Information sur les aliments nouveaux : Sourvisiae®
Sur cette page
- Contexte
- Introduction
- Développement du micro-organisme modifié
- Caractérisation du micro-organisme modifié
- Informations sur le produit
- Exposition alimentaire
- Microbiologie
- Nutrition
- Chimie
- Toxicologie
- Allergénicité
- Conclusion
Contexte
Santé Canada a informé Mascoma LLC (une société Lallemand) qu'il ne s'oppose pas à l'utilisation alimentaire de Sourvisiae®. Le ministère a procédé à une évaluation complète de ce produit conformément à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices reposent sur des principes internationalement acceptés pour établir l'innocuité des aliments présentant des caractéristiques nouvelles.
Ce qui suit est un résumé de l'avis de Mascoma LLC et de l'évaluation menée par Santé Canada. Ce document ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.
Introduction
Mascoma LLC a mis au point une souche génétiquement modifiée (GM) de Saccharomyces cerevisiae (levure brassicole) M16141. La préparation commerciale de cette souche sera vendue sous le nom de Sourvisiae®. Cette souche de levure a été modifiée pour exprimer une enzyme lactate déshydrogénase (LDH) basée sur le gène sauvage ldhA de Rhizopus oryzae.
Sourvisiae® est destinée à être utilisée dans la fermentation de la bière pour produire de l'alcool et donner un goût aigre par la production d'acide lactique (catalysée par l'enzyme LDH exprimée). Sourvisiae® est destinée à remplacer la levure d'autres sources commerciales disponibles dans la fermentation de la bière. Sourvisiae® est produite par fermentation d'une culture pure dans des conditions contrôlées.
L'évaluation d’innocuité réalisée par les évaluateurs de la Direction des aliments et de la nutrition a été effectuée conformément aux Lignes directrices sur l’évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces lignes directrices reposent sur des efforts d'harmonisation avec d'autres autorités réglementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (par exemple, le Codex Alimentarius). L'évaluation a porté sur la manière dont Sourvisiae® a été développé, sur son innocuité nutritionnelle et sur le risque potentiel de toxicité ou d'allergénicité de Sourvisiae® . Mascoma LLC a fourni des données attestant que Sourvisiae® peut être utilisé sans danger en tant qu'aliment au Canada.
La Direction des aliments et de la nutrition est légalement responsable de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des ingrédients alimentaires nouveaux, comme le précise le titre 28 de la partie B du Règlement sur les aliments et drogues (aliments nouveaux). Sourvisiae® est considéré comme un aliment nouveau en vertu de la partie suivante de la définition des aliments nouveaux : "c) aliment dérivé d’un végétal, d’un animal ou d’un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas
- présente des caractères qui n’avaient pas été observés auparavant".
Développement du micro-organisme modifié
La souche de levure modifiée Sourvisiae® (c'est-à-dire la souche M16141) a été développée par intégration chromosomique d'un fragment d'ADN recombinant linéaire contenant une cassette d'expression pour l'enzyme LDH. La cassette était flanquée d'une séquence homologue au locus du gène natif ciblé chez S. cerevisiae.
Aucun ADN de l'organisme donneur (c'est-à-dire R. oryzae) n'a été utilisé dans la construction de l'organisme producteur, car la séquence codante de la LDH optimisée par codon a été générée synthétiquement.
Le fragment d'ADN recombinant linéaire a été transféré dans la souche parentale par électroporation, avec un plasmide de co-transformation. Ce plasmide contient un gène de résistance à l'antibiotique hygromycine, ce qui a facilité la sélection des transformants positifs.
Les transformants positifs ont été récupérés pendant une nuit dans un milieu contenant de l'hygromycine et ensemencés sur des milieux sélectifs. Le plasmide contenant le marqueur de résistance à l'hygromycine a ensuite été éliminé des transformants positifs par des passages subséquents sur des milieux non sélectifs (c'est-à-dire des milieux ne contenant pas d'hygromycine). Un transformant positif contenant la cassette d'expression de la LDH au locus ciblé et dépourvu du plasmide de co-transformation a finalement été sélectionné et désigné comme la souche M16141.
Pour confirmer que la souche modifiée M16141 était sensible à l'hygromycine et insensible aux milieux sélectifs, la souche parentale a été comparée à la souche modifiée M16141 sur différents milieux. Les deux souches présentent une croissance similaire sur les milieux normaux d'extrait de levure, de yeast peptone dextrose (YPD) et de yeast nitrogen base (YNB), alors que la souche parentale est incapable de croître sur des milieux sélectifs et que la souche M16141 ne croît pas sur d'autres milieux sélectifs pertinents. Les deux souches sont sensibles à l'antibiotique hygromycine.
Caractérisation du micro-organisme modifié
Les génomes de la souche M16141 et de sa souche parentale ont été séquencés à l'aide du séquençage du génome entier afin de vérifier les modifications génétiques introduites dans le micro-organisme de production et de confirmer l'absence d'ADN n’appartenant pas à S. cerevisiae au-delà de la cassette d'expression introduite intentionnellement .
Le séquençage Illumina à lectures courtes et PacBio à lectures longues a été utilisé pour confirmer l'intégration chromosomique au locus ciblé, pour cribler le génome et vérifier qu'aucune intégration " hors cible " ne s'est produite, et qu'aucun plasmide n'a été conservé dans le micro-organisme de production.
Pour vérifier que l'intégration chromosomique au locus ciblé dans la souche M16141 s'est déroulée comme prévu, une comparaison des séquences entre les génomes de novo de la souche M16141 et de la souche parentale, ainsi que le fragment d'ADN recombinant linéaire a été effectuée.
Une recherche BLAST avec la séquence de nucléotides de la séquence codante de la LDH du fragment d'ADN recombinant linéaire contre la séquence génomique de novo de la souche M16141 a identifié une seule copie de la séquence codante de la LDH dans la séquence génomique du micro-organisme de production.
Pour confirmer que la séquence codante de la LDH s'est intégrée à l'endroit souhaité dans le génome de la souche M16141, remplaçant la séquence codante du gène ciblé, le résultat BLAST de la LDH de R. oryzae a été extrait de la séquence du génome de la souche M16141 avec des flancs de 5 kb. La séquence codante du gène ciblé du génome de référence S228C de S. cerevisiae a ensuite été comparée au génome de la souche parentale pour localiser sa copie de la séquence codante du gène ciblé (l'allèle du gène ciblé de la souche parentale a été extrait de la même manière avec des flancs de 5 kb). Un alignement des séquences des deux régions a démontré que la séquence codante du gène ciblé dans la souche M16141 avait été remplacée par la séquence codante de la LDH.
Pour déterminer si la cassette d'expression complète s'est intégrée comme prévu, la séquence nucléotidique de cette cassette a été alignée sur le site d'intégration cartographié dans la souche M16141. Cet alignement n'a révélé aucune différence structurelle entre la séquence de la cassette du fragment d'ADN recombinant linéaire et le site d'intégration dans la souche M16141, montrant une identité de séquence par paire de 99,1 %. Les divergences observées consistent en des variants dans les flancs du gène ciblé en amont et en aval et dans la séquence du terminateur de la cassette. Aucune variante n'a été observée dans la séquence du promoteur de la cassette et dans la séquence codante de la LDH.
En outre, il a été vérifié si d'autres composants du fragment d'ADN recombinant linéaire s'étaient intégrés ailleurs dans le génome de la souche M16141 en comparant la séquence du fragment à la séquence du génome. Cette recherche BLAST n'a donné que trois résultats : un pour la séquence du fragment complet au niveau du site d'intégration caractérisé et deux pour les séquences du promoteur et du terminateur, respectivement, qui ont été confirmées comme représentant ces éléments dans les copies natives de ces gènes de S. cerevisiae. Sur la base de ces résultats, il est démontré qu'aucun élément du fragment d'ADN recombinant linéaire ne s'est intégré ailleurs dans le génome du micro-organisme de production.
Les séquences de lectures Illumina de la souche M16141 ont été importées dans Geneious Prime 2020.2.1 (anglais seulement) (https://www.geneious.com/prime/), découpées et alignées simultanément sur le génome de référence de S. cerevisiae S288C et les séquences du plasmide utilisé pour la transformation. Les couvertures des séquences de lectures pour le génome de référence et les séquences du plasmide ont été inspectées manuellement pour déterminer si la séquence du plasmide avait été conservée dans le micro-organisme de production.
Pour confirmer que les gènes marqueurs d'antibiotiques du plasmide de co-transformation utilisé dans la construction du micro-organisme de production n'avaient pas été conservés (sous forme de plasmide ou par intégration chromosomique), les séquences de lectures de la souche M16141 ont été alignées dans Geneious Prime sur ce plasmide ainsi que sur le génome de référence de la souche S288C.
Aucune couverture des séquences de lecture de taille complète n'a été observée pour les marqueurs de résistance à l'hygromycine ou à l'ampicilline du plasmide. Pour le marqueur de l'ampicilline, la couverture des séquences de lecture n'a été observée que pour les 36 premiers nucléotides de l'ORF 861st , avec seulement 22 % d'identité de séquence entre cette sous-région de la séquence du marqueur et la séquence consensus des séquences de lectures Illumina alignées. Le requérant a déclaré que la couverture des séquences de lecture dans cette région est probablement un artefact causé par l'ORI 2 microns à proximité dans le plasmide de co-transformation (le génome de référence S288C n'inclut pas de séquence de plasmide 2 microns). Ces résultats indiquent que les deux gènes marqueurs d'antibiotiques sont absents de la souche M16141.
Pour rechercher dans le génome de la souche M16141 des séquences d'ADN non présentes dans la souche parentale de type sauvage, les séquences de lectures du génome entier d'Illumina de la souche M16141 et de la souche parentale ont été alignées sur la séquence du génome de novo de la souche M16141. Les couvertures médianes du génome pour les séquences de lectures de la souche M16141 et de la souche parentale étaient respectivement 224× et 100×. Par la suite, les lacunes de couverture (positions nucléotidiques avec une couverture de lecture de séquence de 0) ont été déterminées pour les deux alignements, et les lacunes de couverture uniques à l'alignement des lectures Illumina de la souche parentale ont été inspectées, car elles pourraient indiquer la présence d'ADN nouvellement introduit.
L'absence de lacunes supplémentaires dans la couverture démontre l'absence, à l'échelle du génome, d'ADN n’appartenant pas à S. cerevisiae dans le micro-organisme de production (à l'exception de la séquence codante synthétique de la LDH), aucune autre région du génome de la souche M16141 n'étant déjà présente dans le génome de la souche parentale.
La stabilité génotypique du micro-organisme de production a été déterminée sur 100 générations en effectuant en série 11 transferts de la souche dans le milieu YPD. L'ADN génomique a été isolé à partir du 11ième transfert du micro-organisme de production et une PCR a été réalisée pour confirmer la stabilité du site d'intégration modifié au niveau du locus ciblé. De même, la souche parentale a également été utilisée comme contrôle. Les résultats de toutes les PCR de génotype étaient conformes aux attentes, ce qui indique qu'il n'y a pas eu de perte de stabilité génétique du site d'intégration sur 100 générations de la souche M16141.
Sur la base de l'innocuité de l'hôte et des organismes donneurs, des modifications génétiques bien caractérisées introduites dans la souche parentale pour créer la souche M16141, et de la caractérisation phénotypique du micro-organisme de production par rapport à sa souche parentale (voir Microbiologie), on peut conclure que l'organisme producteur, S. cerevisiae souche M16141 de Sourvisiae®, est sécuritaire pour l'utilisation alimentaire d'un point de vue moléculaire.
Informations sur le produit
Sourvisiae® est produit conformément aux bonnes pratiques de fabrication actuelles (cGMP). Une analyse des risques aux points critiques (HACCP), qui comprend la confirmation de la pureté microbiologique, est appliquée tout au long du processus de fabrication. La production est réalisée dans une installation de fermentation dotée de procédures établies et d'équipements adaptés à la production confinée à grande échelle d'une souche de S. cerevisiae génétiquement modifiée.
Une inspection physique et des analyses microbiologiques et de fermentation appropriée sont effectuées pour confirmer la pureté de la souche et sa fonctionnalité dans l'application recherchée, garantissant que le produit de levure répond aux spécifications du produit fini. Ces méthodes sont basées sur des méthodes généralement disponibles et acceptées utilisées pour produire des organismes producteurs microbiens et des enzymes microbiennesNote de bas de page 1.
Exposition alimentaire
Sourvisiae® est destinée à être utilisée dans la fermentation brassicole pour produire de l'alcool et donner un goût aigre par la production d'acide lactique. Sourvisiae® est destinée à remplacer la levure d'autres sources commerciales disponibles dans la fermentation de la bière. Le requérant ne prévoit pas de changement significatif dans l'utilisation alimentaire de la bière avec l'introduction de Sourvisiae® en tant qu'ingrédient alimentaire.
Microbiologie
Pour supporter davantage l'innocuité de Sourvisiae®, le requérant a effectué des tests de pathogénicité sur la souche M16141 et sa souche parentale.
Selon Llanos et al. (2006)Note de bas de page 2, trois propriétés des souches de S. cerevisiae permettent de prédire si la souche possède des propriétés pathogènes : 1) la capacité à croître à 42° C ; 2) la croissance pseudohyphale sur des milieux dextrose à faible teneur en ammoniaque ; et 3) la production de phospholipases.
La souche M16141 et sa souche parentale ont été évaluées pour ces facteurs phénotypiques de virulence, ainsi que deux souches industrielles de S. cerevisiae disponibles dans le commerce (c'est-à-dire la souche FALI de S. cerevisiae pour distillerie industrielle, développée par ABMauri ; et une souche de S. cerevisiae industrielle de biocarburant, développée par Mascoma). En outre, la souche de levure pathogène Issatchenkia orientalis (Candida krusei), qui possède les trois propriétés caractéristiques, a été utilisée comme contrôle positifNote de bas de page 3.
Les résultats des tests ont confirmé que ni la souche M16141 ni sa souche parentale ne présentent les caractéristiques pathogènes décrites par dans Llanos et al. (2006). Dans toutes les études, le contrôle positif pathogène s'est comporté comme prévu dans les essais respectifs, tandis que toutes les souches de S. cerevisiae se sont révélées négatives comme prévu. Les souches d'intérêt n'ont pas la capacité de croître à des températures supérieures à 40° C, ne présentent pas de croissance pseudohyphale sur des plaques à faible teneur en azote et ne possèdent pas d'activité phospholipase.
Le requérant a fourni les analyses de trois lots commerciaux non consécutifs de Sourvisiae®. Les résultats de ces lots démontrent que les spécifications microbiologiques décrites pour la préparation Sourvisiae® finie sont systématiquement respectées dans un cycle de production. Toutes les méthodes analytiques sont (ou sont comparables à) des méthodes internationalement reconnues et validées.
Sur la base des tests de caractérisation de pathogénicité du micro-organisme de production et de sa souche parentale, et des résultats des spécifications microbiologiques de trois lots non consécutifs, le Bureau des dangers microbiens (BDM) n'a identifié aucun enjeu d'innocuité microbiologique des aliments avec les utilisations proposées pour Sourvisiae®.
Nutrition
La bière n'est pas consommée pour sa valeur nutritionnelle. Par conséquent, d'un point de vue nutritionnel, il n'a pas été jugé nécessaire d'exiger des données de composition comparant la bière fabriquée avec Sourvisiae® à la bière fabriquée avec la levure de bière traditionnelle.
Comme indiqué précédemment, Sourvisiae® est produit par fermentation d'une souche de S. cerevisiae génétiquement modifiée qui exprime la LDH. La LDH est omniprésente dans la nature et se trouve dans les plantes, les animaux et les micro-organismes ; elle est donc couramment consommée dans les aliments et produite de manière endogène dans l'organisme. Lorsqu'elle est ingérée, la LDH devrait être digérée de la même manière que les autres protéines alimentaires. Plus précisément, elle devrait être hydrolysée dans l'intestin grêle par des enzymes protéolytiques en peptides plus petits et en acides aminés individuels qui peuvent être absorbés et utilisés par l'organisme.
Le produit de réaction de la LDH, le lactate, est également couramment consommé dans l'alimentation (par exemple, les produits laitiers, le pain au levain, les légumes marinés) et est produit de manière endogène dans l'organisme. Le lactate ingéré devrait être facilement absorbé par l'intestin et transporté vers le foie où il sera converti en glucose ou catabolisé par le cycle de l'acide lactique.
Sourvisiae® est destiné à remplacer la levure brassicole conventionnelle dans la fabrication de la bière. De plus, les niveaux de Sourvisiae® dans la bière seront similaires au niveau de levure dans la bière brassée à l'aide de levure brassicole conventionnelle. De plus, on s'attend à ce que très peu, voire pas du tout, de Sourvisiae® soient présents dans le produit final de la bière après la pasteurisation et/ou la filtration, qui sont toutes deux des pratiques courantes dans l'industrie brassicole.
Sur la base de ces informations, le Bureau des sciences de la nutrition (BSN) n'a pas identifié de problèmes d'innocuité nutritionnelle des aliments liés aux utilisations proposées de Sourvisiae®.
Chimie
Le requérant a fourni des spécifications pour Sourvisiae® démontrant que les ingrédients répondent à la spécification du plomb pour la levure sèche (levure brassicole) dans le Food Chemical Codex (FCC). Il a également établi des limites pour l'arsenic, le cadmium et le mercure en l'absence de spécifications du FCC pour ces oligo-éléments.
Le requérant a analysé des oligoéléments (arsenic, cadmium, plomb et mercure) dans plusieurs lots de levure brassicole Sourvisiae® et a indiqué soit qu'ils n'avaient pas été détectés, soit que les concentrations étaient très faibles. Les limites analytiques de détection (LAD) employées pour tous les contaminants évalués ont été jugées suffisamment basses. Sur la base des résultats analytiques quantifiés ou des valeurs de spécification, la Section des contaminants alimentairesSCA a déterminé que l'utilisation proposée de Sourvisiae® ne devrait pas entraîner d'augmentation de l'exposition alimentaire à ces contaminants. Sur cette base, la SCA estime que Sourvisiae® ne devrait pas poser de problème d'innocuité des aliments du point de vue des contaminants chimiques.
Une liste des substances utilisées lors de la fabrication de Sourvisiae® a été incluse dans la demande. Les constituants des milieux de cultures ne sont généralement pas classés comme des additifs alimentaires et, à ce titre, il n'y a pas d'exigence en vertu des règlements sur les aliments et drogues pour leur examen préalable à la mise en marché. D'après les informations fournies dans le cadre de la demande, les substances des milieux de cultures et de fermentation ne devraient pas rester dans le produit final.
Le requérant n'a pas soumis d'études de labilité à la chaleur ou de digestion pour Sourvisiae® puisqu'il affirme qu'une quantité viable de Sourvisiae® très faible, voire nulle, devrait rester dans les produits de bière après la pasteurisation et/ou la filtration, qui sont toutes deux des pratiques courantes dans l'industrie brassicole. S. cerevisiae est utilisée depuis longtemps dans la production alimentaire (c'est-à-dire dans la boulangerie, la vinification et la production de bière) et on sait qu'elle se dégrade au cours de la pasteurisation de la bière, compte tenu des températures et des périodes de temps utilisées pendant la pasteurisation. Si la LDH est présente dans le produit final de la bière, l'acide gastrique de l'estomac a un pH compris entre 1,5 et 3,5 diminuera l'activité enzymatique de la LDH en raison du faible pH. Des études dans la littérature soutiennent cet argument. Par exemple, Vallee et Williams (1975)Note de bas de page 4 ont étudié la LDH de la viande de bœuf et ont déterminé qu'à un pH de 2,0 ou 3,0, la B4 LDH de la viande de bœuf perdait son activité enzymatique dans les 15 secondes suivant l'exposition.
Sur la base de ces informations, le Bureau d'Innocuité des produits chimiques (BIPC) n'a identifié aucun problème d'innocuité chimique des aliments lié aux utilisations proposées de Sourvisiae®.
Toxicologie
Le requérant n'a pas fourni les résultats des tests toxicologiques pour la LDH produite à partir de la souche M16141 de S. cerevisiae (Sourvisiae®). Au lieu de cela, le requérant a fourni une rationnelle pour étayer l'innocuité de Sourvisiae®. Cette rationnelle se fonde sur l'historique de l'utilisation sécuritaire en tant qu’aliments des souches de S. cerevisiae, sur l'innocuité démontrée de la modification génétique utilisée pour créer le micro-organisme de production et sur les analyses de séquençage du génome entier (SGE). Le BDM a confirmé que le micro-organisme de production, Sourvisiae®, est sécuritaire pour une utilisation alimentaire du point de vue de l'innocuité moléculaire et microbiologique. L'évaluation toxicologique s'est donc concentrée sur l'historique d’utilisation de la souche parentale (S. cerevisiae non génétiquement modifiée) et de la souche donneuse (Rhizopus oryzae) comme source de la séquence codante pour la LDH.
La LDH est naturellement présente dans les aliments (par exemple, certains fruits et légumes (avocat, poire, laitue et fraise), la viande (bœuf et poulet) et les aliments fermentés) et se trouve dans la plupart des cellules du corps humain à de faibles niveaux.
S. cerevisiae bénéficie d'une présomption d'innocuité reconnue (QPS) dans l'Union européenne.Note de bas de page 5 Comme indiqué précédemment, la souche parentale utilisée pour construire le micro-organisme de production est une souche commerciale de levure brassicole utilisée dans l'industrie brassicole depuis plus de 20 ans. Les levures utilisées dans la production alimentaire, en particulier la levure de boulangerie ou brassicole, comptent parmi les micro-organismes les plus sécuritaires. Les souches de S. cerevisiae sont approuvées au Canada comme micro-organismes de production pour d'autres enzymes alimentairesNote de bas de page 6, à savoir l'alpha-amylase, la glucose oxydase et la lipase, tandis que les espèces de Saccharomyces sont approuvées pour l'invertase et la lactase.
R. oryzae n'est pas connue pour produire des mycotoxines ou d'autres métabolites secondaires nocifs. Le requérant a fourni une comparaison de la séquence d'acides aminés de la LDH de R. oryzae avec des toxines protéiques connues dans la base de données UniProtKB (17 mai 2023). Aucune correspondance significative n'a été trouvée. Le requérant a conclu que la LDH de R. oryzae ne partage pas de similarité de séquence significative avec des toxines connues et la Section d'évaluation toxicologique préalable à la mise en marché (SETPMM) convient qu'il ne semble pas y avoir de similarité avec des toxines protéiques connues. Ces informations confortent la conclusion selon laquelle la LDH de R. oryzae ne pose aucun problème d'innocuité.
Sur la base de ces informations, la SETPMM n'a identifié aucun problème d'innocuité toxicologique des aliments lié aux utilisations proposées de Sourvisiae®.
Allergénicité
Pour évaluer l'allergénicité potentielle de la protéine LDH de R. oryzae, le requérant a réalisé des analyses bioinformatiques. En utilisant la version 21 (23 février 2023)Note de bas de page 7 et la version 22 (1er août 2023)Note de bas de page 8 de la base de données www.AllergenOnline.org et en suivant les lignes directrices de l'OMS/FAO (2020)Note de bas de page 9, aucune correspondance pertinente n'a été trouvée. Par conséquent, il est peu probable que la protéine LDH de la souche M16141 de S. cerevisiae déclenche une réaction croisée avec des allergènes connus.
Une recherche bibliographique effectuée par le requérant n'a pas permis d'identifier de rapports d'allergénicité associés à la protéine LDH. Les consommateurs ont l'habitude d'être faiblement exposés à l'enzyme LDH dans les aliments, car elle est naturellement présente en faibles quantités dans certains fruits et légumes (avocats, poires, laitues et fraises), dans la viande (bœuf et poulet) et dans les aliments fermentés. Par conséquent, les humains sont couramment exposés à de faibles niveaux de LDH par le biais de la consommation d'aliments sans qu'aucune réaction allergique n'ait été signalée.
Sur la base de ces informations, la SETPMM n'a identifié aucun problème d'innocuité des aliments lié aux utilisations proposées de Sourvisiae®.
Conclusion
L'examen réalisé par Santé Canada des informations présentées à l'appui de l'utilisation de Sourvisiae® ne soulève pas de préoccupations liées à l'innocuité des aliments.
L'avis de Santé Canada ne porte que sur l'utilisation alimentaire de Sourvisiae®.
Ce document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis concernant le produit en question fournie à la Direction des aliments et de la nutrition, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'examen approfondi des renseignements soumis par le requérant conformément aux Lignes directrices sur l’évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.
Pour plus d'informations, veuillez contacter
Section des aliments nouveaux
Direction des aliments et de la nutrition
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, PL2204A1
251 Promenade Frederick Banting
Ottawa, Ontario K1A 0K9
bmh-bdm@hc-sc.gc.ca
Notes de bas de page
- Note de bas de page 1
-
Stanbury, P.F., Whitaker, A., et Hall, S.J. 2017. Une introduction aux processus de fermentation (chapitre 1) ; Cinétique de la croissance microbienne (chapitre 2). In : Principes de la technologie de la fermentation, 3e édition. Amsterdam, Pays-Bas / New York (NY) : Elsevier, Butterworth-Heinemann, pp. 1-20, 21-74. DOI:10.1016/B978- 0-08-099953-1.00001-6.
- Note de bas de page 2
-
de Llanos, R., Fernández-Espinar, M.T., et Querol, A. 2006. A comparison of clinical and food Saccharomyces cerevisiae Isolates on the Basis of Potential Virulence Factors (Comparaison d'isolats cliniques et alimentaires de Saccharomyces cerevisiae sur la base de facteurs de virulence potentiels). Antonie van Leeuwenhoek, 90(3) : pp. 221-231.
- Note de bas de page 3
-
Samaranayake, Y.H., et Samaranayake, L.P. 1994. Candida krusei : biologie, épidémiologie, pathogénicité et manifestations cliniques d'un pathogène émergent. Journal of medical microbiology, 41(5) : pp. 295-310.
- Note de bas de page 4
-
Vallée, R.B., et Williams, R.C. 1975. The two-step reversible denaturation of lactate dehydrogenase at low pH. Biochemistry, 14(12) : pp. 2574-2580.
- Note de bas de page 5
-
Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). 2007. Introduction d'une approche d’innocuité reconnue (QPS) pour l'évaluation d'une sélection de micro-organismes soumis à l'EFSA - Avis du comité scientifique : Introduction d'une approche de présomption qualifiée d'innocuité pour l'évaluation de certains micro-organismes soumis à l'EFSA - Avis du comité scientifique. EFSA Journal, 5(12) : pp. 587. https://doi.org/10.2903/j.efsa.2007.587
- Note de bas de page 6
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Liste des enzymes alimentaires autorisées https://www.canada.ca/en/health-canada/services/food-nutrition/food-safety/food-additives/lists-permitted/5-enzymes.html
- Note de bas de page 7
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Recherche de correspondances de séquences d'acides aminés complètes et de correspondances dans des fenêtres progressives de 80 acides aminés (fenêtre glissante > 35 % d'identité avec des allergènes connus).
- Note de bas de page 8
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Recherche des correspondances exactes pour 8 acides aminés.
- Note de bas de page 9
-
Organisation mondiale de la santé et Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (OMS/FAO). 2020. Principes et méthodes d'évaluation des risques liés à la présence de produits chimiques dans les aliments. Principes relatifs à des groupes spécifiques de substances, chapitre 9, section 9.1.4.2 Enzymes (deuxième édition). Disponible à l'adresse suivante : https://www.who.int/docs/default-source/food-safety/publications/section9-1-4-2-enzymes.pdf?sfvrsn=e238e86e_2.