Page 11 : Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : document technique – paramètres radiologiques

Annexe D : Paragraphes explicatifs sur les radionucléides ayant une CMA

Les radionucléides les plus couramment décelés dans les sources canadiennes d'eau potable et susceptibles d'avoir des effets à long terme sur la santé sont décrits ci-dessous. L'intégration de nouvelles données a causé une augmentation de la CMA pour certains radionucléides, alors que d'autres ont été réduites ou n'ont pas changé.

Plomb-210
Le plomb-210, un radionucléide ostéotrope, est souvent accompagné de son produit de désintégration alpha, le 210Po. La CMA du 210Pb est de 0,2 Bq/L, soit une augmentation de la recommandation antérieure de 0,1 Bq/L. Cette modification est essentiellement attribuable à la réduction de 20 à 10 % du facteur d'absorption gastro-intestinale du plomb.

Il ne faut pas confondre la CMA radiologique du 210Pb et la CMA chimique du plomb stable fixée à 0,01 mg/L. La CMA radiologique de 0,2 Bq/L du 210Pb correspondrait à une concentration totale de plomb de seulement 7 × 10-8 µg/L. La présence ou l'absence de plomb stable dans l'eau potable n'a aucun rapport avec la présence ou l'absence de 210Pb.

Isotopes du radium
Le radium, comme le strontium, est un élément ostéotrope de la famille des alcalino-terreux. Environ 20 % du radium ingéré est absorbé par le tractus gastro-intestinal. La désintégration du 226Ra (demi-vie de 1 600 ans) et du 224Ra (demi-vie de 3,66 jours) s'accompagne de l'émission de particules alpha. Le 228Ra (demi-vie de 5,75 ans) se transforme par désintégration bêta en 228Th, un émetteur alpha. La CMA du 224Ra n'a pas été modifiée dans les recommandations actuelles et demeure de 2 Bq/L; celle du 226Ra a été légèrement réduite, passant de 0,6 à 0,5 Bq/L, tandis que celle du 228Ra est passée de 0,5 à 0,2 Bq/L. Ces changements sont dus à des modèles plus précis de métabolisme interne du radium.
Isotopes de l'uranium
L'uranium naturel se compose de trois isotopes - 234, 235 et 238 - dont les demi-vies varient de centaines de millions à des milliards d'années. Ces longues demi-vies impliquent que l'activité des isotopes de l'uranium est très faible. La CMA de l'uranium dans l'eau potable est basée sur sa toxicité chimique plutôt que sur ses propriétés radiologiques. L'annexe A contient toutefois des CMA radiologiques d'environ 3 Bq/L pour chaque isotope de l'uranium, afin de pouvoir les inclure dans la formule de sommation radiologique. À l'équilibre, une concentration d'uranium total égale à sa CMA chimique de 20 µg/L correspondrait à 0,25 Bq/L de 238U, à 0,01 Bq/L de 235U et à 0,25 Bq/L de 234U. Il faut cependant noter que dans le cas de l'uranium dissous dans les eaux souterraines, le déséquilibre entre les isotopes 238 et 234 est important, pouvant atteindre un facteur de deux.

Des études expérimentales réalisées chez des adultes indiquent systématiquement que l'absorption d'uranium par voir orale est inférieure à 5 % (Santé Canada, 1999) et que la moyenne se situe entre 1 et 2 % (ATSDR, 1999). Une fois absorbé dans le sang, environ 67 % de l'uranium est filtré par les reins et rejeté de l'organisme dans l'urine en moins de 24 heures, le reste étant distribué dans les tissus. Ceci pourrait expliquer pourquoi aucun cancer lié aux rayonnements causé par l'exposition à l'uranium n'a été identifié chez les humains exposés à des concentrations naturelles d'uranium, et même à de l'uranium fortement enrichi (ATSDR, 1999).

Pour obtenir des renseignements sur les aspects chimiques de la toxicité de l'uranium, veuillez consulter le document technique sur l'uranium (Santé Canada, 1999).

Tritium
Le tritium, dont la demi-vie est de 12,3 ans, se trouve généralement dans l'environnement sous forme d'eau tritiée (HTO), mais peut aussi se présenter sous forme de tritium lié à la matière organique (OBT) dans la végétation. Le HTO ingéré est rapidement absorbé dans le courant sanguin et est retenu dans l'organisme pendant une période variant de 2 à 18 jours. Le tritium émet des particules bêta de faible énergie (18,6 keV) qui ne sont pas accompagnées de rayons gamma ou X. Le coefficient de dose du tritium est donc assez faible et la CMA qui en découle demeure inchangée à 7 000 Bq/L.
Strontium-90
Le strontium-90 a fait l'objet d'une surveillance étendue dans l'environnement depuis le début des essais d'armes nucléaires. Sa désintégration s'accompagne uniquement de l'émission de particules bêta et sa demi-vie est de 29 ans. Le strontium fait partie des éléments alcalino-terreux; semblable au calcium, il emprunte le même chemin dans la chaîne alimentaire jusqu'à l'organisme humain, où sa rétention se fait surtout dans les dents et les os, avec une demi-vie de 3 à 7 ans. En raison du temps de rétention élevé dans les os et de l'énergie relativement élevée de ses particules bêta(846 keV), sa CMA est demeurée inchangée à 5 Bq/L.

Il ne faut pas confondre le strontium radioactif (90Sr) et le strontium stable. Ces deux formes de strontium ont des origines très différentes et il n'existe aucune corrélation entre leurs concentrations respectives dans l'eau potable.

Iode radioactif
Les isotopes radioactifs de l'iode sont produits par fission nucléaire et par des processus d'activation. Ils ont fait l'objet de nombreuses études, en raison de leur mobilité et de leur capacité d'irradiation sélective de la thyroïde, une fois absorbés par l'organisme. On utilise couramment un certain nombre d'isotopes de l'iode en médecine nucléaire, ce qui implique qu'ils peuvent être rejetés dans les plans d'eau avec les effluents d'eaux usées. Heureusement, tous les isotopes de l'iode, à l'exception de 129I, ont une courte demi-vie. Les CMA des différents isotopes de l'iode demeurent inchangées, variant de 1 à 10 Bq/L.
Césium-137
Le césium-137, un métal alcalin possédant des propriétés similaires à celles du potassium, est un des plus importants produits de fission, du fait de son rendement relativement élevé et de sa capacité de bioconcentration dans certaines chaînes alimentaires. Ayant une demi-vie de 30,17 ans, il a été rejeté dans l'environnement à la suite d'essais d'armes nucléaires et d'émissions de réacteurs nucléaires (l'accident de Tchernobyl survenu en 1986, p. ex.). Il peut se fixer aux sédiments aquatiques, ce qui réduit sa concentration dans les plans d'eau. Le 137Cs ingéré est facilement absorbé dans les tissus mous, mais aussi éliminé relativement rapidement. Sa CMA demeure donc inchangée à 10 Bq/L, valeur moins contraignante que celle du 90Sr.

Footnotes

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