Chapitre 2 : Vivre avec l'arthrite au Canada: Un défi de santé personnel et de santé publique – Prévention et prise en charge

J'ai persisté à tenter de conserver mes habitudes de vie malgré les restrictions imposées par les déformations, la douleur et la perte de capacité ou de force pour saisir les objets. Beaucoup de gens seraient étonnés de me voir faire du vélo de montagne, du ski de fond, de la natation et de la marche rapide, étant donné ma maladie. Bien que je sois capable de pratiquer ces activités, la douleur ou la fatigue m'empêchent de le faire aussi longtemps qu'avant (une heure à une heure et demie) chaque jour. J'essaye d'inscrire une activité « cardio » à mon programme tous les deux jours; les jours de repos, je lève des poids et fais des exercices. Je sens que les bienfaits de l'exercice surpassent la souffrance qui survient souvent après coup. Il y a néanmoins un certain nombre de choses que j'ai dû abandonner.

— Personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde

Introduction

L'arthrite est souvent considérée, à tort, comme une manifestation inévitable du vieillissement touchant uniquement les aînés et qu'il est impossible de prévenir ou pour laquelle il n'existe aucun traitement ni aucune intervention efficaces. Des interventions permettant de réduire le risque d'apparition de certains types d'arthrite, particulièrement l'arthrose et la goutte, et de diagnostiquer et de prendre en charge précocement la maladie existent cependant; elles contribuent à l'amélioration de l'état de santé et de la qualité de vie des personnes souffrant d'arthriteNote de bas de page 1 Note de bas de page 2 Note de bas de page 3 Note de bas de page 4 Note de bas de page 5.

Le présent chapitre traite des facteurs de risque de l'arthrite et des stratégies de prévention et de prise en charge disponibles. Les facteurs de risque sont des caractéristiques associées à la hausse de la probabilité de voir apparaître une maladie ou un état de santé donnés, ou à la progression et la gravité de cette maladie ou de cet état. Les facteurs de risque de l'arthrite peuvent être modifiables ou non modifiables. Le tableau 2-1 résume les conclusions tirées de la documentation scientifique sur le sujet. Les données sur les facteurs de risque extraites de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2007-2008 sont également présentées; elles montrent la répartition des facteurs de risque associés à l'arthrite dans la population canadienne. Le chapitre présente aussi les interventions visant à abaisser le risque de souffrir de certains types d'arthrite et les moyens de ralentir la progression et d'atténuer les effets néfastes de l'arthrite.


Tableau 2-1: Récapitulatif de la preuve concernant les facteurs de risque de l'arthrite
Facteur de risque Preuve Niveau de preuve
Niveaux de preuve: • Facteur de risque accepté : preuve établie par méta-analyse de plusieurs essais aléatoires contrôlés; preuve établie par au moins un essai aléatoire contrôlé; preuve établie par au moins une étude contrôlée non aléatoire; preuve établie par au moins un autre type d'étude quasi-expérimentale; preuve établie par plusieurs études descriptives, c.-à-d. des études comparatives, de corrélation et cas témoin. • À l'étude : preuve tirée d'avis ou de rapports de comités d'experts, d'expériences cliniques des autorités compétentes ou des deux; résultats de recherche contradictoires.
Non modifiable
Âge L'incidence et la prévalence de l'arthrite augmentent avec l'âge. L'arthrite peut apparaître à n'importe quel âge. Facteur de risque accepté.
Sexe Les femmes sont touchées par toutes les formes d'arthrite en proportion nettement plus élevée que les hommes, à l'exception de la goutte et de la spondylarthrite ankylosante (SA). Être une femme constitue un facteur de risque associé à de moins bons résultats de santé. Facteur de risque accepté.
Hormones féminines Lien hormonal possible dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde (PR) et le lupus érythémateux disséminé (LED). La maladie peut évoluer lors de la ménopause ou d'une grossesse, particulièrement pour la PR. Associées à la progression de la maladie. À l'étude.
Prédisposition génétique Certains gènes sont spécifiquement associés à un risque accru d'arthrite. Des gènes sont spécifiquement associés à la gravité de la PR. À l'étude.
Modifiable
Excès de poids et obésité Associés à l'apparition de l'arthrose de la hanche, du genou et de la main. Associés à la progression de l'arthrose de la hanche. Associés à la gravité et à la progression de plusieurs types d'arthrite. Facteur de risque accepté pour l'arthrose. Facteur de risque accepté pour la gravité ou la progression de plusieurs types d'arthrite.
Traumatisme articulaire Facteur de risque reconnu de l'arthrose. Facteur de risque accepté pour l'arthrose.
Sédentarité Associée à l'aggravation et à la progression de nombreux types d'arthrite. Facteur de risque accepté.
Tabagisme Lié à la progression et à la gravité de la PR et du LED. Preuve inadé- quate d'une association avec l'apparition de symptômes. À l'étude.
Régime alimentaire Rôle important dans le maintien d'un poids santé, facteur clé dans la prévention ou le ralentissement de la progression de l'arthrite. Facteur de risque reconnu de la goutte (apparition et prise en charge). Facteur de risque accepté pour la goutte.
Certaines professions Apparition de l'arthrose : genou, hanche et main. À l'étude.
Infections Rôle déclencheur possible pour la PR. À l'étude.


Que savons-nous des facteurs de risque de l'arthrite ?

Facteurs de risque non modifiables

« J'avais une conception fataliste selon laquelle la polyarthrite rhumatoïde était une malédiction familiale, car c'est ce qui avait tué ma mère au bout du compte quelques années plus tôt. »

— Personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde

Les facteurs de risque non modifiables incluent l'âge, le sexe, les hormones féminines et la prédisposition génétique. Bien que le risque associé à de tels facteurs ne puisse pas être modifié, il importe de bien comprendre ceux-ci pour évaluer le risque global et éventuellement travailler sur des facteurs de risque modifiablesNote de bas de page 2.

Âge

L'âge est le facteur de risque indépendant le plus influent pour l'arthriteNote de bas de page 6 Note de bas de page 7 Note de bas de page 8 Note de bas de page 9. Bien que la maladie puisse affecter des personnes de tous âges, chaque forme d'arthrite a un pic d'apparition des symptômes qui lui est propreNote de bas de page 10 Note de bas de page 11. Pour la polyarthrite rhumatoïde (PR), par exemple, ce pic se situe entre 55 et 64 ans pour les femmes et 65 et 75 ans pour les hommes. La PR apparaît donc dix ans plus tôt en moyenne chez les femmesNote de bas de page 11 Note de bas de page 12 Note de bas de page 13.

Les changements liés à l'âge, comme la perte de force musculaire, le relâchement des ligaments articulaires et l'amincissement du cartilage modifient les articulations, ce qui les rend vulnérables à l'arthrite et à l'arthrose en particulierNote de bas de page 14 Note de bas de page 15. Cela est tout particulière- ment vrai pour les articulations du genou, de la hanche et des mains, qui sont les plus fréquemment touchéesNote de bas de page 9 Note de bas de page 15. Après 75 ans, l'incidence de l'arthrose se stabiliseNote de bas de page 14.

L'âge à l'apparition des symptômes peut influer sur la gravité de la maladie. Le LED apparaissant pendant l'enfance, par exemple, peut être plus grave que celui de l'adulte et le LED postménopausique peut être moins aigu que le LED préménopausiqueNote de bas de page 16.

Sexe

Les femmes sont touchées par tous les types d'arthrite en plus grandes proportions que les hommes, à l'exception de la polyarthrite psoriasique (proportion similaire chez les hommes et les femmes), la goutte et la spon- dylarthrite ankylosante (proportions plus élevées chez les hommes)Note de bas de page 6 Note de bas de page 9 Note de bas de page 16 Note de bas de page 17 Note de bas de page 18 Note de bas de page 19 Note de bas de page 20. Neuf personnes atteintes de LED sur dix, par exemple, sont des femmes, avec un pic d'apparition des symptômes à l'âge de procréerNote de bas de page 16. Les femmes déclarent invariablement des taux plus élevés d'arthrite et d'incapacité physique liée à l'arthriteNote de bas de page 7 Note de bas de page 12 Note de bas de page 15 Note de bas de page 17 Note de bas de page 18.

Le fait d'être une femme semble amplifier la hausse attribuable à l'âge de l'arthrose de la main, du genou et multi-articulaire. Après 50 ans, la fréquence de l'arthrose dans ces articulations est significativement plus élevée chez les femmes que chez les hommes, alors que la fréquence de l'arthrose de la hanche augmente à peu près au même rythme avec l'âge chez les deux sexesNote de bas de page 15.

Les raisons des différences observées entre hommes et femmes ne sont pas bien comprisesNote de bas de page 7.

Hormones

La recrudescence significative de certaines formes d'arthrite inflammatoire, comme la PR et le LED, observée chez les femmes en âge de procréer ou à la ménopause, suggère que les hormones féminines influeraient sur la progression ou la gravité de ces formes d'arthriteNote de bas de page 19 Note de bas de page 20 Note de bas de page 21 Note de bas de page 22 Note de bas de page 23.

La preuve la plus frappante se manifeste lors de la grossesse, les concentrations d'œstrogènes et de progestérone augmentant beaucoup au cours du troisième trimestre. De nombreuses études ont documenté une réduction ou une rémission des symptômes de PR pendant la grossesse atteignant notamment leur maximum au cours du troisième trimestreNote de bas de page 17 Note de bas de page 22 Note de bas de page 24. L'activité de la maladie reprend au début du post-partum, avec la chute des concentrations d'œstrogènes et de progestérone; l'augmentation est la plus forte après une première grossesseNote de bas de page 7 Note de bas de page 17 Note de bas de page 22 Note de bas de page 25. On pense que la prolactine, hormone pro-inflammatoire produite pendant l'allaitement, serait associée à la réapparition des symptômes en période post -partumNote de bas de page 17 Note de bas de page 22 Note de bas de page 24 Note de bas de page 25. Il est intéressant de noter que les hommes souffrant de PR ont des taux de testostérone significativement moins élevésNote de bas de page 26. L'influence des hormones semble être différente chez les personnes atteintes de LED. Les signes et symptômes associés au LED ont tendance à empirer ou à se maintenir pendant la grossesseNote de bas de page 27 Note de bas de page 28 Note de bas de page 29.

La possibilité d'un effet protecteur contre la PR ou le LED lié à l'utilisation passée ou courante d'un contraceptif oral (pilule anticonceptionnelle) a été étudiéeNote de bas de page 12 Note de bas de page 16 Note de bas de page 22 Note de bas de page 24.

La pilule ne semble pas prévenir la PR, mais elle pourrait retarder son apparitionNote de bas de page 12 Note de bas de page 22 Note de bas de page 24. Globalement, elle fournit une protection modeste contre la PRNote de bas de page 22 Note de bas de page 24. L'effet protecteur n'a toujours pas été expliqué, notamment en raison du petit nombre d'études ayant analysé le lien en profondeurNote de bas de page 12 Note de bas de page 22 Note de bas de page 24. Certaines données confirment le rôle préventif des œstrogènes pour la PR, le LED et le syndrome de Sjögren chez les femmes, mais aucune preuve n'appuie l'utilisation de l'hormonothérapie post- ménopausique à des fins de réduction du risqueNote de bas de page 12 Note de bas de page 16 Note de bas de page 21 Note de bas de page 23 Note de bas de page 25.

Prédisposition génétique

« Je n'ai pas été surprise; mes parents et ma grand-mère paternelle souffraient d'arthrite. »

— Personne atteinte d'arthrose

L'identification des gènes impliqués dans l'arthrite fera progresser la compréhension des mécanismes de la maladie, de sa biologie et de l'interaction entre les gènes et l'environnementNote de bas de page 30. La tâche est cependant complexe. Ces gènes peuvent différer d'une famille ou d'un groupe ethnique à l'autreNote de bas de page 26. De plus, même si l'on avait affaire aux mêmes gènes, leur expression pourrait varier d'une personne à l'autreNote de bas de page 22 Note de bas de page 24 Note de bas de page 30 Note de bas de page 31.

Des gènes spécifiques sont associés à un risque élevé de développer certains types d'arthrite. On a observé que les types d'arthrite inflammatoire ont tendance à se manifester dans certaines familles et, jusqu'à un certain point, la plupart de ces familles partagent une constitution génétique similaireNote de bas de page 12 Note de bas de page 16 Note de bas de page 20 Note de bas de page 30 Note de bas de page 32 Note de bas de page 33. Un groupe de gènes nommés antigènes majeurs d'histocompatibilité (système HLA) a particulièrement attiré l'attention. Les nombreux génotypes HLA sont hérités et ils sont associés à certaines maladies auto-immunes. Les personnes possédant certains génotypes HLA sont plus susceptibles de souffrir de maladies auto-immunes telles que la PR, la SA, le LED et le syndrome de SjögrenNote de bas de page 34. Des preuves scientifiques appuient également le rôle de la génétique dans l'apparition de l'arthroseNote de bas de page 8 Note de bas de page 14 Note de bas de page 15 Note de bas de page 35 Note de bas de page 36.

Le terrain génétique est modulé par l'environnement d'une personne : le risque de souffrir d'arthrose après une blessure au genou augmente si la personne blessée a des antécédents familiaux d'arthroseNote de bas de page 8 Note de bas de page 12 Note de bas de page 20 Note de bas de page 33 Note de bas de page 37 Note de bas de page 38 Note de bas de page 39. Cette association confirme l'importance des interactions entre l'environnement et la constitution génétique des personnes dans l'apparition de l'arthrite.

Facteurs de risque modifiables

« J'ai commencé à consulter un physio- thérapeute. Comme activité physique, il m'a recommandé de marcher dans une piscine, car la flottaison réduirait l'effet de mon surplus de poids. Le premier jour, j'ai pu faire quelques pas. Le lendemain, j'ai marché un peu plus. Puis, j'ai marché encore plus loin le surlendemain. Ensuite, je me suis dit que je pouvais aussi bien nager, puisque j'étais dans l'eau. Alors, j'ai fait une longueur, puis dix, et un beau jour, j'ai pu en faire cent… Je ne voulais plus arrêter. Mais ce n'était pas tout : je devais aussi perdre du poids. En m'alimentant sainement, j'ai pu perdre 45 kilos. Il s'est écoulé sept ans depuis mon diagnostic, et je suis maintenant redevenu heureux. J'ai de nouveaux amis, je prends plaisir à nager et j'aime organiser des randonnées. J'éprouve toujours des douleurs par temps très humide, et j'ignore comment la maladie évoluera, mais aujourd'hui, je préfère penser à d'autres choses, me faire des objectifs à long terme. Je me sens fort, même euphorique. »

— Personne atteinte d'arthrose

Certains facteurs de risque de l'arthrite sont modifiables, notamment la sédentarité, un mauvais régime alimentaire, l'excès de poids et les traumatismes articulaires. Bien que ces facteurs soient essentiellement associés à l'apparition de l'arthrose et de la goutte, ils peuvent être modifiés dans les populations touchées par n'importe quelle forme d'arthrite afin d'atténuer les douleurs et d'améliorer la capacité fonctionnelle et la qualité de vie des personnes atteintesNote de bas de page 2.

Le niveau de preuve sur l'importance des facteurs de risque modifiables dans l'apparition de l'arthrite varie grandement avec le type d'arthrite (voir le tableau 2-1 pour plus de détails). L'association entre ces facteurs et la maladie s'applique surtout à l'arthrose et à la goutte. Tous ces facteurs ont également été associés à la progression et à la gravité de la maladie, d'où leur fort potentiel pour améliorer la capacité fonctionnelle et réduire les incapacités chez les personnes arthritiques.

Sédentarité

L'activité physique peut à la fois prévenir l'apparition de certains types d'arthrite et soulager la douleur causée par la plupart, si ce n'est l'ensemble, des types d'arthriteNote de bas de page 9 Note de bas de page 14 Note de bas de page 15 Note de bas de page 40 Note de bas de page 41 Note de bas de page 42.

Le Guide d'activité physique canadien pour une vie active saine intègre le renforcement des os et des muscles à son message sur les bienfaits de l'activité physiqueNote de bas de page 43.

Le Guide d'activité physique canadien pour une vie active saine pour les aînés s'adresse en outre aux personnes souffrant d'arthrite dans les termes suivants :

Il est d'autant plus important pour vous de faire des exercices en douceur tous les jours afin de maintenir votre souplesse articulatoire. De petites séances d'activité quotidienne vous aideront à demeurer souple. Les activités d'assouplissement et de renforcement sont indispensables pour demeurer flexible et conserver des muscles et des articulations en santé. Plus vous serez sédentaire, plus vos articulations seront raides. Au besoin, faites appel à un professionnel pour savoir quels exercices vous conviennentNote de bas de page 44.

Bien que l'activité physique soit bénéfique pour la santé de tous les Canadiens et Canadiennes, en 2007-2008, la moitié de l'ensemble de la population (50 %) a dé- claré être physiquement inactive pendant son temps libre. La proportion de femmes ayant déclaré être physiquement inactives était significativement supé- rieure à celle des hommes dans les groupes d'âge des 15 à 39 ans et des 60 ans et plus (figure 2-1). Le plus grand écart a été observé chez les personnes de 70 ans et plus, parmi lesquelles 66 % des femmes se sont dites physiquement inactives, contre 53 % des hommes.

Figure 2-1. Proportion de personnes de 15 ans et plus ayant déclaré être physiquement inactives pendant leur temps libre, selon l’âge et le sexe, Canada, 2007 2008

Figure 2-1: Proportion de personnes de 15 ans et plus ayant déclaré être physiquement inactives pendant leur temps libre, selon l'âge et le sexe, population à domicile, Canada, 2007-2008
*Source : Agence de la santé publique du Canada, à partir des données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2007 2008, Statistique Canada.
*Notes : L’activité physique est déterminée par les valeurs de la dépense énergétique quotidi­enne totale (en kcal/kg/jour) fournie pendant les activités de loisir. La dépense énergétique est calculée en fonction de la fréquence et de la durée des séances d’activité physique et de la valeur MET de l’activité. Le MET ou « équivalent métabolique » est le coût énergétique de l’activité exprimé sous forme de multiple du métabolisme au repos. Les répondants sont classés dans les catégories suivantes : « actifs » (> 3 MET), « exercice modéré » (1,5 à 3 MET) ou « inactifs » (0 à 1,5 MET).
*Les différences entre hommes et femmes sont statistiquement significatives, avec p < 0,05 sauf dans le cas des sujets de 40 à 49 ans et de 50 à 59 ans.

Équivalent texte - Figure 2-1




L'activité physique est une composante importante du maintien d'un poids santé pour tout un chacun. Les efforts pour perdre du poids chez les personnes arthritiques ayant un indice de masse corporelle (IMC) élevé pourraient contribuer à l'amélioration de leur état de santé général et de leur qualité de vieNote de bas de page 45 Note de bas de page 46 Note de bas de page 47.

Il a été démontré que les personnes vivant avec l'arthrite qui ont une activité physique modérée à vigoureuse améliorent leur capacité fonctionnelle sans accroître l'activité de leur maladie ni s'infliger de lésions arti-culairesNote de bas de page 5 Note de bas de page 48 Note de bas de page 49 Note de bas de page 50 Note de bas de page 51 Note de bas de page 52 Note de bas de page 53. L'exercice modéré régulièrement pratiqué peut améliorer l'autonomie fonctionnelle, la souplesse, la force et l'endurance musculaires, la forme cardio- vasculaire et la santé psychologiqueNote de bas de page 3 Note de bas de page 54 Note de bas de page 55. L'exercice semble être la méthode la plus efficace pour atténuer la douleur causée par l'arthriteNote de bas de page 3 Note de bas de page 55 Note de bas de page 56. La participation à des activités récréatives telles que la course, le cyclisme, la marche et la danse a été associée à un impact bénéfique sur la capacité fonctionnelle, la douleur et les incapacitésNote de bas de page 9 Note de bas de page 40 Note de bas de page 42 Note de bas de page 48 Note de bas de page 49 Note de bas de page 50 Note de bas de page 51 Note de bas de page 52 Note de bas de page 53 Note de bas de page 56 Note de bas de page 57 Note de bas de page 58 Note de bas de page 59. Il convient cependant de tenir compte de plusieurs éléments comme la douleur, la peur de se blesser, la raideur des articulations ou des muscles, la fatigue ou le manque d'énergie et l'altération de l'équilibre avant d'entamer un programme d'exercice régulierNote de bas de page 55. L'essentiel est de doser adéqua- tement repos et activité.

L'inactivité peut aggraver l'arthrite en réduisant la mobilité des articulations ainsi que la force et la forme physiques, en accentuant la fatigue et la dépression, en abaissant la tolérance à la douleur et en accroissant le risque d'avoir d'autres affections chroniques comme les maladies cardiaques et l'ostéoporose. Les personnes souffrant de PR déclarent faire peu d'activité physique, ce qui est préoccupant, car elles sont plus exposées que la population générale à d'autres problèmes médicaux, comme les maladies cardiaques, ou à une mort prématurée. L'inactivité peut également exacerber l'amyotrophie (fonte musculaire) et la raideur articulaire, toutes deux limitantes pour la capacité physiqueNote de bas de page 45 Note de bas de page 60. Une tendance similaire est observée dans le cas des personnes atteintes d'arthrose, chez lesquelles la sédentarité peut mener à l'instabilité articulaireNote de bas de page 60.

Malgré l'importance de l'activité physique dans la prévention et la prise en charge de la maladie, la proportion de personnes physiquement inactives pendant leur temps libre était plus élevée chez les personnes souffrant d'arthrite (59 %) que chez les personnes non atteintes (49 %).

La sédentarité croît avec l'âge dans la population canadienne, avec ou sans arthrite (figure 2-2). Par ailleurs, il est inquiétant de constater que jusqu'à 56 % de la population (arthritique ou non) âgée de 15 à 39 ans a déclaré être inactive. Chez les hommes de 60 ans et plus, les personnes souffrant d'arthrite étaient moins actives physiquement que celles ne souffrant pas d'arthrite. Il en allait de même chez les femmes de 40 ans et plus.

Figure 2-2. Proportion de personnes de 15 ans et plus souffrant ou non d’arthrite ayant déclaré être physiquement inactives, selon l’âge et le sexe, Canada, 2007 2008

Figure 2-2: Proportion de personnes de 15 ans et plus souffrant ou non d'arthrite ayant déclaré être physiquement inactives, selon l'âge et le sexe, population à domicile, Canada, 2007-2008

*Source: Agence de la santé publique du Canada, à partir des données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2007 2008, Statistique Canada.

Équivalent texte - Figure 2-2



Régime alimentaire

Un régime alimentaire sain est une composante essentielle du maintien d'un poids santé pour les personnes vivant avec l'arthrite. En effet, l'excès de poids favorise la progression de la maladieNote de bas de page 49 Note de bas de page 58 Note de bas de page 61. La consommation excessive d'alcool et d'aliments riches en purine, comme la viande rouge et les poissons et fruits de mer, est associée à l'apparition de la goutteNote de bas de page 6 Note de bas de page 62 Note de bas de page 63. L'alimentation jouerait également un rôle dans le déclenche- ment et la gravité de la PR, mais la composition du régime en cause ne fait pas l'objet d'un consensus scientifique à l'heure actuelleNote de bas de page 17 Note de bas de page 22 Note de bas de page 35 Note de bas de page 63.

Excès de poids et obésité

L'excès de poids et l'obésité, qui sont définis par l'OMSNote de bas de page 64 comme le fait d'avoir un indice de masse corporelle (IMC) compris entre 25 et 29,9 (excès de poids) ou égal ou supérieur à 30 (obésité), augmentent le risque de souffrir d'arthrose et de goutte. Ce risque croît avec l'augmentation du poidsNote de bas de page 5 Note de bas de page 6 Note de bas de page 7 Note de bas de page 9 Note de bas de page 46 Note de bas de page 47 Note de bas de page 65 Note de bas de page 66 Note de bas de page 67.

Une forte association a été établie entre l'obésité et l'arthrose du genou et une association plus modeste entre l'obésité et l'arthrose de la hanche. Les personnes obèses sont 2,5 à 3 fois plus à risque de développer de l'arthrose du genou et 2 fois plus à risque de développer de l'arthrose de la hanche que les personnes ayant un IMC normalNote de bas de page 68 Note de bas de page 69 Note de bas de page 70. L'association entre un IMC élevé et l'arthrose de la main est moins certaineNote de bas de page 71.

Les personnes obèses atteintes d'arthrite sont plus nombreuses à présenter une symptomatologie plus sévère et une perte de qualité de vie plus marquée que les personnes atteintes d'arthrite qui gardent un poids santéNote de bas de page 8 Note de bas de page 9 Note de bas de page 12 Note de bas de page 15 Note de bas de page 25 Note de bas de page 66 Note de bas de page 72. De plus, la perte de poids diminue la douleur et améliore la capacité fonctionnelle chez les aînés obèses souffrant d'arthrose du genouNote de bas de page 73.

L'excès de poids et l'obésité peuvent accélérer l'apparition ou l'évolution de l'arthrose jusqu'au point où l'arthroplastie de l'articulation doit être envisagée. Les femmes et les hommes qui ont un excès de poids ou qui sont obèses sont deux fois plus nombreux à subir une arthroplastie de la hanche ou du genou que ceux qui maintiennent un poids santéNote de bas de page 74. Le rétablissement fonctionnel après une chirurgie est de surcroît meilleur chez les personnes ayant un poids santéNote de bas de page 74.

En 2007-2008, dans l'ensemble de la population, environ un garçon sur quatre et une fille sur six entre 12 et 17 ans avaient un excès de poids ou étaient obèses (figure 2-3). Les enfants et les jeunes qui ont un excès de poids ou qui sont obèses augmentent leur probabilité d'avoir un excès de poids ou d'être obèses à l'âge adulte.

Figure 2-3. Proportion de personnes de 12 à 17 ans qui ont un excès de poids ou qui sont obèses (d’après leur IMC), selon le sexe, Canada, 2007 2008

Figure 2-3: Proportion de personnes de 12 à 17 ans qui ont un excès de poids ou qui

*Source: Agence de la santé publique du Canada, à partir des données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2007 2008, Statistique Canada.
*Nota : Les différences entre garçons et filles sont statistiquement significatives, avec p < 0,05.

Équivalent texte - Figure 2-3



En 2007-2008, un adulte sur deux âgé de 18 ans et plus (51 %) a déclaré une taille et un poids qui le classent dans la catégorie Excès de poids ou Obésité. La proportion d'hommes ayant déclaré un surpoids (IMC compris entre 25 et 29,9) était significativement supérieure à celle des femmes dans tous les groupes d'âge (figure 2-4). La proportion d'hommes souffrant d'obésité (IMC ≥ 30) était significativement supérieure à celle des femmes dans tous les groupes d'âge excepté chez les 60 à 69 ans et les 70 ans et plus. La plus forte proportion d'hommes et de femmes obèses se trouvait chez les hommes de 50 à 59 ans et les femmes de 60 à 69 ans (23 % et 22 % respectivement). L'arthrose est également fréquente dans ces groupes d'âge.

Figure 2-4. Proportion de personnes de 18 ans et plus qui ont un excès de poids ou qui sont obèses (d’après leur IMC), selon l’âge et le sexe, Canada, 2007 2008

Figure 2-4: Proportion de personnes de 18 ans et plus qui ont un excès de poids ou qui sont obèses (d'après leur IMC), selon l'âge et le sexe, Canada, 2007-2008

Source : Agence de la santé publique du Canada, à partir des données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2007 2008, Statistique Canada.
Nota : Les différences entre garçons et filles sont statistiquement significatives, avec p < 0,05.

Équivalent texte - Figure 2-4



En 2007-2008, 63 % des Canadiens et Canadiennes âgés de 18 ans et plus atteints d'arthrite ont déclaré une taille et un poids qui les classent dans la catégorie Excès de poids ou Obésité, contre 49 % pour les Canadiens et Canadiennes non atteints d'arthrite (figure 2-5). La différence était plus marquée chez les femmes que chez les hommes. Chez les femmes de 50 à 59 ans, par exemple, 62 % de celles souffrant d'arthrite avaient un surpoids ou étaient obèses, contre 49 % chez celles ne souffrant pas d'arthrite. Chez les hommes du même âge, l'écart entre arthritiques et non-arthritiques était moins grand, les proportions d'hommes souffrant d'un surpoids ou d'obésité étant de 72 % chez ceux atteints d'arthrite et de 66 % chez les autres. De plus, chez les femmes de 18 à 29 ans, la proportion de celles avec un surpoids ou obèses était plus élevée chez les arthritiques (42 %) que chez les non- arthritiques (26 %). Parmi les hommes du même âge, l'écart entre arthritiques et non-arthritiques était moins marqué, les proportions d'hommes en surpoids ou obèses étant de 56 % chez ceux souffrant d'arthrite, contre 41 % chez ceux ne souffrant pas d'arthrite.

Figure 2-5. Proportion de personnes de 18 ans et plus souffrant ou non d’arthrite qui ont un excès de poids ou qui sont obèses (IMC ≥ 25), selon l’âge et le sexe, Canada, 2007 2008

Figure 2-5: Proportion de personnes de 18 ans et plus souffrant ou non d'arthrite qui ont un excès de poids ou qui sont obèses (IMC = 25), selon l'âge et le sexe, Canada, 2007-2008

*Source : Agence de la santé publique du Canada, à partir des données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2007 2008.
*Notes : Les différences entre personnes souffrant d’arthrite et personnes sans arthrite sont statistiquement significatives, avec p < 0,05, sauf chez les sujets masculins de 30 à 49 ans.
*IMC = indice de masse corporelle.

Équivalent texte - Figure 2-5



Traumatismes articulaires

Les blessures sont un important facteur de risque d'arthroseNote de bas de page 9 Note de bas de page 57. Les déchirures du ménisque et des ligaments croisés augmentent le risque ultérieur d'arthroseNote de bas de page 9 Note de bas de page 15 Note de bas de page 75. Des facteurs tels la présence d'une autre articulation touchée par l'arthrose, le vieillissement, le sexe féminin ou un stress répété à l'articulation blessée pourraient accroître le risque d'arthrose à la suite d'une blessure grave au genouNote de bas de page 15. Bien que les traumatismes articulaires soient évitables, une fois survenus, ils peuvent avoir des conséquences irréversibles.

« J'ai commencé à ressentir de la douleur en 1967, après un accident de sport (j'ai raté une haie et je suis mal retombé sur le pied). On m'a diagnostiqué une mauvaise entorse — les choses en sont restées là. Pourtant, la douleur s'est maintenue et n'a jamais disparu. »

— Personne atteinte d'arthrose

Tabagisme

Le tabagisme est associé à l'apparition et au dévelop- pement de types d'arthrite inflammatoires, soit la PR et le LEDNote de bas de page 16 Note de bas de page 17 Note de bas de page 24 Note de bas de page 33 Note de bas de page 76 Note de bas de page 77.

Le risque d'apparition de la PR est supérieur chez les fumeurs, particulièrement les hommes. De plus, le tabagisme semble encourager une forme plus active, voire plus dommageable, de la maladieNote de bas de page 12 Note de bas de page 22 Note de bas de page 76 Note de bas de page 78. Les fumeurs risquent davantage de posséder un facteur rhumatoïde (FR), même s'ils ne présentent pas encore de symptômes de PRNote de bas de page 12 Note de bas de page 22 Note de bas de page 24 Note de bas de page 78 Note de bas de page 79 Note de bas de page 80 Note de bas de page 81 Note de bas de page 82 Note de bas de page 83 Note de bas de page 84. Fumer exacerbe les manifestations cutanées liées au LED.

Les mécanismes d'interaction entre la consommation de tabac et les types d'arthrite inflammatoires et l'auto- immunité en général sont multiples et encore mal comprisNote de bas de page 76 Note de bas de page 81. De plus, l'interaction entre le tabac et la susceptibilité génétique individuelle complique l'élu- cidation de ces mécanismesNote de bas de page 76.

Profession

L'exposition professionnelle à la silice cristalline constitue un facteur de risque élevé pour les types d'arthrite inflammatoiresNote de bas de page 77. La poussière minérale et les vibrations ont été pointées du doigt comme facteurs de risque possibles de la PR, particulièrement chez les hommesNote de bas de page 11 Note de bas de page 82.

Une forte association a été trouvée entre certaines activités effectuées au travail, comme plier les genoux, s'agenouiller, s'accroupir ou monter des marches à répétition, et l'arthrose du genou chez les hommesNote de bas de page 9 Note de bas de page 14. Une forte association a aussi été observée entre l'agriculture (y compris le travail agricole, la production laitière, l'élevage d'animaux et la production de denrées d'origine animale) et l'arthrose de la hanche. Récem- ment, l'agriculture a également été associée à l'arthrose du genouNote de bas de page 9 Note de bas de page 57 Note de bas de page 83.

Infections

Depuis de nombreuses années, les infections sont soupçonnées de déclencher l'arthrite de type inflamma-toireNote de bas de page 12 Note de bas de page 19 Note de bas de page 20 Note de bas de page 77. Certains virus participeraient notamment à l'apparition de la PR et du LED. On pense que ces virus déclenchent le processus inflammatoire au siège de l'infection en ciblant les cellules immunitaires ou en s'attaquant directement aux tissus articulairesNote de bas de page 84. L'inflammation jouerait ensuite un rôle dans le déclen- chement de la PRNote de bas de page 22. La plus concrète des preuves à l'appui de cette hypothèse serait le virus Epstein-Barr (VEB), puisqu'il est considéré comme un facteur de risque potentiel de la PR depuis plus de 25 ans. Il n'a cependant pas été établi si ce virus est une cause ou une conséquence de la PRNote de bas de page 16 Note de bas de page 22.

Réduire l'impact de l'arthrite

« J'étais frustrée par le diagnostic, mais j'ai compris pourquoi : ma mère a été gravement handicapée par la polyarthrite rhumatoïde bien avant l'arrivée des antirhumatismaux à action lente (ARAL) et elle a beaucoup souffert pendant les dernières années de sa vie. »

— Personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde

« Je sais ce que cela représente que de vivre avec une maladie chronique. Ce n'est pas la fin du monde : on fait confiance aux professionnels de la santé et aux chercheurs, on essaie de tirer le meilleur parti des occasions qui se présentent et, surtout, on se concentre sur ses habiletés et sur les choses formidables que nous réserve l'avenir. »

— Personne atteinte d'arthrite rhumatoïde juvénile

L'impact de tous les types d'arthrite peut être atténué par :

  • l'éducation et la sensibilisation au sujet de la maladie;
  • la reconnaissance des symptômes, un dépistage et un diagnostic précoces;
  • l'autogestion de la maladie, y compris l'éducation, l'activité physique et les programmes de contrôle du poids ou d'exercices;
  • un traitement approprié comprenant des médicaments, la réadaptation et la chirurgie.

Les interventions ci-dessus visent à arrêter ou à ralentir la progression de la maladie et à réduire l'incapacité et les autres complications causées par l'arthrite.

Éducation et sensibilisation

Des études ont montré que le grand public est peu informé sur l'arthrite et que sa perception de la maladie est faussée par de nombreux mythes (voir « Mythes communs entourant l'arthrite »)Note de bas de page 85 Note de bas de page 86 Note de bas de page 87 Note de bas de page 88.

Une étude récente a d'ailleurs conclu que certaines croyances sur l'arthrite perdurent et qu'elles nuisent aux démarches de recherche de soins et à l'adhésion au traitement chez les personnes présentant des symptômes d'arthrite ou ayant reçu un diagnostic d'arthriteNote de bas de page 89.

Mythes communs entourant l'arthrite

« L'arthrite frappe surtout les personnes âgées »

Bien que le risque d'arthrite augmente avec l'âge, trois personnes arthritiques sur cinq ont moins de 65 ans. Des gens de tous âges sont touchés, y compris des enfants et des adolescents. L'arthrite rhumatoïde juvénile est l'une des maladies chroniques de l'enfance les plus fréquentes.

« L'arthrite est une conséquence naturelle et normale du vieillissement »

Si cela était vrai, la plupart des aînés souffriraient d'arthrite et aucun enfant ne serait touché. Or 57 % des aînés (soit les plus de 65 ans) ne sont pas atteints. De plus, les deux tiers des personnes arthritiques ont moins de 65 ans et l'arthrite frappe aussi les enfants. Enfin, certaines formes d'arthrite, comme l'arthrose et la goutte, peuvent être évitées.

« L'arthrite n'est pas une maladie grave; elle cause seulement des maux et des douleurs mineurs; mieux vaut l'ignorer »

La plupart des lésions causées aux articulations par l'arthrite inflammatoire surviennent pendant les premières années après l'apparition des symptômes : un diagnostic précoce et précis est essentiel pour atténuer les effets de la maladie.

« Il n'y a rien à faire contre l'arthrite; il faut apprendre à vivre avec cette maladie »

Bien qu'il n'existe actuellement aucune cure contre l'arthrite, les personnes atteintes peuvent faire beaucoup pour soulager leur douleur, réduire leur invalidité et conserver leur capacité de vaquer aux occupations qu'elles aiment. Un diagnostic précoce et des stratégies de traitement appropriées peuvent contribuer à réduire l'incapacité et à minimiser les répercussions sur la qualité de vie associées à de nombreux types d'arthrite. L'activité physique, un poids santé, l'enseignement de l'autogestion de la maladie, la réadaptation, la prise de médicaments et, pour les cas graves, la chirurgie peuvent faire toute la différence.

« Les articulations touchées par l'arthrite doivent être laissées au repos »

La croyance répandue selon laquelle une articulation enflammée ou douloureuse nécessite du repos est erronée. Le manque d'exercice affaiblit les muscles et peut causer douleurs et raideurs. Les personnes souffrant d'arthrite devraient pratiquer les activités physiques recommandées par un médecin, un physiothérapeute ou un ergothérapeute, telles que :

  • des exercices de mobilité (p. ex. des étirements) afin d'améliorer ou de conserver l'amplitude de mouvement et la souplesse des articulations;
  • des exercices de renforcement, comme des activités de mise en charge, afin d'accroître la force musculaire et la stabilité des articulations et d'améliorer la capacité fonctionnelle;
  • des exercices d'aérobie, comme la marche ou le cyclisme, afin d'améliorer la forme cardiovasculaire.

Reconnaissance des symptômes, dépistage et diagnostic précoces

« Je suis convaincu qu'un degré adéquat d'attention et d'information aux premiers stades du diagnostic peut accélérer le traitement — c'est ce qu'indiquent toutes les recherches récentes. J'aimerais qu'un programme soit mis sur pied pour les patients nouvellement diagnostiqués, dans lequel ils seraient vus par une équipe de spécialistes susceptibles de les informer relativement à la maladie et de les aider à surmonter le déni qui accompagne un tel diagnostic. J'aimerais également que ces patients puissent suivre un programme de changement du mode de vie (exercice, régime, protection des articulations, massages, etc.) qui leur profiterait et limiterait les torts occasionnés par la maladie. »

— Personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde

Le diagnostic précoce des formes inflammatoires de l'arthrite, comme la PR, est particulièrement important. En effet, entamer tôt un traitement agressif produit de meilleurs résultatsNote de bas de page 56. Pour certaines formes d'arthrite, comme le lupus, la présentation clinique est très variable; elle peut inclure ou ne pas inclure des symptômes articulaires. Les antécédents médicaux et un examen complet permettront au médecin de poser un diagnostic différentiel, de prescrire les analyses de laboratoire appropriées et, finalement, d'établir un diagnostic et un plan de traitementNote de bas de page 56.

Il importe de sensibiliser la population à l'utilité de reconnaître les symptômes, d'établir un diagnostic et d'amorcer le traitement de la maladie le plus tôt possible. Beaucoup de personnes atteintes d'arthrite ne parlent pas de leurs symptômes à leur médecin, surtout si leur état de santé général est bon et qu'elles sont peu affectées sur le plan professionnel ou dans leurs autres activitésNote de bas de page 90.

Des initiatives comme le programme « Mainmise sur l'arthrite » ont été appliquées avec succès au CanadaNote de bas de page 91. Elles accroissent la capacité des fournisseurs de soins et des personnes arthritiques à collaborer pour prendre en charge ensemble la maladie. Pour ce faire, elles s'appuient sur la prestation de soins contre l'arthrite et mettent l'accent sur la prévention, le dépistage précoce, les soins complets, l'accès adéquat et rapide aux soins spécialisés et l'autogestion de la maladie.

Autogestion de la maladie

« Ma famille tolérait mon problème de santé, mais j'étais souvent laissé à la maison à cause de mon incapacité à participer à plusieurs activités en raison de la douleur, de l'inconfort, de la fatigue et de mes états d'âme. J'ai dû apprendre à changer considérablement de mode de vie et à me concentrer sur les choses faciles pour moi. J'ai suivi les cours du Programme d'initiative personnelle contre l'arthrite pour affronter la situation, puis une formation pour enseigner aux autres comment s'aider eux-mêmes. C'est un cours très bénéfique et fort utile pour toute personne devant vivre avec l'arthrite. »

— Personne atteinte d'arthrose

L'autogestion fait référence aux tâches qu'une personne doit accomplir pour bien vivre avec une ou plusieurs affections chroniques. Ces tâches incluent l'acquisition de la confiance en soi nécessaire pour se responsabiliser face aux aspects médicaux et émotionnels de sa ou de ses pathologies, tout en assumant ses autres responsabilitésNote de bas de page 92.

Les activités d'autogestion, comme la participation à des programmes d'enseignement et l'activité physique, sont des composantes essentielles dans la prise en charge non pharmacologique de l'arthrite.

Les directives cliniques de l'American College of Rheu- matologyNote de bas de page * pour l'arthrose du genou et de la hanche, la PR et le LED indiquent que les programmes d'autogestion et l'éducation du patient sont des volets importants du traitement non pharmacologiqueNote de bas de page 92 Note de bas de page 93 Note de bas de page 94.

Note de bas de page *

Il n'existe pas de directives cliniques canadiennes pour des types d'arthrite précis, actuellement.

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Trois activités d'autogestion y sont abordées :

L'enseignement de l'autogestion vise à renforcer la confiance et les compétences des personnes qui doivent apprendre à vivre avec l'arthrite au quotidien. Les programmes en la matière diffèrent de l'éducation du patient ou de la formation axée sur l'acquisition de compétences, car ils sont conçus pour aider les malades chroniques à prendre en charge leur problème de santéNote de bas de page 95. Les participants à ces programmes apprennent à développer leur confiance en leur capacité à atténuer leurs symptômes, à se fixer un plan d'action pour gérer leur maladie et à créer des liens avec d'autres personnes atteintes d'arthrite.

Il existe de nombreux programmes d'autogestion partout au Canada (pour un complément d'information, visiter les sites de la Société de l'arthrite [www.arthritis.ca] et d'Arthritis Consumer Experts [www.jointhealth.org]. Les bienfaits de ces programmes sont notamment les suivants :

  • l'atténuation de la douleur;
  • le développement de l'autonomie en matière de santé;
  • l'amélioration de la capacité fonctionnelle;
  • une plus grande confiance en soi dans la prise en charge de la maladie;
  • une meilleure compréhension de l'arthrite;
  • le développement de ses capacités d'adaptation;
  • une participation plus active à la prise en charge de la maladieNote de bas de page 96 Note de bas de page 97 Note de bas de page 98.

« La situation a fini par s'améliorer. J'ai commencé à naviguer sur Internet et j'ai trouvé des témoignages d'autres personnes aux prises avec l'arthrite, sur le site Web de la Société de l'arthrite. Cela m'a rassurée et m'a inspirée. C'était une véritable révélation. En lisant ces témoignages, j'ai su que je n'étais pas la seule à vivre avec cette maladie. J'ai compris qu'il y avait de l'espoir. Il y avait des mesures que je pouvais prendre pour atténuer la douleur et recommencer à vivre. »

— Personne atteinte d'arthrose

« La meilleure expérience que j'ai vécue en lien avec mon arthrite s'est produite lorsque mon rhumatologue m'a convaincue de devenir une interlocutrice pour la BC Lupus Society et même de former un groupe de soutien sur le lupus. C'est ce que je fais depuis quinze ans maintenant! J'ai constitué un nouveau cercle d'amis et appris beaucoup sur le LED. Il est valorisant d'être appelée à l'hôpital pour parler avec un patient qui vient de recevoir son diagnostic et de lui dire que je vis avec le LED depuis plus de trente ans et que je suis toujours là. Vous pouvez faire mieux encore! »

— Personne atteinte d'arthrose

Médication

Pour la plupart des types d'arthrite, le traitement implique souvent l'utilisation de médicaments visant à soulager la douleur, préserver les articulations et limiter la progression de la maladie. Les médicaments peuvent être utilisés seuls ou en association dans le cadre d'un plan de traitement individuel. Au cours des dernières années, la mise au point de médicaments contre l'arthrite a progressé et a connu des changements notables. Ces médicaments incluent actuellement les analgésiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les corti- costéroïdes, les antirhumatismaux à action lente (ARAL) et les modificateurs de la réponse biologique (également connus sous le nom de « médicaments biologiques »). Ces médicaments, ainsi que leur utilisation dans le traitement de certains types d'arthrite, sont présentés en détail au chapitre 7.

Réadaptation

Tous les types d'arthrite sont associés à des limitations fonctionnelles, qui peuvent être réduites par un large éventail d'interventions de réadaptation axées sur le patient plutôt que sur la seule partie du corps affectée par la maladie. Ces interventions dépendent du problème et de l'état de santé de la personne traitée ainsi que de ses besoins.

Des exercices spéciaux pour les articulations, des programmes de conditionnement physique, l'utilisation d'aides et d'appareils fonctionnels et orthopédiques et la participation à des programmes d'autogestion peuvent aider les individus à rester autonomes et actifs. Ils favorisent un mode de vie plus dynamique et contribuent à atténuer la douleur causée par l'arthrite, particulière- ment l'arthrose et la PRNote de bas de page 2 Note de bas de page 99.

Chirurgie

La chirurgie est habituellement envisagée pour les personnes souffrant de douleurs persistantes que les traitements médicamenteux, physiques et de réadaptation optimaux ne parviennent pas à soulager. Plusieurs interventions peuvent être tentées selon le problème de santé, sa gravité, la limitation fonctionnelle ou la douleur. Les interventions chirurgicales les plus connues sont l'arthroscopie, l'ostéotomie et l'arthroplastie (ou le remplacement de l'articulation). La chirurgie est recommandée essentiellement pour les personnes souffrant d'arthrose et de PR avec lésions articulaires de stade final, associées à des douleurs et à une limitation fonctionnelle non tolérables et accompagnées d'atteintes anatomiques importantesNote de bas de page 92 Note de bas de page 93 Note de bas de page 99. Elle est éga- lement indiquée dans certains cas de spondylarthro- pathie, comme la polyarthrite psoriasique et la spon- dylarthrite ankylosanteNote de bas de page 95 Note de bas de page 99. Le recours au traitement chirurgical est abordé au chapitre 9.

Résumé

  • Maintenir un poids santé et éviter les blessures articulaires, notamment les blessures sportives et professionnelles, peut aider à prévenir l'arthrose.
  • Les changements de mode de vie recommandés pour prévenir la goutte incluent le maintien d'un poids santé, l'exercice physique quotidien et la consommation réduite d'alcool et d'aliments riches en purine, comme la viande rouge, les poissons et les fruits de mer.
  • La sédentarité et l'obésité peuvent aggraver de nombreuses formes d'arthrite ou accélérer leur progression.
  • La moitié (50 %) de la population canadienne et 59 % des Canadiens et Canadiennes souffrant d'arthrite se disent physiquement inactifs pendant leur temps libre.
  • Plus de la moitié (51 %) de la population canadienne et 63 % des Canadiens et Canadiennes souffrant d'arthrite ont déclaré une taille et un poids qui les classent dans la catégorie des personnes ayant un surpoids ou souffrant d'obésité.
  • Les infections, le tabagisme et le régime alimentaire peuvent influer sur l'apparition et la gravité des symptômes de certaines formes d'arthrite inflammatoire telles que la polyarthrite rhumatoïde ou le lupus éry- thémateux disséminé.
  • Une prise en charge appropriée et un diagnostic précoce peuvent aider à atténuer l'impact de l'arthrite. Un ensemble de mesures peut être appliqué, notamment :
    • l'enseignement de l'autogestion de la maladie et une formation sur le soulagement de la douleur et sur la maladie elle même;
    • le conseil et le soutien;
    • l'ergothérapie et la physiothérapie;
    • l'activité physique;
    • la perte de poids;
    • un régime alimentaire sain;
    • la protection des articulations;
    • l'utilisation de médicaments d'ordonnance ou en vente libre;
    • la chirurgie.

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