ARCHIVÉ - Maladies chroniques au Canada
Volume 30, no 2, mars 2010
Maladies chroniques au Canada
Programme d’aide préscolaire aux Autochtones (PAPA) dans les collectivités urbaines et nordiques de l’Alberta – Évaluation pilote à l’aide d’une étude longitudinale
A. M. de la Cruz, M. Sc., B. Sc. inf. (1); P. McCarthy, grade d’associé en Sciences appliquées (2)
https://doi.org/10.24095/hpcdp.30.2.02f
Rattachement des auteurs
Consultante en évaluation, Agence de la santé publique du Canada, Région de l’Alberta
Présidente, Comité provincial du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones de l’Alberta
Correspondance : Añiela M. de la Cruz, Agence de la santé publique du Canada, Région de l’Alberta, 620 Harry Hays Building, 220 – 4th Avenue SE, Calgary (Alberta) T2G 4X9, tél. : 403-292-6714, téléc. : 403-292-6696, courriel : aniela_dela_cruz@phac-aspc.gc.ca ou adelacru@ualberta.ca
Résumé
Le Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques (PAPACUN) est un programme d’intervention précoce financé par Santé Canada pour répondre aux besoins des enfants autochtones d’âge préscolaire et de leurs parents. L’étude pilote, fondée sur les principes de la recherche communautaire, a évalué un PAPA offert hors réserve en Alberta : globalement, les résultats des élèves ayant suivi un PAPA sont positifs. Cette phase préliminaire d’une étude longitudinale d’évaluation de tous les centres PAPA en Alberta a permis de formuler plusieurs recommandations, qui vont dans le sens de la poursuite de ce type d’évaluation tout en tentant de repousser les limites rencontrées lors de cette première phase (données disponibles, outils, contexte).
Mots clés : Programme d’aide préscolaire aux Autochtones, étude longitudinale, recherche communautaire, stratégie d’intervention auprès de la petite enfance, Alberta
Introduction
Le Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques (PAPACUN) est une stratégie nationale d’intervention auprès de la petite enfance financée par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) pour répondre aux besoins des enfants autochtones d’âge préscolaire vivant dans les centres urbains et les collectivités du Nord, ainsi qu’à ceux de leur famille. Le programme vise à susciter un sentiment de fierté et de confiance en soi, à favoriser le désir d’apprendre et le développement social et affectif et, enfin à renforcer les compétences parentales et à améliorer les relations familiales. Au Canada, ces programmes sont offerts à la fois dans les réserves et hors réserve. Financés par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), 16 organismes parrains administraient 21 PAPA en Alberta, à compter de juin 2008.
De manière générale, les PAPA mis en œuvre en Alberta permettent aux enfants d’acquérir une expérience préscolaire les préparant à l’entrée à l’école et leur offrant de nombreuses occasions de développement sur les plans spirituel, intellectuel, affectif et physique. Les stratégies d’intervention auprès de la petite enfance contribuent à la santé et au bien-être des enfants à court et à long terme. Elles ont une incidence positive tant sur la maturité scolaire et la santé des enfants que sur leur bien-être et leur santé à l’âge adulte. Un développement insuffisant pendant l’enfance peut, au contraire, se traduire à l’âge adulte par une santé physique et mentale déficiente, en particulier par des maladies chroniques1
Les centres offrant des PAPA axent leur programme sur six volets : éducation et maturité scolaire, culture et langue autochtones, participation des parents, promotion de la santé, nutrition et soutien social. On compte de 10 à 20 élèves par groupe et les activités sont étalées sur une demi-journée (matinée ou après-midi) ou une journée complète. En outre, le PAPA incite les parents et les membres de la collectivité à participer activement à la gestion et à la réalisation des programmes; il soutient les parents dans leur rôle éducatif majeur auprès des enfants et valorise la sagesse des aînés.
Tous les centres de l’Alberta offrant un PAPA sont membres du Comité du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones de l’Alberta (PAPAA). Ce comité est formé de représentants de tous les organismes parrains de l’Alberta et des gouvernements fédéral et provincial, dont des membres du bureau régional de l’ASPC. En 2007, le Comité du PAPAA a décidé d’évaluer les projets offerts dans la province2 et, à ce titre, a confié à une consultante le mandat d’étudier les différentes solutions de réalisation d’une étude longitudinale. En 2008, les membres du Comité ont envisagé d’axer cette évaluation sur une comparaison entre le développement des enfants ayant pris part à un PAPA et celui des autres enfants.
Le Comité a opté pour une approche de recherche communautaire, ce qui permet aux membres de la collectivité de valider la pertinence des sujets de recherche, de partager les ressources nécessaires à l’étude (financement, expertise et personnel) avec l’équipe de recherche et les intervenants clés (en particulier les principaux concernés par le sujet de l’étude) et de voir reconnue leur expertise. Le processus de recherche et les résultats doivent leur être à la fois accessibles et compréhensibles*. Ces principes s’harmonisent avec ceux établis par l’Organisation nationale de la santé autochtone : « propriété, contrôle, accès et possession (PCAP) »3a.
But et objectifs de la phase pilote (2007-2008) de l’étude longitudinale entreprise par le Comité des PAPA de l’Alberta
Actuellement, les centres de l’Alberta offrant un PAPA participent déjà à des activités d’évaluation. Mais elles sont plutôt axées sur les processus : elles ont comme objectif de déterminer les améliorations à apporter aux différents programmes offerts. L’étude pilote dont nous rendons compte ici a été réalisée dans un centre PAPA de l’Alberta pour déterminer la faisabilité d’évaluation des PAPA par le biais d’études longitudinales. Les trois objectifs de cette phase pilote (2007-2008) étaient plus précisément : (1) élaborer et mettre en œuvre un plan d’évaluation permettant de mesurer, par exemple, la réussite scolaire, les aptitudes sociales et la maturité scolaire chez les « diplômés » des PAPA de l’Alberta; (2) élaborer un plan d’évaluation compatible avec une approche de recherche communautaire et, en fonction des résultats de la phase pilote, (3) élaborer et proposer un plan d’évaluation pour l’étude longitudinale plus vaste de l’ensemble des PAPA de l’Alberta devant être réalisée entre 2008 et 2012, puis estimer les fonds et les ressources nécessaires pour mener à terme une étude de cette envergure.
Méthodes
Le sous-comité d’évaluation du PAPA de l’Alberta a constitué une équipe de chercheurs sélectionnés en raison de leur vaste expérience et de leur connaissance approfondie des PAPA au Canada et des collectivités autochtones. Ces derniers ont recommandé d’utiliser une approche post-test. Plusieurs raisons ont guidé leur choix, notamment les contraintes budgétaires et temporelles (l’étude pilote étant financée par le bureau régional de l’Alberta de l’ASPC, il fallait que l’ensemble des activités liées à l’étude pilote soient réalisées avant la fin de l’exercice financier et de l’année « scolaire » du PAPA) et le manque de données de référence ou prétest (ce qui rend impossible la comparaison entre les résultats prétest et post-test).
Échantillon et participants
La possibilité de participer à l’étude pilote avait été offerte à tous les centres offrant un PAPA en Alberta. Certains ont décliné l’offre en raison de conflits d’horaire avec leurs activités préscolaires ou de leur incapacité de respecter l’échéancier de l’étude. Le centre finalement sélectionné l’a été pour sa participation volontaire et pour le soutien offert par la direction de l’école dans la conduite de l’étude pilote.
Le centre, situé dans une petite collectivité rurale hors réserve d’environ 550 personnes située à 400 kilomètres au nord-ouest d’Edmonton (Alberta), offre un PAPA depuis 11 ans. Ses locaux sont situés dans l’école locale et il a, de ce fait, accès aux ressources de cette dernière : gymnase, programmes alimentaires, etc. Le programme, centré sur l’enfant, est axé sur le développement du langage, le bien-être socio-affectif et l’apprentissage par le jeu. Pendant la période où l’étude pilote a été réalisée, 20 enfants âgés de trois et quatre ans participaient au PAPA du centre. Presque tous les enfants qui participent à ce PAPA poursuivent leur éducation à cette école.
Quarante-huit des soixante-quatre enfants (75 %) inscrits au centre ont pris part à l’étude pilote. Des absences répétées aux activités du centre et le fait de ne pas avoir donné un consentement éclairé figurent parmi les principales raisons de la non-participation des autres. L’âge moyen des enfants des Services à la petite enfance (SPE) qui ont pris part à l’étude pilote était de 5,7 ans dans le cas des enfants ayant participé à un PAPA et de 5,2 ans dans le cas des autres. En moyenne, les enfants de première année ayant participé à un PAPA étaient âgés de 6,5 ans, les autres de 6,6 ans. En cinquième année, l’âge moyen des enfants ayant participé à un PAPA était de 10,5 ans (tous avaient participé à un PAPA). L’âge moyen des enfants de sixième année ayant participé à un PAPA était de 11,6 ans, contre 12 ans pour les autres. Un nombre égal de filles et de garçons a pris part à l’étude pilote.
Instruments de mesure
Les instruments de mesure utilisés pour l’étude pilote ont été sélectionnés avec l’objectif d’évaluer l’alphabétisme, la réussite scolaire, les compétences prosociales et le vocabulaire passif (potentiel d’apprentissage, aptitudes verbales et alphabétisme naissant). De plus, ils devaient être utilisables dans des collectivités différentes sur le plan culturel, en particulier les autres centres offrant un PAPA au Canada, et respecter les contraintes budgétaires du projet.
Trois instruments de mesure normalisés ont été choisis : le Test de rendement individuel de Wechsler (WIAT-II-A), qui permet d’évaluer les aptitudes à la lecture, au calcul mathématique et à l’écriture4; la Social Skills Rating Scale (SSRS), une échelle d’évaluation utilisée par les enseignants pour cerner les comportements prosociaux et les comportements déviants5; et l’Échelle de vocabulaire en images Peabody (PPVT-IV), qui mesure le potentiel d’alphabétisation de l’enfant au moyen d’un test non verbal6.
Déroulement
La collecte des données s’est déroulée sur trois jours d’école, du 26 au 28 février 2008. Cette période, choisie de concert avec la direction de l’école et le coordonnateur du centre, entrait peu en conflit avec d’autres activités ou événements comme les vacances scolaires ou la remise des bulletins.
Les membres du personnel enseignant ont été informés de la tenue de l’étude et ont modifié leur horaire-classe en fonction de la période de 10 à 30 minutes pendant laquelle chaque élève participant serait absent de la classe. Les élèves participants quittaient la classe par groupe de trois ou* Pour en savoir plus sur les principes et les valeurs en recherche communautaire, veuillez consulter la page http://www.communitybasedresearch.ca/Page/View/Principles. quatre. Deux élèves s’installaient dans un local avec deux chercheurs, tandis que les deux suivants attendaient leur tour. Cette façon de procéder a permis d’utiliser efficacement le temps passé avec chaque chercheur.
Afin d’assurer une transition continue et harmonieuse entre les classes et le local où se déroulait la collecte de données, un assistant accompagnait les participants d’un endroit à l’autre – une étape aussi terre-à-terre qu’essentielle. Une autre personne se chargeait d’expliquer la procédure de collecte de données aux participants et leur prêtait assistance au besoin. Le personnel administratif de l’école avait confirmé au préalable la réception des formulaires de consentement signés par les parents et fourni les dates de naissance des élèves.
Les méthodes de collecte de données, adaptées aux enfants (ludiques, amusantes et stimulantes) ont permis de tirer un maximum d’information et ont rassuré les participants. Outre les chercheurs formés à ces outils, des membres de la collectivité ont également pris part à la collecte. Leur présence et leur contribution ont permis de s’assurer que les activités d’évaluation étaient culturellement significatives pour les enfants. Eux aussi connaissaient bien le processus et les méthodes et étaient en mesure de fournir des explications lorsqu’une question leur était posée.
Analyse des données
Les données ont été analysées à l’aide du logiciel SPSS7. Un large éventail d’analyses statistiques a été utilisé : statistiques descriptives, détermination de la taille des échantillons, tests t unilatéraux pour déterminer les différences entre les groupes, ainsi que pour la comparaison entre les cas et des témoins appariés, analyse de la variance (ANOVA) afin de prendre en compte les différences entre les niveaux scolaires, et tests t bilatéraux pour déterminer les différences entre les sexes sur le plan des compétences sociales. Les données qualitatives, comme les facteurs contextuels, les observations et les effets du processus ont également été analysées et synthétisées par les chercheurs.
Considérations éthiques
Les méthodes d’analyse de données étaient conformes aux principes d’évaluation et d’éthique sanctionnés par les organismes compétents en matière d’évaluation et de psychologie, comme la Société canadienne d’évaluation ou l’Association canadienne de psychologie†
La participation à l’étude était totalement volontaire. Toutes les activités de collecte de données nécessitaient d’obtenir au préalable le consentement éclairé des parents ou tuteurs. Ces derniers ont reçu un formulaire de consentement et pouvaient soit accepter soit refuser que des données concernant leur(s) enfant(s) soient recueillies. Les parents ont eu l’occasion de discuter de leurs préoccupations à l’égard de l’étude pilote avec le personnel de l’école et les chercheurs. Ils ont également pu avoir accès aux résultats individuels de leur(s) enfant(s) et ces résultats leur étaient expliqués par les chercheurs. La confidentialité a été préservée et l’identité des enfants protégée pendant toute la durée de l’étude. Les résultats des participants n’ont été transmis à personne; ils n’ont même pas été versés aux dossiers de l’école. Les chercheurs ont rendu compte des résultats des groupes sans révéler l’identité des enfants participants ou de leur famille.
Enfin, l’équipe a intégré les principes PCAP3b à l’étude afin de s’assurer que son travail respectait les valeurs et les traditions de la collectivité et était en harmonie avec ces dernières. Des procédures particulières concernant le débreffage du personnel du centre offrant le PAPA, l’accès des parents ou tuteurs aux résultats de leur(s) enfant(s) et le maintien de la propriété des données ont également été intégrées au processus. Au terme de l’étude, la chercheuse et son équipe ont présenté au centre PAPA, au directeur de l’école et au coordonnateur du PAPA un rapport préliminaire sur les résultats obtenus. La collectivité a donc pu prendre connaissance des résultats et pourra éventuellement les utiliser pour planifier d’autres programmes.
Résultats
Les résultats de l’étude se répartissent en deux catégories principales, les mesures des résultats des enfants ayant participé au PAPA offert par le centre visé par l’étude, et l’évaluation de la méthodologie utilisée et de la faisabilité d’autres études d’évaluation longitudinale en Alberta.
Les chercheurs ont jugé encourageants les constats faits à la lecture des résultats aux tests des « diplômés » du PAPA : le PAPA a une incidence très bénéfique. Au test PPVT-IV, les élèves des quatre années scolaires ayant pris part à l’étude pilote ont obtenu un score normalisé se situant dans la moyenne (score normalisé moyen = 98,3) par rapport aux enfants de leur âge et de leur niveau scolaire, ce qui signifie que leurs habiletés verbales et leur développement langagier sont aussi bons que ceux des élèves servant de référence pour les tests (tableau 1).
Les participants à l’étude pilote ont également obtenu un score normalisé se situant dans la moyenne au test WIAT-II-A, qui mesure trois aptitudes scolaires : la lecture, les mathématiques (calcul) et l’écriture (orthographe) (tableau 2). Le score moyen de l’ensemble des participants des quatre années scolaires se situait, lui aussi, dans la moyenne lorsqu’on la compare aux résultats obtenus par le groupe d’enfants du même âge servant de référence (l’échantillon d’enfants normalisé du test WIAT-II-A) : cela signifie que les enfants ayant participé au PAPA obtiennent d’aussi bons résultats scolaires que les autres enfants de leur classe d’âge et de leur niveau scolaire.
Dans l’ensemble, les élèves des quatre niveaux scolaires qui ont pris part à l’étude pilote ont obtenu un résultat égal ou supérieur à la moyenne ou au résultat attendu pour ce qui est des capacités langagières (compréhension de mots) et de la réussite scolaire. Une série d’analyses de la variance a été réalisée pour chaque test de rendement ainsi que pour le PPVT-IV. Ces analyses ont révélé des différences importantes entre les groupes en fonction du niveau scolaire dans les résultats obtenus aux tâches de lecture du test WIAT-II-A (F(3,40) = 3,69; p < 0,05; d de Cohen = 0,44). Les groupes de cinquième et de sixième année ont manifesté de plus grandes aptitudes à la lecture que les plus jeunes, même après ajustement en fonction de l’âge. Le groupe du SPE a obtenu un résultat considérablement plus faible au test d’aptitude à la lecture que les groupes de cinquième (p = 0,07) et de sixième (p = 0,02) année. L’aptitude à la lecture du groupe de première année semble moins grande que celle des groupes de cinquième (p = 0,08) et de sixième (p = 0,09) années. Malgré ces différences, les enfants qui ont participé au PAPA ont obtenu des résultats égaux ou supérieurs à la moyenne aux tests PPVT-IV et WIAT II-A, ce qui suppose des aptitudes équivalentes ou supérieures à celles de la moyenne des enfants de même niveau scolaire (figure 1).
Note obtenue* | Niveau | ||||
---|---|---|---|---|---|
Services à la petite enfance (maternelle) n = 12 | 1re année n = 8 | 5e année n = 16 | 6e année n = 8 | Ensemble N = 44 | |
Score normalisé moyen* (Écart type) | 97,3 (88,8) | 96,3 (6,4) | 99,7 (16.4) | 98,8 (7,1) | 98,3 (11,4) |
Score normalisé minimal* | 80 | 89 | 77 | 80 | 80 |
Score normalisé maximal* | 109 | 108 | 133 | 110 | 133 |
Abréviations : PAPA : Programme d’aide préscolaire aux Autochtones; PAPACUN : Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaine et nordiques; SPE : services à la petite enfance; test PPVT-IV : échelle de vocabulaire en images Peabody, 4e édition; ET : écart-type.
*Le score normalisé moyen tient compte de l’âge. Un score normalisé supérieur à la moyenne dépasse 115; un score normalisé moyenn se situe entre 85 et 115; un score normalisé inférieur à la moyenne se situe en dessous de 70.
Épreuves du WIAT-II-A* | Services à la petite enfance (maternelle) n = 12 | 1re année n = 8 | 5e année n = 16 | 6e année n = 8 | Ensemble N = 44 |
---|---|---|---|---|---|
Lecture Score normalisé moyen* (Écart type) | 8,8 (10,7) | 93,0 (4,5) | 104,3 (19,8) | 105,4 (12,1) | 98,2 (15,7) |
Mathématiques (opérations numériques) Score normalisé moyen* (Écart type) | 101,3 (11,3) | 102,0 (6,8) | 97,7 (15,5) | 89,6 (13,6) | 98,2 (13,1) |
Écriture (orthographe) Score normalisé moyen* (Écart type) | 89,5 (8,5) | 97,6 (15,0) | 102,0 (18,7) | 100,3 (10,9) | 97,4 (15,03) |
Abréviations : voir Tableau 1; test WIAT-II-A : Test des réalisations personnelles de Wechsler (Wechsler Individual Achievement Test), 2e édition, version abrégée.
*Le score normalisé moyen tient compte de l’âge. Un score normalisé supérieur à la moyenne dépasse 115; un score normalisé moyen se situe entre 85 et 115; un score normalisé inférieur à la moyenne se situe en dessous de 70.
L’étude pilote a relevé une légère différence entre les élèves qui avaient participé au PAPA et les autres, les deux groupes ayant cependant obtenu une note satisfaisante au test de vocabulaire PPVT-IV et au test WIAT-II-A, ce qui révèle de bonnes capacités langagières et une bonne réussite scolaire. Le groupe du PAPA affiche de meilleurs résultats en lecture et en calcul. Afin de faire ressortir la différence entre le petit échantillon témoin d’élèves n’ayant pas participé au PAPA et le grand groupe d’enfants du PAPA, nous avons effectué une analyse cas/témoins appariés. Quatre participants témoins n’ayant pas participé au PAPA ont été appariés aux participants du PAPA en fonction de l’âge (trois mois d’intervalle) et le sexe. Les tests t unilatéraux n’ont révélé aucune différence significative entre les groupes au test PPVT-IV (t(6) = 0,14; p = 0,45; d de Cohen = 0,10), au test WIAT de lecture (t(6) = 0,45; p = 0,34; d de Cohen = 0,32), au test WIAT de mathématiques (t(6) = 0,34; p = 0,37; d de Cohen = 0,24) et au test d’orthographe (t(6) = 0,06; p = 0,48; d de Cohen = 0,04). La figure 2 illustre les différences cas/témoins appariés entre les élèves ayant participé au PAPA et les autres.
Analyse
Limites
Parmi les limites importantes de l’étude pilote, on compte la petite taille de l’échantillon et le manque de données prétest (niveau de référence). Cette petite taille s’explique par le fait que le centre du projet pilote est situé en milieu rural et nordique. Mais malgré sa petite taille, l’échantillon global était représentatif des élèves de chaque âge. L’étude pilote n’a pas fait appel à un groupe randomisé, de façon à n’exclure aucun élève de cette étude. En raison de l’absence de données prétest (niveau de référence), on n’a pas pu analyser l’effet du PAPA sur les participants à l’étude. En Alberta, il n’existe encore aucun processus normalisé permettant de recueillir des données de référence concernant les enfants qui entrent dans un PAPA. L’idéal serait de soumettre les participants à un test avant et après leur passage au PAPA.
On observe également d’autres limites : l’absence d’analyse concernant les enfants ayant des besoins spéciaux, l’absence d’analyse des données socioéconomiques des membres de la collectivité et le respect des besoins d’un échantillon culturellement distinct alors que les mesures de référence utilisées étaient simplifiées et normées pour des enfants nord-américains (qui ne sont pas forcément représentatifs de l’échantillon de l’étude pilote). De plus, le choix des enfants participant à l’étude pilote reposait essentiellement sur le consentement des parents : les résultats de ces élèves peuvent différer de ceux dont les parents n’ont pas donné leur consentement.
Figure 1
Scores par niveau aux tests PPVT-IV et WIAT-II-A pour l’étude pilote du PAPACUN
– Étudiants du PAPA
Abréviations : voir Tableaux 1 et 2.
Figure 2
Différences cas/témoins appariés dans la mesure du rendement scolaire et de la compréhension
de mots pour l’étude pilote du PAPACUN, Alberta (2008)
Abréviations : voir Tableaux 1 et 2.
Recommandations
Malgré ces limites, les chercheurs et le sous-comité du PAPA de l’Alberta ont conclu que des études longitudinales étaient possibles et ont fait les recommandations suivantes au comité provincial du PAPA de l’Alberta.
Premièrement, des données de référence devraient être recueillies auprès des enfants avant et après le PAPA afin d’évaluer les répercussions du programme. Ensuite, les procédures normalisées de collecte de données de référence devraient être intégrées au niveau des centres offrant un PAPA et dans les systèmes administratifs de transmission des données.
Deuxièmement, la qualité du PAPA devrait être évaluée, sachant qu’elle peut avoir des répercussions sur les « diplômés » : cette variable d’importance devrait être prise en compte lors des prochaines études d’évaluation.
Troisièmement, la charge de travail du personnel du PAPA devrait être prise en compte lors de la planification des prochaines études. Les membres du personnel du PAPA intègrent les activités quotidiennes et hebdomadaires du programme à des emplois du temps déjà bien remplis : afin de ne pas compromettre le fonctionnement du PAPA, il y a donc lieu de nourrir des attentes réalistes quant au temps supplémentaire que le personnel du programme sera capable d’investir dans les prochaines évaluations.
Quatrièmement, il faut prévoir un délai suffisant pour la planification et la mise en œuvre de l’évaluation et les procédures de consentement éclairé; il faut prévoir également les ressources nécessaires à la liaison, la planification, au suivi et à l’administration liés au projet, ainsi qu’au règlement des problèmes externes susceptibles de survenir. Dans certaines collectivités, il faut compter un an avant que les conseils scolaires régionaux ou les autres intervenants ou administrateurs clés puissent être consultés. En outre, les parents ou les tuteurs doivent être informés sur les buts et les procédures de l’étude d’évaluation afin de bien la comprendre.
On recommande également d’adopter une approche par étape de l’étude d’évaluation, c’est-à dire de répartir entre les années les activités d’évaluation longitudinale en fonction des priorités, ce qui permettrait de tenir compte des contraintes budgétaires et des limitations organisationnelles des centres du PAPA. Il faudra également perfectionner les compétences en matière d’évaluation du programme dans les centres du PAPA. Enfin, l’échantillon des centres du PAPA en Alberta devrait être important et varié afin de garantir un équilibre entre les PAPA en milieu urbain et en milieu rural.
Prochaines étapes
Les résultats de l’étude pilote ont été analysés avec le Comité provincial du PAPA de l’Alberta et le personnel régional de l’ASPC en Alberta lors de leur réunion en juin 2008. Il est clair pour tous les partenaires que le potentiel existe pour une étude d’évaluation longitudinale complète du PAPA en Alberta. Les contraintes mentionnées dans le présent article devront être prises en compte dans la planification de l’étude complète. Il est également indispensable d’obtenir le soutien continu du Comité provincial du PAPA de l’Alberta et des partenaires gouvernementaux pour que l’étude soit dotée de ressources suffisantes au cours des trois à cinq prochaines années.
Conclusion
Cette étude pilote a fait ressortir des résultats positifs pour les évaluations futures. Les nombreux points forts du programme et de son évaluation peuvent être mis à profit au sein des PAPA en Alberta et peuvent aussi encourager le perfectionnement du programme et celui de la mesure des résultats. Les prochaines études devraient mesurer par exemple les répercussions du PAPA sur les enfants, leur santé et leur bien-être. Il importe également d’intégrer les principes de la recherche en milieu communautaire à l’évaluation d’un programme communautaire comme le PAPA.
Remerciements
Les opinions exprimées dans le présent article sont celles des auteures et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de l’Agence de la santé publique du Canada. Les auteures souhaitent remercier : les enseignants, les parents et les étudiants qui ont participé à l’étude pilote; les docteures Jennifer H. Chalmers, Marjan Saghatoleslami et Cheryl Bradbury pour leur expertise et l’achèvement de ce projet; le sous-comité d’évaluation du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones de l’Alberta, qui a supervisé ce projet. Nous remercions également Sarah Barber, Mary Jane Yates et Ann Pasquill pour leurs commentaires sur le manuscrit. Le projet décrit dans cet article est le fruit d’une collaboration entre le Comité provincial du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones de l’Alberta et l’Agence de la santé publique du Canada, Région de l’Alberta.
Notes de bas de page
*^ Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, 9e révision.
†^Site de la Société canadienne d’évaluation : http://www.evaluationcanada.ca. Site de l’Association canadienne de psychologie : http://www.cpa.ca.
Références
- ^Canadian Institute for Health Information. Improving the health of Canadians. Ottawa (ON): Canadian Institute for Health Information; 2004.
- ^Public Health Agency of Canada. Aboriginal Head Start in urban and northern communities (AHSUNC). An exploration of models of longitudinal and retrospective analysis. Edmonton (AB): Public Health Agency of Canada, Alberta Region; 2007
- a,bCentre des Premières Nations. PCAP: Propriété, contrôle, accès et possession. Ottawa (ON): Organisation nationale de la santé autochtone; 2007 [cité le 28 octobre 2009]. PDF téléchargeable : www.naho.ca/firstnations/french/Toolkits/FNC_OCAP_Fr.pdf
- ^Wechsler D. Wechsler Individual Achievement Test [Test de rendement individuel de Wechsler], Seconde édition abrégée (WIAT-II-A). San Antonio (TX): Pearson Education Inc.; 2001.
- ^Gresham F, Elliott S. Social Skills Rating Scale (SSRS). Toronto (ON): Pearson Canada Assessment Inc/NCS Pearson Inc.; 1990.
- ^Dunn LM, Dunn L, Williams K. Peabody Picture Vocabulary Test (PPVT-IV) [Échelle de vocabulaire en images de Peabody (EVIP)], 4e édition. Toronto (ON): Pearson Canada Assessment Inc/NCS Pearson Inc.; 2006.
- ^SPSS pour Windows, Version 11. Chicago (IL): SPSS Inc.; 2001.
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