Partie III : Lignes directrices pour la prévention et le contrôle des infections transmises par les appareils souples d’endoscopie digestive et de bronchoscopie – Endoscopes souples : structure et fonctionnement

PARTIE III.  ENDOSCOPES SOUPLES : STRUCTURE ET FONCTIONNEMENT

Les endoscopes sont des appareils biomédicaux très complexes. Leur complexité est attribuable à la nécessité d’insérer des faisceaux de fibres optiques et des canaux longs et étroits dans une structure tubulaire dont la taille est restreinte par les dimensions limitées des ouvertures des cavités corporelles (p. ex. la gorge, l’intestin, la trachée). L’endoscope n’est qu’un seul élément du système. Les autres éléments sont une source lumineuse, un processeur vidéo, un moniteur et un flacon de lavage (bouteille d’eau). Aux fins des présentes directives, l’endoscope que nous décrirons sera un endoscope vidéo, qui représente une nouvelle technologie comparativement aux endoscopes à fibre optique. Dans les endoscopes vidéo, le faisceau de fibre « de visionnement » est remplacé par une puce miniature de caméra matricielle CCD qui transmet des signaux par le biais de fils. Certains endoscopes, tout particulièrement les endoscopes très étroits utilisés pour le visionnement direct du canal cholédoque et du conduit pancréatique, sont encore à fibre optique et exigent les mêmes soins en matière de manipulation et de retraitement que les endoscopes vidéo. Il est désormais inacceptable d’utiliser des endoscopes qui ne peuvent pas être immergés complètement. Les endoscopes vidéo sont constitués de trois sections principales : la section de raccordement (parfois appelée cordon « ombilical »), la section de commande et le tube d’insertion. Les endoscopes doivent avoir un compartiment interne étanche intégré à toutes les composantes pour le filage électrique et les commandes, ce qui les protège de l’exposition aux sécrétions du patient durant l’utilisation de l’instrument et permet d’immerger complètement l’endoscope pour le nettoyage et la désinfection subséquente.

La section de raccordement (voir la figure 2) abrite les liaisons pour quatre systèmes :

  1. Système électrique (figure 2, partie 14) : un câble avec signal vidéo, une commande d’éclairage et un interrupteur à distance pour le processeur vidéo sont connectés ici. Un bouchon étanche est nécessaire pour pouvoir procéder au test d’étanchéité et au retraitement. Le connecteur électrique est le seul accès aux composantes internes.
  2. Système d’éclairage (figure 2, partie 12) : le connecteur est inséré dans la source de lumière et transmet la lumière par le faisceau de fibres optiques dans le guide lumière jusqu’à l’extrémité distale du tube d’insertion.
  3. Système air/eau (figure 2, partie 13) : la pression est fournie à la prise d’air par une pompe; le flacon de lavage est également raccordé ici (il n’y a pas de canal ou de raccord pour l’eau dans le cas des bronchoscopes). Dans certains modèles d’endoscope, les canaux distincts pour l’air et l’eau se rejoignent juste avant l’extrémité distale, où ils ne forment qu’un seul canal. Dans d’autres modèles, les canaux pour l’air et l’eau sont totalement séparés et ne se rejoignent pas. Les canaux air/eau ont habituellement un diamètre interne (DI) de 1 mm, ce qui est trop petit pour y effectuer un brossage.
  4. Système d’aspiration (figure 2, partie 11) : un système d’aspiration portable ou encastré est relié à l’orifice d’aspiration. Le cordon universel abrite le filage électrique et les canaux air et eau et d’aspiration de la section de raccordement jusqu’à la section de commande. Les canaux sont généralement constitués de tubes de Teflon® (PTFE) et des avancées technologiques ont permis d’obtenir des matériaux plus souples et lisses et ayant de meilleures propriétés antiadhésives pour les canaux opérateurs. La dimension du canal d’aspiration peut varier de 2 mm à 4 mm (DI) selon la marque et le modèle de l’endoscope. Il y a un orifice pour biopsie (figure 2, partie 9) sur le côté du tube d’insertion qui permet de passer des instruments dans le tube d’insertion jusqu’à l’extrémité distale (appelé canalopérateur ou canal d’aspiration/de biopsie).

La section de commande (figure 2, parties 1-6, 8, 9, 16) contient des manettes mobiles qui permettent au médecin de commander toutes les fonctions de l’endoscope. Les manettes de béquillage (orientation dans l’espace) dirigent les câbles de béquillage et contrôlent la section béquillable à l’extrémité distale du tube d’insertion, permettant ainsi une orientation bidimensionnelle. Des mécanismes de blocage (freins) permettent de fixer la section béquillable dans la position voulue. Le piston et la valve d’aspiration relient le canal d’aspiration au canal opérateur dans le tube d’insertion. En appuyant sur le bouton de la valve, on peut effectuer une aspiration du canal opérateur. Le piston et la valve air/eau sont semblables au piston et à la valve d’aspiration, sauf qu’une valve avec bouton à deux voies est utilisée dans un dispositif à double canal qui permet de véhiculer l’air ou l’eau jusqu’à la lentille à l’extrémité distale, pour le lavage ou l’insufflation d’air afin d’améliorer la vision. Les deux valves peuvent être détachées pour le nettoyage. Les canaux air et eau doivent aussi être munis d’un adaptateur pour nettoyage, lequel doit être utilisé à la fin de chaque intervention. L’insertion de l’adaptateur pour nettoyage envoie de l’air dans les canaux air et eau et, sur activation, de l’eau est pompée dans les deux canaux. L’orifice d’entrée du canal opérateur (souvent appelé « orifice de biopsie ») est situé sur la partie inférieure de la section de commande. Il donne accès au canal opérateur au niveau d’une pièce en Y le raccordant au canal d’aspiration. L’orifice doit être fermé par une valve afin de faciliter l’aspiration. Les interrupteurs à distance présents sur le dessus de la section de commande sont habituellement programmables, permettant le contrôle du processeur vidéo (c.-à-d. les fonctions contraste, luminosité automatique (iris) et saisie d’images).

Figure 2. Composantes d' un endoscope vidéo souple

Figure 2. Composantes d'un endoscope vidéo souple
Équivalent textuel - Figure 2

Équivalent text - Lignes directrices pour la prévention et le contrôle des infections transmises par les appareils souples d’endoscopie digestive et de bronchoscopie

Figure 2. Composantes d' un endoscope vidéo souple

Cette figure représente les composantes mécaniques d’un endoscope flexible typique :

  1. Manette de béquillage HAUT-BAS
  2. Manette de béquillage DROITE-GAUCHE
  3. Freins HAUT-BAS
  4. Freins DROITE-GAUCHE
  5. Valve air/eau
  6. Valve d’aspiration
    • Manche
    • Piston d’aspiration
    • Piston air/eau
    • Section de commande
    • Valve du canal à biopsie avec éléments jetables
    • Gaine
    • Repère de la limite d’insertion du tube
    • Longueur utile
    • Tube d’insertion
    • Extrémité distale
    • Cordon universel
  7. Interrupteurs à distance
  8. Ouverture du canal opérateur
  9. Section béquillable
  10. Raccord d’aspiration
  11. Section raccord du guide lumière
  12. Raccord pour l’alimentation en air et pour l’alimentation en eau
  13. Connecteur électrique
  14. Support du raccord du cordon de sécurité
  15. Orifice du canal de lavage auxiliaire
    • Connecteur d’aération à bouchon étanche
    • Nom et numéro de série du produit
    • Contacts électriques
    • Guide lumière
    • Prise d’air

En outre, certains modèles présentent des caractéristiques particulières qui facilitent des applications thérapeutiques particulières.

Tableau 3. Exemples de spécifications pour les endoscopes souples
TYPE D’ENDOSCOPE D.E. (diamètre extérieur) DU TUBE D’INSERTION LONGUEUR UTILE D.I. (diamètre interne) DU CANAL OPÉRATEUR
Adultes
GASTROSCOPE 9,0 mm – 11,4 mm 1 030 mm – 1 050 mm 2,8 mm – 3,8 mm
DUODÉNOSCOPE 10,8 mm – 12,5 mm 1 235 mm – 1 250 mm 3,2 mm – 4,2 mm
COLOSCOPE 12,9 mm – 13,7 mm 1 330 mm –1 680 mm 3,7 mm – 4,2 mm
SIGMOÏDOSCOPE 12,8 mm – 13,2 mm 700 mm – 730 mm 3,7 mm – 4,2 mm
ENTÉROSCOPE 10,5 mm – 11,7 mm 2 200 mm – 2 500 mm 2,8 mm – 3,8 mm
BRONCHOSCOPE 5,7 mm – 6,0 mm 550 mm – 600 mm 2,0 mm – 2,8 mm
Enfants
GASTROSCOPE 5,9 mm – 6,0 mm 1 030 mm – 1 050 mm 2,0 mm
COLOSCOPE 11,5 mm – 11,6 mm 1 680 mm – 1 700 mm 3,2 mm – 3,8 mm
BRONCHOSCOPE 4,4 mm – 5,1 mm 600 mm 2,0 mm

Remarque : La gamme des endoscopes souples fabriqués par Olympus et Pentax, y compris les modèles pour usages diagnostiques et thérapeutiques sont inclus dans ce tableau. Ces dispositifs sont uniquement présentés à titre d’exemples; il ne faut pas y voir une recommandation en faveur d’un produit d’un fabricant en particulier.

Les duodénoscopes présentent deux caractéristiques particulières : une fenêtre latérale de visionnement CCD et un levier élévateur permettant d’orienter un instrument sans déplacer la section béquillable à l’extrémité distale. Pour la commande, il est nécessaire d’avoir un système de câble (câble d’élévation) relié à un levier au niveau des manettes de béquillage dans la tête de commande. Le câble est une composante « externe » exposée aux sécrétions du patient durant l’intervention. Il est situé dans un canal distinct qui s’étend de la tête de commande jusqu’à l’extrémité distale. Il est important de bien nettoyer ce canal et de le désinfecter après chaque usage. L’accès au canal se fait par l’orifice du câble d’élévation. Étant donné le petit diamètre interne de ce canal, combiné à la présence du câble à l’intérieur, il faut une plus grande pression pour y faire passer les liquides comparativement aux autres canaux. Certains endoscopes à usage thérapeutique spécialisé, comme l’écho‑endoscope, peuvent aussi être dotés d’un canal élévateur qui nécessite des étapes additionnelles de nettoyage et de désinfection à la main.

Les gastroscopes et les coloscopes à usage thérapeutique offrent en option des canaux de lavage auxiliaires ou des canaux opérateurs secondaires; dans chaque cas, des étapes additionnelles viennent s’ajouter aux procédures de nettoyage et de retraitement. Les gastroscopes à usage thérapeutique peuvent être dotés de canaux thérapeutiques doubles, chacun devant être brossé, nettoyé et désinfecté. Des adaptateurs additionnels peuvent s’avérer nécessaires pour désinfecter efficacement l’endoscope.

Les bronchoscopes n’ont qu’un levier de béquillage haut/bas pour commander dans une seule direction la section béquillable et ils n’ont pas de canal air/eau. Le matériel additionnel requis pour le système vidéo comprend un processeur vidéo, un moniteur et une source lumineuse. Le processeur vidéo sert uniquement à traiter le signal de la puce CCD et cela permet de contrôler la couleur et le contraste, l’intensité lumineuse et la qualité de l’image. La source lumineuse couramment utilisée est une lampe au xénon de 300 watt; elle fournit la pompe pour le système air/eau.

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