Page 4 : Parce que la vie continue…aider les enfants et les adolescents à vivre la séparation et le divorce
Section 2 - Prendre soin de soi, à l’intérieur comme à l’extérieur
Quiconque prend l’avion sait qu’il faut « d’abord mettre son propre masque avant d’aider ses enfants ». Même chose dans la vie : les parents sont les premiers et les principaux gardiens, enseignants et modèles des enfants. Personne ne les influence autant qu’eux dans leur estime de soi, leur faculté d’apprendre et leur capacité d’affronter la vie et ses défis. Bref, les enfants dont les parents sont bien dans leur peau émotive et physique ont de meilleures chances de l’être eux aussi. Hélas, l’inverse peut aussi être vrai.
S’occuper de sa santé mentale et physique
L’une des choses les plus importantes pour les parents qui se séparent est de rester en bonne santé mentale et physique. Plus facile à dire qu’à faire, car rien n’est aussi stressant à vivre sans doute que le divorce, sauf peut-être le décès du conjoint ou d’un enfant. Nous savons tous que bien manger, faire régulièrement de l’exercice et dormir suffisamment améliore la santé mentale et physique. C’est une évidence. Mais s’occuper de soi varie ensuite selon les besoins, les expériences et les attentes de chacun. L’important, c’est que vous trouviez ce qui vous aide à vous détendre et à mieux vous sentir. Voici quelques suggestions.
Avouez que les choses sont difficiles. Nous associons souvent la vulnérabilité à de la faiblesse ou à des émotions que nous préférerions éviter, comme la honte, la peur et l’incertitude. Des recherches menées récemment démontrent toutefois que nous gagnons en force et en maturité à comprendre et à nous admettre nos peurs, nos supposées lacunes et les raisons de notre honte. Par ailleurs, nous ouvrir à des gens en qui nous avons confiance peut nous aider à tisser des liens plus étroits avec les autres et à mieux savoir qui nous sommes.
L’échec d’une relation ou, encore, d’un mariage ou d’une union conjugale est inévitablement douloureux. Coucher ces émotions par écrit ou en parler avec quelqu’un en qui vous avez confiance peut vous aider à les comprendre, les vivre et à passer à autre chose, comme vous le feriez pour le deuil d’un proche. En fuyant votre peine, votre colère et votre deuil, tôt ou tard, ce refoulement pourrait vous rattraper et vous amener à vous tourmenter encore plus ou à vous faire davantage de mal.
Tissez des liens avec autrui. La fin de votre couple peut avoir un effet domino sur votre entourage. Des membres de la famille et des amis, mal à l’aise ou en proie à des sentiments contradictoires, pourraient alors « choisir leur camp » ou simplement prendre leurs distances le temps de s’y retrouver. Néanmoins, votre réseau social pourrait vous être d’un grand secours émotif et vous aider à traverser les chambardements causés par la séparation.
Passer du temps en compagnie d’autrui aide à chasser la solitude et à se sentir mieux entouré. L’éclatement de la famille peut ébranler le sentiment d’appartenance, voire l’identité, que l’on a. Les amitiés renforcent l’estime de soi, et le simple fait de savoir que l’on n’est pas seul peut être un excellent remède pour le stress.
Votre réseau social pourrait aussi vous aider à obtenir de l’information, des conseils et d’autres formes d’aide dont vous auriez besoin. Il est rassurant de savoir que d’autres sont là pour nous être d’un secours tant pratique que moral. N’oubliez pas que l’idée d’entretenir votre réseau social n’est pas d’augmenter, mais de réduire, votre niveau de stress. Gare aux situations qui semblent saper votre énergie. Par exemple, évitez de passer trop de temps avec quelqu’un qui voit tout en noir ou passe son temps à critiquer et à parler en mal de tous en chacun et en particulier de votre ex-conjoint. Bien que cela puisse vous procurer un sentiment momentané de soutien, à la longue cela pourrait compromettre la possibilité d’établir une co-parentalité optimale pour les enfants.
Faites-vous plaisir tous les jours. Les enfants jouent et s’amusent tout naturellement sans gêne n’y voyant rien de frivole. Voilà une belle occasion d’apprendre d’eux. Qu’il s’agisse d’aller jouer au basketball quelques minutes, de prendre un bain, de regarder la télévision ou de passer du temps sur les médias sociaux avec eux, essayez de prévoir quelque chose d’amusant ou de relaxant chaque jour.
Respirez. On sait qu’en dépit de leur simplicité, des techniques de relaxation telles que la respiration profonde et la relaxation par l’imagerie réduisent très efficacement le stress et la colère.
En voici quelques-unes :
- Respirez profondément du diaphragme (uniquement de la poitrine ne fonctionne pas). Mettez-vous la main sur le bas du ventre pendant que celui-ci monte et descend. Imaginez que vous respirez du « nombril ».
- Répétez-vous lentement quelque chose de calmant, comme « Détends-toi » ou « Vas-y doucement », tout en respirant profondément.
- Visualisez une expérience relaxante (vécue ou imaginaire).
- Faites de légers étirements pour vous détendre les muscles.
Soyez authentique. Notre identité découle en partie de nos antécédents familiaux, de la perception que nous avons de nous-mêmes ainsi que de nos rôles et relations. La fin d’une relation importante donne parfois l’impression d’en perdre son identité : « Qui suis-je maintenant? »; « Qu’est-ce que je crois au sujet de l’amour et des relations? »; « Qui veux-je être? ».
Parlez de ce qui compte pour vous ou écrivez-le. Faites les choix qui vous ressemblent le plus ou qui ressembleront le plus à qui vous voulez devenir. Pensez à toute l’énergie perdue à vouloir se comparer aux autres ou répondre à leurs attentes. Employez-vous plutôt à retrouver votre bien-être mental et à faire ce qui compte le plus à vos yeux.
Demandez de l’aide. Un tourbillon d’émotions allant de la colère à l’insécurité en passant par l’isolement, l’anxiété, l’euphorie, le deuil, le soulagement, la dépression, la culpabilité, la perte de contrôle, la peur et l’impression d’être inutile peut s’abattre sur les parents qui se séparent. Il s’agit d’émotions normales en cas de séparation ou de divorce. Il n’est pas rare de se sentir déprimé ou anxieux face au stress ou au changement. (Voir l’encadré Quelques suggestions pour réduire, prévenir et gérer le stress). Mais si votre état dépressif ou votre anxiété s’accentue au point de ne plus en voir clair ou dure plus d’un mois, le temps est venu d’aller consulter votre médecin de famille ou un thérapeute. Votre médecin de famille ou un professionnel de la santé mentale peut vous aider à cerner et comprendre ce qui ne va pas et à trouver le traitement et le soutien requis.
Gardez à l’esprit que la santé mentale ne traduit pas l’absence de problèmes, mais plutôt la détermination à sonder ses forces intérieures et l’aptitude à prendre conscience de ses peurs et difficultés. Tout le monde connaît un jour des problèmes de santé mentale. La question n’est pas de savoir si nous sommes capables de les éviter complètement, mais plutôt ce que nous pouvons faire pour cesser d’en souffrir et nous sentir mieux.
Si vous êtes en situation de crise, contactez le centre d’aide le plus près ou le 9-1-1 ou rendez-vous à l’urgence.
Quelques suggestions pour réduire, prévenir et gérer le stress
La séparation est stressante en soi. Tout comme devenir coparent avec son ex-conjoint. Ces transitions peuvent susciter de vives émotions et s’accompagnent inévitablement de changements. S’ils sont nombreux, les moyens de gérer et d’affronter sainement le stress exigent habituellement de changer sa façon de penser et ses automatismes.
Voici quatre techniques et stratégies qui pourraient vous aider à combattre le stress durant et après la séparation : éviter, changer, adapter et accepter. Privilégiez les stratégies qui vous aideront à vous calmer et à reprendre possession de vos moyens. Autrement dit, la situation changera quand vous y réagirez autrement.
Évitez le stress inutile. Personne n’y échappe : la séparation est une situation de vie très stressante. Rien ne vous empêche cependant d’essayer d’éliminer d’autres facteurs de stress. Par exemple :
- Apprenez à dire « non ». Qui se sépare doit apporter des changements et s’y adapter. Vous devrez peut-être renoncer pour le moment à des engagements ou à des activités.
- Raccourcissez votre liste de choses à faire. Essayez de départager ce que vous voudriez de ce que vous devez faire dans votre liste. Puis déterminez vos priorités et supprimez ce qui n’est pas vraiment nécessaire.
- Demandez de l’aide. Vous stresserez à coup sûr si vous vous dites : « Je suis capable de régler ça tout seul ». Au lieu d’endurer, pourquoi ne demanderiez-vous pas l’aide d’amis ou de la famille de temps à autre? Qu’il s’agisse d’accompagner les enfants à des activités ou de les aider à faire leurs devoirs, les gens qui vous entourent ne demandent peut-être pas mieux que de vous donner un coup de main. Mais vous devez d’abord le leur demander.
Changez la situation. Vous ne pourrez pas éviter votre ex-conjoint. Vous êtes parents à vie. Mais il y a moyen d’entretenir d’autres rapports.
- Exprimez vos sentiments et sortez vos émotions au lieu de les refouler. Avant d’aller à la rencontre de votre ex-conjoint, essayez de vous défouler avec un ami proche qui peut vous aider à vous libérer d’émotions susceptibles d’obscurcir votre jugement et de limiter vos choix. Évitez à tout prix de parler de ce qui vous déplaît chez votre ex-conjoint devant vos enfants. Parlez-en à des adultes.
- Soyez prêt à faire des compromis. Si vous demandez à votre ex-conjoint de changer de comportement, alors soyez prêt à faire de même. Vous aurez de meilleures chances de trouver un terrain d’entente en étant le moindrement souple.
Adaptez-vous à ce qui vous stresse. Si la coparentalité avec votre ex-conjoint vous stresse, peut-être serait-il préférable que vous modifiez vos attentes et changiez d’attitude pour retrouver une certaine quiétude.
- Reformulez les problèmes. Essayez de voir autrement les situations stressantes que vous vivez avec votre ex-conjoint. Regardez la situation du point de vue de vos enfants. Tout en gardant à l’esprit que les enfants se portent mieux quand les deux parents sont actifs dans leur vie, comment pourriez-vous recentrer la situation sur l’« intérêt supérieur des enfants »?
- Regardez l’ensemble de la situation. Relativisez l’importance du désaccord avec votre ex-conjoint. Demandez-vous qu’elles en seront les conséquences pour vous et vos enfants à la longue – dans une semaine, un mois, un an? S’agit-il d’une tempête dans un verre d’eau? Si oui, consacrez alors votre temps et vos énergies à ce qui compte le plus.
- Concentrez-vous sur le positif. Quand le stress prend le dessus, arrêtez-vous pour réfléchir à tout ce que vous aimez dans la vie, y compris vos enfants et vos propres qualités et talents. Certains trouvent utile de rédiger tous les jours une « liste de gratitude ».
Acceptez ce que vous ne pouvez changer. Certaines sources de stress sont inévitables, comme le décès d’un proche, la fin d’une relation ou devenir coparent. Quand notre vie bascule ainsi, le mieux à faire pour combattre le stress est d’accepter les choses telles qu’elles sont. Non pas de renoncer à ses responsabilités ou d’abandonner tout espoir, mais de se recentrer sagement sur ce que l’on peut influencer ou changer.
- N’essayez pas de contrôler l’incontrôlable. Bien des choses dans la vie échappent à notre volonté, surtout le comportement des autres. Au lieu de stresser continuellement à propos de ce que dit ou fait votre ex-conjoint, mettez l’accent sur ce que vous pouvez contrôler, comme votre façon de réagir aux problèmes.
- Voyez le bon côté des choses. Essayez de voir cette importante source de stress qu’est la séparation et d’avoir à continuer à collaborer avec votre ex-conjoint comme un tremplin de croissance personnelle. Si vos mauvais choix sont aussi en cause, réfléchissez à ce qu’ils vous ont permis d’apprendre et tournez la page.
- Apprenez à pardonner. Acceptez que personne n’est parfait. Apprenez à vous défaire de l’emprise de la colère et de la rancune et libérez-vous des énergies qui vous drainent en pardonnant et en passant à autre chose. Vous vous sentirez mieux et, il y a fort à parier, vos enfants aussi.
Comprendre l’histoire du parent que nous sommes
Tout comme vous êtes le premier enseignant de votre enfant, vos parents ont été les vôtres. Leur façon de vous élever influence profondément votre style parental. Les choses qu’ils vous ont dites et faites et les rapports qu’ils entretenaient avec vous et les autres ont jeté les bases de bon nombre de vos croyances, valeurs, attitudes et pratiques parentales.
Vous avez probablement vécu des choses que vous souhaitez revivre avec votre enfant, par exemple lui manifester de l’amour par des mots et des câlins ou lui enseigner la valeur de l’effort et de la persévérance quand les choses sont difficiles.
Il arrive aussi que les leçons de vos parents ne soient guère les meilleures. Vous disciplinait-on en vous donnant la fessée ou en vous humiliant? On ne vous encourageait jamais à parler de vos sentiments ou de vos problèmes? Cherchait-on à vous déprécier sans cesse?
Les recherches sur le développement de l’enfant démontrent toute l’importance pour les parents de comprendre le rôle de leur propre enfance dans leur vie de tous les joursNote de bas de page 1. Cet éclairage peut faire de nous de meilleurs parents et surtout nous permettre de mieux aider nos enfants à s’adapter au changement et à composer avec des épreuves telles que la séparation de leurs parents.
Alors, prenez un recul et regardez la forêt au lieu de regarder seulement les arbres qui cachent la forêt. Comment la façon dont on m’a élevé m’influence-t-elle aujourd’hui? Répondez à cette question et vous saurez comment votre enfance vous influence dans vos pensées, croyances et comportements. Vous pourrez ainsi choisir et cesser de répéter inconsciemment les erreurs d’hier et du coup faire la paix avec le passé en reconnaissant et en comprenant son rôle à présent.
Voici quelques questions pour vous aider à réfléchir au passé afin d’en comprendre l’influence sur votre vie à présent :
- Vous revoici enfant. Que dites-vous à vos parents de vos sentiments ou de la façon dont vous voulez être traité?
- En quoi vos relations avec chaque parent se ressemblaient-elles? Différaient-elles? Comment, s’il y a lieu, tentez-vous maintenant d’être ou de ne pas être comme vos parents?
- Vous êtes-vous déjà senti rejeté ou menacé par vos parents? Avez-vous vécu des expériences traumatisantes? Vous habitent-elles encore à ce jour et comment continuent-elles à vous influencer?
- Comment vos parents vous disciplinaient-ils? Quel impact cette discipline a-t-elle maintenant sur le parent que vous êtes?
- Une personne qui vous était chère est-elle décédée quand vous étiez enfant ou plus vieux? Vos parents ont-ils divorcé? Pensez-vous avoir été en mesure de vivre ce deuil quand vous étiez enfant ou à l’âge adulte? À votre avis, comment cette perte vous influence-t-elle maintenant?
- Malgré votre enfance difficile, étiez-vous alors entouré d’autres adultes, ayant ceux-là une influence positive, ou familles sur qui vous pouviez compter pour recevoir de l’affection et du soutien?
- Quelle influence, à votre avis, les expériences de votre enfance peuvent-elles avoir sur vos relations d’adulte avec autrui? Y a-t-il des types de comportements que vous voulez modifier ou que vous avez tenté de changer mais qui vous donnent du fil à retordre?
- Trouvez-vous difficile de penser à certains moments de votre enfance? Avez-vous l’impression qu’un malaise profond, comme le sentiment d’être indigne ou de ne « pas être assez bon », vous suit dans la vie ou qu’un sentiment de honte vous habite? Pensez-vous que ces problèmes non résolus ont un impact sur l’éducation que vous donnez à vos enfants?
- Y a-t-il des sujets dont vous discutez ou des conversations que vous avez avec vos enfants qui vous rendent très émotifs? Sauriez-vous à quand remonte cette façon de réagir dans votre enfance (ou plus tard) et à quoi l’attribuer?
La liberté de choisir. Dans la vie, un point tournant tel qu’une séparation peut être un bon moment pour jeter un regard en arrière et apprendre du passé. Comprendre l’influence qu’est susceptible d’avoir le passé sur le présent nous donne la liberté d’élever nos enfants autrement. (Voir l’encadré Comprendre les conflits à la section 4.)
Par exemple :
- si vous vous surprenez à discipliner sévèrement vos enfants parce que vous n’aviez ni structure ni règles dans votre enfance, vous pouvez maintenant choisir de les discipliner fermement tout en étant juste et bon;
- si vous avez tendance à ne pas discipliner vos enfants parce qu’on vous a discipliné à la dure quand vous étiez petit, vous pouvez maintenant choisir d’imposer des limites fermes mais empreintes d’amour aux conséquences raisonnables pour vos enfants s’ils vont trop loin;
- si vous aviez l’impression de devoir être un enfant parfait, le moment serait bien choisi d’être moins exigeant envers vous-même et vos enfants;
- si on vous décourageait d’exprimer vos sentiments ou si vous réprimiez ceux-ci de crainte qu’on vous juge, vous pourriez envisager des moyens qui vous aideraient, vos enfants et vous, à exprimer sainement et en toute liberté vos émotions;
- si vous aviez l’impression de ne pas recevoir autant d’attention que vos frères et sœurs, le moment serait bien choisi de prêter un peu plus attention aux intérêts de chacun de vos enfants et à leur vision particulière du monde;
- si vous êtes plus sévère envers un de vos enfants, avez-vous idée de ce qui pourrait vous avoir rendu ainsi dans votre enfance? Avec la prise de conscience vient le changement.
Apprendre à se défaire de la colère
La colère est une émotion normale face à l’impression d’être menacé ou traité injustement. Ce n’est pas la colère qui engendre des problèmes, mais ce que nous en faisons. S’ouvrir à sa colère aide à répondre aux situations plutôt qu’à y réagir. Cela peut aussi aider à tenir son bout de manière ferme mais respectueuse. (Voir « Comprendre la colère » à la section 4.) Mais une colère persistante ou non résolue peut nuire à la santé mentale.
Les recherches démontrent que la colère peut augmenter le risque de coronaropathie, en particulier chez les hommes, et conduire à des problèmes de stress tels que l’insomnie, des troubles digestifs, des maux de tête et la dépression. Quelle qu’en soit la forme, la colère fait mal à tous ceux qui se trouvent sur son chemin. Elle renforce la peur, la vulnérabilité, la culpabilité et la tristesse. Rien qu’à vivre et voir, nous savons tous que la colère et le blâme ne règlent rien et n’apportent pas la paix.
Quand le poids des idées et des émotions négatives nous semble insupportable, notre tendance est d’en vouloir aux autres ou à l’univers. Or, s’il est souvent vrai que les autres ou les événements semblent nous provoquer, c’est l’interprétation que nous faisons de la situation qui vient nous chercher ou nous fait réagir.
Réjouissons-nous cependant, car dès l’instant où nous reconnaissons le rôle que nous jouons dans notre colère et son renforcement, nous pouvons décider de lâcher prise pour retrouver la paix d’esprit. Cela demande du temps, de la détermination, de la patience et de la douceur – envers soi et autrui. L’enjeu? Votre santé, votre bien-être et ceux de vos enfants. Sans compter que vous donnerez à vos enfants le bon exemple à suivre à l’âge adulte.
Trois étapes clés
Il y a trois étapes à franchir pour se défaire de la colère.
Première étape : prendre conscience de ce qui la provoque. Un indice : nous sommes rarement en colère pour ce que nous pensons. Par exemple :
- Nous nous fâchons quand quelque chose ravive en nous un vieux problème qui perdure. Est-ce que le boulet de vieilles rancunes et déceptions que vous traînez depuis votre relation et sa rupture alimenterait votre colère actuelle?
- Nous sommes souvent en colère à cause de l’interprétation que nous faisons de ce qui s’est passé, escamotant ou niant souvent toute responsabilité. Si tel est le cas, prenez le temps de comprendre le rôle que vous avez joué. Vous n’êtes pas étranger à ce qui s’est passé.
- Peut-être sommes-nous en colère parce que nous n’avons pas eu ce dont nous avions besoin ou, pis encore, parce que nous avons été blessé lorsque nous étions enfants. Les croyances d’un adulte qui a grandi en se sentant malaimé ou voyant le monde comme un endroit dangereux peuvent être ancrées dans la peur, la colère et le jugement. Y a-t-il des choses que vous avez vécues quand vous étiez enfant qui pourraient alimenter la colère que vous éprouvez envers votre ex-conjoint?
- Il nous arrive souvent de nous emporter en voyant chez les autres un comportement que nous n’aimons pas en nous-mêmes. Cela attiserait-il la colère que vous éprouvez envers votre ex-conjoint? Y a-t-il quelque chose qui vous fait bondir de colère chez votre ex-conjoint parce que cela vous rappelle votre façon de penser ou d’agir à l’occasion?
Deuxième étape : décider de se défaire de sa colère. Se défaire de sa colère et tenter de la contrôler sont deux choses tout à fait différentes. L’une des vérités en psychologie humaine est que sous la loupe tout prend de l’ampleur. Chercher à contrôler de puissantes émotions a l’effet contraire. C’est que cela demande de l’attention et de la concentration, de sorte que la colère nous colle encore plus à la peau.
Plus nous écoutons nos pensées et croyances négatives, plus la colère grandit en nous et envahit les moindres recoins de notre vie. Il s’agit d’y accorder moins d’attention et de se concentrer davantage sur ce que nous voulons de positif dans la vie pour qu’elle faiblisse. Il n’en reste alors que des pensées inoffensives pour notre identité. Nous pouvons maintenant décider de les laisser aller et de nous concentrer sur ce qui nous apporte bonheur et paix.
Troisième étape : décider de mettre cette prise de conscience en pratique un jour à la fois. Dès qu’une pensée négative se fraie un chemin dans votre conscient et que la colère éclate, répétez les deux premières étapes. Vous vous ferez ainsi de nouveaux muscles émotionnels qui vous serviront bien dans vos relations, en particulier avec vos enfants.
Il est important de garder en tête que l’objectif n’est pas de se débarrasser de sa colère, mais d’en desserrer l’emprise en se libérant l’esprit et en redécidant chaque jour comment vivre. Cela comporte de nombreux avantages, dont retrouver son calme, prendre de meilleures décisions, avoir des enfants plus heureux et entretenir de meilleures relations.
Vous défaire de la colère peut faciliter votre séparation et protéger vos enfants des effets nuisibles du conflit. L’objectif est de vous aider à mieux vous sentir au fil du temps, pas de vous culpabiliser. N’hésitez pas à demander l’aide de votre famille, de vos amis ou de professionnels alors que vous tentez de vous libérer de votre colère et de mener une vie plus enrichissante.
Tirer d’importantes leçons du passé
La crise émotionnelle est une bonne occasion d’apprendre et grandir. Afin de pouvoir passer à autre chose, il est important de comprendre en quoi nos choix y ont contribué. L’essentiel est d’apprendre de ses erreurs pour ne pas les répéter.
Voici quelques questions à vous poser, s’il y a lieu, après avoir pris une certaine distance émotionnelle par rapport à votre rupture :
- Prenez du recul et regardez la situation dans son ensemble. Quel rôle, le cas échéant, vos choix ou votre comportement ont-ils joué dans vos problèmes de couple?
- Avez-vous tendance à répéter sans cesse les mêmes erreurs? Si oui, voici un bon moment pour jeter un regard sur le passé, voir si votre façon de penser et d’agir y serait pour quelque chose et repenser votre façon d’être en relation.
- Pensez à la façon dont vous réagissez au stress, aux conflits et à l’insécurité. Pourriez-vous réagir de manière plus constructive au stress ou aux conflits? Si oui, comment?
- Pensez-y. Acceptez-vous les autres tels qu’ils sont au lieu de la façon dont ils « pourraient » ou « devraient » être?
- Pour changer, interrogez-vous d’abord sur vos sentiments négatifs. En êtes-vous conscient ou vous contrôlent-ils?
Le but de l’autoréflexion est de vous aider à grandir en apprenant de vos difficultés et d’accélérer votre guérison. Ne perdez pas de temps à pointer du doigt ou à vous culpabiliser pour les fautes que vous avez commises. Regarder en arrière vous donnera l’occasion d’en savoir un peu plus sur qui vous êtes, votre façon de vous définir par rapport aux autres et les problèmes que vous devez régler. Il est difficile de se remettre d’une rupture. Mais sachez et rappelez-vous ceci : non seulement est-il possible de passer à autre chose, mais vous en serez capable. Guérir prend du temps, alors soyez patient et bon avec vous-même.
Détails de la page
- Date de modification :