Foire aux questions concernant l'irradiation des aliments

L'irradiation des aliments a vu le jour aux États-Unis et au Royaume-Uni au début des années '60. Bien qu'il s'agisse de l'une des technologies alimentaires ayant fait l'objet d'études les plus nombreuses au monde, les renseignements sur l'irradiation des aliments n'ont pas été communiqués de façon adéquate au public en général, principalement à cause de la complexité du sujet. Le but de ces questions et réponses est de fournir quelques faits de base sur ce processus.

1. Qu'est-ce que l'irradiation des aliments?

L'irradiation des aliments est une méthode qui permet de conserver les aliments en utilisant un genre d'énergie de rayonnement. Il s'agit d'une des nombreuses techniques que peuvent employer les producteurs pour conserver la qualité des aliments avant leur distribution aux épiceries. Parmi les autres techniques figurent la cuisson ou le chauffage, la mise en conserve, les traitements chimiques et la pasteurisation à la vapeur. L'irradiation des aliments peut être aussi combinée avec ces techniques.

2. Pourquoi irradier les aliments et comment l'irradiation les protège-t-elle?

L'irradiation est utilisée dans la transformation des aliments pour plusieurs raisons :

  • Pour prévenir l'intoxication alimentaire : en diminuant le niveau de bactéries nocives telles que le E. coli O157:H7, les salmonelles et campylobactéries, et les parasites qui provoquent des intoxications alimentaires.
  • Pour prévenir la détérioration des aliments : en réduisant le degré de biocontamination des aliments par la suppression des bactéries, moisissures et levures qui causent la détérioration des aliments et par le contrôle des insectes et de l'infestation parasitaire.
  • Pour augmenter la durée de conservation : en ralentissant le mûrissement ou la germination des fruits et des légumes frais, ce qui augmente la durée de conservation de ces aliments.

3. Quelle intensité d'irradiation utilise-t-on?

La quantité de rayonnement utilisée ou nécessaire pour une application particulière varie selon l'aliment et de la raison de l'irradiation. Ordinairement, pour augmenter la durée de conservation ou pour prévenir la détérioration, une faible dose d'irradiation suffit, soit seulement 1 kiloGray (kGy) d'énergie absorbée. Pour empêcher l'intoxication alimentaire, la dose à appliquer dépend du type de bactérie visée et du type d'aliment. Une dose absorbée pouvant atteindre les 3 kGy est habituellement suffisante pour supprimer la salmonelle du poulet frais. En général, il faut des niveaux plus élevés de rayonnement pour détruire les parasites et les insectes. Les virus, dans la plupart des cas, ne sont pas détruits par les niveaux d'irradiation qui conviennent aux aliments.

4. Les aliments irradiés deviennent-ils radioactifs?

Non. Les aliments irradiés ne deviennent pas radioactifs. Au cours de l'irradiation, les aliments ne sont jamais en contact avec la source radioactive. En outre, le Règlement sur les aliments et drogues précise les limites supérieures des niveaux de rayonnement de la source utilisée pour le traitement des aliments. Aucune énergie radioactive (ondes) ne demeure dans les aliments après le traitement.

5. Trouve-t-on des aliments irradiés sur le marché canadien à l'heure actuelle?

À ce jour, Santé Canada a examiné et approuvé en vue de leur irradiation les produits suivants : pommes de terre, oignons, blé, farine, farine de blé entier, épices entières ou moulues et les assaisonnements déshydratés. À l'heure actuelle, l'emploi de la technologie n'est pas très répandu au Canada. Jusqu'à présent, son emploi porte principalement sur les épices.

6. L'irradiation de ces aliments est-elle obligatoire?

Non. Le règlement autorise l'irradiation de ces aliments et donne aux producteurs d'aliments la latitude de l'employer ou non. L'irradiation n'est pas obligatoire.

7. L'irradiation des aliments peut-elle être nocive pour le consommateur?

Des organismes internationaux tels que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO),

reconnaissent le processus d'irradiation comme étant un moyen sûr de réduire les niveaux d'organismes qui provoquent des intoxications alimentaires et des maladies dans les aliments. L'irradiation diminue la présence de ces organismes nocifs dans les aliments achetés par le consommateur et conserve la valeur nutritive et la salubrité des aliments consommés.

8. Comment les aliments sont-ils irradiés?

Au cours du processus d'irradiation, les aliments sont exposés à une source énergétique ionisante. Trois différentes sources d'énergie peuvent être utilisées : les rayons gamma, les faisceaux d'électrons et les rayons X. La durée d'exposition des aliments à la source et le niveau d'énergie déterminent la dose d'irradiation. Les doses utilisées pour l'irradiation des aliments ne rendent pas ces derniers radioactifs.

9. Quels changements dans les aliments sont causés par l'irradiation?

L'irradiation entraîne des modifications chimiques mineures, semblables à celles associées à la cuisson, et certains aliments irradiés peuvent avoir un goût légèrement différent. Elle ne provoque pas de changement dans les aliments qui, du point de vue toxicologique, aurait un effet indésirable sur la santé humaine. L'irradiation des aliments, au niveaux d'énergie permis, ne diminue pas la valeur nutritive de l'aliment. Toute cellule vivante dans les aliments, y compris les bactéries potentiellement nocives, sont détruites ou altérées.

10. Est-ce que le traitement par irradiation garantit la salubrité des aliments?

Non. Rien ne garantit la salubrité des aliments, mais l'irradiation diminue considérablement la présence de bactéries et d'autres microorganismes dans les produits alimentaires. Les aliments irradiés doivent être manipulés, stockés et cuits de façon adéquate, comme tous les autres produits alimentaires. Les règles sur la manipulation sécuritaire des aliments - hygiène, emballage, entreposage et préparation adéquats - doivent être observées.

L'irradiation ne peut pas servir à traiter un aliment détérioré. Si un aliment a l'air dégradé, dégage une mauvaise odeur ou a mauvais goût avant d'être irradié, l'irradiation n'y changera rien.

11. Qui établit les normes en matière de niveaux d'irradiation?

Le Canada établit ses propres normes d'irradiation des aliments, à l'instar de plusieurs pays. Les normes canadiennes sont décrites dans le Règlement sur les aliments et drogues et consistent en une liste d'aliments qui peuvent être irradiés indiquant les doses maximales permises et d'autres exigences à observer. Santé Canada est chargé d'élaborer ce règlement et ces normes.

Le Règlement sur les aliments et drogues s'applique aux aliments mis en vente au Canada quel qu'en soit le lieu de production, et dans ce cas, le lieu de leur irradiation. Il incombe à l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) de faire observer ce règlement.

12. Comment puis-je savoir si un aliment a été irradié?

Tous les aliments irradiés doivent être étiquetés comme tels. En plus d'une description écrite, telle que « irradié », un symbole distinctif, le « Radura », doit figurer sur l'emballage afin d'indiquer que le produit a été irradié. La plupart des consommateurs ne peuvent déceler les différences au niveau de l'aspect, de l'odeur ou du goût de l'aliment.

13. Qui est chargé de réglementer l'irradiation au Canada?

Au Canada, plusieurs organismes fédéraux participent à divers aspects de la réglementation des procédés d'irradiation des aliments :

La Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada, conformément à la Loi sur les aliments et drogues, a la responsabilité d'établir les normes de salubrité des aliments vendus aux consommateurs canadiens. Ses tâches consistent à évaluer la sécurité des aliments et l'efficacité de l'irradiation des aliments, ainsi que les modifications chimiques, microbiologiques et nutritionnelles dues au traitement par irradiation, avant d'approuver toute nouvelle utilisation de ce procédé de manière à assurer la salubrité et la qualité nutritive des aliments.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) est chargée de toutes les questions d'application des règlements et de conformité concernant les aliments irradiés. Elle administre le règlement sur l'étiquetage des produits irradiés en vertu de la Loi sur les aliments et drogues et de la Loi sur l'emballage et l'étiquetage des produits de consommation.

Le Bureau de la radioprotection de Santé Canada est responsable d'enquêter, de communiquer et de réduire les risques pour la santé des Canadiens et des Canadiennes résultant de l'exposition au rayonnement ionisant et non ionisant. En particulier, il exploite un système centralisé de dossiers portant sur les doses d'irradiation en milieu professionnel de tous les travailleurs en radiation suivis au Canada. Il offre également des services (nationaux) de dosimétrie (SND) pour mesurer l'exposition personnelle et professionnelle. Le Bureau de la radioprotection utilise ces renseignements afin de contrôler l'exposition à la radiation ionisante dans le milieu de travail et d'évaluer les tendances et les données statistiques en matière de dosage.

La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) (anciennement la Commission de contrôle de l'énergie atomique), réglemente l'utilisation de l'énergie et des matériaux nucléaires, conformément aux engagements internationaux du Canada portant sur l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. La CCSN agit comme tribunal, prenant des décisions indépendantes sur l'homologation des activités nucléaires au Canada. Elle établit des règlements et les orientations politiques à cet égard sur les questions portant sur la santé, la protection, la sécurité et l'environnement.

14. Est-ce que le contrôle exercé par le Canada sur l'irradiation est aussi sévère que celui des autres pays?

Plusieurs pays, par exemple les États-Unis, les membres de l'Union européenne et l'Australie, réglementent l'irradiation des aliments de façon similaire au contrôle

canadien. Aux États-Unis, à l'heure actuelle, l'irradiation est permise pour les viandes rouges, la volaille, les fruits et légumes frais.

15. Est-ce que d'autres pays tiennent des listes d'aliments approuvés à des fins d'irradiation?

Les autorités en matière de santé et de sécurité d'au moins 39 pays ont approuvé l'irradiation de 40 aliments différents allant des épices, des céréales et du poulet désossé aux fruits et légumes. Le procédé est utilisé à des fins commerciales dans plusieurs de ces pays. Le Mexique et les États-Unis, par exemple, permettent l'irradiation d'un plus grand nombre d'aliments que le Canada, alors que l'Union européenne (UE), à ce jour, n'a autorisé, pour l'ensemble de l'Union, que l'irradiation « d'herbes aromatiques, d'épices et d'assaisonnement pour légumes déshydratés ». Les États membres de l'UE, toutefois, peuvent délivrer leur propre permis. La France est la plus permissive et les Pays-Bas ont également autorisé l'irradiation d'un certain nombre d'aliments, y compris les fruits séchés, les légumineuses à grain, les légumes déshydratés, les flocons de céréales, les herbes, les épices, les crevettes, la volaille, les cuisses de grenouille, la gomme arabique, les additifs alimentaires, les substances aromatisantes et les produits d'oeufs. Les États-Unis autorisent l'irradiation à faible dose de tous les aliments pour la désinfection contre les arthropodes et des aliments frais en général afin de prévenir la pousse et la maturation et également afin de permettre l'irradiation des préparations à base d'enzymes déshydratées, des épices et des assaisonnements secs, de la viande de volaille, des viandes congelées, des viandes réfrigérées, des oeufs frais en coquille et des graines à faire germer.

16. Est-ce que les aliments sont les seuls produits irradiés?

Non. Depuis plusieurs années, l'irradiation sert de technique de stérilisation des articles médicaux jetables et des fournitures d'hôpitaux, des matériaux d'emballage des aliments, des ingrédients de cosmétiques et d'implants articulaires.

17. Les consommateurs sont-ils prêts à acheter des aliments irradiés?

L'expérience récente aux États-Unis montre que de nombreux consommateurs sont disposés à acheter des aliments irradiés. Ceci est particulièrement vrai lorsque le but de l'irradiation est bien indiqué. Les consommateurs voient d'un bon oeil tout processus qui permet d'éliminer des microbes dangereux présents dans les aliments et de réduire le risque de maladies transmises par les aliments. En général, au moins la moitié des consommateurs achèteront les aliments irradiés, si on leur donne le choix entre l'aliment irradié et celui qui ne l'est pas. Si l'on renseigne tout d'abord les consommateurs sur ce qu'est l'irradiation et les raisons de son utilisation, environ 80 % de ceux-ci achèteront le produit dans les essais de commercialisation.

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