Surdoses de furanyl-fentanyl causées par l'usage de crack contaminé - Colombie-Britannique (Canada), 15 au 18 juillet 2016 - PSPMC: Volume 36-9, septembre 2016
Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada
Volume 36 · numéro 9 · septembre 2016
Aperçu
Surdoses de furanyl-fentanyl causées par l'usage de crack contaminé - Colombie-Britannique (Canada), 15 au 18 juillet 2016Note de bas de page *
S. A. Klar, M. Santé publiqueNote de bas de page 1. ; E. Brodkin, M.D.Note de bas de page 1. ; E. GibsonNote de bas de page 1. ; S. Padhi, M.D.Note de bas de page 1. ; C. Predy Note de bas de page 2. ; C. Green, M. Sc. S.Note de bas de page 1. ; V. Lee, M.D.Note de bas de page 1.
https://doi.org/10.24095/hpcdp.36.9.05f
Rattachement des auteurs :
Correspondance : Victoria Lee, Population et santé publique, autorité sanitaire Fraser, Surrey (Colombie-Britannique) V3T 0H1; tél. : 604-587-7891, poste 76789; courriel : victoria.lee@fraserhealth.ca
Le 15 juillet 2016, le service des urgences de l'hôpital Surrey Memorial a avisé le médecin de garde du service de santé d'une augmentation soudaine du nombre de surdoses d'opioïdes à Surrey (autorité sanitaire de Fraser, Colombie-Britannique, Canada). Entre le 15 et le 18 juillet, le nombre de personnes victimes de ce qu'on soupçonne être une surdose d'opioïdes évaluées au service des urgences de l'hôpital Surrey Memorial a augmenté d'environ 170 %, passant d'une moyenne de quatre cas soupçonnés par jour pendant la période de janvier à juin 2016 à 43 (près de 11 par jour) pendant ces quatre jours (Figure). La plupart des patients (22 [51 %]) ont perdu conscience après avoir fumé ce qu'ils croyaient être du crack. La majorité des surdoses ont eu lieu dans une petite zone de Surrey à forte population de sans-abri et d'utilisateurs de drogues illicites, en particulier d'opioïdes et de crack. La plupart des cas ont concerné des hommes (36 [84 %]) et l'âge moyen des patients était de 42 ans (intervalle : 18 à 63 ans). Quarante patients (93 %) ont été amenés au service des urgences en ambulance. Au total, 37 patients (86 %) ont reçu de la naloxone injectable avant d'arriver au service des urgences : 12 de membres de la collectivité seulement, 16 d'ambulanciers paramédicaux, 5 à la fois de membres de la collectivité et d'ambulanciers paramédicaux, 1 du service des incendies et des ambulanciers paramédicaux, 1 à la fois du service des incendies, de la collectivité et des ambulanciers paramédicaux et, pour 2 patients, la source de la naloxone est demeurée inconnue. Les rapports des premiers intervenants, de la collectivité et des membres du personnel du service des urgences indiquent que les patients ont eu besoin de fortes doses de naloxone injectable, jusqu'à 3,0 mg dans certains cas (dose habituelle : 0,4 mg). Trente-cinq patients (81 %) ont été soignés et ont obtenu leur congé en quelques heures, 2 patients sont partis sans avoir été vus par un fournisseur de soins de santé et 6 patients ont été admis à l'hôpital. Parmi les admis, 3 ont été transférés à l'unité de soins intensifs où l'un d'eux est décédé.
Figure
Nombre de surdoses d'opioïdes soupçonnées (n = 43) évaluées à l'hôpital Surrey Memorial, par heure d'arrivée au service des urgences, Colombie-Britannique (Canada), 15 au 18 juillet 2016

Équivalent textuel - Figure
Figure - Nombre de surdoses d'opioïdes soupçonnées (n = 43) évaluées à l'hôpital Surrey Memorial, par heure d'arrivée au service des urgences, Colombie-Britannique (Canada), 15 au 18 juillet 2016
La figure illustre le nombre de personnes victimes de ce qu'on soupçonne être une surdose d'opioïdes évaluées au service des urgences de l'hôpital Surrey Memorial par période de 12 heures entre le 15 et le 18 juillet 2016. Pendant cette période de quatre jours, ce nombre a augmenté d'environ 170 %, passant d'une moyenne de quatre cas soupçonnés par jour pendant la première moitié de l'année 2016 à 43 (près de 11 par jour).
Les laboratoires locaux n'ont pas toujours les moyens d'effectuer des tests de dépistage quantitatif du fentanyl ou de détecter de nouveaux analogues. Les trousses d'analyse d'urine par immunoessai utilisées au laboratoire de l'hôpital local (Sure Step [Alere Innovacon]) ne détectent que le fentanyl et le norfentanyl. Certains échantillons obtenus par la police locale et l'hôpital ont donc été envoyés au Service d'analyse des drogues de Santé Canada. Lorsque ces échantillons ont été soumis aux tests de dépistage, des résultats positifs ont été obtenus pour le furanyl-fentanyl ainsi que la cocaïne.
Entre le 15 et le 18 juillet, l'autorité sanitaire de Fraser, en collaboration avec ses partenaires locaux, en particulier la police et les utilisateurs de drogues illicites, a distribué des avertissements dans toute la collectivité et organisé dans la région touchée des séances de formation sur l'administration de la naloxone. Environ cent personnes, dont beaucoup présentaient un risque élevé de surdose, ont été formées et ont reçu des trousses d'administration de naloxone dans le cadre du programme Take Home Naloxone.Note de bas de page +
La Colombie-Britannique connaît à l'heure actuelle une urgence de santé publique due à une augmentation du nombre de décès par surdose liée à l'usage de drogues, en particulier celles associées aux opioïdes comme le fentanyl. Une augmentation semblable a été signalée aux États-UnisNote de bas de page1,Note de bas de page2, où des alertes ont été émises concernant des pilules contaminées par le fentanyl et les analogues du fentanyl, et où le furanyl-fentanyl a été détecté lors d'examens post mortemNote de bas de page 3,Note de bas de page 4.
Les examens de laboratoire et les rapports locaux produits au moment de cet événement indiquent que la hausse du nombre de surdoses a probablement été causée par le lot de crack d'un fournisseur en particulier, lot adultéré par le furanyl-fentanyl, un analogue du fentanyl qui n'avait pas circulé auparavant dans cette collectivité. D'après les déclarations des patients, des organismes communautaires qui ont fourni des services dans la région au cours de cette fin de semaine et des services de police, d'ambulance et des incendies, la substance a été consommée par des utilisateurs de drogues de longue date mais qui ne consommaient sans doute pas d'opioïdes régulièrement. Des rapports de police ont signalé la présence de cocaïne contaminée par du fentanyl dans la ville voisine de DeltaNote de bas de page 5 et des surdoses par de la cocaïne contaminée par de l'acétylfentanyl dans King County (État de Washington, États-Unis)Note de bas de page 6.
C'est le premier groupe de surdoses causées par du crack contaminé par le furanyl-fentanyl signalé en Amérique du Nord. Les utilisateurs de drogues illicites, les fournisseurs de soins de santé, les premiers intervenants et les centres antipoisons devraient surveiller les symptômes de surdose d'opioïdes même lorsque les déclarations à propos de la drogue consommée font état d'un non-opioïde comme le crack. La distribution rapide de trousses d'administration de naloxone associée à une formation aux organismes communautaires et aux populations à risque élevé ainsi que la possession de trousses d'administration de naloxone par les services des urgences pour les patients évalués dont on soupçonne une surdoses d'opioïdes pourraient contribuer à atténuer l'impact des surdoses d'opioïdes.
Remerciements
Personnel du service des urgences de l'hôpital Surrey Memorial (Colombie-Britannique); British Columbia Ambulance Service; Service des incendies de Surrey (Colombie-Britannique); Gendarmerie royale du Canada de Surrey (Colombie-Britannique); Drug Overdose Alert Partnership (Colombie-Britannique); British Columbia Centre for Disease Control; Service d'analyse des drogues de Santé Canada (Burnaby); British Columbia Drug and Poison Information Centre; organismes locaux et personnes qui ont inversé des surdoses et ont participé à la distribution des trousses d'administration de naloxone et de mises en garde.
Références
Note
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