Information sur les aliments nouveaux - Soja produisant l'aryloxyalcanoate dioxygénase-12 (AAD-12) et la phosphinothricine acétyltransférase (pat) - DAS-68416-4

Santé Canada a avisé Dow Agrosciences Canada Inc. qu'il ne s'oppose pas à la vente d'aliments dérivés du soja tolérant les herbicides DAS-68416-4. Le Ministère a réalisé une évaluation approfondie de cette lignée de soja, soit un examen conforme à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices sont fondées sur les principes admis internationalement de l'établissement de l'innocuité d'aliments comportant des caractères nouveaux.

Contexte

Le texte qui suit résume l'avis remis par Dow Agrosciences Canada Inc. à Santé Canada ainsi que l'évaluation du Ministère. Il ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

1. Introduction

Le soja DAS-68416-4 produit de l'aryloxyalcanoate dioxygénase-12 (AAD-12), une enzyme qui lui confère une résistance à l'acide dichlorophénoxyacétique (2,4-D), et de la phosphinothricine acétyltransférase (PAT), laquelle inactive la phosphirothricine, un herbicide (le glufosinate). La tolérance des herbicides a été obtenue au moyen d'une transformation d'une variété de soja traditionnel.

L'évaluation réalisée par les scientifiques de la Direction des aliments a permis de déterminer la façon dont la lignée de soja DAS-68416-4 a été mise au point, la comparaison de sa composition et de sa qualité nutritionnelle par rapport à celles des variétés non modifiées ainsi que sa toxicité ou son allergénicité éventuelles. Dow Agrosciences a produit des données démontrant que le soja DAS-68416-4 est tout aussi sûr que les variétés de soja traditionnel utilisées dans les aliments au Canada et que leur qualité nutritionnelle est la même.

La Direction des aliments assume la responsabilité de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux. La responsabilité en question, imposée par la loi, est exposée en détail au titre 28 du Règlement sur les aliments et drogues (Aliments nouveaux). Les aliments dérivés de la lignée de soja DAS-68416-4 sont considérés comme des aliments nouveaux selon la partie suivante de la définition de leur définition :

« c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas :

  1. présente des caractères qui n'avaient pas été observés auparavant [...]. »

2. Mise au point de la plante modifiée

Le soja DAS-68416-4 a été génétiquement modifié par un transfert d'ADN d'un plasmide de transformation au moyen d'Agrobacterium tumefaciens. La région de l'ADN du plasmide transférée (ADN-T ou insert) comprend la séquence codante optimisée chez la plante, et cela tant pour les gènes aad-12 que pat, ainsi que leurs éléments régulateurs pour en maîtriser l'expression. Le tissu isolé de graines de soja germées de la lignée d'élite Maverick a été infecté par Agrobacterium contenant le plasmide de transformation. Le caractère de résistance aux herbicides du tissu a été mis à l'essai, puis le tissu sélectionné a été utilisé pour régénérer des plants complets, lesquels ont fait l'objet de nouveaux essais visant à confirmer leur résistance à la fois au glufosinate et au 2,4-D.

3. Caractérisation de la plante modifiée

Les résultats d'une analyse par transfert de Southern du soja DAS-68416-4 ont été présentés, démontrant qu'une copie intacte de la cassette du gène a été insérée à un seul locus dans le génome du soja. L'intégrité des gènes aad-12 et pat et de leurs éléments régulateurs a été démontrée tout comme l'absence d'ADN de squelette plasmidique, notamment du gène de la résistance aux antibiotiques, dans le soya DAS-68416-4. Le locus d'insertion a également été séquencé afin de confirmer que la séquence insérée était parfaitement conforme aux attentes à son égard et qu'aucun gène endogène ne s'est trouvé perturbé par l'insertion. La stabilité et l'hérédité de la cassette insérée ont aussi été évaluées sur plusieurs générations de la lignée DAS-68416-4 au moyen de l'analyse par transfert de Southern. Les résultats ont révélé la stabilité moléculaire apparente de la cassette insérée à la suite d'un programme traditionnel de sélection. Également, les données de ségrégation génétique ont démontré l'hérédité et l'expression des caractères AAD-12 et PAT attendues dans la fraction des plantes de la descendance dans le cas d'un modèle à un locus.

L'identité de la protéine AAD-12 a été confirmée au moyen de techniques de spectroscopie, de l'empreinte peptidique, du séquençage de l'aminoacide du N-terminal et du peptide tryptique, de l'électrophorèse et des propriétés de coloration immunologique. L'identité de la protéine PAT a été confirmée au moyen de l'électrophorèse et de la coloration immunologique.

Les degrés d'expression de l'ADD-12 et de la PAT solubles et extractibles dans les tissus du végétal DAS-68416-4 ont été déterminés en recourant à des tests ELISA quantitatifs pratiqués sur des échantillons de plantes cultivées au champ. Que ce soit dans les feuilles, les racines, le fourrage ou les graines, tant l'ADD-12 que la PAT ont été détectées dans les tissus au moyen de ce test. La graine, soumise à une transformation, constitue la partie de la plante qui se retrouve dans l'approvisionnement alimentaire. Les graines récoltées des plantes de la lignée DAS-68416-4 cultivées jusqu'à maturité contenaient en moyenne 16,52 ng d'AAD-12/mg de tissu (poids sec; fourchettes : de 16,21 à 16,94 ng/mg) et 2,77 ng de PAT/mg de tissu (poids sec) (de 2,73 à 2,82 ng/mg). Peu importe que les plantes soient traitées au moyen de différentes combinaisons des herbicides glufosinate et 2,4-D, les fourchettes de leur teneur en la protéine paraissent similaires.

4. Information sur le produit

Le soja DAS-68416-4 se distingue du soja traditionnel par la présence des séquences codantes d'aad-12 provenantde Delftia acidovorans et de pat provenant de Streptomyces viridochromogenes.Ces deux donneurs sont des bactéries présentes dans le sol qui ne sont pas connues comme des agents pathogènes pour l'humain. Les éléments régulateurs du gène se trouvent dans l'ADN inséré et maîtrisent l'expression des deux enzymes. Seuls les deux éléments suivants distinguent le gène aad-12 présentdans la lignée DAS-68416-4 de celui présent dans D. acidovorans : des codons ont été modifiés afin d'optimiser l'expression du gène dans les plantes sans modifier la séquence d'acides aminés, et un résidu additionnel d'alanine a été inséré à la position 2 pour faciliter le clonage. Le gène pat a aussi fait l'objet de mutations inapparentes visant à modifier des codons pour optimiser l'expression du gène dans la plante sans modifier la séquence d'acides aminés. L'expression de l'AAD-12 confère une résistance à l'acide dichlorophénoxyacétique (2,4-D) en catalysant sa dégradation en phénols inactifs en matière d'effets herbicides. Quant à la PAT, elle catalyse l'inactivation de l'herbicide phosphinothricine (glufosinate). Le caractère PAT provenant de S. viridochromogenes a fait l'objet d'examens visant huit lignées approuvées pour l'agriculture.

5. Exposition alimentaire

La modification génétique du soja DAS-68416-4 ne vise pas à modifier les habitudes de consommation du soja. Par conséquent, l'utilisation du soja DAS-68416-4 tolérant les herbicides et les produits qui en sont dérivés seront semblables à celle faite des variétés de soja traditionnel. Le lancement du soja DAS-68416-4 ne remplacera qu'une part des variétés de soja existantes et ne devrait pas entraîner de changement de l'apport alimentaire en soja ni en produits dérivés de celui-ci.

6. Nutrition

L'information sur la composition nutritionnelle et les teneurs en facteurs antinutritionnels du soja DAS-68416-4 et les échantillons témoins non transgéniques proviennent de cinq récoltes réparties dans cinq des principales régions de culture en Amérique du Nord. Les données ont été recueillies selon un plan d'étude adéquat et ont fait l'objet de procédures analytiques admises.

Les constituants nutritionnels mesurés dans les échantillons de soja sont les éléments suivants : les macronutriments (humidité, protéines, lipides, glucides et fibres au détergent acide et neutre), les fibres alimentaires totales, les acides aminés (18), les acides gras (22), les minéraux (13), les vitamines (10, y compris 4 formes de vitamine E [tocophérols]), les facteurs antinutritionnels (trypsine, lectine, stachyose, raffinose et acide phytique) et les isoflavones (glycosides, y compris daïdzine, génistine, glycitine et aglycones, par exemple la daïdzéine, la génistéine, la glycitéine et les équivalents aglycones totaux).

Un effet global du traitement statistiquement significatif (p < 0,05) a été observé chez les analytes suivants parmi tous ceux qui ont été mesurés : les protéines (en teneur inférieure dans le soja DAS-68416-4), les glucides (en teneur supérieure), le potassium (en teneur supérieure), les acides aminés (en teneur inférieure pour 11 de ceux-ci), les acides gras (en teneur inférieure pour 4 de ceux-ci), le gamma-tocophérol (en teneur supérieure), l'acide folique (en teneur inférieure) et la glycitine exprimée en équivalent aglycone de la glycitéine (en teneur supérieure). Toutefois, ces différences entre le soja DAS-68416-4 transgénique et le témoin non transgénique sont acceptables pour deux motifs. D'abord, les valeurs de l'analyte en ce qui a trait aux protéines, aux glucides, aux acides aminés, aux acides gras et à l'acide folique se situent dans les fourchettes publiées au sujet du soja. Le fait que la teneur en glycitine (exprimée en équivalent aglycone de la glycitéine) était plus élevée que celle du témoin a été relevé, toutefois l'équivalent de la glycitéine totale (comprenant à la fois la glycitéine et la glycitine exprimées en équivalents aglycones) se situait dans les fourchettes publiées. La seconde justification concerne les différences observées sur le plan du potassium, de l'acide gras palmitoléique et du gamma-tocophérol. Par rapport à ces analytes, les différences observées se sont révélées trop faibles pour avoir une incidence sur les apports et soulever une préoccupation en matière d'innocuité nutritionnelle. Ces constatations ont mené à la conclusion selon laquelle le requérant a prouvé que la composition du soja DAS-68416-4 est semblable à celle de son pendant non transgénique.

7. Chimie et toxicologie

En tenant pour acquis que la capacité du soja DAS-68416-4 d'absorber les métaux lourds et sa vulnérabilité aux champignons producteurs de mycotoxine ne se trouverait pas modifiées par rapport à celles du soja traditionnel, rien ne donne à penser qu'en matière d'innocuité chimique, le soja DAS-68416-4 différerait du soja traditionnel.

Les gènes nouveaux aad-12 et pat présents dans le soja DAS-68416-4 n'ont pas été isolés d'agents pathogènes. En outre, selon des études de toxicité aiguës menées chez des souris ayant ingéré la protéine en des quantités d'ordres de grandeur supérieures à l'apport hypothétique en cette culture dans l'alimentation humaine, le fait que la protéine AAD-12 corresponde à une toxine est improbable. Qui plus est, aucune analogie importante sur le plan biologique n'a été observée entre l'AAD-12 et une quelconque toxine connue. Les plantes exprimant le gène pat ont déjà fait l'objet d'un examen par Santé Canada, notamment des variétés de soja. La preuve de son innocuité a été fondée sur la ressemblance des caractères en se reportant à des études de toxicité antérieures et l'actualisation de recherches dans des bases de données visant des toxines et des allergènes éventuels dont les résultats n'ont suscité aucune préoccupation.

La protéine AAD-12 n'est pas davantage considérée comme un allergène alimentaire puisqu'elle n'en présente aucune des caractéristiques. La séquence d'acides aminés de l'AAD-12 ne présente aucune analogie avecun quelconque allergène connu. La protéine AAD-12 est dégradée rapidement dans le liquide gastrique simulé ainsi que lorsqu'elle est soumise à des températures élevées avoisinant celles auxquelles elle serait exposée pendant le processus industriel de transformation et de cuisson. Cela permet de présumer qu'aucune protéine intacte ne serait vraisemblablement consommée. Il est peu probable que le soja DAS-68416-4, contenant une faible quantité de protéine AAD-12, comporterait un risque allergène menaçant la santé humaine.

Conclusion

L'examen qu'a réalisé Santé Canada de l'information présentée à l'appui de l'utilisation alimentaire du soja DAS-68416-4 ne suscite pas de préoccupations sur le plan de l'innocuité. De l'avis de Santé Canada, les aliments dérivés du soja DAS-68416-4 ne comportent pas davantage de danger et sont tout aussi nutritifs que les variétés de soja actuellement sur le marché.

L'opinion formulée par Santé Canada n'a trait qu'à l'utilisation alimentaire du soja DAS-68416-4. Les questions relatives à son utilisation dans l'alimentation animale ont été étudiées séparément conformément aux processus réglementaires mis en œuvre par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA).

Le présent document sur les aliments nouveaux résume l'avis sur le produit visé par la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'analyse détaillée des renseignements fournis par le requérant, conformément aux Lignes directrices relatives à l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

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Pour obtenir plus de renseignements, veuillez communiquer avec :

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
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Santé Canada, IA 2204A1
251, promenade Sir Frederick Banting
Ottawa (Ontario) K1A 0K9
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