réglementation à suivre la composition des produits chimiques fabriqués et vendus par les groupes criminels organisés posent des problèmes.
Le gouvernement fédéral a réalisé d'importants progrès en soutenant l'élaboration d'un large éventail d'outils fondés sur des données probantes pour les membres du portefeuille fédéral de la Santé et leurs partenaires, mais il subsiste des lacunes quant aux données de surveillance désagrégées. On dispose également de peu d'informations permettant de mesurer efficacement les répercussions de la Stratégie sur la consommation de drogues et d'autres substances en tant que problème sanitaire et social.

Enfin, l'évaluation a révélé qu'en dépit d'une collaboration positive entre les partenaires horizontaux, il subsiste des problèmes au sein de la structure de gouvernance qui limitent l'efficacité de la coordination. En ce qui concerne la mobilisation externe, la création du conseil des personnes ayant vécu ou vivant une expérience a été une réussite majeure. Il faut toutefois assurer une plus grande représentation des personnes évoluant dans le domaine du traitement et du rétablissement et provenant d'horizons plus divers.

Recommandations

1. S'attaquer à l'augmentation de la consommation d'alcool et aux méfaits qui y sont associés [Santé Canada et l'ASPC].
2. Intensifier les efforts de prévention et de sensibilisation auprès des groupes à haut risque afin d'agir sur les causes profondes de la consommation de substances [Santé Canada et l'ASPC].
3. Contribuer à combler les lacunes dans les données probantes afin d'avoir un portrait plus complet du problème de la consommation de substances et de l'approvisionnement intérieur en drogues illégales à l'échelle nationale et régionale, ainsi que de mieux comprendre les répercussions des services et des aides [Santé Canada et l'ASPC, de concert avec les partenaires de la SCDAS].
4. Améliorer la stratégie de mesure du rendement pour qu'elle cadre davantage avec les résultats de la SCDAS, y compris en révisant les indicateurs de rendement pour qu'ils soient davantage axés sur les répercussions des activités [Santé Canada, de concert avec les partenaires de la SCDAS].
5. Revoir la structure de gouvernance afin de préciser les rôles et responsabilités et de la simplifier, dans la mesure du possible, tout en facilitant l'échange continu d'information entre les partenaires et les différents ordres de gouvernement [Santé Canada, de concert avec les partenaires de la SCDAS].
6. S'efforcer de mieux comprendre l'approvisionnement en drogues illégales au Canada, y compris sa toxicité croissante, et les outils nécessaires pour soutenir des mesures pénales, frontalières et sanitaires plus efficaces [GRC et Sécurité publique Canada, de concert avec Santé Canada et l'ASFC].