Information sur les aliments nouveaux - Maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides

Santé Canada a avisé Genective SA qu'il ne s'oppose pas à la vente d'aliments dérivés du maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides. Le Ministère a réalisé une évaluation approfondie de cette variété de maïs, soit un examen conforme à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont fondées sur les principes admis internationalement de l'établissement de l'innocuité d'aliments comportant des caractères nouveaux.

Contexte

Le texte qui suit résume l'avis que Genective SA a fourni à Santé Canada ainsi que l'évaluation du Ministère. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

1. Introduction

Genective SA a mis au point une variété de maïs tolérant les herbicides contenant la lignée VCO-Ø1981-5. Cette lignée a été élaborée au moyen d'une transformation fondée sur Agrobacterium d'embryons immatures du maïs Hi-II afin d'y introduire le gène epsps grg23ace5, lequel code pour un seul polypeptide appelé EPSPS ACE5. La protéine EPSPS ACE5 est une 5-énol-pyruvylshikimate-3-phosphate synthase (EPSPS) issue de la protéine native EPSPS isolée d'Arthrobacter globiformis présentant une tolérance intrinsèque au glyphosate.

Cette évaluation de l'innocuité, dont les scientifiques de la Direction des aliments se sont chargés, a été réalisée conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces dernières sont fondées sur les démarches visant l'harmonisation avec les directives établies par d'autres autorités réglementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (p. ex., du Codex Alimentarius). L'évaluation a pris en compte les éléments suivants : la façon dont la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides a été mise au point, la comparaison entre la composition et la qualité nutritionnelles de cette lignée et celles des variétés traditionnelles et, enfin, sa toxicité et son allergénicité éventuelles. Genective SA a déposé des données démontrant que la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 est tout aussi sûre que les variétés de maïs traditionnel utilisées dans les aliments au Canada et que leur qualité nutritionnelle est la même.

La Direction des aliments assume la responsabilité de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux. La responsabilité en question, imposée par la loi, est exposée en détail au titre 28 du Règlement sur les aliments et drogues. Le maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides est considéré comme un aliment nouveau selon la partie suivante de leur définition :

« c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas :

  1. présente des caractères qui n'avaient pas été observés auparavant [...]. »

2. Mise au point de la plante modifiée

La lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides a été élaborée au moyen d'une transformation fondée sur Agrobacterium d'embryons immatures du maïs Hi-II avec le plasmide superbinaire pAG3541 (contenant la séquence codante epsps grg23ace5 et ses éléments de régulation requis). Les embryons immatures ont été isolés environ huit jours après la pollinisation, puis ont été incubés avec une souche d'A. tumefaciens contenant le plasmide pAG3541. Après trois jours de coculture sur un milieu de culture solide, ceux-ci ont été transférés dans un milieu contenant l'antibiotique TIMENTIN® afin d'éliminer l'agrobactérie une fois la transformation opérée. Après environ deux semaines de culture, les embryons ont été transférés dans un milieu de sélection contenant du glyphosate. Les cals ainsi devenus tolérants au glyphosate ont été repérés et transférés dans un nouveau milieu de culture. Au bout du compte, les cals embryogènes se sont régénérés en plantes entières qui ont été transférées dans une serre pour faire l'objet d'analyses. L'évaluation de la tolérance au glyphosate des plants régénérés (appelés TO) a été poussée plus à fond, et ils ont fait l'objet d'une analyse visant la détection du gène d'intérêt (c.-à-d., epsps grg23ace5).

3. Caractérisation de la plante modifiée

Les plants Hi-II T0 ont été hybridés avec la lignée autofécondée de maïs B110 non transgénique (comité pour le développement agricole, Université d'État de l'Iowa), puis les graines ont été récoltées et séchées. Ces graines F1 (appelées BC0B) ont ensuite été rétrocroisées avec le maïs B110 dans le but de produire des graines BC1B à soumettre à une analyse moléculaire visant la détection de l'ADN transgénique inséré dans le génome du maïs. Le nombre de copies et l'intégrité de l'insert d'ADN dans les plants BC1B ainsi que l'absence de tout élément génétique présent sur le squelette plasmidique pAG3541 ont été confirmés au moyen de l'analyse par transfert de Southern. L'analyse a confirmé la présence d'une copie unique de l'ADN inséré, et cela, à un seul locus génomique du maïs.

Les séquences génomiques flanquantes de l'insert d'ADN ont été identifiées dans le maïs en recourant à une méthode fondée sur la PCR, notamment la technique Genome WalkerMC, laquelle a été suivie d'une analyse bio-informatique des séquences obtenues. Le site d'insertion a été retracé au moyen d'une recherche BLAST dans la Maize Genetics and Genomics Database, ce qui a permis de déterminer que le site en question se trouve sur le chromosome 1 du génome du maïs. Une analyse plus poussée comparant la séquence de l'insert d'ADN à la séquence du site de préinsertion dans la lignée Hi-II a révélé de courtes délétions aux extrémités de l'insert d'ADN (c.-à-d., une délétion de 22 et de 16 paires de base [pb] aux jonctions 5' et 3', respectivement). L'alignement de la séquence des nucléotides des séquences génomiques flanquantes 5' et 3' de l'insert d'ADN avec celle du site de préinsertion a aussi révélé une délétion de 21 pb au génome de la lignée Hi-II par suite de l'insertion de l'ADN.

Une caractérisation plus approfondie du site d'insertion a eu lieu afin de déterminer si les gènes putatifs étaient présents à proximité de l'insert d'ADN. La région correspondante du génome de la lignée Hi-II a été analysée au moyen de l'algorithme FGENESH. Les résultats ont révélé que l'ADN transgénique avait été inséré dans le génome du maïs à 14 pb en amont du site d'initiation de la transcription. L'unité comprend un site d'initiation de la transcription, une région codante unique et un site de polyadénylation.

Une recherche BLAST a permis de désigner la région codante à titre d'analogue de l'acanthoscurrine-2. Des analogues de l'acanthoscurrine ont été découverts dans d'autres cultures, par exemple le riz et le sorgho. La séquence de l'analogue de l'acanthoscurrine identifié dans la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides présente une analogie de 54 % avec l'acanthoscurrine-2 et de 62 % et de 71 % avec les analogues découverts dans le riz et le sorgho, respectivement.

L'analyse FGENESH a permis de présumer que l'insertion de l'ADN transgénique est probablement survenue au niveau du promoteur putatif ou de la séquence 5' non transcrite. Une recherche sur le promoteur végétal a été lancée au moyen de l'algorithme  TSSP/Prediction of Plant Promoters (en recourant à RegSite Plant DB, Softberry Inc.) (en anglais seulement) dans la base de données Softberry. Un site promoteur putatif a été cerné en amont de la séquence codant pour l'analogue de l'acanthoscurrine, de même que deux signaux de polyadénylation en aval de la séquence codante, l'ADN transgénique inséré entre le promoteur et le site d'initiation de la transcription de la séquence codant pour l'analogue en question. Si on tient compte de la longueur de l'insert d'ADN (c.-à-d., 3,7 kb) et de la présence d'une région de terminaison (dans l'insert d'ADN), il est peu probable que cette unité transcriptionnelle soit fonctionnelle pour l'orientation vers la séquence 5' non transcrite où elle est située. Aucune incidence causée par l'insert d'ADN sur la transcription du gène natif de l'acanthoscurrine-2 dans le maïs n'est attendue.

Enfin, une analyse des cadres de lecture ouverts au site d'insertion de l'ADN transgénique a été réalisée pour savoir si certains ont été créés par suite de l'insertion. Afin d'adopter une démarche prudente, un cadre de lecture ouvert a été défini en tant que toute séquence d'ADN entre deux codons d'arrêt (c.-à-d., TGA, TAG ou TAA). Selon cette définition, 12 cadres de lecture ouverts (y compris celui que constitue l'analogue de l'acanthoscurrine existant) ont été identifiés comme des polypeptides pouvant éventuellement être produits par l'insert d'ADN et les séquences génomiques flanquantes dans la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides. Dans une base de données des allergènes connus (c.-à-d., l'AllergenOnline Database, version 11 de février 2011, consultée le 23 mai 2011), chacun des cadres a fait l'objet d'une recherche. Deux types de recherches y ont été lancées : une recherche sur l'analogie en recourant à une fenêtre glissante de 80 acides aminés a été effectuée ainsi qu'une autre, de correspondance parfaite, en recourant à une fenêtre de 8 de ceux-ci. La recherche lancée sur la fenêtre glissante de 80 acides aminés a révélé un cadre de lecture appréciablement analogue à un nouvel allergène, l'Amb a4, récemment identifié dans l'herbe à poux. Un autre cadre présentait des similitudes avec une protéine de collagène identifiée comme un allergène, mais selon les données d'AllergenOnline, cette allergie est très rare (c.-à-d., chez une seule personne), n'ayant provoqué qu'une réaction allergique à un vaccin administré par injection.

Le cadre de lecture analogue à l'allergène Amb a4 de l'herbe à poux est situé dans la région codante analogue de l'acanthoscurrine de la séquence génétique flanquante 3' sans chevauchement avec l'ADN transgénique inséré. Cela indique que le maïs transgénique contient déjà un cadre de lecture présentant une analogie à l'allergène Amb a4 de l'herbe à poux. Jusqu'à présent, aucun problème d'allergies n'a été signalé par rapport au maïs et à l'Amb a4.

Une recherche sur l'analogie a été lancée à partir de toxines connues pour chaque cadre de lecture au moyen de l'algorithme BLASTP dans le  site Web du National Center for Biotechnology Information (en anglais seulement) en utilisant la matrice PAM 30 (plus adéquate pour les séquences courtes). Toutes les correspondances de séquence qui en ont découlé ont été fouillées manuellement à la recherche d'une quelconque analogie à des protéines toxiques ou antinutritionnelles comme indiqué à l'article CFR 725.421 du titre 40 du Code of Federal Regulations de l'Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis. Aucun des cadres examinés n'a présenté d'analogie à toute toxine ou autre protéine nocive connues.

La stabilité de l'hérédité de l'insert d'ADN transgénique a été déterminée sur plusieurs générations de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides. L'ADN génomique de quatre générations a été analysé au moyen du transfert de Southern, et la présence de celui-ci a été confirmée dans tous les cas. L'hérédité du gène epsps grg23ace5 dans les plantes de la descendance a été examinée au moyen de l'analyse de ségrégation. La vaporisation de glyphosate a été utilisée pour repérer les plants transformés dotés du gène epsps grg23ace5 leur conférant la tolérance à l'herbicide. Les modèles de ségrégation observés ont été comparés aux modèles attendus, puis ces données ont été comparées au moyen de l'analyse de distribution du chi carré (c2). Une valeur c2 de ³ 0,05 a été considérée comme le seuil d'inclusion en tant que soutien statistique d'un rapport de ségrégation 1:1 dans chaque génération. Les résultats obtenus de l'analyse de toutes les générations dépassaient cette valeur sans exception, ce qui concorde avec les observations issues de la caractérisation moléculaire. De plus, ces résultats confirment la stabilité de l'hérédité d'une seule copie du gène epsps grg23ace5 dans les plantes de la descendance de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides, et cela, conformément aux principes mendéliens de l'hérédité.

4. Information sur le produit

La lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides se distingue de son pendant traditionnel par la présence de la séquence codante epsps grg23ace5 et de ses éléments de régulation requis. L'insertion du gène epsps grg23ace5 entraîne l'expression de la protéine EPSPS ACE5, une 5-énol-pyruvylshikimate-3-phosphate synthase (EPSPS) issue de la protéine native EPSPS isolée d'Arthrobacter globiformis. L'EPSPS native d'A. globiformis (appelée GRG23) tolère naturellement le glyphosate. La protéine GRG23 a été modifiée (c.-à-d., la modification de 10 acides aminés au total) en recourant à l'ingénierie des protéines par évolution dirigée pour obtenir une EPSPS dont la plage des températures d'activité est semblable à l'EPSPS native du maïs (c.-à-d., de 37 °C). Ces modifications aux acides aminés n'ont pas trait à la tolérance à l'herbicide de la protéine EPSPS ACE5. Sur le plan des acides aminés, la protéine EPSPS ACE5 est identique à 97,6 % et analogue à 98,5 % à l'enzyme EPSPS native GRG23.

Les niveaux d'expression de la protéine EPSPS ACE5 dans les divers tissus (c.-à-d., la feuille, la racine, la plante entière, son pollen et ses grains) de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides ont été déterminés en recourant à un test ELISA (méthode immuno-enzymologique). Le matériel végétal a été produit au moyen d'essais au champ en trois endroits et a été récolté pendant toute la saison de végétation 2009. Chaque essai au champ a porté sur l'hybride transgénique BC02 × B116 (contenant la lignée VCO-Ø1981-5) et l'hybride non transgénique isogénique BC02 × B116 (témoin). Des plantes de chacun ont été recueillies de chaque répétitions à cinq stades de croissance pendant la période de végétation (c.-à-d., V4, V8, R1, R4 et R6). Les niveaux d'expression se sont révélés de l'ordre de dizaines de nanogrammes (ng) par milligramme (mg) de poids sec (p. s.) de tissu (feuille : de 7,47 à 24,86 ng/mg p. c.; racine : de 0,00 à 14,97 ng/mg p. c.; plante entière : de 5,42 à 21,50 ng/mg p. c.) pendant la période de végétation (c.-à-d. de V4 à V8), soit lorsque le maïs franchit les stades de croissances rapides. Cependant, plus tard, aux derniers stades de la reproduction (de R1 à R6), lorsque l'énergie de la plante est consacrée au développement des graines et du pollen, les niveaux d'expression se sont révélés très faibles et même sous la limite de détection (feuille : de 1,40 à 8,70 ng/mg p. s.; racine : de 0,00 à 1,86 ng/mg p. s.; plante entière : de 0,00 à 6,93 ng/mg p. s.; pollen : de 0,00 à 9,60 ng/mg p. s.; graine : 0,00 ng/mg p. c.). Aucune protéine EPSPS ACE5 n'a été détectée dans un quelconque tissu des végétaux témoins.

5. Exposition alimentaire

La lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides devrait être utilisée aux mêmes fins que les variétés de maïs traditionnel. Avec le lancement de cette lignée, le requérant ne prévoit pas de modification importante de la façon dont le maïs est utilisé dans l'alimentation.

6. Nutrition

Le requérant a fourni des données issues d'une étude de la composition visant l'évaluation de constituants nutritionnels clés dans des échantillons de grains et de fourrage de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides et des hybrides témoins. L'étude et les résultats qui en ont découlé en ce qui a trait aux échantillons de grains sont décrits ci-dessous.

Le requérant a entrepris un essai au champ pendant la période de végétation 2009 qui s'est déroulé en cinq endroits de la Corn Belt américaine (c.-à-d.,dans les comtés de Boone, IN; de Valley, NE; de Kossuth, IA; de Webster, IA et de Wright, IA). Les lignées suivantes de maïs ont été cultivées selon un plan en blocs aléatoires en trois répétitions par site : la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides, un hybride témoin (une variété apparentée quasi isogénique et non modifiée) et trois variétés commerciales de maïs utilisées comme référence. Comme indiqué par le requérant, dans ce cadre, les pratiques agronomiques et les hybrides correspondaient à ceux normalement utilisés pour la production du maïs dans chaque lieu de l'étude. Après la levée, aucun herbicide (traditionnel ou glyphosate) n'a été utilisé. En ce qui concerne les échantillons de grains, deux épis ont été récoltés à maturité (c.-à-d., R6) ou 150 g dans le cas où ce sont des grains qui ont été recueillis, puis ils ont été analysés pour la détection de 71 constituants en appliquant des méthodes normalisées. L'analyse de la composition des grains a porté sur tous les macronutriments, les acides aminés, les acides gras, les oligoéléments et les facteurs antinutritionnels d'origine naturelle déterminés par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son document intitulé Consensus Document on Compositional Consideration for New Varieties of Maize (document de consensus sur les considérations qui ont trait à la composition des nouvelles variétés de maïs [Zea mays]). Toutes les analyses de la composition ont été menées aux laboratoires EPL Bio-Analytical Services (EPL-BAS, Niantic, IL) ou Eurofins Scientific Inc. (Des Moines, IA). Une analyse de la variance a été effectuée au moyen du logiciel statistique JMP 8 (SAS Institute, Cary, NC) afin de comparer les teneurs moyennes des analytes de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 à celles de l'hybride témoin. Les plages mesurées ont été comparées à celles qui sont publiées dans la base de données de la composition des cultures de l'International Life Sciences Institute (ILSI).

Des 71 constituants analysés, 57 comparaisons entre analytes se sont révélées adéquates pour l'analyse statistique. Dans 44 des 57 analytes, aucune différence statistique n'a été observée entre la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides et l'hybride témoin. Les différences les plus marquées entre les deux étaient les teneurs en phénylalanine (de 10,6 % plus faible dans l'hybride témoin), en bêta-carotène (de 20,7 % plus élevée que dans l'hybride témoin), en vitamine B3 (de 21,4 % plus élevée que dans l'hybride témoin), en tocophérols totaux (de 46 % plus élevée que dans l'hybride témoin), en calcium (de 13,3 % plus faible que dans l'hybride témoin), en cuivre (de 23,1 % plus élevée que dans l'hybride témoin) et en acide férulique, un métabolite secondaire (de 14,5 % plus faible que dans l'hybride témoin). Des différences ténues, bien que statistiquement significatives, ont aussi été signalées quant à la teneur du maïs en acides palmitique, linoléique et eicosénoïque ainsi qu'en tyrosine, en arginine et en potassium. Cependant, ces différences ont été estimées trop faibles (< 10 %) pour être considérées comme pertinentes sur le plan biologique. À l'exception de la teneur en acide linoléique, toutes les plages de données et les écarts-types de la moyenne relatifs à la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides et à l'hybride témoin se chevauchaient, et les valeurs obtenues ne s'écartaient pas distinctement de la fourchette normale de variabilité.

En ce qui concerne l'acide linoléique, les valeurs moyennes des deux variétés de maïs se sont révélées légèrement supérieures à la fourchette de données concernant les hybrides de référence, et celles issues de l'hybride témoin ne correspondaient pas à la fourchette publiée dans la base de données de la composition de l'ILSI. Le requérant a jugé la différence minime et sans pertinence biologique. La teneur élevée en acide linoléique a été attribuée au génotype particulier de l'hybride et par conséquent, sans rapport avec la lignée transgénique.

Le requérant est parvenu à la conclusion que la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides est comparable à l'hybride quasi isogénique non transgénique et aux hybrides de référence et que les données sur sa composition nutritionnelle sont comparables à celles des fourchettes publiées. De plus, aucun modèle récurrent n'a permis de présumer que des changements importants sur le plan biologique auraient été apportés à la composition du grain de manière fortuite par suite de la modification génétique, dont la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides est le résultat. Les évaluateurs de la Direction des aliments se sont dits d'avis que la quantité et la qualité des renseignements fournis étaient généralement satisfaisantes. L'analyse de la composition des échantillons de grains n'a pas suscité de préoccupations en matière nutritionnelle.

7. Chimie et toxicologie

Dans la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides, l'expression de la protéine EPSPS ACE5 est faible. Par conséquent la protéine n'a pu être purifiée en quantité suffisante pour la soumettre à des épreuves d'innocuité ni veiller à sa caractérisation. Par conséquent, la protéine EPSPS ACE5 a été produite en recourant au système d'expression chez Escherichia coli, puis comparée à celle extraite des feuilles de plants de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides. L'équivalence des protéines EPSPS ACE5 d'origine végétale et microbienne a été démontrée en recourant à des méthodes physiques, notamment la détermination du poids moléculaire apparent (c.-à-d., en recourant à la PAGE en présence de SDS), de l'analogie de la séquence des acides aminés de niveau général (c.-à-d., au moyen de la spectrométrie MALDI-TV) et de niveau précis (c.-à-d., du séquençage de l'acide aminé N-terminal), de la similitude immunologique (c.-à-d., l'analyse par transfert de Western) et d'un essai de glycosylation. Selon les renseignements fournis, les évaluateurs de la Direction des aliments ont conclu que les protéines EPSPS ACE5 d'origine végétale et d'origine microbienne sont substantiellement équivalentes.

L'éventuelle toxicité de la protéine EPSPS ACE5 d'origine microbienne a été évaluée au moyen d'une étude de toxicité aiguë de 14 jours dans le cadre de laquelle des souris (5 de chaque sexe) ont reçu une dose de 2 000 mg/kg de poids corporel (pc) de la protéine d'origine microbienne. Les animaux ont été observés pendant 14 jours par la suite, puis euthanasiés et autopsiés. La mortalité, les signes cliniques de toxicité et le poids corporel ont été consignés et des examens internes et externes ont été effectués après l'euthanasie. La substance à l'essai a été bien tolérée et n'a pas provoqué d'effets liés au traitement ou autrement indésirables.

Un essai de digestibilité in vitro de la protéine EPSPS ACE5 d'origine microbienne a été réalisé dans un liquide gastrique simulé (LGS) à 37 °C contenant de la pepsine, une enzyme digestive présente chez les mammifères. Les analyses au moyen de la PAGE en présence de SDS et par transfert de Western ont été réalisées dans le but de détecter la protéine EPSPS ACE5 d'origine microbienne et d'éventuels fragments stables de celle-ci après de 0 à 60 minutes de digestion. Ces deux essais ont montré que la digestion de la protéine EPSPS ACE5 dans le LGS est rapide, soit qu'elle se déroulait en aussi peu que 30 secondes d'incubation en présence de pepsine au pH de 1,2. Cela permet de soutenir que la présence de la protéine dans le flux sanguin et qu'une toxicité systémique causée par celle-ci sont peu probables.

La protéine EPSPS ACE5 d'origine microbienne a fait l'objet d'une étude de thermostabilité en étant soumise à des températures s'échelonnant de 4 °C à 95 °C pendant 30 ou 60 minutes d'incubation. Des analyses au moyen de la PAGE en présence de SDS et par transfert de Western ont été effectuées en visant la détection de la protéine EPSPS ACE5 d'origine microbienne. Les résultats de l'étude indiquent que la protéine en question devient dénaturée après un traitement thermique à ≥ 60 °C. Ainsi, il est peu probable que la protéine active soit présente et par conséquent consommée, dans des produits alimentaires habituellement transformés de cette façon (p. ex., la cuisson).

Une recherche bio-informatique a été réalisée en utilisant l'ensemble de données du NCBI soumis à une analyse bio-informatique BLASTP afin de comparer la séquence d'acides aminés de la protéine EPSPS ACE5 à celle des toxines connues dans le but déterminer toute similitude entre elles. À partir des recherches menées, aucune correspondance pertinente n'a été établie entre la protéine EPSPS ACE5 et des toxines connues.

La teneur en EPSPS ACE5 du grain est inférieure au niveau de détection (c.-à-d., de 1,79 ng/mg p. s.). Comme point de comparaison, il convient de souligner qu'aucun effet indésirable n'a été observé chez des souris en consommant 2 000 mg/kg pc dans le cadre d'une étude de toxicité aiguë de 14 jours. La quantité de grains devant être consommés par les enfants et les adultes pour atteindre la dose tolérable de protéines a été calculée. Un enfant pesant 15 kg devrait consommer 16,759 kg de maïs par jour, et un adulte de 70 kg devrait en consommer 78,212 pour atteindre la quantité équivalente de protéines EPSPS ACE5 dans la dose la plus élevée reçue par les souris sans provoquer d'effets indésirables. La possibilité que la protéine EPSPS ACE5 cause une réaction toxique apparaît négligeable. Par conséquent, la conclusion selon laquelle cette protéine dans la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides ne suscite pas de préoccupations en matière toxicologique s'impose.

8. Allergénicité

Comme indiqué ci-dessus, la protéine EPSPS ACE5 d'origine microbienne est rapidement digérée dans le LGS, ce qui donne à penser que cette protéine ne déclencherait pas de réactions allergiques. De plus, puisque la protéine se trouve dénaturée lorsqu'elle est soumise à des températures élevées (p. ex., pendant la transformation ou la cuisson des aliments), elle moins susceptible de provoquer de telles réactions.

En recourant à la base de données AllergenOnline, le requérant a fourni une évaluation de l'analogie de la protéine EPSPS ACE5 aux allergènes putatifs connus. Une analyse bio-informatique de l'allergénicité éventuelle a été effectuée pour repérer les similitudes de la séquence sur le plan de la protéine entière, d'une fenêtre glissante de 80 acides aminés (AA) et de la courte fenêtre de 8 AA au niveau contigu. Les résultats des recherches n'ont pas indiqué de similitude appréciable entre la protéine EPSPS ACE5 et tout allergène putatif connu. Il a donc été conclu que la protéine EPSPS ACE5 exprimée dans la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides ne suscite pas de préoccupations en matière d'allergénicité.

Conclusion

L'examen qu'a réalisé Santé Canada de l'information présentée à l'appui de l'utilisation alimentaire la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides ne suscite pas de préoccupations sur le plan de l'innocuité. De l'avis de Santé Canada, les aliments dérivés de cette lignée de maïs ne comportent pas davantage de danger et sont tout aussi nutritifs que les variétés de maïs actuellement sur le marché.

L'opinion formulée par Santé Canada n'a trait qu'à l'utilisation alimentaire de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides. Les questions relatives à leur utilisation dans l'alimentation animale ont été étudiées séparément conformément aux processus réglementaires mis en œuvre par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). L'ACIA a évalué l'information communiquée sur l'innocuité de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides pour la santé environnementale, animale et humaine dans la perspective de son utilisation dans l'alimentation animale. L'ACIA a conclu qu'elle ne suscitait pas de préoccupations en matière d'innocuité, que ce soit sur le plan de l'environnement ou de l'alimentation animale. Ce point de vue est valable pour les produits alimentaires dérivés de la lignée de maïs VCO-Ø1981-5 tolérant les herbicides destinés à la vente à des fins de consommation humaine et animale.

Il incombe au fabricant ou à l'importateur de veiller en tout temps à ce que leurs produits soient conformes à toutes les exigences légales et réglementaires. Dans le but de veiller à l'innocuité et à l'intégrité de tous les aliments offerts sur le marché canadien, tout renseignement inédit relatif à ces produits indiquant une incidence éventuelle sur la santé et la sécurité doit être communiqué à Santé Canada aux fins d'un examen. La vente d'un aliment qui comporte un risque pour la santé des consommateurs enfreindrait les dispositions de la Loi sur les aliments et drogues.

Le présent document sur les aliments nouveaux résume l'avis sur le produit visé par la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'analyse détaillée des renseignements fournis par le requérant, conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

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Pour obtenir plus de renseignements, veuillez communiquer avec :

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, IA 2204A1
251, promenade Sir Frederick Banting
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
novelfoods-alimentsnouveaux@hc-sc.gc.ca

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