Sommaire : Modélisation de l'incidence et de la prévalence de l'hépatite C et de ses séquelles au Canada, 2007

Sommaire

En 1998, un groupe de travail a évalué l’ampleur de la transmission de l’hépatite C par transfusion sanguine au Canada. Le groupe a estimé qu’en juillet 1998, quelque 240 000 personnes étaient infectées par le virus de l’hépatite C (VHC) au Canada. Cependant, le groupe de travail n’a pas examiné la distribution de l’infection à VHC parmi les personnes classées dans d’autres catégories d’exposition (comme l’injection de drogues, source la plus fréquente de l’infection) ni tenté d’estimer les répercussions actuelles ou futures de l’infection à VHC.

En 2003, Santé Canada souhaitait réexaminer la prévalence estimative de l’infection à VHC au Canada en 2002 et obtenir des estimations plus détaillées pour chaque catégorie d’exposition. À cette fin, Remis et ses collègues ont mis au point une nouvelle approche actuarielle reposant sur un modèle en trois étapes, comprenant : une estimation des populations à risque selon le lieu de naissance et la catégorie d’exposition; une modélisation de l’incidence et de la prévalence du VHC chez les personnes nées au Canada ainsi que de la prévalence du VHC à l’arrivée et de l’incidence subséquente du VHC chez les personnes nées à l’étranger; enfin, une projection des issues de l’infection chronique à VHC chez les personnes infectées. Les objectifs de l’étude de modélisation de l’infection à VHC étaient d’estimer les paramètres suivants : incidence et prévalence de l’hépatite C; proportion des cas d’infection à VHC diagnostiqués; nombre de personnes qui sont infectées par le VHC selon le stade de la maladie; morbidité associée au VHC; et survenue dans l’avenir de complications graves de l’infection à VHC.

Plus récemment, l’Agence de la santé publique du Canada a voulu mettre à jour les estimations de 2002, en intégrant de nouvelles données sur l’évolution du VHC et sur les cas déclarés d’infection à VHC ainsi que les améliorations à l’approche analytique mises au point depuis 2002.

Les personnes infectées par le VHC pourraient un jour présenter des complications graves. On a évalué ces complications en estimant le nombre de cas qui évoluent vers les stades cliniques suivants : cirrhose, cirrhose décompensée (insuffisance hépatique), carcinome hépatocellulaire, greffe de foie et décès par maladie hépatique. On a utilisé dans le modèle les paramètres de transition annuels fondés sur les données publiées et les études de modélisation et intégré d’importants facteurs modificateurs comme l’âge, le sexe et le statut à l’égard du VIH. Le modèle a été traité comme un continuum intégrant toutes les étapes : l’entrée, marquée par la naissance ou l’immigration, puis la transition vers les comportements ou les expériences liés à l’exposition, à l’infection à VHC, à l’évolution vers une maladie grave et le décès. Les estimations et les projections concernant l’infection à VHC, la prévalence et les séquelles du VHC ont été faites de 1960 à 2027.

Les résultats de l’étude mise à jour peuvent se résumer comme suit : nous avons estimé qu’en décembre 2007, environ 242 500 personnes étaient infectées par le VHC au Canada et qu’environ 7 900 personnes avaient contracté l’infection en 2007, principalement par l’injection de drogues. La distribution des cas prévalents d’infection à VHC par catégorie d’exposition (à la centaine le plus près) était la suivante : 52 500 utilisateurs de drogues par injection (UDI), 87 500 ex-utilisateurs de drogues par injection, 900 hémophiles, 25 900 transfusés et 75 800 « autres ». Dans l’analyse, les UDI représentaient 58 % des cas prévalents d’infection à VHC au Canada, les transfusés, 11 %, les hémophiles, 0,4 %, et les autres, 31 %. Dans l’ensemble, environ 192 000 (79 %) personnes infectées par le VHC vivant au Canada en décembre 2007 avaient reçu un diagnostic.

L’impact des séquelles de l’hépatite C sur la santé des Canadiens semble considérable. En 2007, 15 800 personnes étaient atteintes d’une cirrhose et 5 500 d’une insuffisance hépatique. L’incidence annuelle des cirrhoses récentes semblait avoir atteint un sommet à la fin des années 1990 et au début des années 2000, mais, selon les résultats du modèle, l’incidence des issues plus graves de l’infection à VHC continuera de grimper au moins jusqu’en 2027. Nous avons estimé que de 2007 à 2027, la prévalence des cas de cirrhose passera de 15 814 à 17 570 et le cancer devrait passer de 338 à 379 cas (tableau 7b).

Nous avons également examiné la prévalence du VHC dans deux populations particulières : les personnes d’origine autochtone et les personnes incarcérées dans les prisons fédérales et provinciales. Nous avons conclu qu’environ 34 900 (3,0 %) Autochtones étaient infectés par le VHC et que, parmi les personnes incarcérées, 6 300 (18,7 %) étaient infectées par le VHC. La distribution des détenus infectés par le VHC par type d’établissement était la suivante : 2 700 dans les établissements provinciaux et 3 500 dans les établissements fédéraux.

Il y a plusieurs leçons importantes à tirer de l’étude. Il est clair que l’impact de la maladie sur la santé des Canadiens est considérable. Il est essentiel d’inciter les 50 000 personnes qu’on estime infectées par le VHC et dont l’infection n’a pas encore été diagnostiquée à passer un test de dépistage du VHC. Autrement, ces personnes infectées pourraient transmettre le virus sans le savoir, en plus de ne pas recevoir le traitement et les soins dont elles ont besoin. Il importe d’offrir les services de santé nécessaires aux patients infectés par le VHC; parmi ces services, mentionnons les médecins spécialistes, les services de laboratoire et les médicaments antiviraux. Il est également nécessaire de poursuivre les recherches à de nombreux niveaux afin, notamment, de mieux évaluer l’ampleur de l’infection à VHC au Canada et les facteurs qui en sont responsables. Enfin, il serait important de réaliser les recherches nécessaires afin d’obtenir des estimations, fondées sur la population, de la prévalence du VHC et de son incidence sur la population canadienne, d’élaborer des programmes plus efficaces pour prévenir l’infection, de mieux comprendre l’infection à VHC et l’hépatite C, et de mettre au point et d’appliquer des méthodes de traitement plus efficaces. Ces améliorations proposées au programme de lutte contre le VHC aideront à réduire le fardeau de la maladie et les coûts de soins de santé connexes.


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