Page 13 : Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : document technique - protozoaires entériques : Giardia et Cryptosporidium

Annexe C : Autres protozoaires entériques d'origine hydrique présentant un intérêt : Toxoplasma gondii, Cyclospora cayetanensis et Entamoeba histolytica

Toxoplasma gondii est un parasite intracellulaire obligatoire qui infecte presque tous les animaux à sang chaud et les humains. Il se transmet généralement par ingestion de kystes tissulaires à la suite de la consommation de viande infectée crue ou insuffisamment cuite, par ingestion d'oocystes sporulés à la suite de la consommation d'eau ou d'aliments contaminés ou à la suite de la manipulation de sol contaminé ou de fèces d'un chat infecté. Les oocystes sont extrêmement résistants aux conditions environnementales, y compris la sécheresse, et semblent demeurer infectieux pendant plusieurs mois (à des températures de -5 °C) (Dubey, 1998). Même si ce microorganisme cause généralement des symptômes bénins ressemblant à ceux de la grippe, il peut mettre en danger la vie des sujets immunodéprimés et des femmes enceintes. L'infection peut causer une déficience mentale, une perte de la vision, une déficience auditive et la mort chez les enfants atteints d'une infection congénitale. On ne sait pas grand-chose sur la distribution de ce microorganisme dans les sources d'eau, mais on a signalé que les oocystes survivaient jusqu'à 17 mois dans l'eau du robinet. On a signalé six éclosions de toxoplasmose humaine liées à l'ingestion d'eau ou de sol contaminés, incluant une éclosion en Colombie-Britannique, en 1995 (Karanis et coll., 2007). On a recensé, durant cette éclosion, 110 cas aigus, dont 42 femmes enceintes et 11 nouveau-nés (Bowie et coll., 1997). On a pensé à l'époque que cette éclosion était attribuable à la contamination de réservoirs d'eau par des matières fécales de chats (domestiques et sauvages) (Isaac-Renton et coll., 1998; Aramini et coll., 1999). Les renseignements disponibles sur l'efficacité des procédés de traitement de l'eau visant à éliminer ou à inactiver T. gondii sont limités. Cependant, vu la taille de ce microorganisme, les procédés conventionnels de coagulation/sédimentation et de filtration devraient permettre de l'éliminer facilement. Les procédés de traitement de l'eau utilisés pour éliminer ou inactiver Giardia et Cryptosporidium devraient en fait être efficaces contre ce microorganisme.

Cyclospora cayetanensis est un parasite intracellulaire obligatoire de la classe des coccidies, qui a pour seul hôte naturel l'homme (Eberhard et coll., 2000). On a signalé des cas de cyclosporiase partout dans le monde, mais cette maladie semble endémique dans l'ensemble des pays tropicaux (Soave, 1996). On n'a pas encore fait toute la lumière sur les voies de transmission de ce parasite, mais la transmission de personne à personne est improbable (c.-à-d. que les oocystes non sporulés sont éliminés dans les fèces et nécessitent une période de maturation). La transmission se fait probablement par de l'eau ou des aliments contaminés par des matières fécales humaines. Bien qu'on ait détecté Cyclospora cayetanensis dans des échantillons prélevés dans l'environnement, entre autres dans l'eau et les eaux usées, la détection de ce parasite demeure un défi. Peu d'études ont été menées sur la prévalence de ce parasite, en raison du manque de méthodes sensibles, notamment des méthodes visant à évaluer sa viabilité et son infectiosité. L'infection par Cyclospora cayetanensis provoque des symptômes semblables à ceux causés par Cryptosporidium (c.-à-d. nausées, anorexie, diarrhée, etc.). La maladie est habituellement spontanément résolutive, mais on a signalé des effets à long terme sur la santé, y compris le syndrome oculo-urétrosynovial. Les données épidémiologiques portent fortement à croire que C. cayetanensis peut se transmettre par l'eau. En effet, la première éclosion de cyclosporiase ayant été associée à l'eau potable est survenue en 1990 parmi le personnel d'un hôpital de Chicago, en Illinois (Karanis et coll., 2007). Elle a été imputable à un système d'approvisionnement en eau chlorée, ce qui semble indiquer que C. cayetanensis est résistant au chlore utilisé dans les systèmes de traitement de l'eau. Bien qu'on n'ait pas évalué l'efficacité des procédés de traitement de l'eau potable visant à éliminer ou à inactiver C. cayetenensis, l'élimination de ce parasite par les procédés conventionnels de coagulation et de filtration devrait être au moins aussi efficace que pour Cryptosporidium, étant donné que les oocystes de C. cayetanenis sont plus gros que ceux de Cryptosporidium.

Entamoeba histolytica est un parasite obligatoire qui infecte les humains et les primates. Les humains sont les seuls réservoirs importants, car ils éliminent les trophozoïtes ou les kystes dans leurs fèces. Entamoeba histolytica peut se transmettre à la suite de l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par des matières fécales, mais on croit que le contact de personne à personne constitue la principale voie de transmission. La plupart des infections sont asymptomatiques, mais certaines peuvent causer une grave maladie (c.-à-d. l'amibiase). Dans les cas d'infection symptomatique, la diarrhée, la fièvre et les douleurs abdominales sont fréquentes. On a signalé des effets plus graves sur la santé, notamment la colite chronique, des abcès du foie et la mort (Kucik et coll., 2004). Les kystes d'Entamoeba histolytica sont résistants à la dégradation environnementale; leur survie dépend toutefois principalement de la température. Les kystes meurent rapidement lorsqu'ils sont exposés à une faible chaleur ou soumis à des températures de congélation (Gillin et Diamond, 1980). Bien qu'aucune éclosion d'amibiase d'origine hydrique n'ait été signalée au Canada, des éclosions ont été rapportées aux États-Unis et ailleurs dans le monde (Karanis et coll., 2007). Ces éclosions sont survenues lorsque l'eau chlorée a été contaminée par les eaux usées. On dispose de données limitées sur l'efficacité des procédés de traitement de l'eau visant à éliminer ou à inactiver Entamoeba histolytica. Cependant, vu la grosseur des kystes de ce parasite, les procédés conventionnels de coagulation/sédimentation et de filtration devraient permettre de l'éliminer facilement. Les procédés de traitement de l'eau utilisés pour éliminer ou inactiver Giardia et Cryptosporidium devraient en fait être efficaces contre ce microorganisme.

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