Utilisation de la ventilation et de la filtration pour réduire la transmission par aérosols de la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée

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Préambule

Au Canada et ailleurs dans le monde, la COVID-19 a affecté de façon disproportionnée les résidents et le personnel des établissements de soins de longue durée (ESLD). Les lignes directrices provisoires sur la prévention et le contrôle des infections (PCI) de la maladie COVID-19 pour les ESLD ont été élaborées pour protéger le personnel et les résidents de ces établissements. Les directives ci-après sur la ventilation visent à réduire le risque de transmission de la COVID-19 dans les ESLD. Elles doivent être utilisées conjointement avec les lignes directrices sur la PCI pour les ESLD, et non les remplacer. Il ne faut pas oublier que même si la ventilation est un élément important d'une stratégie globale visant à réduire les risques de transmission de la COVID-19, il est peu probable qu'elle réduise la transmission entre les personnes se trouvant à proximité l'une de l'autre, ce qui est le mode de transmission prédominant. Les personnes qui se trouvent près d'une personne infectée demeurent à risque de transmission par gouttelettes et par aérosols. Ce risque découle de leur proximité avec la personne infectée.

Les recommandations ci-après s'adressent aux gestionnaires et au personnel d'entretien des ESLD. Elles visent à compléter les autres recommandations et directives des autorités de santé publique. Le contenu peut être adapté à d'autres milieux au besoin (c.-à-d., résidences pour personnes âgées, salons des aînés) et sa mise en application peut varier selon l'âge du bâtiment, les caractéristiques de ventilation de ce dernier et d'autres facteurs.

Les directives canadiennes en matière de santé publique relatives à la COVID-19 évoluent à mesure que notre compréhension de la COVID-19 s'améliore. Nous examinons continuellement les données probantes à mesure qu'elles sont générées et nous collaborons avec nos partenaires nationaux et internationaux afin d'intégrer à nos directives les renseignements les plus récents et de meilleure qualité.

Recommandations pour les établissements de soins de longue durée

Former une équipe interdisciplinaire pour examiner la configuration du système de ventilation de l'établissement. Inclure des personnes possédant les compétences et les connaissances ci-après dans le contexte des ESLD : conception de systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC), systèmes d'automatisation des bâtiments (SAB), prévention et contrôle des infections, administration, santé et sécurité au travail et pratique clinique/soins infirmiers.

L'administration de l'ESLD doit mettre en œuvre les recommandations fédérales, provinciales/territoriales ou régionales de prévention et contrôle des infections de la maladie COVID-19 : Lignes directrices provisoires pour les établissements de soins de longue durée, qui comprennent la gestion des éclosions.

Consulter les directives sur les visiteurs essentiels et généraux qui s'appliquent dans la région.

Considérations relatives à la ventilation et à la filtration

S'assurer que le personnel de l'administration et de l'entretien comprennent bien la conception et le fonctionnement du système de ventilation du bâtiment et ont accès au manuel d'opération. En consultation avec le professionnel des systèmes CVC, s'assurer que les systèmes de ventilation et de filtration sont bien installés, régulièrement inspectés et entretenus. Les professionnels des systèmes CVC peuvent mesurer les débits d'air et les autres paramètres des systèmes pour s'assurer que ces derniers respectent les spécifications de conception. Toujours consulter un professionnel des systèmes CVC avant d'y apporter des modifications, car elles pourraient affecter la distribution de l'air à l'intérieur du bâtiment ou causer des fuites autour des filtres des systèmes CVC et l'infiltration de polluants dans le bâtiment. Un professionnel des systèmes CVC sera en mesure de déterminer la nécessité d'augmenter la quantité d'air fournie aux espaces occupés en ouvrant les registres, en ajoutant un appareil de ventilation mécanique (p. ex., ventilateurs en conduite) ou en modifiant autrement le débit d'air. Vérifier régulièrement le fonctionnement de tous les registres, ainsi que les capteurs, réglages et indicateurs du SAB par rapport aux conditions réelles sur place.

Pour améliorer la ventilation, augmenter dans la mesure du possible l'apport d'air extérieur du système CVC, dans le respect des spécifications du système en ce qui a trait à la température et à l'humidité relative. Augmenter le temps de fonctionnement des systèmes de ventilation à air forcé pour filtrer l'air et accroître la dilution des aérosols intérieurs en faisant entrer de l'air extérieur et en évacuant l'air intérieur contaminé. Si l'emplacement des évents d'évacuation pose un problème parce qu'ils se trouvent à proximité d'autres espaces (p. ex., balcons, patios, aires pour fumeurs), bloquer l'accès à ces espaces. En consultation avec un professionnel des systèmes CVC, limiter ou éviter le recyclage de l'air par les systèmes de ventilation, si possible.

En consultation avec un professionnel des systèmes CVC et conformément aux spécifications des systèmes, envisager d'utiliser un filtre à particules ayant la plus haute efficacité que peut utiliser le système CVC sans entraver le débit d'air. Sélectionner un filtre ayant une valeur confirmée minimale d'efficacité (MERV) de 13 ou plus, autant que possible. Ces filtres captent les particules, y compris celles contenant le virus infectieux, s'il est présent. Ils peuvent également réduire les polluants particulaires de sources intérieures et extérieures. S'assurer que les filtres sont bien insérés dans leur cadre, de sorte que l'air ne contourne pas le filtre. Maintenir un calendrier de remplacement des filtres des systèmes CVC, par exemple, remplacer les préfiltres tous les trois mois et les filtres principaux tous les six mois, ou selon les recommandations du fournisseur de filtres, en portant l'équipement de protection individuel approprié pour ce faire.

S'assurer que l'air de chaque pièce est suffisamment renouvelé. Les différences de pression et l'écoulement d'air directionnel sont importants pour réguler le mouvement de l'air entre les différentes zones du bâtiment et peuvent être utilisés pour protéger les résidents de l'exposition aux aérosols infectieux. Consulter les ressources de l'ASHRAE (en anglais seulement) pour de plus amples renseignements. Envisager aussi d'augmenter le taux d'échange d'air dans les chambres des personnes infectées, en utilisant seulement le débit d'échappement, si possible, de manière à éviter de contaminer les autres zones. Demander à un professionnel des systèmes CVC de déterminer si les débits d'évacuation peuvent être augmentés, en assurant un rééquilibrage en cas de modification. Avant la réoccupation d'une chambre, laisser suffisamment de temps pour s'assurer que l'air de la chambre libérée a été renouvelé, en utilisant des systèmes ( CVC) à air forcé et en ouvrant potentiellement les fenêtres ou en faisant fonctionner des unités portatives de filtration à haute efficacité pour les particules de l'air (HEPA).

Tirer parti de la ventilation naturelle en ouvrant les fenêtres, si les conditions météorologiques et la température le permettent. L'ouverture de plusieurs fenêtres peut accroître la ventilation en favorisant un courant d'air croisé dans la pièce. Avant d'utiliser la ventilation naturelle, consulter un professionnel des systèmes CVC pour s'assurer qu'elle ne nuira pas à l'efficacité du système CVC et aux taux d'humidité intérieure. Vérifier également qu'il n'y a pas d'avertissement de pollution atmosphérique dans la région et que le niveau d'allergènes est sécuritaire pour les occupants. Vérifier que l'ouverture de fenêtres et de portes ne pose pas de risque pour la sécurité (p. ex., risque de chute). Durant les épisodes de chaleur extrême, s'assurer que la ventilation naturelle n'augmente pas les risques liés à l'exposition à la chaleur.

Utiliser les commandes de zone pour améliorer la ventilation dans certains secteurs, notamment ceux ayant un taux d'occupation élevé et limiter le recyclage de l'air potentiellement contaminé (p. ex., s'assurer que l'air contaminé n'est pas aspiré dans les évents de retour d'air pour recyclage, si possible). Par temps chaud, utiliser la climatisation centrale, tout en limitant le recyclage d'air, et en incorporant une filtration d'air, si possible. Si des appareils de climatisation autonomes sont requis, éviter de diriger le flux d'air directement vers les personnes ou entre celles-ci, ce qui pourrait augmenter le risque d'infection.

Outre les recommandations susmentionnées, s'assurer que tous les siphons d'appareils sanitaires (« plumbing traps ») demeurent pleins (en anglais seulement) en tout temps pour réduire la possibilité que des contaminants se répandent par les systèmes de drainage partagés asséchés par manque d'utilisation (p. ex., siphons de sol).

Options s'il est impossible d'améliorer la ventilation

Les ventilateurs portatifs ou de plafond et les climatiseurs pour une seule pièce peuvent faire circuler l'air dans la pièce, mais ils ne permettent pas l'échange d'air. L'utilisation de ventilateurs localisés ou de climatiseurs pour une seule pièce doit être limitée, car ils peuvent propulser des aérosols infectieux très loin de leur source et diriger de l'air chargé de virus vers les résidents, ce qui augmente le risque d'infection. Les dispositifs de ce type sont difficiles à décontaminer et peuvent être des sources de transmission. S'il faut utiliser de tels appareils, éviter de diriger le flux d'air directement vers les personnes ou entre celles-ci.

Les filtres HEPA de haute qualité sont efficaces pour capter les particules en suspension dans l'air, y compris certains virus. À ce jour, il n'y a pas de preuve directe que les purificateurs d'air portatif HEPA sont efficaces pour réduire la transmission du SRAS-CoV-2 dans les espaces restreints. Par conséquent, ils ne doivent pas être considérés comme une alternative aux mesures de ventilation adéquate, de distanciation physique et d'hygiène, mais plutôt comme une protection additionnelle dans les situations où il est impossible d'améliorer la ventilation naturelle ou mécanique et dans les pièces qui ne sont pas surpeuplées. Même si un purificateur d'air portatif est utilisé, il est important de limiter le nombre d'interactions entre les personnes et la durée de celles-ci. Les personnes doivent également se tenir le plus loin possible les unes des autres. Pour maximiser l'efficacité des purificateurs d'air portatifs, les faire fonctionner en continu et les positionner de manière à ne pas gêner le débit d'air. Positionner le purificateur d'air de manière à éviter de diriger directement le flux d'air vers les personnes ou entre celles-ci, ce qui pourrait augmenter le risque d'infection. S'assurer que la prise d'air de l'appareil n'est pas obstruée par le mobilier ou un mur.

Lors de l'achat d'un purificateur d'air portatif, rechercher l'homologation par un organisme reconnu, comme l'Association of Home Appliance Manufacturers (AHAM). Choisir un appareil offrant un débit d'air propre (CADR) convenant à la pièce où il sera utilisé. Suivre les recommandations du fabricant pour l'utilisation, l'entretien et le nettoyage de l'appareil, et remplacer régulièrement les filtres selon les directives du fabricant. Certains purificateurs d'air portatifs peuvent libérer des sous-produits qui posent des risques pour la santé. Il faut en particulier éviter les appareils qui produisent de l'ozone.

D'autres appareils de ventilation peuvent être utilisés pour améliorer la qualité de l'air intérieur, notamment les systèmes de ventilation avec récupération de chaleur (VRC) et les systèmes de ventilation récupérateurs d'énergie (VRE). Les systèmes VRC remplacent l'air vicié intérieur par de l'air extérieur tout en transférant la chaleur de l'air intérieur expulsé à l'air extérieur entrant. Par temps froid, la chaleur est conservée dans la résidence, alors que par temps chaud, elle est expulsée à l'extérieur. Cela améliore la ventilation intérieure tout en maintenant l'efficacité énergétique. Les systèmes VRE transfèrent l'humidité en plus de la chaleur. Vérifier que les systèmes VRC et VRE sont bien installés et entretenus, et qu'ils sont opérationnels. Sauf en cas d'entretien, le système VRC ou VRE doit fonctionner en continu et aux réglages les plus élevés pour l'alimentation en air frais.

En hiver, des humidificateurs d'air peuvent être utilisés pour accroître le taux d'humidité relative, qui est souvent trop bas à cette période. Parfois intégrés aux systèmes CVC, les systèmes d'humidification et de déshumidification, ainsi que les capteurs d'humidité, doivent être inspectés dans le cadre de l'entretien général des systèmes CVC. Bien que les humidificateurs n'éliminent pas le SRAS-CoV-2 de l'air intérieur, l'humidité relative peut avoir une incidence sur la durée pendant laquelle les particules contenant le virus sont en suspension dans l'air et restent infectieuses. Il est donc important de maintenir un taux d'humidité optimal, entre 40 % et 60 % à l'intérieur. Un faible taux d'humidité peut réduire la taille des gouttelettes; les particules plus petites (p. ex., aérosols) peuvent rester suspendues plus longtemps dans l'air. Toutefois, une trop grande augmentation de l'humidité peut causer de la condensation sur les surfaces, ainsi qu'à l'intérieur des murs et dans des endroits où elle est invisible. Cela peut favoriser la croissance de moisissures et la prolifération d'acariens. Pour en savoir plus, consulter la fiche de renseignements de Santé Canada : L'humidité relative dans l'air intérieur.

Lectures complémentaires

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