Information sur les aliments nouveaux : Maïs MON 87411 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides

Santé Canada a avisé Monsanto Canada Inc. qu'il ne s'oppose pas à la vente d'aliments dérivés du maïs MON 87411 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides. Le Ministère a réalisé une évaluation approfondie de cette lignée de maïs, conformément à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont fondées sur les principes internationalement acceptés pour l'établissement de l'innocuité des aliments comportant des caractères nouveaux.

Contexte :

Le texte qui suit résume l'avis remis par Monsanto Canada inc. ainsi que l'évaluation de santé Canada. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

1. Introduction

Monsanto Canada inc. a mis au point le maïs MON 87411 capable de résister à la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica spp.) et de tolérer les herbicides à base de glyphosate en utilisant la technologie de l'ADN recombinant pour introduire trois cassettes d'expression distinctes.

La première des trois cassettes d'expression a entraîné la production d'une molécule d'ARN à double brin (ARNdb). Cette dernière est conçue de manière à correspondre à la séquence Snf7de la chrisomèle des racines du maïs présente dans les pays occidentaux. Cet ARNdb consommé par les Diabrotica spp. est reconnu par leur mécanisme naturel d'interférence à ARN (ARNi). La reconnaissance par le mécanisme d'interférence ARN entraîne le blocage du gène cible de la Diabrotica (DvSnf7) et la mort de la larve. La deuxième cassette d'expression confère la résistance à la chrisomèle des racines du maïs présente en occident par l'expression de la protéine Cry3Bb1 issue de la sous-espèce kumamotoensis de Bacillus thuringiensis. L'expression de cette protéine protège la plante contre les larves qui s'en nourrissent selon le mécanisme commun à toutes les protéines Bt Cry. Quant à la tolérance aux herbicides à base de glyphosate, elle a été obtenue par l'insertion d'une troisième cassette d'expression contenant la séquence codante 5-enolpyruvylshikimate-3-phosphate (cp4-epsps) issue de la souche bactérienne CP4 de l'Agrobacterium spp. Cette séquence exprime la protéine CP4-EPSPS, remplace l'enzyme naturel EPSPS des plantes et tolère le glyphosate.

L'évaluation de l'innocuité du maïs MON 87411 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides a été réalisée par les évaluateurs scientifiques de la Direction des aliments conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces lignes directrices sont basées sur les démarches d'harmonisation avec les directives établies par d'autres autorités réglementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (p. ex., Codex Alimentarius). L'évaluation a pris en compte les éléments suivants : la façon dont la lignée MON 8741 a été mise au point, la comparaison de sa composition et de sa qualité nutritionnelle avec celles des variétés de maïs non modifiées et son potentiel risque de toxicité ou d'allergénicité. Monsanto Canada inc. a présenté des données démontrant que le maïs MON 87411 est sécuritaire et que sa qualité nutritionnelle est semblable à celles des variétés de maïs traditionnellement utilisées comme aliments au Canada.

En vertu du titre 28 du Règlement sur les aliments et drogues, la direction des aliments est responsable de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux. Les aliments dérivés du maïs MON 87411 sont selon l'alinéa (c)(i) de article B.28.001 du Règlement sur les aliments et drogues considérés comme des aliments nouveaux (« c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas (i) présente des caractères qui n'avaient pas été observés auparavant […]. »).

2. Mise au point de la plante modifiée

Le requérant a fourni des renseignements décrivant les méthodes utilisées pour la mise au point de la lignée MON 87411 ainsi que les données sur la biologie moléculaire qui caractérisent la modification génétique à l'origine de la résistance aux insectes et la tolérance aux insecticides. La lignée MON 8741 a été obtenue par la transformation de la variété de maïs LH244 au moyen de l'Agrobacterium tumefaciens (A. tumefaciens) avec le vecteur de transformation PV-ZMIR10871. Ce vecteur de transformation a été élaboré de manière à contenir trois cassettes de gènes, dont une pour le fragment DvSnf7, une autre pour le gène cry3Bb1 et enfin, la troisième pour le gène cp4-epsps qui confère la tolérance à l'herbicide.

La première cassette de gènes contient la région codante qui entraîne la production de l'ARN à double brin DvSnf7. Cette région codante consiste en un fragment répété inversé de 240 pb du gène snf7 de Diabrotica virgifera virgifera (DvSnf7). Ce gène code pour la sous-unité SNF7 de la protéine du complexe ESCRT-III (Endosomal Sorting Complex Required for Transport III). Une fois transcrit, ce fragment répété et inversé produira un ARN à double brin, qui, une fois consommé par la chrisomèle des racines de maïs (CRM) supprime l'expression de la sous-unité SNF7 grâce aux mécanismes d'interférence des ARN endogènes, ce qui entraîne la mort de l'organisme nuisible.

La seconde cassette de gènes contient les régions codantes pour la protéine insecticide Cry3Bb1. L'intégration de cette cassette de gènes dans le génome du maïs lui confère un second mode de résistance aux espèces Diabrotica qui sontdes ravageurs du maïs. La protéine Cry3Bb1 agit dans l'intestin moyen de l'insecte et provoque sa mort grâce a un mécanisme bien établi commun à toutes les protéines Cry.

La troisième cassette de gènes contient les régions codantes pour la protéine CP4-EPSPS qui confère la tolérance aux herbicides à base de glyphosate. À l'origine, la protéine CP4-EPSPS provient de la souche CP4 de l'Agrobacterium spp., une bactérie dont la présence dans le sol est répandue. La protéine CP4-EPSPS est fonctionnellement identique aux enzymes endogènes EPSPS d'origine végétales, incluant celles qui se trouvent naturellement dans le maïs à la différence d'une affinité comparativement réduite avec le glyphosate. Dans les végétaux traditionnels, la liaison entre le glyphosate et les enzymes EPSPS a pour effet de bloquer la synthèse du 5-hydroxyl de shikimate-3-phosphate, un précurseur d'acides aminés essentiels aromatiques et d'autres métabolites aromatiques nécessaires à la croissance et au développement des végétaux. Dans le cas de la CP4-EPSPS, la réduction de l'affinité avec le glyphosate entraîne une production continue d'acides aminés aromatiques.

Les éléments contenus dans l'ADN-T du PV-ZMIR10871 sont les suivants : la région 3' non traduite de la famille du gène rbcS du Pisum sativum (E9), la séquence codante partielle du gène snf7 qui code pour la sous-unité SNF7 du complexe ESCRT-III de Diabrotica virgifera virgifera (DvSnf7), l'intron et la séquence flanquante du gène hsp70 codant pour le gène de la protéine du choc thermique 70 du Zea mays, le promoteur e35S du virus de la mosaïque du chou-fleur qui dirige la transcription de Snf7(e35S), la séquence promotrice de la protéine induite par impédance physique (physical impedance induced protein) du Zea mays (pIIG), la région 5' non traduite de la protéine de liaison de la chlorophylle a/b du Triticum aestivum, l'intron et la région flanquante non traduite du gène de l'actine 1 du riz codant pour la protéine actine 1 (Ract 1) d'Oryza sativa, la séquence codante à codons optimisés de la protéine Cry3Bb1 de la sous-espèce kumamotoensis de Bacillus thuringiensis (cry3Bb1), la région 3' non traduite du gène codant pour la protéine du choc thermique 17 de Triticum aestivum (Hsp17), les séquences d'intron de la région 5' non traduite (séquence de tête) du gène OsTubeA d'Oryza sativa (TubA), la séquence de ciblage du gène ShkG codant pour le peptide de transit d'EPSPS d'Arabidopsis thaliana (CTPT2), la séquence codante à codons optimisés du gène cp4-epsps codant pour la protéine CP4 EPSPS de la souche CP4 de l'Agrobacterium spp. et la région 3' non traduite du gène d'OsTubeA gene d'Oryza sativa (TubA).

Des embryons immatures de la lignée LH244 ont été retirés des épis de manière aseptique 10 à 13 jours après la pollinisation puis transformés en utilisant une souche de l'Agrobacterium tumefaciens et l'ADN-T du vecteur plasmidique du PV-ZMIR10871. Après une co-culture avec l'Agrobacterium portant le vecteur, les embryons ont été cultivés sur un milieu sélectif contenant du glyphosate et de la carbenicilline afin d'inhiber la croissance de cellules végétales non transformées et la prolifération excessive de l'Agrobacterium de sorte à permettre le développement du tissu des cals. Les cals qui en ont résulté ont ensuite été placés dans un milieu qui permet la régénération des pousses et le développement des racines. Les racines des plantes (génération R0) dotées de caractéristiques phénotypiques normales et tolérantes au glyphosate ont été sélectionnées aux fins de leur culture et de leur évaluation.

Les plantes R0 sont issues du processus de transformation d'une autopollinisation de plus de six générations (de R1 à R6) afin de produire les lignées homozygotes. Les caractéristiques moléculaires et phénotypiques recherchées ont été évaluées chez la descendance de chaque génération. La lignée MON 87411 a été sélectionnée en tant que lignée principale en se fondant sur l'intégrité de son insert, sa tolérance au glyphosate, sa résistance contre les dommages causés par les larves de la CRM et ses caractéristiques phénotypiques supérieures. Les graines des générations R4 et R5 ont été utilisées pour l'intégration du caractère et la poursuite du développement commercial grâce aux croisements avec les lignées traditionnelles autofécondées HCL645 et LH287. Ces croisements ont produit les générations R4F1 et R5F1. La génération R4F1 a fait l'objet de d'autres rétrocroisements avec la lignée parentale non modifiée F1266Z afin de produire les générations BC1F1 et BC2F1. La génération BC2F1 a ensuite fait l'objet de rétrocroisements additionnels pour produire BC3F1 et alternativement d'une autopollinisation pour produire la génération BC2F2.

3. Caractérisation de la plante modifiée

La caractérisation moléculaire de la lignée MON 87411a été réalisée à l'aide de la technique eSoutherns qui utilise le séquençage de nouvelle génération et l'analyse des séquences de jonction ainsi que la bio-informatique pour déterminer le nombre d'inserts. Le total de l'ADN génomique du grain vérifié de la lignée MON 87411 et du parent non transformé a été séquencé en utilisant la technologie Illumina NGS. L'ADN de référence issu du vecteur du plasmide PV-ZMIR10871 a aussi été utilisé. À titre de témoin positif, on s'est servi de l'ADN plasmidique pour enrichir l'ADN de la lignée LH244 à un ratio équivalent à une copie simple du génome et un ratio équivalent au 1/10 de la copie du génome. L'ADN a été coupé en fragments d'environ 325 pb et traité aux fins d'un séquençage exhaustif puis amplifié à travers 10 cycles de PCR et ensuite séquencé au moyen de la technologie Illumina HiSeq pour produire des lectures de séquences courtes d'environ 100 pb. Les lectures de séquences de 100-mer de tous les échantillons ont été analysées afin de déterminer la profondeur effective de la couverture. Cela s'est traduit par la cartographie de toutes les lectures sur un gène endogène à copie unique du maïs. L'analyse a démontré une profondeur de séquençage 107 fois supérieure pour chaque échantillon. Une analyse in silico au moyen de l'algorithme BLAST portant que sur les lectures de 100-mer comportant une similitude de la séquence avec celle du plasmide PV-ZMIR10871 a été réalisée. A l'aide du logiciel d'alignement de séquences courtes de Bowtie, des lectures non redondantes ≥ 30 ont été recueillies et alignées à la séquence complète du plasmide PV-ZMIR10871 dans le but de trouver des séquences de la région de jonction. Les lectures ont aussi été alignées par rapport au génome témoin afin de retirer ces lectures issues d'homologues endogènes. Au moyen de cette analyse, seules deux classes de séquences de jonction uniques contenant toutes deux des parties de l'ADN-T et de séquence flanquante ont été détectées. Ce résultat indique que la région de l'ADN-T est intégrée à un seul locus du génome.

Le requérant a fourni une caractérisation moléculaire en utilisant l'analyses par transfert de Southern afin de confirmer le nombre de copies de chaque élément fonctionnel se trouvant dans l'insert. Pour ce faire, le requérant a eu recours à une variété d'enzymes de restriction et à 9 sondes différentes, chacune ciblant une région particulière de l'ADN-T. L'analyse des transferts de Western a confirmé qu'une seule copie de l'ADN-T se trouve dans la lignée MON 87411 qui contient l'ensemble des 3 cassettes de gènes.

En plus de l'analyse par transfert de Southern utilisée pour caractériser l'insert, le requérant a réalisé une série d'analyse par transferts de Southern dans le but de démontrer l'absence de toute séquence de squelette plasmidique. En utilisant quatre sondes de manière chevauchante, le requérant a analysé l'ADN génomique de la lignée MON 87411 après digestion par l'une des deux enzymes de restriction. Selon les données présentées par le requérant, aucun squelette plasmidique n'a été transféré à la lignée MON 87411.

Comme la caractérisation, le requérant a fourni les résultats obtenus au moyen de la technique eSoutherns afin de démontrer la stabilité génétique de l'insert. En recourant à la procédure utilisée pour déterminer le nombre d'inserts au moyen du séquençage de nouvelle génération et de l'analyse des séquences de jonction, le requérant a examiné les générations R4, R5, R6, R4F1 et R5F1 de la lignée MON 87411. Cette analyse a révélé la présence des deux séquences de jonction identifiées dans le cadre de l'analyse du nombre d'inserts. Le requérant n'a décelé aucune autre séquence de jonction dans ces générations. Cette uniformité des séquences de jonction d'une génération à une autre confirme la stabilité génétique de l'insert.

Le requérant a aussi entrepris l'analyse des générations BC2F1, BC2F2 et BC3F1 afin de démontrer que l'insert est comme prévu, originaire d'un un seul locus. En utilisant la méthode PCR TaqMan en temps réel pour effectuer l'analyse des générations, le requérant a ciblé la détection de la présence de l'ADN-T. En se fondant sur cette analyse, des taux de ségrégation ont été établis puis comparés aux taux escomptés. Ces taux ont ensuite été analysés au moyen du test du χ2 (khi carré) dans le but de mettre à l'épreuve l'hypothèse de l'héritage mendélien. Selon les rapports de ségrégation issus de la PCR confirmés par les analyses du khi carré, le caractère est comme prévu, hérité de la manière mendélienne

Le requérant a aussi effectué une analyse de tout potentiel cadre de lecture créée par l'insertion dans l'ADN génomique. La similarité entre tout cadre de lecture éventuel et les bases de données de toxines et des allergènes connus a été évaluée au moyen d'une analyse bio-informatique. Les cadres ouverts de lecture s'étendant sur la région flanquante 5' et les jonctions de l'ADN inséré, la région flanquante 3' et les jonctions de l'ADN inséré et la séquence d'ADN-T inséré présents dans la lignée MON 87411 ont été traduits dans les six cadres de lecture. La mesure de la similitude structurelle a été évaluée au moyen d'une inspection visuelle détaillée de l'alignement, le pourcentage d'identité calculé et la valeur d'attente (E-score). Une valeur d'attente de 1e-5 (1x10-5) a été établie en tant que valeur d'alignement supérieure. Bien que tous les alignements aient fait l'objet d'une inspection visuelle, les séquences alignées qui ont produit une valeur d'attente inférieure ou égale à 1e-5 ont été analysées afin de déterminer si un tel alignement présentait une homologie de séquence importante. Le requérant a indiqué qu'aucune donnée d'analyse n'indique que ces protéines putatives sont produites dans la lignée MON 87411.

L'algorithme FASTA utilisé pour effectuer une recherche dans les bases de données TOX_2013 et PRT_2013 a révélé aucun alignement avec une quelconque séquence de requêtes ayant une valeur cible égale ou inférieure à 1e-5 et cela pour tous les cadres ouverts aux jonctions. Ces résultats indiquent qu'il est improbable que ces cadres de lecture putatifs constituent une toxine ou une protéine qui provoquerait un effet biologique indésirable.

Une analyse semblable des cadres de lecture putatifs dans l'insert a permis de repérer des alignements dans les cadres 2 et 3 qui se sont révélés inférieurs ou égaux au seuil d'alignement à la fois dans la base de données TOX_2013 et dans la base de données PRT_2013. Cependant, l'inspection des alignements en question a révélé que malgré le fait que ces valeurs soient inférieures ou égales au seuil, plusieurs lacunes devaient être comblées pour optimiser l'alignement car ils se sont révélés ponctués de plusieurs codons d'arrêt ou n'étaient pas associés à toute toxicité connue ou à une quelconque activité biologique indésirable. Il est donc peu vraisemblable qu'un produit de traduction inattendu soit généré par l'insert et il n'est pas prévu que ces polypeptides correspondraient à toute protéine connue qui exerce une quelconque activité biologique délétère.

En ce qui concerne l'allergénicité, le requérant a adopté la démarche prudente recommandée par le Codex selon laquelle une réactivité croisée provoquée par les séquences de protéines apparentées devrait être envisagée en présence d'une identité égale ou supérieure à 35 % dans un segment de 80 acides aminés. Une recherche dans la base de données AD_2013 au moyen de l'algorithme FASTA a révélé aucun alignement avec une quelconque séquence de requêtes ayant une valeur cible égale ou inférieure à 1e-5. En outre, aucun alignement n'a atteint ou excédé le seuil d'alignement du Codex en matière d'allergénicité pour une identité égale ou supérieure à 35 % dans un segment de 80 acides aminés. En plus de la similitude structurelle, les séquences de requêtes ont été examinées au moyen d'un algorithme de comparaison par paire pour repérer des polypeptides courts identiques. Dans le cadre de ces analyses, huit acides aminés contigus et identiques ont été identifiés comme étant pertinents sur le plan immunologique, alors que huit représente la longueur de la séquence minimale typique représentant vraisemblablement un épitope immunologique. Aucun alignement de huit acides aminés consécutifs et identiques n'a été observé entre une quelconque séquence de requêtes et la base de données AD_2013. Par conséquent, il est improbable que les polypeptides putatifs contiennent un quelconque épitope liant les IgE susceptible de provoquer une réactivité croisée avec des allergènes connus.

Le requérant a réalisé une évaluation toxicologique en utilisant les protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS purifiées issues de la bactérie Escherichia coli. Pour veiller à ce que les résultats des études toxicologiques soient applicables aux protéines exprimées dans la lignée MON 87411, des études d'équivalence (c.-à-d., l'électrophorèse sur gel-SDS, l'analyse par transfert de Western, la coloration des glycoprotéines, la spectrométrie de masse MALDI-TOF, l'analyse de la séquence N-terminale d'acides aminés et la mesure de l'activité spécifique enzymatique) ont été réalisées dans le but de confirmer que la protéine produite dans la bactérie E. coli utilisée aux fins des études toxicologiques est représentative de la protéine produite dans le maïs modifié. Selon les résultats de ces études, les protéines se sont révélées équivalentes sur les plans des propriétés physiques, de la coloration immunologique et du séquençage. Le requérant a aussi démontré que les protéines d'origine microbienne équivalent ou sont du même lot que celles qui ont été utilisées dans le cadre des études toxicologiques dont les résultats ont été présentés antérieurement.

De la même façon, puisque les teneurs en ARN DvSnf7 sont très faibles dans la lignée MON 87411, l'ARN a été produit par transcription in vitro (désigné ARN DvSnf7_968) afin de produire une quantité suffisante d'ARN DvSnf7 aux fins des évaluations de l'innocuité. Par conséquent, le requérant a entrepris des études visant à démontrer l'équivalence de l'ARN DvSnf7 RNA présent dans la lignée MON 87411 et l'ARN DvSnf7_968. L'ARN DvSnf7 présent dans la lignée MON 87411 a été caractérisé en séquençant sa transcription, en déterminant la présence de la région ARNdb, laquelle a été désignée en tant que région active de DvSnf7 au moyen d'un dosage de l'activité fonctionnelle. L'équivalence de l'ARN DvSnf7 présent dans la lignée MON 87411 et de l'ARN DvSnf7_968 a été évaluée en comparant leurs séquences, la présence et la taille des régions ARNdb dans chacun, les résultats d'analyses par transfert de Northern ainsi qu'en comparant leur activité fonctionnelle. Selon les données probantes présentées par le requérant, l'ARN DvSnf7 produit par la plante et produit in vitro sont équivalents.

4. Information sur le produit

Le maïs de la lignée MON 87411 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides se distingue du maïs traditionnel par l'introduction de séquences codant pour la molécule d'ARN à double brin conçue pour correspondre à la séquence Snf7 de la chrisomèle occidentale des racines du maïs, les protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS issues respectivement de la sous-espèces kumamotoensis de Bacillus thuringiensis et de la souche CP4 de l'Agrobacterium spp.

Des essais au champ ont été entrepris en 2011 dans le but de produire des données sur l'expression des protéines dans la lignée MON 87411 (R4F1) dans différents lieux de de culture du maïs en Argentine ( Pergamino, Buenos Aires; Hunter, Buenos Aires; Pergamino, Buenos Aires; Sarasa, Buenos Aires et Salto, Buenos Aires). Ces sites étaient représentatifs des régions productrices de maïs à l'échelle commerciale. L'identité des grains récoltés sur chaque site a été confirmée à l'aide de la méthode PCR. À chaque site, quatre parcelles répétées ont été ensemencées selon un plan en blocs aléatoires complets. Les parcelles consacrées à MON 87411 ont été traitées au moyen d'herbicide à base de glyphosate au cours du développement de la plante lorsqu'elle possédait 2 à 4 feuilles. Des échantillons ont été prélevés à divers stades de la croissance. La teneur en DvSnf7 a été mesurée à l'aide de la Quantigene Plex 2.0, et les teneurs en protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS ont été déterminées pour chaque échantillon à l'aide de la méthode d'essai immuno-enzymatique (ELISA).

La teneur moyenne en DvSnf7 la plus faible a été décelée dans le grain dont le poids est 0,104 x 10-3 µg/g poids sec et la plus élevée, dans la plante complète ayant un poids de 84,8 x 10 x 10-3 µg/g poids sec. Les teneurs moyennes en Cry3Bb1 et en CP4-EPSPS se sont révélées les plus faibles dans le grain ayant des poids respectifs de 4,0 et 1,9 µg/g poids sec. Les teneurs les plus élevées des deux protéines ont été observées dans les échantillons de plants entiers aux stades V3 et V4 avec des poids respectifs de 340 et 63 µg/g poids sec, tel qu'escompté en raison des teneurs élevées décelées à cette étape de croissance dans les feuilles que dans les racines.

5. Exposition alimentaire

Le maïs MON 87411 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides devrait être utilisé par l'industrie aux mêmes fins que les variétés de maïs traditionnel. Le requérant a précisé que la production d'amidon et d'agents édulcorants par mouture humide constitue la principale utilisation du maïs jaune dans les aliments. La mouture sèche est aussi utilisée pour produire le gruau, la farine et la semoule de maïs, bien que le principal produit alimentaire dérivé de la mouture sèche soit utilisé en brassage. Puisque les utilisations de la lignée MON 87411 devraient être identiques à celles du maïs traditionnel, l'exposition alimentaire au maïs MON 87411 ne devrait pas augmenter.

6. Nutrition

Au cours de la saison de croissance 2011-2012, un essai au champ a eu lieu dans huit endroits de la province de Buenos Aires, en Argentine. Chacun de ces huit champs a été ensemencé du maïs MON 87411, d'un témoin traditionnel (NL6169) et de 20 variétés traditionnelles de référence selon un plan aléatoire en blocs complets avec quatre parcelles répétées. Toutes les plantes ont été cultivées dans des conditions agronomiques normales des régions géographiques ci-dessus indiquées, et ont subies le traitement au glyphosate en vue de la production des échantillons selon les conditions d'utilisation prévues. Les traitements agronomiques ont été uniformément appliqués à toutes les parcelles (conditions expérimentales, témoins et référence).

Les constituants nutritionnels mesurés dans les grains du maïs MON 87411 et du maïs témoin traditionnels sont les suivants : les macronutriments (cendre, humidité, protéines, lipides et glucides [calculés]), les fibres alimentaires totales, les fibres au détergent neutre (FDN), les fibres au détergent acide (FDA), les acides aminés, les acides gras (C8-C22), les vitamines (β-carotène [désigné en tant que vitamine A], B1, B2, B6, E [α-tocophérol], niacine et acide folique), les minéraux (calcium, cuivre, fer, manganèse, phosphore, potassium, sodium et zinc), les facteurs antinutritionnels (acide phytique et raffinose) et les métabolites secondaires (le furan-2-carbaldéhyde, l'acide férulique et l'acide p-coumarique). Les macronutriments, les FDA, les FDN, le calcium et le phosphore ont été mesurés dans le fourrage. Ces analytes ont été sélectionnés en se fondant sur le document de l'OCDE intitulé Consensus Document on Compositional Consideration for New Varieties of Maize (Zea mays): Key Food and Feed Nutrients, Antinutrients, and Secondary Plant Nutrients.

Seize analytes de grains à l'égard desquels plus de 50 % des observations se sont révélées inférieures à la limite de quantification (LQ) de l'essai ont été exclus de l'analyse statistique. Ces analytes comprenaient l'acide caprylique, l'acide caprique, l'acide laurique, l'acide myristique, l'acide myristoléique, l'acide pentadécanoïque, l'acide pentadécénoïque, l'acide palmitoléique, l'acide hepdécanoïque, l'acide heptadécénoïque, l'acide gamma-linolénique, l'acide eicosadiénoïque, l'acide eicosatriénoïque, l'acide arachidonique, le sodium et le furfural.

À l'exception de 12 constituants, aucune différence significative n'a été observée entre le maïs MON 87411 et le témoin traditionnel pour tous les sites. Le résultat d'analyse de 11 constituants du grain et d'un constituant du fourrage a révélé une différence statistiquement significative pour tous les sites mais toutes les différences ont été considérées comme de faible ampleur. Dans le grain, les écarts suivants ont été observés : protéines (+4,2 %), fibres au détergent neutre (-0,1 %), histidine (+3,7 %), tyrosine (+5,0 %), acide oléique (+2,8 %), vitamine B1 (-3,4 %), vitamine B3 (-7,7 %), zinc (+15,2 %) cuivre (-5,7 %), fer (+3,0 %) et manganèse (+2,8 %). Dans le fourrage, seules les cendres présentaient un écart (-6,8 %).

Les valeurs moyennes de la lignée MON 87411 pour tous les sites se situaient à 99 % dans les intervalles de tolérance établis à partir des variétés commerciales habituellement cultivées au cours du même essai. Par ailleurs, toutes les valeurs et les intervalles des valeurs cibles de tous les constituants de MON 87411 de tous les sites combinés y compris celles qui présentaient un écart significatif se situaient dans la plage de variabilités de la composition du maïs commercial telle qu'établie dans le document de consensus de l'OCDE, dans la documentation scientifique et/ou dans la base de données de l'Institut international des sciences de la vie sur la composition des cultures.

7. Toxicologie

Les protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS ont déjà été évaluées par Santé Canada. Elles ont donc une historique d'utilisation dans les aliments génétiquement modifiés. La séquence des acides aminés des protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS exprimée dans le maïs MON 87411 est identique à celle des protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS du maïs génétiquement modifié dont l'utilisation a déjà été approuvée. Par ailleurs, les nouvelles données sur l'innocuité fournies dans le cadre de la présente demande supportent les conclusions antérieures établies au sujet de ces protéines. Ces données comprenaient une évaluation bio-informatique actualisée de l'homologie de chaque protéine nouvelle avec des toxines protéiques connues et une étude appréciant l'effet d'un traitement sur l'activité fonctionnelle de la protéine Cry3Bb1. L'expression des protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS dans le maïs MON 87411 ne suscite donc pas de préoccupations sur le plan toxicologique.

Les analyses bio-informatiques ont révélé qu'il est improbable que les molécules nouvelles d'ARNic si elles étaient absorbées, entraînent une suppression génétique hors cible chez les humains. Dans les analyses bio-informatiques, une longueur de 21 nucléotides a été utilisée pour représenter la longueur minimale d'une molécule d'ARNdb requise pour médier l'ARNi. Aucune homologie d'une séquence de 21 nucléotides n'a été repérée entre le nouvel ARN et le transcriptome humain.

Des études toxicologiques ont été présentées, y compris l'évaluation de la potentialité qu'un nouvel ARNdb ou que le maïs MON 87411 de provoquer des effets physiologiques dans le système des mammifères suite à leur ingestion par voie orale. L'administration quotidien par gavage pendant 28 jours, du substitut du transcrit in vitro de la molécule nouvelle de l'ARNdb n'a provoqué aucune toxicité chez des souris (10/sexe/groupe) jusqu'à la DSENO of 100 mg/kg pc/jour (la plus élevée des doses mises à l'essai). Selon une estimation prudente chez la sous-population la plus sensible, cette DSENO est plus de 100 millions de fois supérieure à l'exposition alimentaire à l'ARNdb chez l'humain. Du point de vue de l'innocuité toxicologique, la marge d'exposition a été considérée comme suffisante.

Dans le cadre d'une autre étude, des rats (16/sexe/groupe) ont consommé pendant 90 jours une alimentation normale comportant 33 % de grains MON 87411. Par contre, le fait que la teneur en molécules nouvelles d'ARNic n'ait pas été mesurée dans l'alimentation expérimentale constitue une limite de cette étude. Il est possible d'estimer ces teneurs, mais en se fondant sur l'analyse de son expression dans le grain MON 87411. Dans le cadre de l'étude, la teneur estimée de l'apport en molécules d'ARNic chez les rats est comparable à l'apport alimentaire estimé d'ARNic chez les adultes et les nourrissons humains. Les rats ont bien toléré l'alimentation expérimentale et aucun effet indésirable provoqué par le traitement n'a été observé chez eux.

Il convient de souligner que les estimations de l'exposition alimentaire de l'apport en ARNdb et en ARNic chez les humains sont considérées comme prudentes et probablement surestimées. Ces estimations tiennent pour acquis que tous les aliments à base de maïs consommés sont exclusivement à base du grain MON 87411 alors qu'en réalité ce n'est pas le cas. Par ailleurs, ces estimations tiennent pour acquis que les molécules d'ARN seraient intactes sans que la transformation ni la cuisson ne les altèrent. Il est probable que le traitement appliqué à la majorité des denrées alimentaires faites de maïs dégraderait ou dans une certaine mesure éliminerait les molécules nouvelles d'ARN.

Le potentiel risque d'allergénicité de la lignée MON 87411 a aussi été pris en compte. Les protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS ont une historique d'utilisation dans les aliments génétiquement modifiés. De plus, la séquence d'acides aminés des deux protéines exprimées dans le maïs MON 87411 est identique à celle des protéines Cry3Bb1 et CP4-EPSPS du maïs génétiquement modifié dont l'utilisation a déjà été approuvée. Les nouvelles données bio-informatiques soumises démontrent qu'aucune de ces protéines ne présente d'homologie significative avec des protéines allergènes connues. La séquence de suppression codant pour les molécules nouvelles d'ARN n'exprime aucun produit protéinique et n'a par conséquent, aucune incidence sur l'allergénicité de la lignée MON 87411.

Conclusion :

L'examen qu'a réalisé Santé Canada de l'information présentée à l'appui de l'utilisation à des fins alimentaires de la lignée MON 87411 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides a permis de conclure que les produits alimentaires dérivés du maïs MON 87411 ne suscitent pas de préoccupations sur le plan de l'innocuité. De l'avis de Santé Canada, le maïs MON 87411 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides est semblable au maïs traditionnel et est donc considéré a cet titre comme étant une source d'aliment acceptable

L'opinion de Santé Canada ne porte que sur l'utilisation à des fins alimentaires du maïs MON 87411 résistant aux insectes et tolérant aux herbicides. Les questions relatives à la sécurité environnementale et son utilisation comme un aliment du bétail ont été examinées distinctement selon les processus réglementaires en vigueur par l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Le présent document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis sur les produits visés de la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'analyse détaillée des renseignements fournis par le requérant, conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

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Pour obtenir plus de renseignements, veuillez communiquer avec :
Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, IA 2204A1
251, promenade Sir Frederick Banting
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
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