Inactivité physique et nombre d'heures passées devant la télévision chez les adultes autochtones asthmatiques : analyse transversale de l'Enquête auprès des peuples autochtones - PSPMC: Volume 35-3, mai 2015
Volume 35 · numéro 3 · mai 2015
Inactivité physique et nombre d'heures passées devant la télévision chez les adultes autochtones asthmatiques : analyse transversale de l'Enquête auprès des peuples autochtones
N. Doggett, B. Sc. Kin. (1); S. Dogra, Ph. D. (2)
https://doi.org/10.24095/hpcdp.35.3.02f
Cet article a fait l'objet d'une évaluation par les pairs.
Rattachement des auteurs :
- School of Recreational Management and Kinesiology, Acadia University, Wolfville (Nouvelle-Écosse), Canada
- Faculté des sciences de la santé, Kinésiologie, Institut universitaire de technologie de l'Ontario, Oshawa (Ontario), Canada
Correspondance : Shilpa Dogra, professeure adjointe, Institut universitaire de technologie de l'Ontario, 2000, rue Simcoe Nord, Oshawa (Ontario) L1H 7K4; tél. : 905-721-8668, poste 6240; courriel : shilpa.dogra@uoit.ca
Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada
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Résumé
Contexte : Notre analyse visait à déterminer l'association entre l'asthme et le niveau d'activité physique ainsi qu'avec le nombre d'heures d'activités sédentaires chez les adultes autochtones et visait à comprendre l'influence de l'inactivité physique et du nombre d'heures d'activités sédentaires sur l'utilisation des soins de santé par les adultes autochtones asthmatiques.
Méthodologie : Notre analyse a porté sur 20 953 répondants adultes de l'Enquête auprès des peuples autochtones de 2006. Nous avons considéré que les répondants étaient atteints d'asthme « actuel » s'ils avaient déclaré avoir reçu un diagnostic d'asthme de la part d'un médecin et s'ils avaient une ordonnance valide pour des médicaments contre l'asthme. Notre définition d'une activité physique insuffisante correspondait au fait de pratiquer moins de 3 heures d'activité physique modérée à intense par semaine, et notre définition d'un nombre élevé d'heures passées devant la télévision correspondait au fait de regarder la télévision pendant plus de 10 heures par semaine. Nous avons évalué l'utilisation des soins de santé à l'aide du nombre de consultations de professionnels de la santé et du nombre d'hospitalisations d'au moins une nuit.
Résultats : Les adultes autochtones asthmatiques étaient plus susceptibles de déclarer un nombre élevé d'heures passées devant la télévision (RC = 1,16; IC : 1,11 à 1,22) et une activité physique insuffisante (RC = 1,15; IC : 1,10 à 1,20) que les non-asthmatiques. Les asthmatiques ayant déclaré un nombre élevé d'heures passées devant la télévision ont signalé plus de consultations de professionnels de la santé au cours des 12 derniers mois (RC = 2,59; IC : 2,34 à 2,87), plus d'hospitalisations d'au moins une nuit au cours de la dernière année (RC = 1,95; IC : 1,82 à 2,08) et plus d'hospitalisations d'au moins une nuit au cours des 5 dernières années (RC = 1,13; IC : 1,07 à 1,18). Les résultats étaient moins cohérents pour l'activité physique et l'utilisation des soins de santé.
Conclusion : Ces résultats laissent penser que les adultes autochtones asthmatiques sont moins actifs que leurs pairs non asthmatiques et que ce mode de vie est lié à une utilisation accrue des soins de santé. Ces résultats sont importants pour les stratégies de promotion de l'activité physique et de lutte contre le comportement sédentaire ciblant les adultes autochtones asthmatiques.
Principales constatations
- Les adultes autochtones asthmatiques sont plus sédentaires et moins actifs physiquement que leurs pairs non asthmatiques.
- En outre, les adultes autochtones asthmatiques qui déclarent un nombre élevé d'heures passées devant la télévision sont plus susceptibles d'utiliser les services de soins de santé que leurs pairs moins sédentaires.
Mots-clés : activité physique, mode de vie sédentaire, maladie chronique, contrôle de l'asthme
Introduction
Chez les adultes autochtones au Canada, le fardeau des maladies chroniques est disproportionnellement élevé, la mortalité plus importante et l'espérance de vie réduite.Reference 1 Selon plusieurs études, la prévalence de l'asthme est également plus élevée chez les adultes métis, inuits et membres des Premières Nations vivant hors réserve (13% à 14 %) que chez les adultes non autochtones (8,6 %).Reference 2 Un statut socioéconomique faible, un accès limité aux services de soins de santé et une mauvaise observance du traitement expliquent en partie cet écart.Reference 3
Entre 1998 et 2001, les symptômes liés à l'asthme ont entraîné plus de 80 000 hospitalisations.Reference 4 En 2011, le fardeau économique global de l'asthme au Canada, incluant les coûts directs et indirects, se chiffrait à plus de 2 milliards de dollars.Reference 5 Les données sur les hospitalisations associées à l'asthme chez les Autochtones ne sont pas accessibles. Toutefois, une étude longitudinale en Saskatchewan a révélé que les Indiens inscrits âgés de 35 à 64 ans présentaient un risque significativement accru d'hospitalisation liée à l'asthme.Reference 6 De plus, d'après une étude de cohorte rétrospective en Alberta, les Indiens inscrits étaient deux fois plus susceptibles de se rendre au service d'urgence d'un hôpital en raison de symptômes d'asthme ou de MPOC que les non-Autochtones, mais ils étaient moins susceptibles de consulter un spécialiste et de subir une spirométrie.Reference 3
Des travaux de recherche ont montré que l'activité physique protège les individus contre la dégradation de leur état de santé et contre diverses affections comme le diabète, l'hypertension, les cardiopathies, l'asthme et l'arthrite, et qu'elle peut aider à prévenir l'évolution de ces maladies.Reference 7, Reference 8 Les plus récentes données sur le niveau d'activité physique chez les Autochtones au Canada indiquent que seulement 21 % des membres des Premières Nations vivant dans une réserve sont physiquement actifsReference 9, comparativement à 53,8 % des non-Autochtones.Reference 10 Ce niveau d'activité physique plus faible peut en partie expliquer la fréquence accrue et la moins bonne prise en charge des maladies chroniques dans cette population.Reference 9 L'activité physique régulière est associée à un meilleur conrôle de l'asthmeReference 11 ainsi qu'à une utilisation réduite des soins de santé.Reference 12 La limitation d'activité est un critère important pour évaluer le contrôle de l'asthme.Reference 13
Malheureusement, les données concernant les effets d'un comportement sédentaire sur le contrôle de l'asthme sont insuffisantes. D'après certaines études récentes, le comportement sédentaire (défini comme le temps passé en position assise dans les transports, au travail ou pendant les loisirs Reference 14) est un facteur de risque indépendant de morbidité chronique et de mortalité toutes causes confondues.Reference 15 Une grande proportion du temps de loisirs sédentaires se passe devant un écran, en particulier devant la télévision.Reference 16 En fait, le temps passé devant la télévision constitue la plus grande période passée quotidiennement devant un écran chez les adultes canadiens, avec 29% d'entre eux ayant déclaré y passer 15 heures ou plus par semaine (plus de 2 heures par jour) en 2007.Reference 17 Une étude récente indique également que 64 % des Métis ont déclaré regarder la télévision plus de 6 heures par semaine.Reference 18 Toutefois, les répercussions de ces activités sédentaires sur les résultats liés à l'asthme ne sont pas établies.
Au Canada, la prévalence de l'asthme est plus élevéeReference 2, le contrôle de l'asthme semble moins efficaceReference 19 et l'inactivité physique est plus importanteReference 9 chez les Autochtones. Étant donné qu'il y a un lien entre l'activité physique et les effets de l'asthme sur la santé, une meilleure compréhension de l'association entre l'asthme, la pratique régulière d'une activité physique et l'importance des activités sédentaires est essentielle pour réduire les inégalités en matière de santé chez les Autochtones. Notre étude visait ainsi à déterminer l'association entre l'asthme et le niveau d'activité physique ainsi que le nombre d'heures d'activités sédentaires chez l'ensemble des adultes autochtones ainsi que chez chacun des groupes et à comprendre l'influence de l'inactivité physique et du nombre d'heures d'activités sédentaires sur l'utilisation des soins de santé par les adultes autochtones asthmatiques.
Méthodologie
Données et participants
Nous avons utilisé l'Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2006 dans le cadre de la présente analyse. L'EAPA est une enquête nationale menée par Statistique Canada auprès d'Autochtones canadiens. Elle aborde des questions comme l'éducation, la langue, l'emploi, le revenu, la santé, la mobilité et le logement chez les Autochtones. La population cible est constituée des membres des Premières Nations, des Métis et des Inuits âgés de 6 ans ou plus, vivant hors réserve en zone rurale, urbaine ou nordique. Toutes les données obtenues dans le cadre de l'EAPA ont été autodéclarées lors d'entrevues effectuées par téléphone ou en personne avec les répondants.
L'échantillon de l'EAPA de 2006 comptait 61 041 sujets, qui ont répondu dans une proportion de 80,1 %. Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé le fichier de microdonnées à grande diffusion (n = 24 368). Étant donné que notre étude s'intéressait aux adultes, nous avons exclu de notre analyse les 3 415 sujets de moins de 20 ans (n = 20 953).
Des renseignements détaillés concernant l'échantillonnage, la collecte de données et la pondération des données de l'EAPA sont fournis dans le guide des concepts et méthodes de l'EAPA de 2006.Reference 20
Variables principales
Asthme
Les participants de l'EAPA devaient indiquer s'ils avaient déjà reçu un diagnostic d'asthme de la part d'un médecin. Si oui, ils devaient indiquer s'ils suivaient actuellement un traitement ou s'ils prenaient des médicaments pour traiter leur asthme. Pour nous assurer que les sujets étaient atteints d'asthme « actuel » et pour éviter une classification erronée en raison d'un surdiagnosticReference 21, nous avons considéré comme asthmatiques les sujets qui avaient répondu oui aux deux questions. Tous les autres répondants ont été considérés comme non asthmatiques. Cette définition de l'asthme a entraîné l'exclusion de 665 répondants.
Activité physique insuffisante (API)
Cette variable a été construite à partir de la question de l'Enquête : « Au cours d'une semaine normale, combien de temps passezvous à faire de l'activité physique en dehors du travail qui fait augmenter votre fréquence cardiaque et respiratoire? ». Les choix de réponse étaient les suivants : aucun, de 1 à 2 heures, de 3 à 4 heures, de 5 à 6 heures, de 7 à 10 heures, 11 heures ou plus. Les lignes directrices actuelles en matière d'activité physique pour les adultes (18 à 64 ans) recommandant au moins 150 minutes d'activité aérobique modérée à intense par semaineReference 22, nous avons recodé les réponses en deux catégories : activité physique suffisante (3 heures et plus par semaine) et activité physique insuffisante (moins de 3 heures par semaine). Nous avons choisi ce seuil prudent pour limiter la classification erronée de répondants inactifs ayant déclaré des niveaux d'activité physique plus élevés que la réalité. Il n'y a aucune donnée sur la fiabilité ou la validité de cette question de l'EAPA, mais des travaux de recherche antérieurs présentaient des niveaux acceptables de validité (comparativement aux données mesurées par un accéléromètre) et de fiabilité de la déclaration des activités physiques modérées à intensesReference 23, Reference 24.
Heures passées devant la télévision (HTV)
Cette variable a été construite à partir de la question de l'Enquête : « Au cours des trois derniers mois, durant une semaine normale, combien de temps avez-vous habituellement passé à regarder la télévision? » Les choix de réponse étaient les suivants : aucun, moins de 1 heure, de 1 à 2 heures, de 3 à 5 heures, de 6 à 10 heures, de 11 à 14 heures, de 15 à 20 heures, 20 heures ou plus. Les réponses ont été recodées en deux catégories : nombre élevé d'heures passées devant la télévision (plus de 10 heures par semaine) et faible nombre d'heures passées devant la télévision (10 heures et moins par semaine). D'après les études épidémiologiques actuelles, les activités sédentaires devraient en effet être limitées à moins de 2 heures par jour ou de 14 heures par semaine, et l'on devrait prendre une pause et se lever après avoir passé 30 minutes en position assiseReference 25. Les HTV forment une grande partie, mais non la totalité, du temps quotidiennement passé en position assiseReference 17, ce qui fait que notre catégorisation utilise un seuil vraisemblablement prudent, les adultes ayant également d'autres activités sédentaires, passant du temps par exemple devant l'ordinateur ou à lire.
Utilisation des soins de santé
Les trois variables suivantes ont servi à évaluer l'utilisation des soins de santé : hospitalisation d'au moins une nuit au cours de la derniè re année (oui ou non) ou au cours des 5 dernières années (oui ou non) et consultation d'un professionnel de la santé (médecin de famille, omnipraticien, autre médecin ou spécialiste, infirmiè re ou guérisseur traditionnel métis, inuit ou des Premières Nations, etc.) au cours des 12 derniers mois (oui ou non).
Covariables
L'une des covariables utilisées dans l'étude était l'identité autochtone, qui comprenait les catégories de réponse suivantes : « identité unique : Indien d'Amérique du Nord seulement », « identité unique : Métis seulement », « identité unique : Inuit seulement », « identités multiples », « autres identités autochtones », « aucune identité autochtone » et « non-Inuit habitant dans l'Arctique ».
La sélection des participants de l'EAPA s'est effectuée en fonction des réponses à quatre questions de présélection du recensement de 2006 mené par Statistique Canada. Ces questions étaient destinées à recueillir des renseignements à propos de l'origine ethnique, de l'identité autochtone autodéclarée (Indien d'Amérique du Nord, Métis ou Inuit), de l'appartenance à une bande indienne ou à l'une des Premières Nations ainsi que du statut d'Indien inscrit ou visé par un traité. Les sujets ayant déclaré une origine ancestrale autochtone mais non une identité autochtone ont été considérés comme faisant partie de la population d'ascendance autochtone seulement et ont été inclus dans la catégorie « aucune identité autochtone ».
Les asthmatiques des catégories « identité unique : Indien d'Amérique du Nord seulement » (n = 715), « identité unique : Métis seulement » (n = 598) et ceux de l'ensemble de l'échantillon (toutes identités confondues, n = 1 830) ont fait l'objet d'une analyse plus poussée. L'analyse de l'ensemble de l'échantillon a fourni des renseignements utiles au sujet de l'ensemble des Premiè res Nations (hors réserve), des Métis, des Inuits et des autres identités autochtones au Canada. Nous n'avons pas analysé les autres groupes individuellement en raison de la petite taille de leur échantillon, c'est-à-dire Inuit seulement (n = 118), identités multiples (n = 50), autre identité autochtone (n = 28), aucune identité autochtone (n = 314) et non-Inuit habitant dans l'Arctique (n = 7).
Les autres variables utilisées ont fourni des données sociodémographiques et l'état de santé à partir des choix de réponse offerts aux répondants de l'enquête pour ces variables . De plus amples renseignements sur l'interprétation de ces catégories sont disponibles dans le guide de l'utilisateurReference 22.
Des études antérieures ont indiqué que l'âge, le sexe et le milieu de résidence sont des covariables liées à l'asthme chez les quatre groupes d'adultes autochtonesReference 2 et que le milieu de résidence a été associé à l'accessibilité des services de soins de santé et des ressources en matière d'activité physiqueReference 26. Nous avons donc choisi comme covariables démographiques le sexe (homme ou femme) et la catégorie d'âge (20 à 24 ans, 25 à 34 ans, 35 à 44 ans, 45 à 54 ans ou 55 ans et plus), et comme autre covariable le milieu de résidence (zone métropolitaine centrale, zone urbaine, zone rurale ou zone arctique).
Les covariables socioéconomiques étaient le niveau d'éducation du répondant (études primaires ou moins, études secondaires partielles, études secondaires terminées, études postsecondaires non universitaires partielles, études postsecondaires non universitaires terminées, études universitaires partielles, études universitaires terminées) et le revenu total du ménage (moins de 20 000 $; 20 000 à 39 999 $; 40 000 à 59 999 $; 60 000 à 79 999 $; 80 000 à 99 999 $; 100 000 $ et plus). Ces covariables ont été incluses parce que les facteurs socioéconomiques ont été associés au degré de santé et de condition physique chez les adultes autochtonesReference 27.
Le tabagisme (fumeur quotidien, fumeur occasionnel auparavant fumeur quotidien, fumeur occasionnel stable, ex-fumeur auparavant fumeur quotidien, ex-fumeur auparavant fumeur occasionnel, nonfumeur à vie) et l'indice de masse corporelle (IMC) autodéclaré (insuffisance pondérale [IMC inférieur à 18,5], poids normal [IMC : 18,5 à 24,9], surpoids [IMC : 25,0 à 29,9]; obésité de classe I [IMC :30,0 à 34,9], obésité de classe II [IMC : 35,0 à 39,9] ou obésité de classe III [IMC : 40,0 et plus]) ont été inclus parce qu'on sait qu'il s'agit de facteurs de risque pour la santéReference 28.
Les catégories de covariables qui comprenaient moins de 5 % de l'échantillon ont été fusionnées avec une catégorie adjacente, sauf dans le cas de l'insuffisance pondérale, qui n'a pas été fusionnée car il s'agit d'une catégorie d'IMC importante et spécifique.
Analyse statistique
Nous avons eu recours aux fréquences pour décrire les covariables et les résultats et nous les avons converties en pourcentages de l'échantillon. Les chi carrés de Pearson ont servi à déterminer l'existence ou non de différences entre asthmatiques et non-asthmatiques. Dans les cas où il y avait plus de deux catégories, nous avons utilisé des résidus standardisés ajustés pour déterminer l'emplacement de la différence. Un seuil de -2,0 à 2,0 a été utilisé pour détecter la signification. Nous nous sommes servis, en vue de comparer les asthmatiques et les non-asthmatiques, d'analyses de régression logistique ajustée à variable simple et à covariables pour évaluer les associations entre l'asthme et l'API ou les HTV dans chaque groupe d'Autochtones et dans l'ensemble de l'échantillon. Les régressions logistiques ont été ajustées pour les covariables suivantes : âge, sexe, identité autochtone, milieu de résidence, revenu, éducation, statut tabagique et IMC. Nous avons eu recours à des modè les de régression logistique simple et ajustée pour évaluer l'association entre les résultats liés à l'utilisation des soins de santé et l'API ou les HTV dans l'échantillon d'adultes asthmatiques.
Toutes les analyses statistiques ont été effectuées à l'aide de la version 21 du logiciel SPSS et la signification statistique a été établie à α < 0,05. Afin de nous assurer que les estimations étaient adéquates, nous avons appliqué à l'ensemble des données la pondération normalisée de la population fournie par Statistique Canada.
Résultats
La prévalence de l'asthme dans notre échantillon était de 8,7 %. La distribution des identités au sein du groupe asthmatique était la suivante : 39,1 % d'Indiens d'Amérique du Nord, 32,7 % de Métis, 11,1 % d'Inuits, de non-Inuits habitant dans l'Arctique ou de personnes ayant déclaré d'autres identités autochtones ou des identités autochtones multiples et 17,2 % de personne ayant déclaré n'avoir aucune identité autochtone. Le tableau 1 présente les caractéristiques de l'échantillon. Des différences significatives ont été observées entre les sujets traités contre l'asthme et les non-asthmatiques pour la plupart des covariables examinées. La proportion de sujets qui n'étaient pas suffisamment actifs physiquement était plus élevée chez les asthmatiques (56,9 %) que chez les nonasthmatiques (50,9 %). La proportion de sujets qui déclaraient un nombre élevé d'HTV était plus importante chez les asthmatiques (50,4 %) que chez les nonasthmatiques (42,9 %).
Caractéristiques | Asthme - traité (n = 1 830), en % |
Aucun asthme (n = 18 313), en % |
Asthme - non traité (n = 665), en % |
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Âge (ans) | 20 à 24 | 11,6 | 11,6 | 18,9Reference * |
25 à 34 | 19,0 | 21,8Reference * | 26,1Reference * | |
35 à 44 | 21,8 | 24,5 | 20,3 | |
45 à 54 | 20,2 | 22,0Reference * | 17,4 | |
55 et plus | 27,4 | 20,0Reference * | 17,3Reference * | |
Sexe | Homme | 30,8 | 46,0Reference * | 33,3Reference * |
Femme | 69,2 | 54,0Reference * | 66,7Reference * | |
Identité autochtone | Indien d'Amérique du Nord | 39,1 | 36,7 | 36,9 |
Métis | 32,7 | 30,5 | 33,3 | |
Inuit ou non-Inuit vivant en zone arctique ou autochtone déclarant une autre identité ou des identités multiples | 11,1 | 15,2 | 8,6 | |
Aucune identité autochtone | 17,2 | 17,6Reference * | 21,2 | |
Milieu de résidence | Région métropolitaine centrale | 46,4 | 40,0Reference * | 52,3Reference * |
Zone urbaine | 21,2 | 22,3 | 21,2 | |
Zone Rurale | 26,6 | 27,8 | 23,4 | |
Zone arctique | 5,3 | 9,9Reference * | 3,2Reference * | |
Revenu ($) | Moins de 20 000 | 17,4 | 12,9 | 16,4 |
20 000 à 39 999 | 24,3 | 20,4 | 22,9 | |
40 000 à 59 999 | 18,9 | 19,2 | 18,0 | |
60 000 à 79 999 | 13,3 | 15,6 | 13,7 | |
80 000 à 99 999 | 10,4 | 12,1 | 10,5 | |
100 000 et plus | 15,7 | 19,8 | 18,5 | |
Niveau d'éducation | Diplôme d'études secondaires non obtenu | 28,6 | 26,7Reference * | 24,1Reference * |
Études secondaires terminées | 14,2 | 15,3 | 16,8 | |
Études postsecondaires non universitaires partielles | 11,5 | 10,5 | 10,1 | |
Études postsecondaires non universitaires terminées | 29,9 | 29,9 | 28,7 | |
Études universitaires partielles ou terminées | 15,8 | 17,6Reference * | 20,3Reference * | |
Tabagisme | Quotidien | 33,1 | 33,8 | 35,6 |
Occasionnel (auparavant fumeur quotidien ou fumeur occasionnel stable) | 9,0 | 8,3 | 6,7 | |
Ex-fumeur (auparavant fumeur quotidien ou occasionnel) | 33,6 | 31,2Reference * | 24,5Reference * | |
N'a jamais fumé | 24,4 | 26,8Reference * | 33,2Reference * | |
Indice de masse corporelle kg/m2 | Moins de 18,5 (poids insuffisant) | 2,0 | 1,7 | 2,3 |
18,5 à 24,9 (poids normal) | 30,4 | 35,5 | 30,7 | |
25,0 à 29,9 (surpoids) | 31,2 | 37,2 | 31,6 | |
30,0 à 34,9 (obésité de classe I) | 22,3 | 18,0 | 22,2 | |
≥ 35,0 (obésité de classe II ou de classe III) | 14,2 | 7,6Reference * | 13,2Reference * | |
Hospitalisation d'au moins une nuit au cours de la dernière année | 20,3 | 11,1Reference * | 13,3Reference * | |
Hospitalisation d'au moins une nuit au cours des 5 dernières années | 48,4 | 32,9Reference * | 38,6Reference * | |
Consultation d'un professionnel de la santé au cours de la dernière année | 95,0 | 89,6Reference * | 91,7Reference * | |
Niveau d'activité physique (heures) | None | 17,8 | 13,9 | 13,4 |
1 à 2 | 39,1 | 37,7 | 35,7 | |
3 à 4 | 20,1 | 21,5 | 23,0 | |
5 à 6 | 9,3 | 11,9 | 9,6 | |
7 à 10 | 8,6 | 9,1 | 10,0 | |
11 et plus | 5,1 | 6,0 | 8,2 | |
Activité physique | Insuffisante (moins de 3 h/semaine) | 56,9 | 50,9Reference * | 54,8Reference * |
Heures devant la télévision | Sédentaire (plus de 10 h/semaine) | 50,4 | 42,9Reference * | 42,6Reference * |
Dans les modèles non ajustés (tableau 2), les adultes asthmatiques étaient significativement plus susceptibles de déclarer des HTV élevées et une API, comparativement aux non-asthmatiques. Ceci se vérifiait pour les Indiens d'Amérique du Nord, les Métis et l'ensemble de l'échantillon. Ces associations restaient significatives après ajustement pour l'âge, le sexe, l'identité autochtone, le milieu de résidence, le revenu, l'éducation, le statut tabagique et l'IMC.
Groupe autochtone | État asthmatique | Nombre élevé d'heures devant la télévision RC (IC à 95 %) |
Activité physique insuffisante RC (IC à 95 %) |
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Modèle non ajusté |
Modèl ajusté | Modèle non ajusté |
Modèl ajusté | ||
Indien d'Amérique du Nord seulement | Asthmatique | 1,40Reference ** (1,21 à 1,62) n = 75 |
1,57Reference ** (1,27 à 1,94) n = 70 |
2,30Reference ** (1,99 à 2,66) n = 76 |
2,04Reference ** (1,53 à 2,72) n = 70 |
Non-asthmatique | Population de référence n = 24 |
Population de référence n = 24 |
Population de référence n = 24 |
Population de référence n = 24 |
|
Métis seulement | Asthmatique | 1,39Reference ** (1,33 à 1,46) n = 572 |
1,32Reference ** (1,25 à 1,39) n = 529 |
1,50Reference ** (1,43 à 1,57) n = 571 |
1,17Reference ** (1,11 à 1,23) n = 528 |
Non-asthmatique | Population de référence n = 209 |
Population de référence n = 194 |
Population de référence n = 210 |
Population de référence n = 195 |
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Ensemble de l'échantillon | Asthmatique | 1,29Reference ** (1,24 à 1,34) n = 800 |
1,16Reference ** (1,11 à 1,22) n = 743 |
1,52Reference ** (1,46 à 1,58) n = 800 |
1,15Reference ** (1,10 à 1,20) n = 742 |
Non-asthmatique | Population de référence n = 289 |
Population de référence n = 273 |
Population de référence n = 291 |
Population de référence n = 275 |
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Abréviations: IC, intervalle de confiance; IMC, indice de masse corporelle; RC, rapport de cotes. Remarques : Le taux de réponse pour les variables associées à l'activité physique et au nombre d'heures devant la télévision était de 8,2 % chez les Indiens d'Amérique du Nord et de 95 % chez les Métis. Ajustement pour l'âge, le sexe, le milieu de résidence, le revenu, le niveau d'éducation, le tabagisme et l'IMC.
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La probabilité d'utiliser des soins de santé était plus importante chez les adultes asthmatiques dont le nombre d'HTV était élevé, tant dans le modè le ajusté que le non ajusté (tableau 3). Pour l'API, toutes les associations non ajustées avec l'utilisation des soins de santé étaient significatives. En ce qui concerne les consultations de professionnels de la santé, l'association était négative dans la régression non ajustée, c'est-à-dire que l'API était associée à moins de consultations (RC = 0,77; IC : 0,71 à 0,84), alors que l'association entre l'API et les hospitalisations d'au moins une nuit au cours de l'année précédente (RC = 1,20; IC : 1,13 à 1,27) et des 5 dernières années (RC = 1,49; IC : 1,43 à 1,56) étaient toutes deux positives. Dans les modèles ajustés pour l'ensemble des covariables, les hospitalisations d'au moins une nuit au cours de la dernière année et des 5 dernières années étaient toutes deux significativement associées avec l'API.
Type d'activité | Consultation d'un professionnel de la santéReference a, RC (IC à 95 %) |
Hospitalisation d'au moins une nuit au cours de la dernière année RC (IC à 95 %) |
Hospitalisation d'au moins une nuit au cours des 5 dernières années RC (IC à 95 %) |
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Modèle non ajusté |
Modèle ajustéReference b |
Modèle non ajusté |
Modèle ajustéReference b |
Modèle non ajusté |
Modèle ajustéReference b |
||
Heures passées devant la télévision (seuil : plus de 10 h/semaine) | Sédentaire | 2,41Reference ** (2,21 à 2,63) n = 403 |
2,59Reference ** (2,34 à 2,87) n = 372 |
2,19Reference ** (2,07 à 2,32) n = 401 |
1,95Reference ** (1,82 à 2,08) n = 370 |
1,47Reference ** (1,41 à 1,53) n = 396 |
1,13Reference ** (1,07 à 1,18) n = 370 |
Actif | Population de référence n = 397 |
Population de référence n = 371 |
Population de référence n = 394 |
Population de référence n = 369 |
Population de référence n = 401 |
Population de référence n = 370 |
|
Activité physique insuffisante (seuil : moins de 3 h/semaine) |
Pas assez actif | 0,77Reference ** (0,71 à 0,84) n = 455 |
0,98 (0,89 à 1,08) n = 422 |
1,20Reference ** (1,13 à 1,27) n = 453 |
1,16Reference ** (1,08 à 1,23) n = 421 |
1,49Reference ** (1,43 à 1,56) n = 452 |
1,22Reference * (1,16 à 1,28) n = 419 |
Actif | Population de référence n = 345 |
Population de référence n = 320 |
Population de référence n = 342 |
Population de référence n = 317 |
Population de référence n = 345 |
Population de référence n = 320 |
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Abréviations : IC, intervalle de confiance; RC, rapport de cotes
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Analyse
Nous avons analysé les relations entre l'inactivité physique, les HTV l'asthme et l'utilisation des soins de santé à partir d'un échantillon d'adultes de l'EAPA de 2006. Notre premier résultat est que les adultes asthmatiques étaient significativement plus susceptibles de passer davantage d'heures devant la télévision (plus de 10 heures par semaine) et de ne pas faire assez d'activité physique (moins de 3 heures par semaine) que les non-asthmatiques, et ce, pour les Indiens d'Amérique du Nord, pour les Métis ainsi que pour l'ensemble de l'échantillon. Notre deuxième résultat est que les adultes asthmatiques qui ont déclaré passer davantage d'heures devant la télévision utilisaient également davantage les services de soins de santé que ceux qui passaient moins d'heures devant la télévision. De plus, les adultes asthmatiques qui n'étaient pas suffisamment actifs physiquement déclaraient plus d'hospitalisations que ceux qui l'étaient. Même si des études antérieures ont conclu que les asthmatiques sont plus susceptibles de signaler de faibles niveaux d'activité physiqueReference 29 et une utilisation accrue des soins de santéReference 12, notre étude est la première à se pencher sur ces relations dans la population autochtone au Canada ainsi que parmi les répondants déclarant différentes identités autochtones, pour qui le risque peut varier en raison d'une multitude d'inégalités en santéReference 30.
Notre résultat indiquant que les adultes autochtones asthmatiques sont plus susceptibles de signaler des niveaux inférieurs d'activité physique est cohérente avec les conclusions d'autres études menées auprès d'adultes asthmatiques non autochtonesReference 28. De nombreux asthmatiques évitent l'activité physique parce qu'ils ont peur d'exacerber leurs symptômes ou de déclencher une bronchoconstriction à l'effortReference 31. Toutefois, de nombreuses études ont montré que l'activité physiquepeut améliorer le contrôle de l'asthme et la qualité de vie liée à l'asthmeReference 11Reference 31. Dogra et collab.Reference 12 ont étudié la relation entre l'activité physique et la santé chez 4 272 hommes et 6 971 femmes atteints d'asthme ayant participé à l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (cycle 2,1). Les données indiquent que l'activité physique était systématiquement associée à une meilleure santé chez les asthmatiquesReference 12. De plus, il a été démontré que la pratique d'une activité physique régulière structurée améliore le contrôle de l'asthme chez les adultes asthmatiquesReference 11. Il pourrait donc être avantageux d'ajouter une composante éducative sur l'asthme dans les stratégies de promotion de l'activité physique chez les Autochtones et l'éducation au sujet de l'asthme devrait quant à elle inclure des renseignements sur l'activité physique.
Les résultats de notre étude indiquent également que les Indiens d'Amérique du Nord qui vivent hors réserve, les Métis et l'ensemble de la population autochtone souffrant d'asthme sont plus susceptibles de signaler des HTV élevées que les nonasthmatiques. Il n'existe qu'un petit nombre d'études sur l'association entre l'asthme et les HTV, et elles ont surtout été menées auprès d'enfants. L'une de ces études a par exemple été menée auprès d'enfants qui ne présentaient pas de respiration sifflante à l'âge de 3,5 ans, dans le cadre d'une étude longitudinale prospective de 7,5 ans qui intégrait des données sur les heures passées devant la télévisionReference 32. Les résultats ont révélé que les enfants qui avaient regardé la télévision en moyenne 2 heures ou plus par jour pendant la période de 7,5 ans étaient deux fois plus susceptibles de devenir asthmatiques avant l'âge de 11,5 ansReference 32. De plus, un grand nombre d'effets néfastes, notamment l'obésité, les troubles de comportement et une baisse du rendement scolaire, sont associés à un temps excessif passé devant un écranReference 33, et leur prévalence est plus forte chez les enfants asthmatiquesReference 34. Des données probantes récentes ont également indiqué qu'un comportement sédentaire, dont des HTV élevées, est un facteur de risque important de cardiopathie et de mortalité toutes causes confondues, indépendamment de l'inactivité physiqueReference 35. Étant donné que les Autochtones sont déjà plus à risque en ce qui concerne bon nombre de ces effets néfastesReference 1, le nombre élevé d'HTV déclare par les adultes autochtones asthmatiques dans cette étude révè le une cible potentielle pour les futures stratégies de promotion de la santé.
Des études ont montré qu'au Canada, les Autochtones se rendent à l'hôpital plus de deux fois plus fréquemment que leurs pairs non autochtonesReference 3. Notre étude a révélé que chez les adultes asthmatiques qui ont déclaré un nombre élevé d'HTV, l'utilisation des soins de santé était plus importante. Cela n'est pas surprenant, étant donné la multitude d'effets néfastes pour la santé associés à des HTV élevéesReference 31Reference 32Reference 33. De même, chez les adultes asthmatiques qui n'étaient pas suffisamment actifs, le risque d'hospitalisation d'au moins une nuit au cours de la dernière année était significativement accru. Ce résultat est cohérent avec les résultats antérieurs de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, qui indiquaient que les adultes asthmatiques physiquement actifs utilisaient moins les services de santé que les adultes asthmatiques inactifs, c'est-à-dire que leur asthme était mieux contrôléReference 12. Il est important de noter que l'association entre inactivité physique et utilisation des soins de santé était moins cohérente et qu'aucune signification statistique n'avait été observée pour les consultations de professionnels de la santé. Les données contradictoires associées à l'inactivité physique et à l'utilisation des soins de santé, en particulier les consultations d'un professionnel, peuvent avoir été faussées par l'asthme à l'effort. Par exemple, des adultes asthmatiques actifs pourraient avoir consulté des professionnels de la santé afin de s'assurer d'avoir les médicaments nécessaires pour prévenir l'inactivité associée aux symptômes de l'asthme. Dans les études ultérieures, il faudrait envisager d'utiliser des mesures plus objectives du contrôle de l'asthme et tenir compte de l'asthme à l'effort.
De plus en plus de données indiquent que les effets sur la santé du temps passé devant un écran sont indépendants de l'activité physiqueReference 35. D'après notre étude descriptive préliminaire, il est difficile de déterminer si le temps consacré à une activité sédentaire a plus d'influence que l'inactivité physique sur les effets associés à l'asthme dans cette population. Il ne fait aucun doute que de plus amples travaux sont nécessaires. Quoi qu'il en soit, les données de notre étude indiquent clairement que si les adultes autochtones asthmatiques augmentaient leur activité physique et diminuaient leurs HTV, cela pourrait améliorer le contrôle de leur asthme, réduire les coûts des soins de santé et améliorer leur qualité de vie.
Points forts et limites
Les points forts de cette analyse sont la grande taille de notre échantillon, qui a permis de procéder à l'analyse pour deux identités autochtones distinctes, et le nombre de variables disponibles dans l'EAPA qui ont pu faire l'objet d'un ajustement dans les modèles de régression. Les résultats de notre étude doivent cependant être interprétés à la lumière des limites ci-dessous.
Premièrement, les données utilisées dans cette étude étaient transversales, ce qui fait qu'une causalité inverse ne peut être exclue. Deuxièmement, certaines covariables non mesurées dans l'étude, par exemple l'asthme à l'effort, peuvent constituer un facteur de confusion. Troisièmement, toutes les données étaient autodéclarées, ce qui peut avoir faussé la classification, particuliè rement pour l'activité physique, les comportements sédentaires et l'IMC. En ce qui concerne l'activité physique et le comportement sédentaire, il a été démontré que la mémoire des répondants a une validité et une fiabilité acceptables lorsqu'on utilise un questionnaire de rappel des activités effectuées au cours des 7 derniers joursReference 23Reference 24, et que l'IMC autodéclaré peut permettre de prédire avec précision l'IMC mesuréReference 36. Toutefois, les données mesurées objectivement permettent de mieux prédire les effets sur la santéReference 37 que les données autodéclarées. Des seuils prudents ont donc été choisis dans cette étude afin de réduire ce biais potentiel. Les travaux de recherche ultérieurs devront utiliser des donnéesmesurées objectivement ou des outils valides et fiables pour mesurer ces variables.
Quatrièmement, l'échantillon ne comprenait pas de membres des Premières Nations vivant sur une réserve, et l'échantillon n'était pas assez important pour effectuer des analyses individuelles pour toutes les identités autochtones, deux éléments qui peuvent limiter la généralisation potentielle des résultats. Il faut noter que l'EAPA ne contient pas les renseignements nécessaires pour analyser en détail l'accessibilité des soins de santé pour chacune de ces identités. D'autres études devraient se pencher sur l'asthme chez les Premières Nations, les Métis et les Inuits séparément pour mieux comprendre les associations au sein de ces populations en particulier. Cinquièmement, comme l'EAPA ne contient pas de données sur le contrôle de l'asthme, des résultats liés à l'utilisation des soins de santé ont servi d'indicateur. D'autres études devraient évaluer directement l'association entre l'API, les HTV et le contrôle de l'asthme chez les adultes autochtones asthmatiques, qu'ils vivent dans une réserve ou hors réserve. Enfin, la présente analyse était la première à examiner de telles associations chez les adultes autochtones. D'autres études devraient être menées pour examiner les modificateurs d'effets potentiels et déterminer si les associations sont influencées par d'autres variables, notamment le tabagisme et la consommation de médicaments.
Conclusion
D'après les données de l'EAPA, les adultes autochtones asthmatiques sont plus sédentaires et moins actifs physiquement que leurs pairs non asthmatiques. En outre, les adultes autochtones asthmatiques qui déclaraient passer de nombreuses heures devant la télévision étaient plus susceptibles d'utiliser des services de santé que leurs pairs moins sédentaires. Ces résultats ont des répercussions importantes sur l'éducation à faire concernant l'asthme à l'effort chez les populations autochtones au Canada.
Conflit d'intérêts
Les auteurs ne signalent aucun conflit d'intérêts. Les auteurs sont seuls responsables du contenu et de la rédaction de cet article.
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