Intoxication aux opioïdes et lésions cérébrales anoxiques au Canada : analyse descriptive des données sur l’hospitalisation

Le Canada connaît actuellement une crise de surdoses. Bien que cette crise concerne un large éventail de substances, les opioïdes jouent toujours un rôle majeur dans les méfaits et les décès recensés. En collaboration avec les bureaux provinciaux et territoriaux (PT) des coroners en chef et des médecins légistes en chef, les partenaires en santé publique et en santé des PT et les fournisseurs de données des services médicaux d’urgence, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) publie des rapports trimestriels sur les décès apparemment liés à une intoxication aux opioïdes et sur les interventions des services médicaux d’urgence pour des cas soupçonnés de surdoses d’opioïdes. L’ASPC collabore également avec Santé Canada pour déclarer les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes (surdoses) à l’aide des données administratives des hôpitaux compilées par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Lorsqu’une personne présente une intoxication aux opioïdes, sa fréquence respiratoire normale diminue, ce qui réduit le flux sanguin et l’apport d’oxygène au cerveau.Référence 1  Sans apport suffisant d’oxygène, les cellules cérébrales commencent à se détériorer rapidement, ce qui peut entraîner des lésions cérébrales anoxiques. Selon la personne, ses antécédents médicaux, le type d’opioïdes et de substances en cause, la gravité de l’intoxication et le délai de prise en charge, les lésions cérébrales anoxiques peuvent entraîner le coma ou le décès.Référence 2,Référence 3,Référence 4  Les effets des lésions cérébrales anoxiques, variables d’une personne à l’autre, peuvent comprendre la défaillance d’un organe, les lésions nerveuses, la paralysie, la perte de mémoire, la confusion mentale, la diminution des capacités motrices, la diminution des capacités physiques et cognitives, et les changements de comportement.Référence 5  Actuellement, il existe peu de données disponibles sur les lésions cérébrales anoxiques liées aux opioïdes au Canada.Référence 6,Référence 7,Référence 8

L’objectif de cette analyse est de décrire la tendance des lésions cérébrales anoxiques diagnostiquées de façon concomitante parmi les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes au Canada (à l’exclusion du Québec). Ce rapport examine le diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, c’est-à-dire un diagnostic de lésions cérébrales anoxiques établi au cours du même séjour hospitalier que pour l’intoxication aux opioïdes. Les données sont présentées pour la période comprise entre le 1er avril 2019 et le 31 mars 2020, et examinent les tendances selon la démographie des patients (âge et sexe), les caractéristiques et les résultats de l’hospitalisation (durée du séjour, soins intensifs, orientation au moment du congé d’hôpital) et le contexte de l’intoxication (substances en cause et lieu où l’intoxication s’est produite).

Définition des termes présents dans ce rapport

Intoxication aux opioïdes : méfait par intoxication aux opioïdes (surdose) résultant de l’utilisation d’opioïdes de manière intentionnelle, accidentelle ou inconnue. Les intoxications aux opioïdes peuvent impliquer des opioïdes non pharmaceutiques, des opioïdes pharmaceutiques, ou les deux. Les opioïdes pharmaceutiques désignent les opioïdes manufacturés par une société pharmaceutique et dont l’utilisation a été approuvée à des fins médicales chez les humains. Les opioïdes pharmaceutiques peuvent être obtenus sur ordonnance personnelle ou par d’autres moyens.

Lésions cérébrales anoxiques : type de lésion (ou dommage) cérébrale non traumatique causée par un manque d’apport d’oxygène au cerveau. La gravité des lésions dépend de la durée pendant laquelle le cerveau est privé d’un apport suffisant d’oxygène et peut varier d’une personne à l’autre. Dans la pratique, le terme est parfois utilisé de manière interchangeable avec « lésion cérébrale hypoxique ».

Principales conclusions

Hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques

Entre avril 2019 et mars 2020, au Canada (à l’exclusion du Québec), 4 433 hospitalisations pour intoxication aux opioïdes ont été recensées. Au total, 4,2 % (n = 187) des intoxications aux opioïdes survenues pendant cette période se sont accompagnées d’un diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques pendant le séjour des patients à l’hôpital.

Par sexe et par âge

La plupart des hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques étaient parmi les hommes (67 %). Cependant, une proportion plus équilibrée d’hommes (53 %) et de femmes (47 %) a été observée parmi les hospitalisations sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques (figure 1).

Figure 1 : Pourcentage d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes par sexe, avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 1 : Pourcentage d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes par sexe, avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 1 - Équivalent textuel
Hospitalisation pour intoxication aux opioïdes Hommes, % (N) Femmes, % (N)
Avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques 67 % (125) 33 % (62)
Sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques 53 % (2 253) 47 % (1 992)

Source des données

Base de données sur les congés des patients (BDCP), exercice 2019/2020, Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Note

L’« autre sexe » est exclu en raison du faible nombre de données. Reportez-vous à la section Limites pour de plus amples renseignements concernant les données sur le sexe et le genre dans la BDCP.

Dans l’ensemble, les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques concernaient une population plus jeune par rapport à celles sans lésion cérébrale anoxique (figure 2). Pour les hommes et les femmes présentant un diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, l’âge médian était de 36 ans. En comparaison, les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques concernaient des personnes plus âgées, avec un âge médian de 50 ans pour les femmes et de 42 ans pour les hommes.

Figure 2 : Âge médian des personnes hospitalisées pour intoxication aux opioïdes par sexe, avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 2 : Âge médian des personnes hospitalisées pour intoxication aux opioïdes par sexe, avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 2 - Équivalent textuel
Hospitalisation pour intoxication aux opioïdes Âge médian, en années, chez les hommes Âge médian, en années, chez les femmes
Avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques 36 36
Sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques 42 50

Source des données

Base de données sur les congés des patients (BDCP), exercice 2019/2020, Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Note

L’« autre sexe » est exclu en raison du faible nombre de données. Reportez-vous à la section Limites pour de plus amples renseignements concernant les données sur le sexe et le genre dans la BDCP.

Selon les caractéristiques et les résultats de l’hospitalisation

Durée de l’hospitalisation

La durée totale du séjour à l’hôpital, y compris le nombre de jours où le patient a été en soins de courte durée et a bénéficié d’un autre niveau de soins, le cas échéant, était plus longue en cas d’hospitalisation pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques. Les patients ayant présenté une intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques ont été hospitalisés pendant 20,1 jours en moyenne (médiane = 5 jours), contre 7,3 jours en moyenne (médiane = 3 jours) pour ceux qui ne présentaient pas de diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques.Note de bas de page a

Soins intensifs

L’unité de soins intensifs (USI) est un système organisé pour prodiguer des soins médicaux spécialisés aux patients qui sont gravement malades, et pour favoriser une meilleure surveillance et le maintien de leurs fonctions vitales.Référence 9 L’unité peut notamment recourir à une ventilation mécanique pour aider le patient à respirer s’il ne peut pas respirer seul. La plupart (94 %) des personnes hospitalisées pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques ont été admises en USI, contre 37 % pour celles qui ne présentaient pas de diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques.

L’état de sortie d’hôpital

L’état de sortie d’hôpital, c’est-à-dire l’endroit vers lequel le patient a été orienté à sa sortie de l’hôpital ou son état de santé à sa sortie, variait entre les hospitalisations avec et sans lésion cérébrale anoxique (figure 3). La plupart (70 %) des hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques se sont soldées par le décès des patients à l’hôpital, contre seulement 3 % pour les personnes qui ne présentaient pas de diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques. Toutefois, un pourcentage similaire d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec (20 %) ou sans (19 %) diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques se sont soldées par le transfert des patients, par exemple, dans des établissements spécialisés dans la réadaptation en milieu hospitalier, dans des établissements de soins de longue durée avec soins infirmiers 24 heures sur 24, dans des centres de santé mentale ou de traitement des dépendances, ou dans des résidences-services et des logements supervisés.

Figure 3 : Pourcentage d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes, avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques par orientation au moment du congé d’hôpital, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 3 : Pourcentage d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes, avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques par orientation au moment du congé d’hôpital, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 3 - Équivalent textuel
Hospitalisation pour intoxication aux opioïdes Retour à domicile, % (N) Transfert dans un autre établissement, % (N) Sortie contre avis médical, absence ou non-retour d’un congé temporaire, % (N) Décès à l’hôpital, % (N)
Avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques Données supprimées 20 % (38) Données supprimées 70 % (130)
Sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques 66 % (2 794) 19 % (809) 12 % (514) 3 % (129)

Source des données

Base de données sur les congés des patients (BDCP), exercice 2019/2020, Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Notes

*Les valeurs inférieures à cinq ont été supprimées conformément aux lignes directrices de l’ICIS sur la protection de la vie privée.

Substances en cause et contexte de l’intoxication

Type d’opioïde impliqué

Lors de l’examen du type d’opioïde en cause dans l’intoxication, des différences ont été observées pour les personnes ayant subi des lésions cérébrales anoxiques et celles qui n’en ont pas subi (figure 4). Dans le cas des hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, le fentanyl et ses dérivés étaient le type d’opioïde le plus souvent en cause, ces substances étant présentes dans la moitié des hospitalisations (50 %). En comparaison, le fentanyl et ses analogues étaient moins fréquents parmi les intoxications liées aux opioïdes sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, ces substances étant présentes dans 20 % seulement de ces hospitalisations. Alors que le fentanyl était plus fréquemment observé parmi les hospitalisations liées aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, d’autres types d’opioïdes étaient plus fréquents parmi les cas sans lésion cérébrale anoxique. Dans l’ensemble, dans le cas des hospitalisations pour intoxication aux opioïdes sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, les types suivants d’opioïdes étaient plus souvent impliqués : tramadol, méthadone, oxycodone, hydromorphone, morphine et codéine. Il est à noter qu’il n’a pas été possible de déterminer quelles intoxications étaient dues à des opioïdes pharmaceutiques, à des opioïdes non pharmaceutiques ou à une combinaison des deux. Plusieurs types d’opioïdes et de substances non opioïdes peuvent être concernés dans une intoxication donnée. Consultez les notes techniques et l’annexe A pour connaître la méthodologie utilisée pour déterminer les types d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes.

Figure 4 : Pourcentage de personnes hospitalisées pour intoxication aux opioïdes, avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques par type d’opioïde concerné, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 4 : Pourcentage de personnes hospitalisées pour intoxication aux opioïdes, avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques par type d’opioïde concerné, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 4 - Équivalent textuel
Hospitalisation
pour intoxication
aux opioïdes
Fentanyl†,
% (N)
Tramadol,
% (N)
Méthadone,
% (N)
Oxycodone,
% (N)
Hydromor-
phone,
% (N)
Morphine,
% (N)
Codéine†,
% (N)
Héroïne,
% (N)
Opium,
% (N)
Autre§,
% (N)
Avec diagnostic
concomitant de lésions
cérébrales anoxiques
50 % (93) Données
supprimées
5 % (9) 5 % (10) 3 % (5) 3 % (6) Données
supprimées
10 % (19) Données
supprimées
33 % (62)
Sans diagnostic
concomitant de lésions
cérébrales anoxiques
20 % (829) 3 % (115) 8 % (354) 9 % (396) 9 % (395) 7 % (285) 10 % (431) 7 % (310) ≤ 1 % (7) 36 % (1 507)

Source des données
Base de données sur les congés des patients (BDCP), exercice 2019/2020, Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Notes

  • *Les valeurs inférieures à cinq ont été supprimées conformément aux lignes directrices de l’ICIS sur la protection de la vie privée.
  • † Et ses dérivés.
  • § Comprend les autres opioïdes non classés ailleurs/autres stupéfiants synthétiques/stupéfiants non spécifiés. Consultez les notes techniques et l’annexe A pour obtenir des renseignements sur les codes de la CIM-10-CA inclus et la méthodologie
  • Plusieurs types d’opioïdes et de substances non opioïdes peuvent être concernés dans une intoxication donnée.

Intoxication à plusieurs substances impliquant des substances non opioïdes

Les intoxications aux opioïdes et à une autre substance non opioïde étaient plus fréquentes chez les personnes présentant des lésions cérébrales anoxiques. Dans l’ensemble, 45 % des hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques présentaient également une intoxication concomitante à une substance non opioïde, contre seulement un tiers (33 %) des intoxications aux opioïdes sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques.

En ce qui concerne les types spécifiques de substances non opioïdes en cause, des tendances différentes ont été observées pour les personnes avec ou sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques (figure 5). Dans l’ensemble, les intoxications concomitantes aux stimulants (par exemple, cocaïne, méthamphétamine) étaient plus fréquentes parmi les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques, par rapport à celles sans diagnostic concomitant, respectivement 36 % et 18 %. Le cannabis était également plus fréquent dans les cas d’intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques par rapport aux cas sans diagnostic concomitant (7 % contre 3 %, respectivement). L’intoxication concomitante à l’alcool était similaire pour les personnes présentant ou non des lésions cérébrales anoxiques, mais les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques présentaient un pourcentage plus élevé d’intoxications concomitantes à d’autres dépresseurs (par exemple, sédatifs et benzodiazépines). Veuillez vous reporter aux notes techniques et à l’annexe B pour connaître la méthodologie utilisée pour déterminer les intoxications concomitantes aux substances non opioïdes. Il convient de noter qu’il est possible que plusieurs substances aient pu donner lieu à des lésions cérébrales anoxiques.

Figure 5 : Pourcentage d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques par intoxication concomitante à certaines substances non opioïdes, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 5 : Pourcentage d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques par intoxication concomitante à certaines substances non opioïdes, au Canada (à l’exclusion du Québec), d’avril 2019 à mars 2020
Figure 5 - Équivalent textuel
Hospitalisation pour intoxication aux opioïdes Substances inconnues et multiples, % (N) Hallucinogènes, % (N) Stimulants du SNC†, % (N) Autres dépresseurs du SNC†, % (N) Cannabis, % (N) Alcool, % (N)
Avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques Données supprimées Données supprimées 36 % (78) 10 % (18) 7 % (13) 6 % (11)
Sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques Données supprimées Données supprimées 18 % (867) 15 % (626) 3 % (138) 7 % (294)

Source des données

Base de données sur les congés des patients (BDCP), exercice 2019/2020, Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Notes

  • *Les valeurs inférieures à cinq ont été supprimées conformément aux lignes directrices de l’ICIS sur la protection de la vie privée.
  • †SNC = système nerveux central.
  • Plusieurs types d’opioïdes et de substances non opioïdes peuvent être concernés dans une intoxication donnée. Consultez les notes techniques et l’annexe B pour obtenir des renseignements sur les codes de la CIM-10-CA inclus et la méthodologie.

Lieu de l’événement

Environ la même proportion d’hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec et sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques concernait des intoxications à domicile ou dans un établissement résidentiel, 52 % et 54 % respectivement. Les autres ont subi une intoxication dans un autre endroit, comme un espace public, une rue ou une aire de service.

En résumé

Le Canada connaît toujours une hausse des surdoses. En approfondissant notre compréhension des méfaits liés aux opioïdes, y compris l’incidence à long terme des intoxications aux opioïdes, nous pouvons contribuer à éclairer les mesures de santé publique et les mesures cliniques globales pour faire face à cette crise.

Lorsqu’une personne présente une intoxication aux opioïdes, son cerveau peut être privé Référence 1  ce qui peut entraîner des lésions cérébrales anoxiques. Référence 2,Référence 3,Référence 4 Une intervention précoce, avec administration de naloxone, est essentielle pour enrayer les symptômes d’une intoxication aux opioïdes et réduire le risque de lésions cérébrales anoxiques.Référence 10  Les lésions cérébrales anoxiques constituent souvent une conséquence sous-estimée des intoxications aux opioïdes, et les personnes qui survivent peuvent subir des effets durables, comme des changements significatifs des capacités physiques, cognitives et comportementales qui peuvent justifier des aides supplémentaires.Référence 8

Ces rapports ont révélé qu’environ 4 % des personnes hospitalisées pour intoxication aux opioïdes présentent un diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques. Les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes avec diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques concernaient une plus grande proportion d’hommes et de jeunes individus, et dans une plus large mesure, le fentanyl ou ses dérivés, par rapport aux hospitalisations pour intoxication aux opioïdes sans diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques. Les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes associée à une intoxication à une autre substance non opioïde, notamment à des stimulants (par exemple, cocaïne, méthamphétamine), étaient également plus fréquentes chez les personnes présentant un diagnostic concomitant de lésions cérébrales anoxiques. Ces résultats soulignent l’importance pour les professionnels de la santé, les chercheurs et les décideurs politiques d’examiner la façon dont l’incidence à long terme des méfaits liés aux opioïdes peut varier entre les différentes populations et en fonction du type et du contexte de la consommation de substances.

Nous devons mener des recherches supplémentaires pour mieux comprendre les effets à long terme des méfaits liés aux opioïdes, tels que ceux liés aux déficiences physiques et cognitives, aux maladies chroniques, à la santé mentale, ainsi que les répercussions plus larges sur les individus, les familles et les communautés. Le gouvernement du Canada continuera d’améliorer les données et les analyses afin d’éclairer les stratégies et les interventions visant à réduire les méfaits liés aux opioïdes dans tout le pays.

Remerciements

Nous tenons à remercier l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) pour avoir recueilli et fourni les données utilisées pour établir un rapport sur les hospitalisations liées aux opioïdes.

Avis de non-responsabilité

Certaines parties de ce document s’appuient sur des données et des renseignements compilés et fournis par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). Toutefois, les analyses, conclusions, opinions et déclarations qui y sont exprimées sont celles des auteurs, et pas nécessairement celles de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Suggestion de citation

Intoxication aux opioïdes et lésions cérébrales anoxiques au Canada : analyse descriptive des données sur l’hospitalisation. Ottawa : Agence de la santé publique du Canada; mars 2021

Notes techniques

Méthodologie

Les données de la Base de données sur les congés des patients (BDCP) de l’ICIS pour l’exercice du 1er avril 2019 au 31 mars 2020 ont été analysées pour ce rapport. Cette analyse a été limitée aux hospitalisations de courte durée, qui sont représentatives de l’ensemble du Canada, à l’exception du Québec. Cette analyse présente le nombre d’hospitalisations de courte durée pour intoxication aux opioïdes ; elle ne reflète pas le nombre de patients qui ont été hospitalisés au cours de l’année de l’analyse. Il est possible que certains patients aient été hospitalisés plus d’une fois pour une intoxication aux opioïdes.

La Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, dixième version, Canada (CIM-10-CA) est utilisée dans la BDCP pour la saisie des diagnostics issus de l’hospitalisation des patients. Il s’agit de la norme nationale pour la communication des statistiques de morbidité. Vous trouverez de plus amples renseignements sur la BDCP et la codification CIM-10-CA sur le site Web de l’ICIS.

Une liste complète de tous les codes de diagnostic de la CIM-10-CA utilisés pour déterminer les intoxications aux opioïdes et les intoxications concomitantes dues à des substances non opioïdes présentées dans ce rapport se trouve respectivement à l’annexe A et l’annexe B. Les renseignements sur les intoxications aux opioïdes sont extraits des dossiers des patients par des codificateurs formés. Ils peuvent s’appuyer sur l’auto-évaluation des patients et/ou sur une analyse toxicologique. La méthodologie utilisée pour ce rapport a été adaptée du rapport de l’ICIS sur les méfaits liés aux opioïdes au Canada et de l’indicateur Séjours à l’hôpital pour les méfaits causés par la consommation de drogues dans son outil de données Votre système de santé.

Les dossiers d’intoxication aux opioïdes avec et sans code de la CIM-10-CA correspondant G93.1 « Lésion cérébrale anoxique, non classée ailleurs », ont été déterminés en vue de la création de deux groupes d’analyses :

Les analyses ont été limitées aux types de diagnostics significatifs suivants pour les deux groupes :

Ces types de diagnostics significatifs concernent les hospitalisations dans le cadre desquelles l’intoxication et les lésions cérébrales anoxiques ont été considérées comme des facteurs influant sur la durée d’hospitalisation et le traitement administré aux patients pendant leur séjour. Les diagnostics secondaires qui ne répondent pas aux critères de signification ont été exclus.

Pour les intoxications, le préfixe de diagnostic « Q », désignant les diagnostics non confirmés ou les suspicions de diagnostics enregistrés par le médecin, ont été exclus de ces analyses. Pour toutes les analyses, les dossiers indiquant que le patient a été admis dans l’établissement en tant que donneur décédé et/ou enfant mort-né ont été exclus.

Limites

Remarques générales

  1. Il est possible que certains diagnostics de lésions cérébrales anoxiques n’aient pas été saisis, notamment les cas bénins, ou que certaines personnes aient reçu un diagnostic tardif. Cette analyse ayant porté sur les diagnostics concomitants de lésions cérébrales anoxiques au cours de la même hospitalisation que celle pour intoxication aux opioïdes, les données présentées peuvent avoir fait l’objet d’une sous-déclaration.
  2. Si les lésions cérébrales anoxiques ont été au centre de cette analyse, il est toutefois important de noter qu’il existe d’autres formes de lésions cérébrales qui peuvent être associées à l’utilisation d’opioïdes, comme la leucoencéphalopathie toxique, qui se traduit par une lésion de la substance blanche du cerveau après une exposition à divers agents. Référence 11 Bien que plus rare, la leucoencéphalopathie toxique aiguë peut parfois imiter une lésion cérébrale anoxique à la suite d’une intoxication aux opioïdes et doit être envisagée chez les patients qui ne présentent pas de période identifiable de manque d’oxygène.Référence 12  Il est à noter que la population étudiée comptait 17 patients présentant un diagnostic concomitant d’encéphalopathie toxique identifié par le code « G92 » de la CIM-10-CA.
  3. Cette analyse n’était pas de nature longitudinale, et elle ne consistait pas à évaluer l’état cérébral de base ni les éventuels problèmes préexistants. L’incidence cumulée des méfaits liés aux opioïdes et des lésions cérébrales anoxiques n’est pas connue.
  4. Il n’a pas été possible de déterminer quelles intoxications étaient dues à des opioïdes pharmaceutiques, à des opioïdes non pharmaceutiques ou à une combinaison des deux. Il n’a pas non plus été possible de déterminer si les intoxications concomitantes étaient dues à une utilisation intentionnelle de plusieurs substances (polytoxicomanie) ou si les substances utilisées contenaient d’autres substances, à l’insu du consommateur.
  5. La BDCP tient compte des patients sortis de l’hôpital. Les patients encore hospitalisés pendant l’année de l’analyse ne sont pas pris en compte dans ce rapport.
  6. Les données publiées par les provinces et les territoires peuvent différer des données fournies dans ce rapport en raison de la disponibilité de données actualisées, de différences dans le type de données déclarées, de l’utilisation d’autres groupes d’âge, de différences dans les périodes présentées et/ou des estimations de population utilisées pour les calculs, etc.

Données sur le sexe

  1. Au moment de cette analyse, aucune donnée n’était disponible concernant l’identité de genre. Dans la BDCP, les données sur le sexe sont généralement enregistrées sur la base d’une détermination biologique ou d’une documentation juridique. Bien qu’un groupe « autre » sexe soit disponible, les chiffres étaient trop faibles pour être inclus dans ce rapport. Par conséquent, le groupe « autre » sexe a été retenu dans les analyses globales, mais exclu de toutes les analyses par sexe pour éviter toute divulgation des données.

Suppression des données

Les valeurs représentant moins de cinq hospitalisations sont supprimées conformément aux lignes directrices de l’ICIS sur la protection de la vie privée.

Annexe A

Liste des codes de diagnostic de la CIM-10-CA utilisés pour déterminer les hospitalisations pour intoxication aux opioïdes
Intoxications aux opioïdes Code de la CIM-10-CA description
T40.0 Intoxication par l’opium
T40.1 Intoxication par l’héroïne
T40.2 Intoxication par d’autres opiacés
T40.20 Intoxication par la codéine et ses dérivés
T40.21 Intoxication par la morphine
T40.22 Intoxication par l’hydromorphone
T40.23 Intoxication par l’oxycodone
T40.28 Intoxication par d’autres opioïdes non classés ailleursNote de tableau *
T40.3 Intoxication par la méthadone
T40.4 Intoxication par d’autres stupéfiants synthétiques
T40.40 Intoxication par le fentanyl et ses dérivés
T40.41 Intoxication par le tramadol
T40.48 Intoxication par d’autres stupéfiants synthétiques non classés ailleursNote de bas de tableau *
T40.6 Intoxication par d’autres stupéfiants, sans précisionNote de bas de tableau *
Annexe A note de tableau *

Regroupés dans la catégorie « autres ».

Retour à la référence de la note de bas de tableau *

Annexe B

Liste des codes de diagnostic de la CIM-10-CA utilisés pour déterminer les intoxications concomitantes dues à des substances non opioïdes
Intoxication à une substance non opioïde Descriptions des codes de la CIM-10-CA
Alcool
  • T51- Effet toxique de l’alcool
Cannabis
  • T40.7 Intoxication par le cannabis (dérivés)
Autres dépresseurs du système nerveux central (SNC)
  • T42.3 Intoxication par les barbituriques
  • T42.4 Intoxication par les benzodiazépines
  • T42.6 Intoxication par d’autres médicaments antiépileptiques et sédatifs-hypnotiques
  • T42.7 Intoxication par d’autres médicaments antiépileptiques et sédatifs-hypnotiques, sans précision
Stimulants du système nerveux central (SNC)
  • T40.5 Intoxication par la cocaïne
  • T43.6 Intoxication par des psychostimulants présentant un risque d’abus (hors cocaïne)
Hallucinogènes
  • T40.8 Intoxication par le lysergide (LSD)
  • T40.9 Intoxication par d’autres psychodysleptiques (hallucinogènes), sans précision
Substances inconnues et multiples
  • T43.8 Intoxication par d’autres médicaments psychotropes, non classés ailleurs
  • T43.9 Intoxication par un médicament psychotrope, sans précision

Références

Référence 1

Solis Jr, E., K.T. Cameron-Burr et E.A. Kiyatkin. Heroin contaminated with fentanyl dramatically enhances brain hypoxia and induces brain hypothermia. eNeuro. Vol. 4, no 5, septembre 2017. doi : 10.1523/ENEURO.0323-17.2017.

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Référence 2

Dolinak, D. Opioid toxicity. Academic forensic pathology. Vol. 7, no 1, mars 2017, p. 19-35. doi : 10.23907/2017.003.

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Référence 3

Kiyatkin, E.A. Respiratory depression and brain hypoxia induced by opioid drugs: morphine, oxycodone, heroin, and fentanyl. Neuropharmacology. Vol. 151, 1er juin 2019, p. 219-226. doi : 10.1016/j.neuropharm.2019.02.008.

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Référence 4

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Notes de bas de page

Note de bas de page a

La moyenne et la médiane expriment la valeur centrale ou typique dans un ensemble de données. La mesure moyenne est égale à la somme de toutes les valeurs dans l’ensemble de données, divisée par le nombre de valeurs dans l’ensemble. La mesure médiane est déterminée.

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