Chapitre 12 des Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse : Guide d’introduction aux soins antituberculeux – Améliorer les compétences culturelles des travailleurs de la santé et professionnels de la santé publique au service des Autochtones
Sur cette page
- Auteurs et affiliation
- Points clés
- Objectif du présent document
- Déclarations des leaders
- Introduction
- Premières Nations
- Inuits
- Métis
- Colonisation, racisme, privilèges et équité en santé dans les soins antituberculeux
- Charte des patients pour les soins antituberculeux
- Actions futures
- Remerciements
- Études supplémentaires
- Suggestions des sites Web
- Déclaration de divulgation
- Financement
- Références
Auteurs et affiliations
Jonathan L. Dunn; Assemblée des Premières Nations, Ottawa, Ontario, Canada
Marlene Larocque; Assemblée des Premières Nations, Ottawa, Ontario, Canada
Deborah Van Dyk; Organisme Inuit Tapiriit Kanatami, Ottawa, Ontario, Canada
Eduardo Vides; Ralliement national des Métis, Ottawa, Ontario, Canada
Faiz Ahmad Khan; Departments of Medicine, Epidemiology and Biostatistics, McGill University, Montréal, Québec, Canada; Tuberculosis Clinic Ungava Tulattavik Health Centre, Kuujjuaq, Québec, Canada; Inuulitsivik Health Centre, Westmount, Québec, Canada; McGill International TB Centre, Montréal, Québec, Canada
Tom Wong; Agence de la santé publique au nom de Services aux Autochtones Canada; Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, Agence de la santé publique du Canada, Ottawa, Ontario, Canada;
Richard Long; Tuberculosis Program Evaluation and Research Unit, Department of Medicine, Faculty of Medicine and Dentistry, Université de l'Alberta, Edmonton, Alberta, Canada
Gonzalo G. Alvarez; Divisions of Respirology and Infectious Diseases, Department of Medicine, Université d'Ottawa, Hôpital d'Ottawa, Ottawa, Ontario, Canada; Institut de recherche de l'Hôpital d'Ottawa, Ottawa, Ontario, Canada
Points clés
Les travailleurs de la santé qui fournissent des services sur des terres autochtones ou qui effectuent des travaux liés à la tuberculose auprès des peuples autochtones devraient :
- se renseigner sur l'épidémiologie de la tuberculose (TB) dans la communauté, en reconnaissant que la relation historique de la communauté avec la TB contextualisera les soins antituberculeux actuels;
- comprendre la géographie et le climat des communautés autochtones, y compris le fait que de nombreuses communautés autochtones confrontées à des taux élevés de TB sont isolées et ne sont pas reliées par des routes aux centres urbains, de sorte que les soins de santé sont moins accessibles et le diagnostic et le traitement de la TB potentiellement retardés;
- reconnaître le territoire autochtone sur lequel l'on se trouve; travailler à la compréhension et à la pratique de la sécurité culturelle en réfléchissant aux différences de pouvoir et en respectant les différences culturelles, y compris la langue qui s'y parle; et intégrer les valeurs culturelles pour promouvoir un environnement inclusif et sécuritaire;
- reconnaître les déterminants sociaux particuliers de la santé qui touchent les différents groupes autochtones, dans le but de fournir des soins antituberculeux de qualité et contribuer à combler les écarts en matière d'équité en santé entre les Canadiens autochtones et non autochtones;
- reconnaître le rôle de la colonisation continue, du racisme personnel et systémique et des privilèges en ce qui concerne l'équité en santé dans la prestation des soins antituberculeux, et prendre les mesures adéquates pour prévenir leurs effets néfastes;
- promouvoir la résilience, l'autonomie et la responsabilisation en respectant les droits des peuples autochtones tels qu'ils sont énoncés dans la Charte des patients pour les soins antituberculeux et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones; et comprendre que chaque groupe autochtone – Premières Nations, Inuits et Métis – est historiquement et culturellement distinct et peut, par conséquent, avoir des besoins uniques en matière de soins antituberculeux.
Objectif du présent document
Offrir aux travailleurs de la santé et aux professionnels de la santé publique qui se rendent sur les terres autochtones pour travailler sur la TB ou auprès des peuples autochtones canadiens touchés par la TB, une plateforme d'introduction pour en apprendre davantage sur le contexte épidémiologique, historique et culturel particulier de chacun des trois groupes autochtones au Canada dans le but d'améliorer les compétences culturelles en ce qui concerne la prestation de soins antituberculeux aux peuples autochtones du Canada. Il est à noter que, dans ce chapitre, les Premières Nations, les Inuits et les Métis sont énumérés et couverts par ordre alphabétique.
Avis de non-responsabilité : ce document n'a pas l'intention de fournir un cours exhaustif sur la sécurité culturelle aux lecteurs, mais nous espérons qu'il éveillera chez les travailleurs de la santé un intérêt pour poursuivre des études précisément dans ce domaine important des soins de santé et en ce qui concerne le(s) groupe(s) autochtone(s) au(x)quel(s) ils offrent leurs services.
Déclarations des leaders
Déclaration de la cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations sur la tuberculose

Le chapitre en vedette est un complément bien accueilli aux Normes canadiennes de lutte antituberculeuse, car il met en lumière la lutte continue des Premières Nations contre la TB, ainsi que la relation historique qu'elles ont entretenue avec cette maladie. Peu de temps après l'établissement du système de réserves, mis en œuvre en vertu de la Loi sur les Indiens, les Premières Nations ont souffert des conséquences destructrices de la TB. Cette souffrance a été aggravée lorsque nos enfants ont été retirés de leurs familles et envoyés dans des institutions d'assimilation et de génocide – les pensionnats autochtones. En 1907, le Dr Peter Bryce, l'un des premiers lanceurs d'alerte médicaux, a documenté les conditions horribles qui ont facilité la propagation de la TB. Le nombre de victimes de la TB à l'époque des pensionnats autochtones était inhumain et sans précédent. Bien que les taux de TB chez les Premières Nations aient considérablement diminué vers la fin du XXe siècle, ils y demeurent plus élevés que ceux des Canadiens non autochtones, particulièrement dans les collectivités nordiques et éloignées. Nous connaîtrons des progrès substantiels menant à l'éradication nationale et mondiale de la TB d'ici 2030 une fois que tous les déterminants de la maladie auront été traités. À mon avis, lorsque nous aurons des soins de santé équitables à l'échelle des communautés des Premières Nations, la capacité de gérer le transfert total des services de santé soutenus par des investissements durables, ainsi que les pleines compétences en matière de santé, nous serons témoins de solides indicateurs de progrès.
Ninanaskamon!
Je vous souhaite la Paix au-delà de toute compréhension,
RoseAnne Archibald, Cheffe nationale
Déclaration d'ouverture du Président Obed de l'organisme Inuit Tapiriit Kanatami sur la tuberculose

L'histoire de la TB dans l'Inuit Nunangat (patrie des Inuits, composée de quatre régions du nord du Canada) est celle de la colonisation et de la perte, mais aussi de la résilience face aux difficultés. L'histoire de l'élimination de la TB dans les régions inuites sera racontée sur le plan de la solidarité et de l'autodétermination. Notre force dans l'unité, notre résilience face aux épreuves et la forte emprise de nos traditions sont autant d'éléments qui nous ont soutenus pendant les périodes difficiles marquées par la colonisation et le non-respect de nos droits de la personne. Nous avons notre propre langue, notre propre culture et notre propre nourriture. Nous avons notre propre façon d'élever nos enfants. Nous aimons non seulement la terre, mais également toutes les choses qui y vivent. Nous savons nous tenir les uns les autres pour persévérer dans les moments difficiles. Nous sommes toujours vivants aujourd'hui grâce à l'unité et à la résilience des Inuits. Ces caractéristiques sont encore très évidentes dans nos communautés. Malheureusement, nous ne manquons pas de défis sur lesquels nous pourrions libérer ce potentiel aujourd'hui. Les taux élevés de TB dans les régions inuites sont un symptôme des inégalités sociales qui favorisent la propagation de la maladie, diminuant ainsi la santé et le bien-être d'un trop grand nombre de nos habitants. Il est essentiel que tout le monde, des dirigeants gouvernementaux aux décideurs en passant par les travailleurs de première ligne, comprenne les conditions qui contribuent aux taux extrêmement élevés de TB dans les communautés inuites. Il est crucial de reconnaître que la TB est directement liée à la pauvreté, à un accès insuffisant aux soins de santé et à des conditions de logement surpeuplées alors que nous continuons à travailler de concert pour éliminer cette maladie. Ceux et celles qui dispensent des soins de santé dans les régions inuites ont un rôle à jouer pour aider les Inuits à éliminer la TB de leurs communautés. L'éradication de la maladie prendra la forme d'un exploit incroyable de coopération et de collaboration. Nous devons travailler ensemble pour nous assurer que les soins antituberculeux pour les Inuits sont fondés sur des données probantes et qu'ils leur sont dispensés de manière à satisfaire à leur situation particulière.
Natan Obed, Président
Déclaration de la Présidente du Ralliement national des Métis sur la tuberculose

Les Normes canadiennes de lutte antituberculeuse représentent une étape considérable dans la lutte contre la TB au sein de la nation métisse, et nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à ce travail d'envergure. La TB continue d'avoir de graves répercussions sur la santé et le bien-être des personnes, des familles et des collectivités de la nation métisse. Il faudra bien que tous les paliers de gouvernement consacrent leurs énergies de façon convaincante et soutenue pour réduire les méfaits de la TB et éliminer la maladie dans notre population. De plus en plus, les décideurs et les travailleurs de la santé reconnaissent et comprennent que la nation métisse est un peuple autochtone distinct qui a des défis et des besoins uniques en matière de santé. Cette reconnaissance est essentielle pour assurer à la nation métisse une prévention, un traitement et des soins antituberculeux qui soient sécuritaires, efficaces et adaptés à sa culture. Outre les effets négatifs profonds et persistants du colonialisme, les échecs des politiques de santé du passé et les répercussions négatives des déterminants sociaux de la santé, les conflits perpétuels de compétence concernant la responsabilité en matière de santé de la nation métisse continuent d'entraver les efforts de réduction de la TB au sein même de la nation. Bien que les citoyens de la nation métisse aient accès aux services provinciaux de base, ceux-ci ne répondent souvent pas aux besoins particuliers en ressources, aux besoins culturels et géographiques des membres de la nation et de leurs familles, en particulier ceux qui vivent dans des régions plus rurales et isolées. La nation métisse demeure exclue, jusqu'à ce jour, des systèmes fédéraux mis en place pour répondre aux besoins de santé des peuples autochtones au Canada, ce qui exacerbe encore davantage ces disparités en matière de santé. Les systèmes de données actuels n'ont pas la capacité d'évaluer ou de retracer avec précision la TB dans la nation métisse, et la recherche ainsi que les données propres à la nation restent limitées et inadéquates pour la tâche. À la lumière de ce qui précède, il est clair qu'il demeure beaucoup de travail à faire pour comprendre et traiter efficacement la TB au sein de la nation métisse. La stratégie fondée sur les distinctions adoptée dans l'élaboration des nouvelles Normes canadiennes de lutte antituberculeuse apporte une contribution importante à cet effort collectif et continu.
Cassidy Caron, Présidente du Ralliement national des Métis
1. Introduction
Selon le recensement de 2016, il y avait 1,67 million d'Autochtones au Canada, soit 4,9 % de la population canadienne.Référence 1 Le terme Autochtones désigne les premiers habitants de la terre, avant l'arrivée des Européens. La Constitution canadienne reconnaît trois groupes de peuples autochtones : les Premières Nations, ayant une population de 977 230 personnes; les Inuits, groupe composé de 65 021 personnes; et les Métis, composés de 587 545 personnes.Référence 2 En 2017, le taux de prévalence de la TB chez les peuples autochtones nés au Canada était de 21,5 cas pour 100 000 personnes,Référence 3 un taux qui n'a pas changé de façon substantielle au cours de la dernière décennie. Malgré que les Canadiens autochtones ne représentent que 4,9 % de la population canadienne, ils représentent néanmoins 19 % de tous les cas de TB; la population née à l'étranger représente, quant à elle, la majorité des cas au Canada, soit 71,8 % de tous les cas en chiffres absolus (se référer au Chapitre 1 : L'épidémiologie de la tuberculose au Canada, figure 5).Référence 3
Les répercussions des traumatismes historiques et de l'inattention systématique en amont des déterminants sociaux de la santé et des comorbidités au sein des populations autochtones du Canada ont façonné les épidémies de TB observées au cours du siècle dernier. Les données disponibles suggèrent que la TB est effectivement apparue de façon sporadique parmi les populations autochtones canadiennes,Référence 4Référence 5 ainsi que parmi d'autres populations autochtones des Amériques, avant le contact avec les Européens.Référence 6Référence 7Référence 8 Les données génomiques suggèrent toutefois que la TB a été davantage dispersée dans les populations autochtones canadiennes à la suite des contacts entre les commerçants de fourrures européens et les peuples des Premières Nations au cours du XVIIIe siècle.Référence 9 Les épidémies de TB à grande échelle suivraient malheureusement aux XIXe et XXe siècles, propagées par des facteurs écologiques, politiques et économiques. La propagation de la TB dans les populations autochtones a été accélérée par le déménagement forcé de personnes qui ont été séparées de leur famille et envoyées dans des réserves, des hameaux et des pensionnats.Référence 10 Ces déplacements forcés ont perturbé la relation qu'entretenaient les peuples autochtones avec leurs terres, le lieu ancestral où la totalité de la vie se déroulait.Référence 11Référence 12 Autre conséquence des déplacements forcés : la malnutrition chez ces populations, car les chasseurs et les pêcheurs ne connaissaient pas les nouveaux territoires sur lesquels ils avaient été relocalisés, rendant la subsistance difficile, voire impossible.Référence 13Référence 14Référence 15 Une fois réinstallées, les familles vivaient dans des conditions surpeuplées, ce qui a favorisé la transmission de la TB, tandis que la malnutrition a facilité la progression de l'infection à la maladie.Référence 16Référence 17Référence 18Référence 19Référence 20 Au tournant du siècle dernier, le taux de mortalité parmi les enfants autochtones dans les pensionnats au Canada était extrêmement élevé et la TB était une cause importante de décès.Référence 21 Les trois groupes autochtones canadiens ont connu d'importantes perturbations au sein de leurs familles et de leurs collectivités, puisque les personnes atteintes de TB ont été envoyées dans des sanatoriums dans le sud du Canada pour y être soignées pendant de longues périodes tout au long des années 1930-1960, parfois pour ne jamais retourner dans leurs communautés. On ne saurait exagérer l'ampleur de l'impact des évacuations vers les sanatoriums dans le sud, les relocalisations et les pensionnats. Les survivants étaient souvent porteurs de séquelles psychologiques, affectives et physiques. L'histoire de la TB dans les communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis parle de perte et de souffrance transgénérationnelles.Référence 16Référence 17Référence 18Référence 19Référence 20 Ceux qui travaillent dans la prévention et les soins contre la TB au 21e siècle doivent être conscients de l'existence d'une mémoire collective de la souffrance vécue par des personnes, des familles et des communautés lors d'épidémies de TB antérieures.
1.1. Méthodes
Le président du comité (GGA) a été nommé par le rédacteur en chef des Normes canadiennes de lutte antituberculeuse pour produire un énoncé de position sur la prévention et les soins contre la tuberculose chez les peuples autochtones du Canada. Le président a demandé à chacun des trois principaux groupes autochtones canadiens de nommer des représentants au comité de rédaction. Le comité a commencé par parvenir à un consensus sur l'objectif du chapitre, puis à un consensus sur un plan. Chaque représentant des groupes autochtones a ensuite produit sa section conformément au plan. Un médecin spécialiste de la TB a aidé chaque représentant à rédiger le document. Le rôle des médecins était d'offrir une expertise en matière de contenu clinique et de soutenir les arguments avancés par les représentants autochtones, afin de s'assurer que leurs voix étaient reflétées au cœur du document. De plus, dans la mesure du possible, les membres du comité ont été encouragés à ajouter les voix des peuples autochtones à ce document afin que ces voix puissent parler directement aux travailleurs de la santé pour aider à les renseigner. À cette fin, les membres du comité ont effectué un examen de la portée de la documentationRéférence 22 pour appuyer les concepts proposés par les partenaires autochtones. Une recherche d'articles publiés et non publiés (littérature grise) et de témoignages vidéo par les peuples autochtones a également été entreprise pour mettre en évidence les traditions orales utilisées pour transmettre l'histoire commune aux trois groupes.Référence 23
Il convient de noter que, bien que les trois groupes autochtones reconnus par la Constitution du Canada aient vécu le processus de colonisation et qu'ils aient d'autres domaines d'intérêt qui se recoupent, leurs cultures sont cependant bien distinctes. Par conséquent, si leurs expériences avec la TB sont semblables à certains égards, il existe d'importantes différences reflétées dans les trois sous-sections représentant chaque groupe de ce chapitre.
2. Premières Nations
Il est presque certain que des cas sporadiques de TB sont apparus dans les Amériques avant le contact avec l'Europe, mais une exposition considérable et des souches possiblement plus virulentes de Mycobacterium tuberculosis (M. tuberculosis) ont été introduites après le contact,Référence 24Référence 25Référence 26 la propagation suivant les routes commerciales et envahissant les colonies.Référence 9 Le taux de variation de la TB chez les Premières Nations peut témoigner des étapes de la colonisation européenne, les taux les plus faibles ayant été décelés dans la région de l'Atlantique et les taux les plus élevés signalés dans le Nord, reflétant ainsi les premières et les dernières rencontres avec les Européens.Référence 27Référence 28
Depuis le milieu du XXe siècle, lorsque Santé et Bien-être social Canada a commencé à mettre en œuvre de sérieuses mesures de prévention et de soins contre la TB chez les Premières Nations du Canada, et lorsque les premiers médicaments antituberculeux efficaces ont été découverts, les taux de TB chez les Canadiens autochtones ont lentement reculé.Référence 29 Ce taux de déclin chez les Canadiens autochtones a cependant été plus lent que celui de la population non autochtone née au Canada, de sorte que le taux relatif (taux autochtone/non autochtone) est à la hausse,Référence 29Référence 30 soulignant une inégalité continue des indicateurs de santé pour les Premières Nations.
En 2015, la dernière année au cours de laquelle toutes les provinces et tous les territoires ont déclaré des données désagrégées, 155 cas chez des Indiens inscrits (les Indiens inscrits ou Indiens de plein droit sont des personnes admissibles à l'inscription à titre d'« Indien » en vertu de la Loi sur les Indiens, et qui peuvent donc recourir aux services et aux avantages qui leur sont offerts par les ministères fédéraux) ont été signalés au Canada; la totalité de ces cas a été rapportée dans les provinces à l'ouest du Québec et dans les territoires. À elles seules, les provinces des Prairies ont signalé 127 cas (81,9 %). La plupart des cas (101, ou 65,2 %) vivaient dans les réserves au moment du diagnostic.Référence 31 Les taux bruts de maladie à l'intérieur et à l'extérieur des réserves étaient de 19,3 et de 10,7 pour 100 000 personnes, selon les estimations de population d'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC) et de Services aux Autochtones Canada (SAC). Dans les Prairies, en 2004-2008, toujours en utilisant les estimations de population d'AADNC/SAC, les taux ajustés selon l'âge et le sexe chez les Indiens inscrits étaient de 52,6 (intervalle de confiance de 95 % 49,2-56,0) pour 100 000 années-personnes (37,6 fois le taux chez les « autres » nés au Canada), avec des taux à l'intérieur et à l'extérieur des réserves de 62,2 (57,3-67,0) et de 40,0 (35,4-44,6) pour 100 000 années-personnes, respectivement.Référence 32 Les taux dans les Prairies ont augmenté graduellement en fonction de l'âge, les hommes ayant des taux plus élevés dans chaque groupe d'âge.Référence 32En 2007-2008, la distribution des cas de TB pulmonaire selon la communauté de résidence dans les Prairies était très focale; seulement 47 (23,6 %) des 199 communautés de réserve ont signalé un cas et la plupart de ces communautés se trouvaient dans les latitudes septentrionales. En Alberta, où la non-participation au dépistage du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) chez les cas de TB est quasi universelle depuis 2003, le fait d'être Autochtone était un facteur de risque indépendant de séropositivité pour le VIH.Référence 33
À la suite des contacts avec les Européens, de multiples maladies ont décimé la population des Premières Nations, ce qui a nui aux infrastructures sociales et économiques des communautés.Référence 34 L'augmentation de la TB qui s'est produite dans la deuxième moitié du XIXe siècle est attribuable à des événements liés au déclin de la traite des fourrures et à la destruction de l'économie fondée sur le bison. Ces changements ont mis en péril l'autonomie politique et économique de nombreuses Premières Nations, forçant ainsi nombre d'entre elles à ratifier des traités avec le gouvernement canadien. Les conditions du traité et l'introduction de la Loi sur les Indiens (la Loi) de 1876 ont entraîné des relocalisations obligatoires dans les réserves, la perte de libertés et des revendications territoriales, même si les accords initiaux étaient fondés sur des principes de gestion partagée des terres, en échange d'éléments essentiels de subsistance.Référence 35Référence 36 Malgré l'allocation de rations alimentaires et l'accès à des infrastructures de logement de base, les rations étaient insuffisantes et utilisées comme moyen de coercition, conduisant à la malnutrition et à l'appauvrissement des conditions de vie dans de nombreuses communautésRéférence 34Référence 35 et se soldant par des éclosions de TB dans les réserves.Référence 37
Les Premières Nations des Prairies ont été confrontées à des taux extraordinairement élevés de mortalité liés à la TB, qui ont culminé peu après leur arrivée dans les réserves; on dénombrait 9 000 décès pour 100 000 personnes en 1886; ce taux est chuté à environ 800 décès pour 100 000 personnes en 1926.Référence 38 Des éclosions de TB apparaissaient à l'extérieur des réserves dans les pensionnats autochtones des provinces des Prairies; jusqu'à un quart des élèves en mourraient.Référence 39Référence 40 Les pensionnats ont surtout été une tactique d'assimilation pour intégrer les enfants autochtones dans la société canadienne à partir des années 1880, et ce, jusqu'à la fermeture du dernier pensionnat en 1996. Durant les premières années des pensionnats, les thèmes courants de mauvaise ventilation, de mauvaise conception de la construction, de surpeuplement, de manque de traitement médical de base et de malnutrition contribuaient à la propagation de la TB, qui était invisible aux yeux du grand public.Référence 37 L'épidémie de TB dans les réserves préoccupait les Canadiens non autochtones; en raison du tollé du public, le gouvernement canadien a commencé à financer les traitements pour les peuples des Premières Nations dans les sanatoriums à la fin des années 1930.Référence 37Référence 41 En général, les sanatoriums ont été établis sur l'idée selon laquelle les traitements de « plein air », de repos au lit et d'une alimentation équilibrée permettraient de guérir de la TB. Cependant, les sanatoriums désignés des Premières Nations étaient des établissements à ségrégation raciale, sous-financés, en sous-effectif et les patients des Premières Nations trouvaient souvent les traitements forcés pénibles et isolants.Référence 41Référence 42Référence 43Référence 44
La prévalence de la TB a diminué considérablement entre les années 1940 et 1960, en raison de l'expansion des interventions médicales pour lutter contre la maladie,Référence 45 notamment les vaccinations par le bacille de Calmette-Guérin (BCG), la radiographie de masse, les tests cutanés à la tuberculine et les médicaments antituberculeux.Référence 46 Bon nombre des interventions ont toutefois été imposées à des enfants et à des adultes des Premières Nations non consentants.Référence 41 Ces expériences négatives ont été entretenues et transmises à chaque génération, ce qui a suscité encore plus de ressentiment, de suspicion et de méfiance envers le gouvernement et le système médical en général.
Indépendamment de ces progrès médicaux, il existe de nombreux obstacles structurels qui entravent l'élimination de la TB dans les populations éloignées des Premières Nations. Premièrement, les cliniques isolées dispensent des soins de santé inadéquats, en raison d'un manque de personnel, de fournitures insuffisantes d'équipements de diagnostic pratiques (radiographie thoracique numérique, tests de libération d'interféron gamma et tests d'analyse d'expectorations), de l'inconvénient de devoir transporter des échantillons vers des laboratoires externes, de ressources humaines locales limitées pour assurer l'adhésion des patients au traitement et de la documentation insatisfaisante des taux de VIH, de la prévalence de la résistance aux médicaments antituberculeux et de la vaccination par le BCG dans la communauté. Lorsque ces cliniques ne peuvent pas fournir les produits de première nécessité, l'étape suivante est le transport inconfortable des patients vers un établissement de santé plus grand, souvent situé à des milliers de kilomètres. En outre, la discrimination généralisée et les préjugés implicites de la part des dispensateurs de soins de santé font que les patients sont réticents à demander des soins ou à voyager pour obtenir des soins.Référence 47 Il arrive trop souvent que la situation médicale des personnes autochtones soit mal gérée, négligée ou qu'elles soient mal diagnostiquées. L'accès inégal à des services de santé adaptés à la culture des patients autochtones s'avère un obstacle structurel moderne et dominant. Qui plus est, les conditions de vie dans les réserves continuent de refléter le passé. La situation socioéconomique difficile de nombreuses communautés continue de se traduire par des conditions de qualité inférieure. Les logements surpeuplés et multigénérationnels, le manque d'accès à l'eau potable, les taux élevés de chômage et l'insécurité alimentaire contribuent à la continuité de la transmission de la TB.Référence 48Référence 49
Bien que les taux de TB aient considérablement diminué depuis les sommets sans précédent de la fin des années 1800 et du début des années 1900, la maladie est loin d'être éliminée. En fait, ces taux inacceptables demeurent élevés en termes relatifs, et ce, depuis une dizaine d'années. Pour améliorer la situation actuelle, nous suggérons les mesures pratiques suivantes : la reprise par le gouvernement fédéral de la production de rapports annuels sur la TB qui tiendraient compte de l'iniquité actuelle en matière de soins de santé, l'établissement d'objectifs mesurables et l'obligation de rendre des comptes. La Commission de vérité et réconciliation a formulé huit recommandations propres à la santé (nos 18 à 24 et 55), qui décrivent des cibles réalistes pour réduire les disparités en matière de santé auxquelles notre population est confrontée à travers Turtle Island (un terme des Premières Nations désignant le continent nord-américain). À ce jour, les taux de prévalence de cas de TB active sont trente-deux fois plus élevés pour les peuples des Premières Nations que pour la population générale non autochtone née au Canada.Référence 50 Il est évident que les taux dévastateurs de TB étaient historiquement parallèles à l'ampleur de la législation raciste du Canada contre les peuples des Premières Nations. Pourtant, malgré les initiatives de réconciliation auprès des Premières Nations qui commencent lentement à voir le jour, la TB demeure avec persistance un indicateur du colonialisme.
3. Inuits
La tuberculose chez les Inuits est une crise de santé publique. En 2019, le taux de TB active déclaré chez les Inuits vivant dans l'Inuit Nunangat était 40 fois plus élevé que pour l'ensemble du Canada (189/100 000 c. 4,7/100 000) et plus de 400 fois plus élevé que pour la population non autochtone née au Canada (189/100 000 c. 0,4/100 000) (se référer au Chapitre 1 : L'épidémiologie de la tuberculose au Canada). Il y a 65 000 Inuits au Canada, dont la majorité vit dans quatre régions de l'Inuit Nunangat (les terres inuites) : la région désignée des Inuvialuit (dans les Territoires du Nord-Ouest), le Nunavut, le Nunavik (dans le nord du Québec) et le Nunatsiavut (dans le nord du Labrador). L'Inuit Nunangat comprend 51 communautés et englobe environ 35 % de la masse continentale du Canada et 50 % de son littoral. Des services réguliers et fiables de transport aérien et de ravitaillement saisonnier par bateau sont essentiels, car l'accès à la plupart des collectivités se fait par avion et par bateau en été et uniquement par avion les autres saisons. Toutes les communautés disposent d'un centre de santé, dont la majorité emploie des infirmières autorisées ayant reçu une formation avancée. Des aiguillages hors de la communauté vers un hôpital régional ou vers des établissements de soins dans les centres urbains du sud sont souvent nécessaires. Des services d'évacuation médicale d'urgence sont disponibles,Référence 51 bien que les conditions géographiques et météorologiques puissent affecter les temps de réponse.
Les traumatismes historiques découlant des efforts antérieurs du gouvernement canadien pour lutter contre les épidémies de TB chez les Inuits continuent d'avoir des répercussions sur le contexte actuel de la TB dans les communautés inuites.Référence 52Référence 53Référence 54Référence 55 Comme l'Arctique canadien a été colonisé dans la première moitié du XXe siècle, cette période a été marquée par des changements sociaux rapides et l'apparition d'épidémies pour les Inuits. Avant que des médicaments antituberculeux efficaces ne soient disponibles, les taux de mortalité de la TB étaient élevés chez les Inuits.Référence 18 Nombreux sont ceux qui ont été envoyés dans des hôpitaux antituberculeux dans le sud du Canada dans les années 1940-1960.Référence 56Référence 57 Par contre, les familles n'ont pas été informées de l'endroit où l'on emmenait leurs proches ni de l'endroit où ceux qui sont morts ont été enterrés.Référence 58 Les Inuits qui sont retournés dans leurs communautés, en particulier les enfants, ont dû faire face à de nouveaux défis, y compris la réduction des capacités physiques en raison de leur maladie ou de leur traitement, et la perte de la langue, des liens familiaux et d'autres aspects de la culture inuite. En 2019, le premier ministre a présenté des excuses au nom du gouvernement canadien pour le traitement des Inuits atteints de TB pendant cette période,Référence 59 et grâce à l'Initiative Nanilavut, les Inuits ont pu commencer à localiser, rendre visite et marquer les tombes des membres de la famille qui ne sont pas rentrés chez eux.Référence 58Référence 60Référence 61Référence 62
En 2019, le taux de prévalence de la TB variait entre les régions inuites, allant de 0 dans la région désignée des Inuvialuit à 139/100 000 au Nunavut, à 517/100 000 au Nunavik et à 112/100 000 au Nunatsiavut.Référence 63 Les taux de TB varient également considérablement à l'intérieur des régions, certaines communautés ayant connu des éclosions récurrentes de TB. Il existe également un important bassin d'infection tuberculeuse latente dans toutes les régions de l'Inuit Nunangat, ce qui crée un risque élevé d'éclosions futures. Le vaccin par le BCG est administré aux nouveau-nés dans toutes les régions, à l'exception du Nunatsiavut. Le vaccin par le BCG est important pour prévenir la dissémination de la TB chez les enfants, mais il peut avoir un effet confondant sur les programmes de dépistage de l'infection tuberculeuse latente chez les jeunes enfants (se référer au Chapitre 9 : La tuberculose de l'enfant).
Les taux élevés de TB chez les Inuits sont un symptôme des disparités en matière de santé qu'ils ont connues. Les inégalités sociales et économiques auxquelles font face de nombreuses personnes comprennent la pauvreté; les logements surpeuplés et inadéquats;Référence 64 l'insécurité alimentaire;Référence 65 de faibles résultats scolaires; et des taux élevés de chômage.Référence 63 Ces inégalités s'affirment au-delà de la TB; collectivement, les 4 régions inuites connaissent des taux de suicide qui varient de 5 à 25 fois le taux pour le Canada dans son ensemble et sont parmi les taux les plus élevés au monde.Référence 66 Il existe également une prévalence globale élevée d'autres maladies respiratoires, y compris l'asthme, la maladie pulmonaire obstructive chronique, le cancer du poumonRéférence 67Référence 68 et le virus respiratoire syncytial (VRS), ainsi que le tabagisme et l'utilisation de substances nocives qui causent ou exacerbent ces maladies.
Les Inuits éprouvent des difficultés à accéder aux services de santé que la plupart des Canadiens ne rencontrent pas.Référence 69 Les expériences historiques continuent d'influer sur la façon dont les personnes, les familles et les communautés perçoivent les conséquences potentielles d'un diagnostic de TB. De nombreux services de diagnostic ne sont pas disponibles dans les communautés inuites, ce qui nécessite de nombreux déplacements pour des tests et des procédures simples. Aussi, les services de télécommunications inadéquats limitent l'accès aux soins virtuels. Le roulement fréquent des dispensateurs de soins de santé,Référence 70 particulièrement dans les collectivités plus petites et plus éloignées, ainsi que les différences linguistiques et culturelles entre les clients et les dispensateurs sont reconnus comme des obstacles permanents importants aux services de santé pour les Inuits.Référence 71 Ces obstacles peuvent causer des retards dans le diagnostic et le traitement de la TB. Les retards peuvent accroître la gravité de la maladie, perpétuer la transmission continue et amplifier la prévalence de l'infection tuberculeuse latente dans les communautés inuites.
En 2018, le leadership inuit et le gouvernement du Canada se sont engagés conjointement à éliminer la TB dans les communautés inuites d'ici 2030.Référence 72 Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), l'organisation nationale représentant les Inuits, a publié en décembre 2018 le Cadre d'élimination de la tuberculose chez les Inuits pour orienter ce travail.Référence 63 Les domaines prioritaires d'action et d'investissement mis en évidence dans le cadre comprennent l'amélioration des programmes de soins et de prévention de la TB; la réduction de la pauvreté; l'amélioration des déterminants sociaux de la santé; la création d'équité sociale; la responsabilisation et la mobilisation des communautés; le renforcement de la capacité de soins et de prévention de la TB; l'élaboration et la mise en œuvre de solutions propres aux Inuits; et l'obligation de rendre des comptes pour l'élimination de la TB. Chaque région inuite a élaboré son propre plan d'action pour l'élimination de la TB. Ces plans d'action sont adaptés aux besoins et aux forces de chaque région pour s'assurer que les investissements et les activités sont éclairés par les systèmes locaux d'épidémiologie et de santé. La participation significative des communautés inuites et de leurs membres à la programmation et à la planification de la lutte antituberculeuse est le fondement de l'élimination de la TB dans l'Inuit Nunangat.
Le respect des valeurs inuites, de la langue, des connaissances, de la culture inuite et du contexte historique de la TB dans l'ensemble de l'Inuit Nunangat fait partie intégrante de la prestation de soins antituberculeux dans les communautés inuites. Ces soins sont un partenariat entre le dispensateur de soins de santé et le patient, sa famille et sa communauté. L'objectif dans la création de programmes de soins antituberculeux solides et durables et l'élimination de la TB n'est pas de gérer la maladie, mais d'atteindre et de protéger le bien-être.
4. Métis
Les Métis forment un groupe distinct de peuples autochtones, ayant leur propre culture, leurs traditions, leur langue (le michif), leur mode de vie et leur nationalité.Référence 73 La nation métisse a émergé dans le nord-ouest historique au cours du XVIIIe siècle, lorsque les commerçants de fourrures européens ont établi des relations avec les femmes autochtones locales.Référence 74 La progéniture issue de ces relations forme la nation métisse.Référence 74 Selon le recensement de la population de 2016, 587 545 personnes se sont identifiées comme Métis à identité unique au Canada, ce qui représente 1,7 % de la population totale.Référence 1 La majorité de la population métisse vit en Ontario et dans les provinces de l'Ouest.Référence 1 L'Alberta est la seule province à avoir des établissements métis terrestres. Cela dit, selon les données du recensement de Statistique Canada, de nombreuses collectivités des provinces de l'Ouest comptent ≥25 % de Métis.Référence 32
Les citoyens de la nation métisse ne sont pas homogènes. Les résultats en matière de santé et les expériences vécues par les Métis dans le système de santé au sens large, et plus particulièrement le traitement de la TB, varient considérablement d'un bout à l'autre du pays et selon l'âge, le sexe et le statut socioéconomique. Il existe d'importantes différences sociales et économiques, par exemple, entre les collectivités métisses éloignées dans le Nord et les Métis vivant en milieu urbain. En 2016, la population métisse était majoritairement urbaine; 62,6 % des Métis vivaient dans une région d'au moins 30 000 personnes.Référence 1 Les Métis vivant en milieu rural ont tendance à avoir plus de difficultés à accéder à des soins de santé uniformes et de qualité.
Selon les statistiques les plus récentes, 313 cas de TB ont été signalés chez des Autochtones nés au Canada en 2017. Parmi ces cas, 5,4 % (n = 17) étaient des Métis.Référence 3 Chez les Métis, le taux de prévalence de la TB était de 3,5 cas pour 100 000 habitants, ce qui est inférieur au taux global canadien (4,9 pour 100 000), mais plus élevé que le taux chez les personnes non autochtones nées au Canada (0,5 pour 100 000).Référence 3 Les Métis des provinces des Prairies sont touchés de façon disproportionnée par la TB, les cas étant en grande partie concentrés (à l'exclusion de Winnipeg) dans un nombre relativement restreint d'établissements et de collectivités métis dans la partie septentrionale de chaque province.Référence 32 La prévalence plus élevée de la TB par rapport à la population non autochtone née au Canada est principalement attribuable aux déterminants sociaux de la santé, qui ne peuvent être compris indépendamment des processus historiques de colonisation, d'assimilation forcée et d'exclusion sociale.
L'histoire de la nation métisse, surtout dans le contexte de la TB, est souvent exclue du récit général de l'histoire canadienne. Comme d'autres peuples autochtones, la nation métisse a été dévastée par l'épidémie de variole et, plus tard, par l'infection tuberculeuse.Référence 35 De nombreux enfants métis ont également fréquenté des pensionnats conçus pour les retirer de leur famille et les assimiler à la culture européenne.Référence 75 Souvent, les enfants métis subissaient des sévices physiques, affectifs et sexuels dans ces pensionnats.Référence 75 Les conditions dans les pensionnats étaient considérées comme des « lieux de reproduction » pour la TB.Référence 71 En 1907, le Dr Peter Bryce, premier médecin-chef du ministère de l'Intérieur, a publié un rapport indiquant qu'environ le quart de tous les enfants autochtones fréquentant les pensionnats à cette époque étaient morts de la TB.Référence 39 Des années 1940 aux années 1960, des médecins ont confiné les membres infectés de la nation métisse dans des sanatoriums antituberculeux, les coupant ainsi de leur famille et de leur communauté.Référence 71 Après de longues périodes de confinement dans les sanatoriums, ceux qui ont survécu ont trouvé difficile de se réintégrer dans leur communauté d'origine.Référence 42 La stigmatisation associée à un diagnostic de TB n'a fait qu'aggraver les sentiments d'isolement des patients. Les médecins contemporains ont renforcé la stigmatisation liée à la tuberculose en faisant valoir que la moralité, la personnalité et les comportements sociaux des Métis étaient responsables des taux élevés de TB dans la population métisse.Référence 76 De nombreux adultes et aînés de la nation métisse d'aujourd'hui ont connu l'époque des sanatoriums. Ces expériences continuent d'influer sur la façon dont les Métis perçoivent les conséquences d'un diagnostic de TB.Référence 71 Dans l'ensemble de la population de la nation métisse, il subsiste une profonde méfiance envers les établissements médicaux, en raison des politiques médicales coloniales et de la discrimination raciale persistante dans le système de santé.Référence 71 Le personnel médical travaillant auprès des Métis devrait suivre une formation sur la sécurité culturelle afin de comprendre le contexte historique et actuel de la TB.Référence 71
Aujourd'hui, de nombreux Métis courent un risque plus élevé de contracter la TB à cause de la pauvreté et des inégalités en matière de santé enracinées dans le colonialisme et la marginalisation de la population métisse. Les logements surpeuplés et de mauvaise qualité, l'insécurité alimentaire, les obstacles à l'accès aux soins de santé, les co-infections avec le VIH, le diabète et la malnutrition sont tous des facteurs de risque qui augmentent la probabilité de contracter la TB dans les communautés métisses. Les jeunes Métis sont plus susceptibles de vivre dans des ménages à faible revenu; en 2016, 21,5 % des Métis de moins de 18 ans vivaient dans des ménages à faible revenu, comparativement à 16 % des jeunes non autochtones.Référence 77 Les Métis sont également plus susceptibles de vivre dans des maisons en mauvais état; en 2016, 14 % des maisons métisses avaient besoin de réparations majeures, comparativement à 7 % à l'échelle nationale.Référence 77 Les Métis sont aussi plus susceptibles de vivre dans un ménage en insécurité alimentaire, en particulier au sein de la population urbaine.Référence 78
En ce qui concerne l'accès aux soins de santé, les différends juridictionnels ont pour effet d'exclure la population de la nation métisse, dans une certaine mesure, du système de santé traditionnel et de celui réservé aux Autochtones. Les Premières Nations et les Inuits ont accès à certains des programmes qui leur sont destinés par l'entremise de la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits (DGSPNI) de Santé Canada, qui n'a aucun mandat de travailler avec les Métis.Référence 79 Par conséquent, les Métis doivent accéder aux services provinciaux traditionnels, mais ces services ne répondent souvent pas aux besoins culturels ou géographiques spécifiques des communautés métisses.Référence 79 À ce jour, le gouvernement fédéral n'a toujours pas convenu d'une stratégie pour lutter contre la TB au sein de la nation métisse. Les Métis vivant en milieu rural ont plus de difficultés à accéder aux soins de santé. Ils doivent souvent trouver les moyens pour payer leur transport afin de voir des spécialistes et d'obtenir un traitement sous surveillance directe pour la TB dans les grands centres urbains.Référence 71 Par exemple, une personne métisse vivant dans le nord de la Saskatchewan qui reçoit un diagnostic de TB doit se rendre à Saskatoon pour un traitement spécialisé.Référence 80
Il y a un besoin urgent de fournir aux Métis des renseignements qui leur sont propres et d'avoir un programme de surveillance complète de la TB au sein de la population métisse. Par rapport à d'autres groupes autochtones et à la population non autochtone, il y a peu de recherche axée sur les Métis et la TB, ce qui signifie que l'image dépeinte de la TB dans les communautés métisses est incomplète. L'identification actuelle des cas de tuberculose chez les Métis est probablement sous-déclarée. Par exemple, la Saskatchewan détient des taux particulièrement élevés de TB; la province est également distincte en ce sens que la majorité des cas se trouvent dans les populations des Premières Nations, des Métis et du nord de la province, plutôt que dans les populations nées à l'étranger.Référence 80 Cependant, en ce qui concerne les signalements de TB, les cas recensés chez les Métis sont souvent regroupés avec les cas des Premières Nations, en raison de l'ascendance familiale mixte ou du mariage consanguin, de lieux géographiques semblables et des mêmes disparités en matière de déterminants sociaux de la santé.Référence 71 Si les cas de TB étaient signalés de manière plus systématique et la recherche sur la maladie et les Métis se voyait affinée, la nation métisse et les travailleurs de la santé pourraient élaborer une stratégie de lutte contre la TB propre aux Métis, conçue par et pour les Métis pour répondre à leurs besoins et réalités uniques.
5. Colonisation, racisme, privilèges et équité en santé dans les soins antituberculeux
La persistance de taux élevés de TB parmi les peuples autochtones du Canada est un symptôme des disparités en matière de santé enracinées dans la colonisation. La colonisation est la domination systémique d'un groupe sur un autre, ce qui entraîne souvent des inégalités raciales et culturelles.Référence 81Référence 82Référence 83 Au Canada, le colonialisme continue de s'infiltrer dans les soins de santé, empêchant les peuples autochtones de prendre des décisions sur leur propre santé et celle de leurs communautés. Les effets de la colonisation continuent de gangrener la manière dont les peuples autochtones du Canada reçoivent des soins antituberculeux.Référence 84 Les travailleurs de la santé ne sont pas à l'abri de la propagation des effets de la colonisation,Référence 85 qui sont souvent alimentés par un racisme et des privilèges non perçus et non intentionnels qui continuent d'imprégner la prestation des soins de santé au Canada. Dans ce contexte, le racisme est défini comme un système organisé qui répartit le pouvoir, les ressources et les occasions de manière inégale et inéquitable entre les groupes raciaux ou ethniques; historiquement, le racisme et le colonialisme sont intimement liés.Référence 81 Cela peut se refléter dans l'inégalité d'accès aux soins de santé ou la qualité de ces derniers, la domination de la langue et de la culture coloniales dans les systèmes de santé et le manque de possibilités d'améliorer les déterminants sociaux de la santé.Référence 81 Dans le cadre du mouvement de décolonisation, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a souligné plusieurs appels à l'action fondamentaux qui se rapportent à la santé, notamment la sensibilisation des travailleurs de la santé qui œuvrent avec les populations autochtones (Appel à l'action no24).Référence 21 Il est possible d'atteindre l'équité en santé dans les soins antituberculeux grâce à la compréhension et à la réparation de la dynamique de pouvoir entre les travailleurs de la santé et les patients autochtones.Référence 85 Le fondement des soins antituberculeux efficaces repose sur des partenariats positifs entre les travailleurs de la santé, les professionnels de la santé publique, les patients et les gouvernements.
6. Charte des patients pour les soins antituberculeux
Pour les travailleurs de la santé qui dispensent des soins antituberculeux aux populations autochtones, la collaboration des patients, de leurs familles et de leurs communautés s'avère essentielle. Cette approche consiste essentiellement à promouvoir la décolonisation en considérant les membres des communautés autochtones comme des détenteurs de droits de l'homme plutôt que comme des bénéficiaires passifs de soins de santé assurés par le gouvernement.Référence 30 L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a élaboré une charte pour les soins antituberculeux qui décrit les droits et les devoirs des personnes atteintes par la TB.Référence 86 La charte précise, dans un document concis d'une page, comment les patients, les communautés, les dispensateurs de soins de santé et les gouvernements peuvent travailler comme partenaires en cultivant une relation positive et ouverte pour améliorer les soins antituberculeux. La charte présente les rôles et les devoirs de tous les partenaires, permettant à tous ceux qui sont concernés par les soins antituberculeux d'assumer une plus grande responsabilité. Les partenariats entre les patients, leurs familles et leurs communautés, les travailleurs de la santé et les gouvernements sont au cœur de l'élimination de la tuberculose au Canada.
7. Actions futures
Afin de parvenir à l'élimination de la TB au Canada, tout plan doit s'attaquer aux disparités importantes entre les Canadiens autochtones et non autochtones en ce qui a trait aux déterminants sociaux de la santé qui sont des moteurs bien connus de la propagation de la TB. En plus des investissements soutenus dans les programmes et la recherche, cette élimination exigera un leadership et une participation remarquables de la part des peuples autochtones et des gouvernements à tous les paliers. Pour travailler ensemble sur la voie de la réconciliation et afin d'assurer des soins équitables, non seulement faudra-t-il reconnaître les effets persistants de la colonisation, mais il faudra également promouvoir la décolonisation de manière active et s'efforcer d'éliminer toutes les formes de racisme et de privilège afin de parvenir à l'équité en santé pour tous les Canadiens.
8. Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier les personnes suivantes pour leur contribution au présent document : les chercheurs autochtones qui ont donné des rétroactions sur le document – Dre Nadine Caron (Université de la Colombie-Britannique) et la candidate au doctorat Kathleen McMullin (Université de la Saskatchewan); Linette McElroy (représentante de l'organisme Inuit Tapiriit Kanatami) qui a contribué à l'aspect conceptuel du document; Risa Shorr (bibliothécaire de l'Université d'Ottawa) qui a travaillé à l'examen de la portée; Dre Leonor Ward (associée de recherche de l'Institut de recherche de l'Hôpital d'Ottawa, Ph. D., Études autochtones et santé des populations) qui a travaillé à la construction du référencement; et Megan Simpson (représentante métisse) qui a contribué à l'examen du document.
9. Études supplémentaires
En vue de progresser sur la voie de la réconciliation, les travailleurs de la santé sont encouragés à consulter ce document comme une invitation à se renseigner davantage sur la santé des Autochtones, en particulier à l'égard de la tuberculose. Lorsqu'il s'agit d'établir des relations solides avec les patients atteints de tuberculose et leurs familles, les travailleurs de la santé doivent s'engager tout au long de la vie dans l'apprentissage de la sensibilisation culturelle, de la sensibilité, de nouvelles compétences, de l'humilité et de la sécurité.
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https://sanyas.ca/courses/british-columbia
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https://www.indigenoushealthnh.ca/resources/local-cultural-resources - Winnipeg Regional Health Authority.
https://wrha.mb.ca/indigenous-health/cultural-initiatives/micst/ - Indigenous Cultural Safety (ICS) Learning Series.
https://www.icscollaborative.com/ - Centre de collaboration nationale de la santé autochtone.
https://www.ccnsa.ca/524/Publication.nccih?search=racisme, https://www.nccih.ca/docs/emerging/RPT-CulturalSafetyPublicHealth-Baba-FR.pdf - Série d'apprentissages sur les questions autochtones du gouvernement du Canada.
https://www.csps-efpc.gc.ca/ils-fra.aspx
Déclaration de divulgation
Les auteurs et les réviseurs des Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse de la Société canadienne de thoracologie (SCT) ont déclaré des conflits d'intérêts potentiels au moment de leurs nominations et ceux-ci ont été mis à jour tout au long du processus conformément à la Politique de divulgation des conflits d'intérêts de la SCT. Les déclarations individuelles de conflit d'intérêts des membres sont affichées sur le site Web de la SCT.
Financement
Les Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse 8e édition sont financées par la SCT et l'Agence de la santé publique du Canada. Elles sont éditées par la SCT et publiées par la SCT en collaboration avec l'Association pour la microbiologie médicale et l'infectiologie (AMMI) Canada (en anglais seulement). Il importe cependant de souligner que les recommandations cliniques contenues dans les Normes ont été formulées par la SCT. Les auteurs et les réviseurs des Normes de la SCT sont responsables devant le Canadian Respiratory Guidelines Committee de la SCT et son conseil d'administration. Ceux-ci sont indépendants sur les plans fonctionnel et éditorial de toute source de financement et n'ont reçu aucun financement direct de sources externes.
La SCT reçoit des subventions illimitées qui sont déposées dans un compte central de résultat pour faciliter les activités d'application des connaissances des assemblées et des comités du SCT qui formulent les lignes directrices et les normes. Aucun financement corporatif n'a affecté la compilation, l'examen, l'analyse ou l'interprétation de la littérature scientifique ou les décisions concernant les recommandations formulées dans le présent document.
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