Page 9 : Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : document technique - protozoaires entériques : Giardia et Cryptosporidium

10.0 Justification

On sait que plusieurs génotypes et espèces de Giardia et de Cryptosporidium infectent les humains. Ces pathogènes sont excrétés dans les matières fécales des personnes et des animaux infectés et peuvent être présents dans les sources d'eau. Leur présence dans les sources d'eau varie au fil du temps et peut être considérablement influencée par des températures extrêmes ou par des déversements ou des événements perturbateurs (c.-à-d. augmentation du nombre de kystes et d'oocystes associée à ces événements). La méthode la plus efficace pour prévenir la présence de Cryptosporidium et de Giardia en concentrations dangereuses dans l'eau potable consiste en la mise en œuvre de l'approche à barrières multiples. Cette approche englobe la protection et le traitement convenable des sources d'eau, que l'on assure au moyen des paramètres physicochimiques appropriés, suivis de la vérification de l'absence de microorganismes indicateurs fécaux dans l'eau traitée. La protection de la santé publique est plutôt assurée en fixant des objectifs de traitement basés sur la santé. Pour fixer ces objectifs, il faut établir le niveau de risque acceptable. Le Comité fédéral-provincial-territorial sur l'eau potable a retenu la valeur de 10-6 AVCI/personne par année, ce qui correspond au niveau de référence utilisé par l'OMS. Il s'agit d'une décision de gestion des risques qui offre un équilibre entre, d'une part, la charge de morbidité estimée pour Cryptosporidium et Giardia et, d'autre part, le manque d'information sur la prévalence de ces pathogènes dans les sources d'eau, les limites en matière de surveillance des maladies et les variations dans l'efficacité des différentes techniques de traitement de l'eau.

Même si tous les protozoaires entériques préoccupants doivent être recensés, les évaluations des risques tiennent rarement compte de chacun d'eux. Elles ne portent que sur des protozoaires entériques précis (des pathogènes de référence ou, dans le cas présent, des protozoaires de référence) qui, en raison de leurs caractéristiques, sont représentatifs de tous les protozoaires pathogènes similaires. On présume que si le traitement est efficace contre le protozoaire de référence, il le sera contre tous les protozoaires préoccupants similaires. Cryptosporidium parvum et Giardia lamblia ont été choisis comme protozoaires de référence aux fins de la présente évaluation des risques, étant donné leurs taux de prévalence élevés, leur potentiel de causer des poussées de maladies, leur résistance à la désinfection au chlore et la disponibilité d'un modèle dose-réponse pour chacun d'eux.

Au Canada, bon nombre de sources d'eau de surface présentent des concentrations de Cryptosporidium et de Giardia variant de 1 à 200 kystes et oocystes par 100 L d'eau. Avec l'approche fondée sur les ÉQRM utilisée dans le présent document technique, on constate que, si une source d'eau présente une concentration de kystes et d'oocystes correspondant aux valeurs minimales de cette plage de concentrations (par exemple, environ 13 oocystes/100 L et/ou 34 kystes/100 L), l'usine de traitement doit constamment obtenir une réduction d'au moins 3 log de la concentration des kystes et des oocystes afin de respecter le niveau de référence de 10-6 AVCI/personne par année. Ainsi, on a établi une réduction ou une inactivation de Cryptosporidium et de Giardia d'au moins 3 log comme objectif de traitement basé sur la santé. Bon nombre de sources d'eau au Canada peuvent nécessiter une réduction supérieure à l'objectif de traitement minimal pour respecter le niveau de risque acceptable.

Les ÉQRM peuvent être utilisées pour chaque site afin de déterminer dans quelle mesure les variations de la qualité des sources d'eau peuvent contribuer au risque microbiologique, si les mesures de contrôle mises en œuvre sont efficaces et si l'on doit recourir à des procédés de traitement additionnels ou optimiser ceux existants. Dans la plupart des cas, une usine de traitement bien exploitée, qui emploie des techniques efficaces de coagulation, de floculation, de clarification, de filtration et de désinfection pour produire une valeur CT suffisante devrait fournir de l'eau présentant un risque négligeable d'infection par les protozoaires entériques. Il faudrait, dans la mesure du possible, protéger les bassins versants ou les aquifères qui servent de sources d'eau potable contre toute contamination par les matières fécales.

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