ARCHIVÉE - Irradiation des mangues : Résumé du processus de demande

Le 29 octobre 2002

Table des matières

A. Résumé de la situation

(a) Les demandes

Deux demandes d'irradiation de mangues ont été reçues : une pour l'utilisation d'irradiation comme traitement de désinfection (I) et l'autre pour la prolongation de la durée de conservation (II).

(b) Divisions de la Direction des aliments chargée de l'évaluation de ces demandes

La Division de l'évaluation de danger des produits chimiques, Bureau d'innocuité des produits chimiques (Division coordinatrice; évalue aussi les parties de la demande reliées à l'innocuité toxicologique à et chimique et à la dosimétrie)

Division d'évaluation, Bureau des dangers microbiens (évalue les aspects de l'efficacité et l'innocuité microbienne)

Division de l'évaluation de la nutrition, Bureau des sciences de la nutrition (évalue les effets nutritionels)

B. Résumé d'évaluation

(a) But, source de radiation et dose (absorbée)

i. Le but particulier de l'irradiation dans la première demande est la désinfestation, spécialement, pour contrôler les mouches du vinaigre. La source d'irradiation proposée est le Cobalt-60. La dose minimale pour ce traitement est de 0,15 kGy et la dose maximale est de 0,30 à 0,45 kGy, selon le type d'irradiateur employé (palette ou balancelle, respectivement).1

Un autre but de l'irradiation est de contrôler le bruche de mangues, auquel cas, la dose minimale est de 0,30 kGy et les doses maximales sont de 0,60 à 0,90, respectivement (voir note no 2 en bas de page). Pour la désinfestation commerciale, par conséquent, la plage proposée par le requérant est de 0,15 kGy à 1,0 kGy. Le requérant doit, dans ce cas, harmoniser le règlement canadien avec celui des États-Unis, puisque « c'est principalement pour protéger leurs intérêts agricoles que cette fumigation est effectuée. »2 Le requérant allègue que, en fait, le principe d'une telle harmonisation a déjà été reconnu par le Canada grâce à la signature du document de l'Organisation nordaméricaine pour la protection des plantes sur l'irradiation comme procédure de certification phytosanitaire.

ii. La deuxième demande est basée sur la demande d'autorisation « de prolonger la durée de conservation des mangues, pour permettre l'importation et la commercialisation de mangues de bonne qualité des pays tropicaux à la satisfaction des consommateurs canadiens. » La source d'irradiation est le Cobalt-60. La plage de doses demandée est de 0,25 kGy à 1,5 kGy pour prendre en considération les mangues de diverses variétés et de différents types d'irradiateur (qui ont différents rapports d'uniformité des doses).

(b) Efficacité

i. Le personnel microbiologiste considère que la dose minimale efficace absorbée proposée pour la désinfestation est conforme aux renseignements publiés dans la littérature scientifique, et qu'il y a une absence générale de conséquences négatives à ce niveau de dose. En conséquence, il n'y avait pas d'inquiétude concernant la microbiologie quant à la requête pour la désinfestation des mangues.

ii. Pour la prolongation de la durée de conservation, la dose requise dépend de la variété, du lieu de récolte et des conditions météorologiques. Les évaluateurs ont remarqué qu'il n'y avait ni renseignements qui justifieraient le niveau de dose choisi pour chaque variété de fruit, ni preuve que le niveau d'irradiation appliqué est à la fois nécessaire et efficace pour atteindre les buts indiqués de prolongation de la durée de conservation. Néanmoins, dans les meilleures circonstances, il semble qu'on peut obtenir une modeste prolongation de la durée de conservation de six à sept jours. Dans la pratique, la prolongation sera probablement moindre, compte tenu du stress actuel du transport international et d'autres facteurs comme la variété, la croissance, les conditions de récolte, etc. Ainsi, il y a des facteurs potentiels qui pourraient atténuer la prolongation de la durée de conservation notée de se réaliser dans tout les cas.

(c) Dosimétrie

Deux références ont été citées par le requérant comme étant des sources pour les pratiques de dosimétrie standard dans le commerce ordinaire :

  1. Commission du Codex Alimentarius. 1984. Norme générale Codex pour les aliments irradiés et Code recommandé de pratiques pour l'exploitation des installations d'irradiation utilisées pour le traitement des aliments.3
  2. Groupe consultatif international sur l'irradiation des aliments. 1988. Directives provisoires pour l'irradiation des bananes, des papayes et des mangues pour la prolongation de la durée de conservation. ICGFI Document No. 1988-05-19.

Même si le Code de Pratiques recommandé se réfère à la dosimétrie, il y a peu de détails sur la manière d'entreprendre cette dosimétrie. Il ne s'agit pas d'une lacune critique dans la demande; des directives convenables et une méthodologie ont été publiées par l'American Society for Testing Materials, nommément, ASTM Designation E 1204-87 (Standard Practice for Application of Dosimetry in the Characterization and Operation of a Gamma Irradiation Facility for Food Processing; 1987 - Pratique normalisée pour les applications de dosimétrie dans la caractérisation et l'exploitation des installations d'irradiation gamma pour le traitement des aliments -(Traduction libre)), ASTM Designation E 1261-88 (Standard Guide for Selection and Application of Dosimetry Systems for Radiation Processing of Food; 1988) - Guide normalisé pour le choix et l'application des systèmes de dosimétrie pour l'irradiation des aliments - (Traduction libre), ASTM Designation E 1431-91 (Standard Practice for Dosimetry and Bremsstralung Irradiation Facilities for Food Processing; 1991) - Pratique normalisée pour la dosimétrie et les installations d'irradiation Bremsstralung pour le traitement des aliments (Traduction libre). Ces dernières publications ont été citées dans une autre demande d'irradiation du requérant.

Comme pour une autre de ses demandes, le requérant a préparé un rapport détaillé d'une étude sur l'efficacité d'irradiation de mangue effectuée en Thaïlande. La première étape portait sur une étude permettant de déterminer la répartition des doses, dont le but final est de déterminer l'emplacement de la dose maximale et de la dose minimale. La dosimétrie a été effectuée sur le véhicule d'un produit réel, 4 le véhicule étant précédé et suivi par le véhicule d'un produit fictif. Des emplacements en nombre suffisant du dosimètre (163) ont été employés pour déterminer la répartition de dose absorbée. Voici les résultats de la dosimétrie :

Système de dosimétrie Dmax
(kGy)
Dmin
(kGy)
RUD5
(Dmax/Dmin)
Ceric-Cerous6 0,81 0,49 1,65
OptiChromic7 0,73 0,46 1,59
GammaChrome (Canada) 0,61 0,37 1,65
GammaChrome (Thaïlande) 0,82 0,49 1,67

La dose minimale absorbée, mesurée par les dosimètres Ceric-Cerous et GammaChrome YR pour la détermination des doses, était de 0.49 kGy. La dose maximale absorbée était de 0.82 kGy et le rapport d'uniformité des doses était par conséquent calculé pour être de 1,67.

L'essai no 1 d'efficacité des mangues a été effectué le 29 mars 1990. Le produit a rempli quatre véhicules précédés et suivie par un véhicule rempli de produit fictif. Des dosimètres GammaChrome YR (52) ont été placés dans des emplacements prédéterminés de dose maximale et de dose minimale.

L'essai no 2 d'efficacité des mangues a été effectué le 17 mai 1990. Un total de 31 dosimètres GammaChrome YR ont alors été utilisés.

La dose minimale, la dose maximale et le rapport d'uniformité des doses ont atteint une moyenne de 0,49 kGy, 0,77 kGy et 1,58, respectivement pour tous les véhicules de l'essai no 1.

La dose minimale, la dose maximale et le rapport d'uniformité des doses ont atteint une moyenne de 0,48 kGy, 0,75 kGy et 1,56, respectivement pour tous les véhicules de l'essai no 2.

Le travail de dosimétrie entrepris par les requérants au Canada et en Thaïlande a été considéré comme étant acceptable.

(d) Modification des caractéristiques chimiques, physiques et microbiologiques

Le requérant a fourni une analyse documentaire intitulée Chemical Aspects of Irradiated Mangues (Aspects chimiques des mangues irradiées), effectuée par un conseiller. L'analyse était accompagnée de photocopies de toutes les références citées dans son texte.

Pour les modifications physiques, la plus importante qui ait été remarquée est que les doses supérieures à celles qui sont requises pour retarder le mûrissement (prolongation de la durée de conservation) peuvent entraîner l'ébouillantage (brunissement de la surface ou taches brunes) de la pelure (peau) de la mangue. Les doses optimales dépendent de la variété et, selon le Tableau 2 de l'analyse du conseiller, elles semblent varier de 0,25 à 0,75 kGy pour la prolongation de la durée de conservation (les rapports examinés englobent 12 variétés). D'après le travail entrepris sur les variétés Haden, Keitt et Tommy Atkins, les défauts physiques semblent minimes jusqu'à la dose moyenne cumulative totale absorbée de 0,60 kGy (maximum d'environ 1,0 kGy, pour un rapport d'uniformité des doses de 1,2). Dans ce travail, effectué par deux groupes de recherche séparés, on a examiné le pourcentage d'échaudure, « Index d'échaudure » ainsi que deux autres défauts physiques appelés « assombrissement de la chair » et « poches creuses. » Même si le requérant a demandé une dose maximale de 1,5 kGy dans la présente requête, la possibilité d'observer ces défauts peut en fait limiter à 1,0 kGy ou moins la dose maximale qui peut être appliquée. Il faut noter que la dose maximale observée dans les deux essais entrepris dans l'étude de faisabilité présentée dans le cadre de cette demande était de 0,75 kGy environ.

Quant aux aspects organoleptiques, dans les études où on a examiné la qualité des mangues irradiées comparées aux contrôles au même stade de mûrissement, dans les plages de doses particulièrement mentionnées dans cette demande, les résultats ne sont pas remarquables. L'irradiation ne semble pas compromettre les qualités organoleptiques des mangues. Des études entreprises pour évaluer l'acceptabilité des mangues irradiées sous différentes atmosphères suggèrent d'utiliser l'azote, plutôt que l'air ou le dioxyde de carbone (l'air était quand même supérieur au dioxyde de carbone).

Composition

Une étude globale sur la composition des mangues (et d'autres fruits des régions subtropicales) avant et après une irradiation gamma a été publiée en 1979 par Marguerite Beyers et al.8 Essentiellement, ces auteurs concluent que les différences de cultivars, les variations saisonnières, la méthode d'analyse des mangues et l'analyste intéressé ont une plus grande influence que l'irradiation sur les résultats signalés pour l'analyse des mangues. L'analyse de quatre variétés de mangue (Kent, Zill, Haden, Peach) , même s'il y avait des différences importantes (P=0,01) de teneur en eau entre les mangues Kent irradiées et non irradiées (80,11 % contre 81,85 %, respectivement), et l'acidité des Zill traitées et non traitées (0,46 % et 0,47 %, respectivement) et des Peach (0,46 % et 0,41 %, respectivement), il n'y avait aucune différence importante dans les concentrations des autres composantes (gras, cendre, protéine, amidon, sucre, carotène, acide ascorbique, riboflavine, niacine, thiamine, calcium, phosphore, fer, sodium et potassium) des quatre autres cultivars de mangue étudiés. Les auteurs ont conclu que les modifications causées par l'irradiation gamma ne sont pas importantes et que, dans la mesure où aucun changement nuisible n'a été constaté dans les vitamines radiosensibles, la valeur nutritive des fruits n'est pas affectée.

Un deuxième document dans cette série a également été publié en 1979 par C. Newton Blakesley et al.9 Il traite des composants volatils, des lipides et des aminoacides des mangues et autres fruits des régions subtropicales, avant et après l'irradiation gamma. Des mangues ont été irradiées à 0,75 kGy. La pulpe des fruits a été extraite avec un dichlorodifluoroéthane (Fréon 12). Les volatils ont été analysés par une chromatographie gaz-liquide (GLPC) en utilisant des colonnes capillaires et un détecteur à ionisation de flamme. Trois extractions répétées à la fois des exemples irradiés et des échantillons de contrôle ont été préparées, et quatre à six chromatogrammes répétés ont été effectués à chaque extraction. Des chromatogrammes composites de chaque échantillon ont alors été réalisés et 137 pointes ont été notées. Les profils généraux des mangues irradiées et non irradiées sont semblables. En effectuant une analyse pointe par pointe de la variance, le requérant n'a trouvé aucune différence importante dans les profils. À l'exception d'acide linoléique (29,3 %p10 pour les mangues non irradiées contre 26,7 % pour les mangues irradiées), il n'y avait pas de différence importante dans la composition des acides gras entre les mangues irradiées et les mangues non irradiées au même degré de mûrissement.11 À l'exception de l'arginine déterminée comme amino-acide total, on n'a pas détecté de différence importante entre les compositions d'amino-acide libre et d'amino-acide hydrolysé des mangues après l'irradiation. Même si on a signalé des niveaux d'arginine libre plus élevés dans les mangues non irradiées que dans les mangues irradiées, les niveaux d'arginine totale dans les groupes témoins et les groupes d'essai étaient analogues. On n'a pas pu déterminer de tryptophane.

Dans l'examen du conseiller, on indique que les études sur la radiolyse des solutions aqueuses des sucres sont pertinentes pour comprendre les effets de rayonnement sur les fruits. Parmi les produits présentés dans ces études, le peroxyde d'hydrogène, les composés carbonylés-"$ et le malondialdéhyde sont potentiellement toxiques. Il s'est avéré que la toxicité du peroxyde d'hydrogène était due à la production de radicaux hydroxyles. Dans des solutions de sucre concentrées, cependant, ces derniers sont récupérés par les sucres pour former des composés carbonylés- "$ (dans des solutions à l'air libre). Même s'ils sont toxiques dans des études in vitro, ils ne le sont pas in vivo et on a signalé qu'ils manifestent une toxicité réduite pour les mammifères. Le malondialdehyde est formé dans les systèmes oxygénés de pH alcalin et son effet baisse à mesure que le pH baisse. Pour ces raisons, ces composés ne sont pas considérés comme étant problématiques.

Le conseiller a fait des observations et présenté des références sur les sucres (contenu total) et les amidons, les pectines (désestérification), et les effets de l'irradiation sur l'acidité et le pH. Ces références ont été notées mais elles ne sont pas vraiment reliées à une évaluation de la sécurité.

Un document préparé par Aboul-Enein et al.12 mérite quelques observations, puisqu'il examine des volatils avec plus de détails que les documents sur le sujet mentionnés plus haut. Ces ouvriers ont irradié, à des doses de 0; 0,25; 0,50; 1,0 et 2,0 kGy, plusieurs lots de mangues de variété Ewais au stade vert mûrissant. À différentes périodes d'entreposage, la vapeur au cours du homogénéisat a été directement soumise à une analyse GLPC (chromatographie de partage gaz-liquide). Une séparation GLPC de volatils des mangues a révélé la présence de 20 composés, dont 16 ont été identifiés. Dans les contrôles des mangues non irradiées, la plupart de ces volatils ont été perdus pendant le mûrissement. Ce n'était pas le cas dans les échantillons irradiés. La majorité des composés observés dans le fruit non mûr ont subsisté dans le fruit mûr. Les cisocimene, myrcene et limonene, principaux volatils dans les mangues, ont augmenté pendant le mûrissement dans les contrôles des mangues non irradiées. Généralement, l'irradiation au stade mûr à 1,0 kGy entraînait des quantités réduites de ces volatils, à la fois à la maturité et au stade de mûrissement. Peut-être est-ce une indication, ou plutôt une confirmation que l'irradiation retarde le processus de mûrissement. Il est intéressant de noter que 12 des 16 composés identifiés, y compris le myrcène et le limonène, sont des matières aromatiques reconnues par le Conseil de l'Europe13, et l'un d'eux (cis-ocimene) est une composante de l'épice bien connue, le basilic (lui-même reconnu comme arôme par le Conseil de l'Europe).

Le conseiller a fourni des données sur la vitamine C et les caroténoïdes (vitamine A). On a également mentionné la riboflavine, la thiamine et la niacine. Ces mêmes données ont été doublées dans une révision nutritionnelle séparée fournie par le conseiller. Les données ont été évaluées d'un point de vue nutritionnel, plutôt que chimique, par le personnel nutritionniste.

On considère que les données fournies sur les caractéristiques chimiques et physiques des mangues irradiées sont convenables. Les données sur les caractéristiques microbiologiques ne sont pas pertinentes dans cette demande. Les aspects de désinfestation de cette demande, examinés par le personnel microbiologistes, sont traités dans la Section (b) ci-dessus. Les aspects nutritionnels ont été évalués par le personnel nutritionnel. Ils sont traités dans la Section (e) ci-dessous.

(e) Emballage

Pour les matières particulières d'emballage pouvant être utilisées sur les aliments offerts en vente au Canada, des lettres d'opinion sont offertes sur demande aux fabricants de matières d'emballage, sur présentation des données techniques appropriées, comprenant les données d'extraction. La même procédure volontaire est appliquée dans le cas des matières destinées à emballer les aliments à irradier. Dans tous les cas, les lettres d'opinion prennent en considération les exigences de la Section B.23.001 du Règlement, qui stipulent que « Personne ne doit vendre des aliments dans un emballage qui risquerait de produire dans le contenu des substances pouvant nuire à la santé du consommateur. »

(f) Aspects nutritionnels

Le requérant a présenté deux éléments concernant les aspects nutritionnels de l'irradiation gamma des mangues. Il s'agissait d'une analyse documentaire faite par le conseiller du requérant et intitulée Aspects nutritionnels des mangues irradiées : Révision avec des copies de référence, et une étude efficace intitulée Étude de faisabilité des effets de l'irradiation gamma sur les mangues de Thaïlande (Variété Nahng Glahng Wahn), Version définitive, mars 1992. Le dernier rapport a été basé sur une étude effectuée au Canada et en Thaïlande, sur trois organisations.14 Des rapports antérieurs séparés pour les résultats du Canada et de la Thaïlande ont également été présentés, mais ils ne fournissent aucun renseignement. L'analyse documentaire et l'étude de faisabilité ont été examinées.

Les nutriments que contiennent les mangues en quantité importante sont les sucres, la vitamine A (comme le carotène- bêta) et la vitamine C. Même si on a effectué un assez grand nombre d'études pour tester les effets de l'irradiation sur la composition des nutriments de la mangue, la plupart de ces études comportent des limitations qui les rendent peu fiables. Il s'agit, entre autres, de l'étude de faisabilité faite par les requérants. La seule étude de bonne qualité est celle de Marguerite Beyerset al. (1979), mentionnée à l'article (d). Les résultats de cette étude, et la direction générale des résultats trouvés dans d'autres études, ont indiqué que les modifications des niveaux de carotène et de vitamine C, affectés par l'irradiation, aux doses à employer pour ce fruit sont inférieures à la variation normale de ces nutriments dans les mangues influencées par le cultivar, la saison, la méthode d'analyse, et le changement de l'analyste et, par conséquent, sans importance nutritive. Par ailleurs, même si la disponibilité commerciale des mangues semble avoir augmenté au cours des dernières années, il n'en reste pas moins qu'on n'en consomme pas couramment au Canada. Même si la conservation de la qualité nutritionnelle des aliments doit être un but de toutes les manipulations et de tous les traitements des aliments, dans le cas des mangues, toute conséquence d'irradiation sur les vitamines A (carotène bêta) et C disponibles dans les aliments aurait des effets nutritionnels très réduits. Quant au sucre, de nombreuses études ont prouvé que les polynutriments des aliments (lipides, protéines et glucides) sont peu affectés par l'irradiation.

(g) Études toxicologiques

En entreprenant une évaluation de salubrité des mangues irradiées, le personnel toxicologique a considéré les études suivantes, fournies avec les demandes :

  1. Effets des doses réduites d'irradiation gamma sur la salubrité des mangues (Mangifera indica) déterminés par des études d'alimentation à court terme en utilisant des rats (Horton, G.M.J., 1976. Brit. J. Nutr. 35:67-75. Faculté de sciences vétérinaires de l'université de Prétoria)
  2. Études toxicologiques sur des rats nourris à un régime contenant 15 % de mangues Kent irradiées : étude de 90 jours (WARF Institute, Inc., Madison, Wisconsin, USA. Study Nr. T-701, 16 janvier 1978)
  3. Études de toxicologie sur des rats nourris à un régime contenant 15 % de mangues Kent irradiées. Étude de deux ans sur l'alimentation (Raltech Scientific Services (formerly, WARF Institute, Inc.), Madison, Wisconsin, Étude no T-604, 1er juin 1980)
  4. Études de toxicologie sur des rats nourris à un régime contenant 15 % de mangues Kent irradiées. Études sur la reproduction (Raltech Scientific Services (formerly WARF Institute, Inc.), Madison, Wisconsin. Study No. T-605, 17 janvier 1978)
  5. Études de toxicologie sur des rats nourris à un régime contenant 15 % de mangues Kent irradiées, Étude sur la tératologie (Raltech Scientific, Inc. (formerly, WARF Institute, Inc.) Madison, Wisconsin, USA. Étude no T-605, 17 janvier 1978)
  6. Étude de mutagénicité In vivo sur des hamsters chinois nourris aux mangues irradiées (Institute of Biochemistry, Federal Research Center for Nutrition, Karlsruhe, Germany. - Institut de biochimie, Centre fédéral de recherche sur la nutrition (Traduction libre. Séries de rapports techniques IFIP-R64, novembre 1982).
  7. Études de létalité dominante sur des rats nourris à un régime contenant 15 % de mangues Kent irradiées (Raltech Scientific Services, Madison, Wisconsin, USA. No et date de l'étude inconnus.)

Voici des extraits de l'examen toxicologique comprenant des observations et des recommandations générales du personnel toxicologiste :

Chaque étude présentée dans ce rapport (publiée ou non dans les journaux scientifiques) a été effectuée avant l'introduction des bonnes pratiques de laboratoires (BPL). À l'exception de l'étude de tératologie, dans laquelle des données individuelles et sommaires pour les poids maternels pendant la gestation n'ont pas été fournies, les autres études ont été convenablement conçues, effectuées et communiquées. Les données de poids maternel dans les études de tératologie ne sont importantes pour l'interprétation des résultats que si des effets de développement nuisibles sont constatés (médiation maternelle potentielle). Dans cette étude particulière, aucun effet de développement nuisible n'a été signalé.

Les résultats d'études subchroniques (28 jours et 90 jours) et chronique (deux ans) sur des rats ont montré que la consommation des régimes contenant 15 % de mangues irradiées (0,75-0,8 kGy) pour des périodes étendues, y compris l'exposition in uteroe, n'a pas eu d'effet nuisible sur les paramètres considérés comme l'état général de santé, la mortalité, le gain de poids, l'hématologie, la chimie clinique, l'examen des urines et les poids d'organe. Les autopsies et les examens microscopiques d'échantillons des organes et des tissus principaux n'ont révélé aucune augmentation dans l'incidence des lésions non néoplasiques ou néoplasiques.

La consommation continue d'un régime contenant 15 % de mangues irradiées (0,80 kGy) pour une ou deux générations consécutives (chaque génération produisant une à trois portées) n'a pas eu d'effet nuisible dans l'état général de santé, la performance de reproduction et le développement prénatal ou postnatal sur les rats.

Il n'y a pas eu de mutation de létalité dominante, telle qu'elle est déterminée par les pertes pré-implantation ou post-implantation, chez les rats quand les mâles étaient exposés au régime de 15 % de manques irradiées (0,8 kGy) in utero et durant toute la période de maturation sexuelle (allant jusqu'à 12 semaines d'âge) avant l'accouplement.

Aucune aberration chromosomique, telle qu'elle est déterminée par le test de micronoyau et le test d'échange de chromatides soeurs, n'a été constatée dans la moelle osseuse des hamsters chinois nourris au régime de 50 % de mangues irradiées (0,8 kGy) pour quatre jours avant les tests.

L'un des grands aspects concernant la toxicité potentielle des aliments irradiés est la possibilité de formation de substances potentiellement toxiques (produits radiolytiques). Des études ont montré que les changements chimiques dans les aliments pendant l'irradiation seront les mêmes que dans les aliments de même composition (eau, glucides, protéines, lipides) s'ils sont irradiés dans des conditions similaires (dose, température, concentration en oxygène, etc.). Selon les principes généraux de la chimie des rayonnements, il est possible que les renseignements obtenus des études de toxicité d'un type d'aliment irradié soient extrapolés à un autre type d'aliment de même composition, irradié dans les mêmes conditions (Taub et al., 1976.) J. Food Sci., 41:942; Basson, 1983, dans Recent Advances in Food Irradiation (Progrès récents dans l'irradiation des aliments - Traduction libre), (Elias et Cohen, eds.), Elsevier Biomedical, The Netherlands; Elias, 1989. Food Technol., 43:81; Diehl, 1990. Safety of Irradiated Foods - Salubrité des aliments irradiés (Traduction libre), Marcel Dekker, Inc. N.Y.; Giddings, 1992, in "Food Safety Assessment" (Évaluation de la salubrité des aliments - Traduction libre - (Finley et al., eds.), American Chem. Soc.).

Les fruits sont généralement constitués d'eau et de glucides et seront, par conséquent, probablement soumis aux mêmes changements chimiques dus aux rayonnements pendant l'irradiation. Comme l'irradiation des fruits est effectuée à des doses relativement réduites, normalement dans la plage de 0,5 à 2,0 kGy, l'étendue de ces changements sera petite, par rapport aux changements induits dans d'autres méthodes de conservation des aliments, par exemple, la chaleur (Thomas et Beyers, 1979. J. Agric. Food Chem., 27:157-163). Des similitudes de composition ont été signalées entre les mangues et les fraises, à la fois avant et après l'irradiation (Basson et al., 1979. Food Chem., 4:131-142; Blakesley et al., 1979. J. Agric. Food Chem. , 27:42-48). Des résultats de nombreuses études de toxicité avec des animaux de laboratoire (souris, rats, chiens) ont montré que les fraises irradiées à des doses atteignant 3,0 kGy et servies dans des régimes à des niveaux atteignant 35 % pour des périodes courtes (90 jours) ou prolongées (2 ans) n'étaient ni toxiques, ni carcinogènes. La performance de reproduction chez les poulets n'a pas été affectée, non plus, et les tests de mutagénicité à court terme étaient négatifs. Par ailleurs, des études contrôlées sur des humains volontaires qui ont été nourris pendant 15 jours de divers aliments irradiés, y compris des fraises, n'ont révélé aucun effet délétère sur la santé des sujets (Joint FAO/IAEA/WHO Expert Committee on the

Wholesomeness of Irradiated Food - Comité spécialisé mixte FAO/IAEA/WHO sur la salubrité des aliments irradiés (Traduction libre). 1977. Rapport no 604).

On devrait noter que le requérant a demandé une autorisation pour des mangues irradiées à des doses de 0,15 à 1,5 kGy, alors que les doses appliquées dans les études présentées n'excédaient pas 0,8 kGy. En dépit de cette anomalie, les données citées plus haut et la dose d'irradiation acceptée à l'échelle internationale pour les aliments sains et qui peut atteindre 10 kGy (WHO, Wholesomeness of Irradiated Food , 1981, Série de rapports techniques 659) indiquent que la consommation de mangues irradiées à des doses proposées n'entraîneront pas de risque pour la santé du consommateur.

C. Modification proposée

Voici un nouvel article qu'on propose d'ajouter au Tableau du Titre 26 :

Article Colonne I
Aliment
Colonne II
Source permise de rayonnement ionisant
Colonne III
But du traitement
Colonne IV
Dose absorbée permise
5 Mangues Cobalt-60 Pour contrôler l'infestation par les insectes pendant l'entreposage, et prolonger la durée de conservation 0,25 - 1,5 kGy

D. Consultation

Une consultation a été entreprise auprès de la Section d'évaluation toxicologique de cette division (Division de l'évaluation de danger des produits chimiques pour la santé) ; la Division d'évaluation, Bureau des dangers microbiens; et la Division de l'évaluation de la nutrition, Bureau des sciences de la nutrition, comme on l'a mentionné plus haut.

Deuxièmement, on a demandé à l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de donner son point de vue sur les données fournies concernant l'effet des rayonnements sur les résidus de pesticides. L'étendue de la décomposition d'un pesticide dépend essentiellement de sa structure. Il est probable que certains produits de dégradation des pesticides aient des structures similaires ou identiques à ceux qui sont formés au cours d'une décomposition normale ou des voies métaboliques. En tout cas, d'après les données disponibles sur les expériences effectuées dans une solution, on estime que les résidus prévus dans les produits alimentaires irradiés sont 30 000 fois inférieurs à ceux du pesticide lui-même.

On a demandé à une importante association canadienne d'horticulture de donner son point de vue sur cette proposition. Elle en a chargé son association de commercialisation en détail. Cette dernière a déclaré que les détaillants n'ont pas d'objection contre la vente de mangues irradiées.

Les agents de la Division du lait, des fruits et des légumes de la Direction générale de la production et de l'inspection des aliments d'Agriculture et Agroalimentaire Canada n'ont exprimé aucune objection contre la procédure engagée par Santé Canada pour modifier son règlement, afin de permettre la vente de mangues irradiées au Canada.

Enfin, la Division de la protection des végétaux (DPV), Direction de la défense des végétaux d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui traite des questions de quarantaine, a également été consultée et a indiqué que, même si elle réglemente l'importation de fruits particuliers et de quelques légumes, particulièrement des cultures racines, pour empêcher l'introduction de parasites nuisibles au Canada, elle ne réglemente pas l'importation des agrumes et des fruits tropicaux comprenant les mangues. Même si, en ce temps-là, la DPV n'avait pas encore établi de position officielle sur l'utilisation de l'irradiation pour éliminer les parasites des produits végétaux, les agents de cette Division considèrent que si l'irradiation était enregistrée pour l'utilisation comme traitement de sécurité dans le contrôle des parasites sur ces fruits, la Division recommanderait son utilisation dans des cas où les parasites pourraient être effectivement contrôlés.

E. Effet interdisciplinaire

Le Bureau d'innocuité des produits chimiques a fait récemment des observations sur un document concernant l'irradiation à des fins de quarantaine, préparé par le Plant Protection and Quarantine, Animal and Plant Health Inspection Service, U.S. Department of Agriculture (USDA) intitulé The Application of Irradiation to Phytosanitary Problems, Position Discussion, Document III - L'application de l'irradiation aux problèmes phytosanitaires, Débat, Document III (Traduction libre) juillet 1995. Le Bureau d'innocuité des produits chimiques était conscient que, à l'avenir, ce document pourrait être utilisé comme référence pour préparer une norme d'irradiation de l'Organisation nord-américaine pour la protection des plantes (ONAPP). C'était à la lumière du fait que ce Bureau devait présenter des observations sur ce document, qu'on a demandé au Service de foresterie et de cultures horticoles, Section des opérations, Division de la protection des végétaux, Direction de l'hygiène vétérinaire et de la défense des végétaux, Direction générale de la production et de l'inspection des aliments, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) d'aborder certaines questions reliées à cette demande particulière (consultez la Section ci-dessus).


1 Le rapport d'uniformité des doses d'un irradiateur d'aliments sur palettes est de 3 environ et pour l'irradiateur à balancelle, de 2 environ.

2 Le rapport d'uniformité de dose pour un irradiateur palette est d'environ 3 et pour un transporteur irradiateur de type, environ 2.

3 Le Règlement des États-Unis (21 CFR 179.26) stipule une dose maximale de 1 kGy.

4 Les boîtes de mangues du véhicule étaient de 30 cm x 50 cm x 10 cm. Chaque véhicule contenait 52 boîtes. Le poids total des mangues d'un véhicule était de 234 kg. La densité du produit était de 0,30 g/cm3.

5 RUD = rapport d'uniformité des doses

6 Par suite de leur stabilité au cours d'une longue période, utilisés par le requérant comme dosimètre étalon de transfert de référence pour les mesures de dose absorbée dans la plage kGy.

7Utilisé pour obtenir des mesures de doses indépendantes.

8 Marguerite Beyers, Austin C. Thomas, et Adrian Van Tonder. 1979. (-Irradiation of Subtropical Fruits - Irradiation-( des fruits des régions subtropicales (Traduction libre). 1. Compositional Tables of Mangue, Papaya, Strawberry, and Litchi Fruits at the Edible-Ripe Stage - Tableaux de composition de mangues, de papayes, de fraises, et de litchis au stade comestible/mûr (Traduction libre). J. Agric. Food Chem., 27(1): 37-42.

9 C. Newton Blakesley, Johan G. Loots, Lourens M. du Plessis, et Gerrit de Bruyn. 1979. (-Irradiation of Subtropical Fruits (Irradiation-( des fruits des regions subtropibales) 2. Volatile Components, Lipids, and Amino Acids of Mangue, Papaya, and Strawberry Pulp - Composantes volatiles, lipides, et amino-acides de la pulpe des mangues, des papayes et des fraises (Traduction libre). J. Agric. Fd. Chem., 27(1): 42-48.

10 Selon le poids de gras.

11 L'acide linoléique ayant trois liaisons doubles et par conséquent prédisposé à l'oxydation, on pourrait s'attendre à ce qu'il se manifeste dans un système irradié.

12 A.M. Aboul-Enein, H.M. Salem et M.M. Zaharan. 1983. Effect of Gamma Irradiation on Mangue Volatiles during Ripening - Effets de l'irradiation gamma sur les volatils de mangue pendant le mûrissement. Chem. Mikrobiol. Technol. Lebensm. 8: 60-63.

13 Conseil de l'Europe. Substances aromatiques définies chimiquement, (Strasbourg : Publications du Conseil de l'Europe, 2000).

14 Council of Europe. Chemically-defined flavouring substances, (Strasbourg: Council of Europe Publishing, 2000).

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