ARCHIVÉ - Maladies chroniques au Canada

 

Volume 30, no 1, décembre 2009

Éditorial –
Maladie chronique ou maladies chroniques : Le tout diffère-t-il de la somme des parties?

R.A. Spasoff, M.D., rédacteur scientifique adjoint

https://doi.org/10.24095/hpcdp.30.1.02f

Il y a environ 15 ans, j'ai passé une année sabbatique à l'Université d'Amsterdam. Quand je suis arrivé, j'ai naturellement fait le tour du personnel. Lorsque j'ai demandé à une professeure principale ses intérêts de recherche, elle m'a répondu « la maladie chronique ». « C'est bien, » je lui ai répondu, tenant pour acquis qu'elle parlait de recherche étiologique sur une ou plusieurs maladies chroniques. « Lesquelles? » Elle a été aussi mystifiée par ma question que je l'avais été par sa première réponse. En fait, elle étudiait la maladie chronique en tant que phénomène : ses répercussions sur les individus, les fournisseurs de soins et la société, ses répercussions sur les soins de santé, etc. Voici donc mon introduction à la maladie chronique (au singulier) comme sujet de recherche.

Depuis, je me rends de plus en plus compte que le phénomène de la maladie chronique en général est un sujet valable de recherche, d'enseignement, de politiques et de programmes. Les gérontologues utilisent une approche semblable depuis des années, s'intéressant plus souvent au fait qu'une personne est atteinte d'une ou plusieurs maladies chroniques et aux répercussions de celles-ci sur la santé, qu'à la maladie elle-même. (De toute évidence, c'est parfois par nécessité, étant donné qu'il peut s'avérer difficile d'établir un diagnostic précis chez des personnes très âgées.) La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé1 (CIF) et son prédécesseur, la Classification internationale des handicaps : déficiences, incapacités et désavantages, sont d'ailleurs fondées sur une pensée similaire, qui met l'accent sur la capacité de l'individu de réaliser des fonctions et des rôles plutôt que sur les maladies qui causent ces limites. Le titre de la publication américaine apparentée à Maladies chroniques au Canada (MCC), Preventing Chronic Disease (singulier), publiée par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), semble aller dans le même sens. Notez cependant l'utilisation du singulier et du pluriel dans les documents mentionnés dans le prochain paragraphe.

Les facteurs de risque de plusieurs maladies chroniques importantes se sont avérés remarquablement similaires, ce qui laisse croire que la prévention peut souvent se concentrer sur la maladie chronique en général plutôt que (ou ainsi que) sur les maladies chroniques individuelles. Dans son document Prévention des maladies chroniques: un investissement vital2 l'OMS fait ressortir, peut-être trop (car il ignore le rôle des facteurs génétiques) que « des facteurs de risque courants et modifiables sont à l'origine des principales maladies chroniques. Ce sont ces facteurs qui permettent d'expliquer la grande majorité des décès par maladie chronique touchant les hommes comme les femmes à tous âges, dans toutes les parties du monde. » L'Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada (APMCC, dont le slogan est « prévention des maladies chroniques au Canada »), dans son document énonçant la vision Prévention primaire des maladies chroniques au Canada : un cadre d'action,exige une approche globale et intégrée à la prévention primaire : ce qui a principalement stimulé l'élaboration d'un cadre de prévention primaire était l'intérêt partagé et la nécessité pour les stratégies nationales de lutte contre des maladies – cancer, accident cérébrovasculaire, santé du cœur, poumon, mode de vie sain et maladie chronique – d'harmoniser leurs contributions à la prévention primaire3. De nouveau, il semble que l'on se concentre souvent sur la maladie chronique en général. De toute évidence, nous devons tenir compte des maladies individuelles, en particulier pour leur traitement.

Le premier des quatre composants du cadre de l'APMCC est les ressources, qui comprend la recherche et l'innovation ainsi que l'échange de connaissances. Maladies chroniques au Canada est un bon moyen de diffuser ces activités; de plus, elle porte sur les maladies chroniques et la maladie chronique. Il est probable que la plupart de nos articles portaient sur celles-ci – conformément au pluriel de notre titre – mais nous aimerions recevoir plus d'articles sur celle-là.

Références

  1. ^ L'Organisation mondiale de la Santé. La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé, Genève, L'Organisation mondiale de la Santé, 2001. Disponible de : http://www.who.int/classifications/icf/wha-fr.pdf
  2. ^ Le Gales-Camus C, Beaglehole R, Epping-Jordan J, Vita-Finzi L (dir.). L'Organisation mondiale de la Santé, Prévention des maladies chroniques: un investissement vital [Internet], Genève, l'Organisation mondiale de la Santé, 2005. Disponible de : http://www.who.int/chp/chronic_disease_report/part1/fr/index.html
  3. ^ Garcia J, Riley B. Primary prevention of chronic diseases in Canada: a framework for action [Internet], Ottawa (ON), l'Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada,juillet 2008. Disponible de : http://www.cdpac.ca/media.php?mid=451
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