Page 14 : Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : document technique - protozoaires entériques : Giardia et Cryptosporidium

Annexe D : Modèle d'ÉQRM

On a élaboré des modèles mathématiques pour évaluer de façon quantitative les risques microbiologiques potentiels associés aux systèmes d'approvisionnement en eau potable, y compris les risques liés aux bactéries, aux protozoaires et aux virus pathogènes. Ces modèles ont été élaborés par des organisations internationales (Smeets et coll., 2008; Teunis et coll., 2009) et par des groupes canadiens (Jaidi et coll., 2009). On a également employé les modèles d'ÉQRM pour estimer les risques sanitaires potentiels en ce qui concerne d'autres voies d'exposition (Mara et coll., 2007; Armstrong et Haas, 2008; Diallo et coll., 2008). Bien que certaines des hypothèses varient d'un modèle à l'autre (p. ex. choix du pathogène de référence et des variables de la relation dose-réponse), tous les modèles s'appuient sur les principes acceptés de l'ÉQRM, soit la détermination des dangers, l'évaluation de l'exposition, l'évaluation de la relation dose-réponse et la caractérisation des risques.

Santé Canada a élaboré un modèle d'ÉQRM dans le cadre de l'évaluation des risques posés par les pathogènes entériques dans l'eau potable. Ce modèle probabiliste permet d'étudier la charge de morbidité potentielle (avec l'incertitude associée) et peut servir pour des scénarios définis par les utilisateurs pour les systèmes d'approvisionnement en eau potable. Le modèle inclut les renseignements fournis par l'utilisateur sur la qualité de la source d'eau brute en fonction de la concentration de protozoaires, ainsi que sur la chaîne de traitement en particulier (définie par les stratégies de filtration et de désinfection). Cryptosporidium et Giardia sont utilisés comme protozoaires de référence. Lorsqu'il manque de données pour un système d'approvisionnement en eau potable en ce qui concerne les paramètres susmentionnés, le modèle inclut des valeurs tirées de publications ou fournies par des spécialistes, valeurs qui servent de point de départ pour l'évaluation. En ce qui concerne la qualité des sources d'eau, le modèle fournit aux utilisateurs un choix de quatre catégories. Ces estimations de la qualité des sources d'eau ne doivent être utilisées que dans le contexte du modèle d'ÉQRM pour évaluer les effets des variations de la qualité des sources d'eau sur les risques microbiologiques globaux. Soulignons que, même si une source est classée dans une catégorie particulière pour les protozoaires entériques, elle peut appartenir à une autre catégorie pour les bactéries ou les pathogènes viraux. En ce qui concerne les procédés de traitement, le modèle s'appuie sur toute une gamme de valeurs tirées de publications, ce qui permet de représenter avec précision l'efficacité des diverses méthodes de traitement.

Le modèle d'ÉQRM s'appuie sur ces renseignements concernant l'exposition, de même que sur le modèle de relation dose-réponse et les calculs d'AVCI pour Cryptosporidium et Giardia, afin d'estimer la charge de morbidité potentielle (AVCI/personne par année) pour l'information sur le scénario propre au site. La qualité des données de sortie du modèle d'ÉQRM dépend de la qualité des données qui y sont entrées. Les mesures du niveau d'exposition produisent des données de sortie de meilleure qualité que les estimations. Même avec des données d'exposition de haute qualité, le modèle d'ÉQRM se base sur un certain nombre d'hypothèses qui augmentent l'incertitude associée à l'évaluation :

  • On présume que la distribution des kystes et des oocystes dans l'eau est aléatoire (Poisson). Toutefois, il y a lieu de croire que les kystes et les oocystes ne suivent pas une distribution aléatoire et qu'ils se présentent plutôt en amas, légèrement liés les uns aux autres ou fortement liés à des particules ou dans des particules (Gale, 1996). Cela signifie que la majorité des consommateurs ne seront pas exposés, mais qu'une petite proportion sera exposée à un kyste ou à un oocyste ou plus. Ce modèle ne tient pas compte du regroupement des virus en amas et conduit à une sous-estimation de la probabilité d'exposition et d'infection.
  • L'efficacité du traitement est modélisée en fonction de données tirées de publications pour divers procédés de traitement, ce qui peut donner lieu à une sous-estimation ou à une surestimation de l'efficacité dans un site déterminé. De plus, les données sur l'efficacité du traitement sont obtenues au moyen de souches de Cryptosporidium et de Giardia de laboratoire, lesquelles peuvent ne pas réagir exactement de la même façon aux procédés de traitement que les espèces de Cryptosporidium et de Giardia présentes dans les sources d'eau.
  • On présume que tous les kystes et les oocystes sont viables. Dans le modèle actuel d'évaluation des risques, on présume que les erreurs causées par la surestimation de la viabilité sont compensées, au moins en partie, par les faibles taux de récupération des kystes et des oocystes pendant la détection.
  • On présume que tous les kystes et les oocystes ont un potentiel d'infectiosité semblable. Des expériences sur la relation dose-réponse ont montré que le potentiel d'infectiosité pouvait varier considérablement entre les différentes souches de Giardia et de Cryptosporidium. Jusqu'à ce que l'on dispose de méthodes pratiques pouvant être appliquées régulièrement pour identifier les kystes de Giardia et les oocystes de Cryptosporidium infectieux, il est souhaitable, sur le plan de la protection de la santé, de présumer que tous les kystes et les oocystes décelés dans les sources d'eau sont infectieux pour les humains, à moins de preuve du contraire.
  • On utilise une valeur présumée de la consommation quotidienne d'eau du robinet non bouillie de 1,0 L/personne. Au sein d'une population, on relèvera une distribution de la consommation d'eau de robinet qui n'est pas représentée par cette estimation ponctuelle.
  • Le modèle s'appuie sur les risques associés à la contamination des sources d'eau et ne tient pas compte de la contamination potentielle dans le réseau de distribution.

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