Recherche quantitative originale – Utilisation d’une échelle d’intervention pour analyser le soutien à d’éventuelles politiques de lutte contre le tabagisme de la part du grand public et d’influenceurs en matière de politiques en Alberta et au Québec

Krystyna Kongats, M.P.H.Note de bas de page 1; Jennifer Ann McGetrick, M. Sc.Note de bas de page 1; Kim D. Raine, Ph. D.Note de bas de page 2; Candace I. J. Nykiforuk, Ph. D.Note de bas de page 1

https://doi.org/10.24095/hpcdp.40.2.03f

Cet article a fait l'objet d'une évaluation par les pairs.

Rattachement des auteures

Note de bas de page 1

Laboratoire de recherche PLACE (Policy, Location, and Access in Community Environments), École de santé publique, Université de l'Alberta, Edmonton (Alberta), Canada

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Note de bas de page 2

École de santé publique, Université de l'Alberta, Edmonton (Alberta), Canada

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Correspondance : Candace I. J. Nykiforuk, School of Public Health, 3-300 Edmonton Clinic Health Academy, 11405-87 Ave, Edmonton (Alberta) T6G 1C9; tél. : 780-492-4109; courriel : candace.nykiforuk@ualberta.ca

Résumé

Objectif. Évaluer, dans deux provinces canadiennes, l'appui du grand public et d'influenceurs en matière de politiques vis-à-vis de politiques de lutte contre le tabagisme à l'échelle de la population.

Méthodologie. En 2016, nous avons mis en œuvre le sondage Prévention des maladies chroniques auprès d'un échantillon d'influenceurs (n = 302) et d'un échantillon aléatoire de la population (n = 2400) en Alberta et au Québec (Canada). Les participants ont exprimé leur degré d'appui vis-à-vis de diverses politiques de lutte contre le tabagisme, au moyen d'une échelle de type Likert dont les réponses ont été regroupées sous forme de pourcentages favorables nets. Le degré de soutien a ensuite été analysé à l'aide du codage de chaque politique au moyen de l'échelle d'intervention du Nuffield Council on Bioethics, afin de mieux définir le degré d'intrusion qu'elle représente par rapport aux libertés individuelles.

Résultats. Si les influenceurs comme le grand public ont évalué comme « extrêmement » ou « très » positives une grande majorité des politiques de lutte contre le tabagisme, l'avis des influenceurs en Alberta et au Québéc a divergé sur plus de la moitié des politiques, l'appui ayant été plus marqué au Québec. Les influenceurs comme le grand public ont exprimé un soutien solide à plusieurs politiques de lutte contre le tabagisme très intrusives (c.-à-d. les politiques ciblant les enfants et les jeunes et les nouveaux produits associés au tabagisme comme les cigarettes électroniques), malgré des effets escomptés sur les libertés individuelles. Ils ont fait preuve d'un soutien moins important aux politiques fiscales de lutte contre le tabagisme (c.-à-d. la taxation), malgré l'efficacité prouvée de telles politiques.

Conclusion. Dans l'ensemble, les influenceurs et le grand public se sont montrés très favorables à des politiques plus restrictives de lutte contre le tabagisme. Cette étude révèle quelles politiques reçoivent un appui unanime dans les deux groupes de population (de potentielles « victoires rapides » pour les défenseurs de la santé). Elle indique aussi pour quels sujets des efforts supplémentaires de sensibilisation sont nécessaires afin de mieux faire comprendre les avantages des politiques antitabac pour la santé des populations.

Mots-clés : politique en matière de santé, lutte contre le tabagisme, opinion publique, connaissances, attitudes et croyances, échelle d'intervention du Nuffield Council, recherche par enquête, études sur la population, Canada

Points saillants

  • Des recherches antérieures ont démontré que les interventions sous forme de politiques et au sein des milieux contribuaient grandement à la réduction, à l'échelle de la population, de la consommation du tabac (à fumer et sous ses autres formes).
  • La compréhension des attitudes des influenceurs et du grand public est essentielle, car la mise en place de politiques efficaces sera difficile si leur appui est faible et sera facile si leur appui est vigoureux.
  • Cette étude fait état de données récentes sur les attitudes des influenceurs et du grand public, dans deux provinces canadiennes, envers les politiques de lutte contre le tabagisme à l'échelle de la population.
  • Ces données vont être utiles à la définition, par les promoteurs de la santé, des secteurs des politiques où l'appui est unanime (c.-à-d. les potentielles « victoires rapides ») et des secteurs où l'appui est faible ou inégal.

Introduction

Malgré l'objectif fixé dans le cadre de la Stratégie canadienne sur le tabac de réduire à moins de 5 % la consommation de tabac d'ici 2035Note de bas de page 1, la prévalence de l'usage de la cigarette a récemment augmenté de manière significative, passant de 13 % en 2015 à 15 % en 2017Note de bas de page 2. L'impact négatif de la consommation abusive de tabac est inégal au Canada : il est lié à diverses inégalités sociales et sanitairesNote de bas de page 1, avec un taux de tabagisme plus élevé chez les minorités sexuelles, les jeunes adultes et les AutochtonesNote de bas de page 1. Des interventions globales en termes de politiques et portant sur les différents milieux sont nécessaires pour induire des changements substantiels à l'échelle des populationsNote de bas de page 3 et pour réduire les inégalitésNote de bas de page 4 en matière de consommation abusive de tabac. Bien que l'amélioration de l'accès aux différents traitements d'abandon du tabagisme (p. ex. la thérapie de remplacement de la nicotine) se soit avérée avantageuse sur le plan individiuelNote de bas de page 5, l'incidence de tels programmes de santé paraît dérisoire par rapport aux résultats d'approches appliquées aux milieux et stratégiques d'ordre supérieurNote de bas de page 6. On estime par exemple qu'une hausse de 50 % des taxes sur le prix actuel des cigarettes (hors taxe sur la valeur ajoutée) réduirait de 18 % la prévalence du tabagisme sur une période de 40 ans, alors qu'au cours de la même période, les traitements d'abandon du tabagisme fondés sur des données probantes (p. ex. les pharmacothérapies) ne réduiraient le tabagisme que de 4 %Note de bas de page 6.

Les connaissances, les attitudes et les croyances du grand public et des influenceurs (personnes élues ou professionnels embauchés ou nommés et disposant de pouvoirs juridiques, d'une autorité ou de la possibilité d'exprimer un avis par rapport aux divers processus stratégiques à l'œuvre au sein des gouvernements, commissions scolaires, milieux de travail ou médias)Note de bas de page 7 jouent un rôle considérable dans l'évolution des programmes politiquesNote de bas de page 7. Si les influenceurs sont considérés en général comme détenteurs d'un pouvoir réel sur l'action gouvernementale, ceux ayant été élus sont sensibles, en partie, aux opinions de leurs électeurs et peuvent donc s'avérer particulièrement sensibles aux enjeux qui suscitent la controverse au sein de la populationNote de bas de page 8. Ainsi, un appui important de la population a contribué au succès de plusieurs projets législatifs de lutte contre le tabagisme Note de bas de page 9, Note de bas de page 10, alors que, comme l'ont souligné Chen et ses collaborateursNote de bas de page 11, un moindre appui du grand public a rendu les décideurs plus sensibles aux intérêts de l'industrie du tabacNote de bas de page 12. À l'échelle internationale, des équipes de recherche ont récemment examiné le soutien de la population envers certains types particuliers d'interventions de lutte antitabac (campagnes médiatiques contre le tabagismeNote de bas de page 13 et mises en garde illustrées sur les paquets de cigarettesNote de bas de page 14 aux États-Unis), ainsi que l'appui envers les politiques antitabac au sein de certains groupes de population (fumeurs au CanadaNote de bas de page 15, adolescents à Hong KongNote de bas de page 11 et adultes aux États-UnisNote de bas de page 16, en FinlandeNote de bas de page 17 et en MalaisieNote de bas de page 18).

En contexte canadien, bien que quelques études aient porté sur les connaissances, les attitudes et les croyances des influenceurs et du grand public en lien avec des initiatives précises Note de bas de page 7, Note de bas de page 19, Note de bas de page 20, nous avons constaté un manque de données probantes évaluant le point de vue des deux groupes au sujet d'un large éventail de politiques de lutte contre le tabagisme. Or il est important de disposer de données récentes sur le point de vue de chacun de ces groupes, car les recherches antérieures ont démontré que les conseillers stratégiques sur les questions de santé avaient tendance à sous-estimer le degré d'appui du grand public envers la législation antitabacNote de bas de page 21. Cette interprétation erronée de la situation pourrait avoir limité la prise de mesuresNote de bas de page 21.

En 2009, l'Alberta Policy Coalition for Cancer Prevention (plus tard renommée l'Alberta Policy Coalition for Chronic Disease Prevention [APCCP]) a mis au point le sondage Prévention des maladies chroniques (PMC) pour évaluer les connaissances, les attitudes et les croyances des influenceurs et du grand public vis-à-vis des politiques publiques destinées à la prévention des maladies chroniques au Canada. Entre 2009 et 2016, l'étude a été réalisée six fois, dans le but d'examiner l'appui envers les politiques antitabac. Les données obtenues contribuent au travail des promoteurs de la santé publique qui œuvrent à réduire la présence de ce facteur de risque comportemental mortel.

L'étude de 2016 visait à évaluer l'appui du grand public et des influenceurs envers les politiques de réduction des méfaits liés au tabac à l'échelle de la population dans deux provinces canadiennes, l'Alberta (province de l'Ouest canadien composée essentiellement d'anglophones) et le Québec (province de l'Est canadien composée essentiellement de francophones). Nous souhaitions comparer les tendances en matière d'appui non seulement entre influenceurs et grand public, mais aussi entre régions. Pour nos analyses des données de cet échantillon, nous avons utilisé l'échelle d'intervention du Nuffield Council on Bioethics (NCB) à titre de cadre d'évaluation du point d'équilibre entre la liberté individuelle et les avantages pour la collectivité de chacune des politiques étudiéesNote de bas de page 22. Les recherches sur l'acceptabilité des politiques ont montré une forte corrélation entre l'incidence d'une mesure/intervention sur le libre-choix de la personne et l'acceptation de la mesure/interventionNote de bas de page 23. Dans les pays comme le Canada où règne le néolibéralisme et où les valeurs individuelles prennent le pas sur les valeurs collectives ou communautairesNote de bas de page 24, l'angle d'analyse qui oppose la liberté à l'esprit collectif a son importance, car la tension entre ces deux tendances peut déterminer le degré de soutien quant à l'adoption de politiques publiques axées sur la santé. De plus, étant donné qu'il caractérise les interventions comme plus ou moins restrictives par rapport aux libertés individuelles, ce cadre d'évaluation a permis de repérer les différences et de comprendre les points communs entre les différents mécanismes psychosociaux à l'œuvre à l'échelle de la population. La littérature pertinente ayant utilisé cette échelle d'intervention pour proposer et évaluer des politiques de santé publique a porté sur la santé au travailNote de bas de page 25, les maladies infectieusesNote de bas de page 26, l'hygiène alimentaire publique Note de bas de page 27, Note de bas de page 28, Note de bas de page 29, Note de bas de page 30, l'activité physiqueNote de bas de page 31, la consommation d'alcoolNote de bas de page 32 et la lutte contre le tabagismeNote de bas de page 33.

Dans un contexte où la Stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme a été renouveléeNote de bas de page 1, notre étude apporte des données probantes récentes sur les attitudes relativement aux différentes politiques antitabac dans deux provinces du Canada. Les résultats mettent en évidence quelles tendances en matière d'interventions stratégiques antitabac sont les plus susceptibles de recueillir un large appui, ce qui peut contribuer à établir des priorités stratégiques dans les initiatives à mettre en œuvre en matière de promotion des politiques publiques axées sur la santé.

Méthodologie

Sondage Prévention des maladies chroniques

Le sondage PMC a pour but la compréhension des connaissances, des attitudes et des croyances des influenceurs et du grand public en matière de politiques publiques axées sur la santé relatives aux principaux facteurs de risque modifiablesNote de bas de page 34. Les résultats présentés ici reposent sur le sondage PMC de 2016, réalisée en anglais et en français et évaluant la faveur remportée par divers types de politiques publiques axées sur la santé comme moyens de lutter contre le tabagisme en Alberta et au Québec. Nous voulions aussi comparer les tendances en matière d'appui des influenceurs et celles du grand public, ainsi que d'une région à l'autre. Les participants devaient indiquer leur soutien vis-à-vis de différentes politiques publiques de lutte contre le tabagisme sur une échelle de type Likert en quatre points, allant de l'opposition à l'appui (1 = s'oppose fortement, 2 = s'oppose quelque peu, 3 = appuie quelque peu, 4 = appuie fortement). Les politiques de réduction du tabagisme fondées sur des données probantes incluses dans l'étude ont été mises au point en collaboration avec une équipe d'experts de l'APCCP ayant des connaissances et une expérience pointues en matière de lutte contre le tabagisme, afin qu'elles soient conformes aux recommandations nationales déjà en place.

Le bureau d'éthique pour la recherche de l'Université de l'Alberta a approuvé cette étude (Pro00046150 et Pro00044424).

Répondants

Un échantillon d'influenceurs a été invité par courriel à participer à une étude en ligne composée de 29 éléments relatifs aux politiques antitabac. Cet échantillon a été constitué à partir de données publiques (en particulier les coordonnées de personnes figurant dans les sites Internet d'organismes tels que l'Assemblée législative de l'Alberta et l'Assemblée nationale du Québec, la fédération des commissions scolaires de chacune des deux provinces, les répertoires de médias de chacune des deux provinces et la base de données Orbis répertoriant les entreprises, afin de connaître les entreprises comptant plus de 500 employés puis de chercher sur leur site Internet respectif les coordonnées du chef de la direction, des cadres supérieurs en ressources humaines et des cadres supérieurs chargés de la santé et de la sécurité).

Nous avons utilisé une définition d'ensemble d'« influenceur en matière de politiques » ciblant trois principaux groupes : les acteurs gouvernementaux à l'échelle municipale ou provinciale, en raison de leur pouvoir décisionnel; les leaders non gouvernementaux des milieux scolaires et professionnels, en raison de l'incidence des politiques sur l'amélioration de la santé dans ces environnements cléNote de bas de page 35 et enfin les représentants des médias, en raison de l'influence qu'exerce leur interprétation des politiques sur la formation de l'opinion publique et des programmes législatifsNote de bas de page 36. Cette définition large d'« influenceur » était en phase avec l'objectif que nous avions : offrir une vue d'ensemble à l'échelle de la population des points de vue des influenceurs indépendamment de leur contexte.

La base d'échantillonnage des influenceurs était composée de tous les législateurs provinciaux élus de l'Alberta et du Québec, des hauts fonctionnaires provinciaux de niveau sous-ministériel, des maires, présidents de conseil municipal et hauts fonctionnaires municipaux, des membres et présidents des commissions scolaires, des cadres supérieurs d'entreprises de plus de 500 employés et des rédacteurs en chef et journalistes traitant des questions de santé pour des organes de presse écrite.

De toutes les tentatives de contact effectuées auprès des membres de la base d'échantillonnage recensée, 115 courriels se sont avérés non livrables (33 en Alberta, 82 au Québec), 61 réponses contenant une adresse courriel de remplacement nous ont indiqué de communiquer avec une autre personne (20 en Alberta, 41 au Québec) et 25 courriels ont donné lieu à des refus directs (18 en Alberta, 7 au Québec). Un énoncé en matière d'éthique indiquant la nature volontaire et confidentielle de la participation figurait à la première page de l'étude. Par leur choix de poursuivre au-delà de l'énoncé et de répondre à l'enquête, les participants accordaient leur consentement tacite.

Une version réduite de l'enquête (comprenant 13 des 29 politiques de lutte contre le tabagisme) a été proposée au grand public, dont l'échantillon a été formé par composition aléatoire de numéros de téléphone (puis stratification selon le sexe, le milieu de résidence [urbain ou rural] et l'âge, au niveau des ménages, de façon à ce que l'échantillon soit pondéré proportionnellement à la population canadienne dans les deux régions visées). Des experts de l'APCCP et de l'équipe du projet COALITION sur les politiques Policy Opportunity Windows - Engaging Research Uptake in Practice (POWER UP!) ont choisi, par consensus, les politiques à retenir dans la version réduite de l'étude. Les critères de sélection étaient le caractère opportun et la pertinence des politiques dans le contexte en vigueur de promotion de la lutte contre le tabagisme de chacune des deux provinces : autrement dit, les questions stratégiques retenues étaient d'actualité ou sur le point de l'être dans le cadre de processus décisionnels en cours dans chacune des deux provinces au moment de l'étude.

Une entreprise de sondage professionnelle a réalisé l'enquête auprès du grand public au moyen d'interviews téléphoniques assistées par ordinateur. Nous avons demandé au prestataire contractuel de l'étude d'effectuer 2 400 interviews auprès de 400 participants dans chacune des villes ou zones suivantes : Calgary, Edmonton, Montréal, Québec, le reste de l'Alberta et le reste du Québec. Dans le cas des interviews auprès des ménages classées comme « non menées », il y a eu des refus, des interviews partielles, des problèmes de barrière linguistique, des répondants mineurs et des répondeurs. Les participants potentiels étaient informés du fait que leur participation était libre. Un consentement verbal a été obtenu avant le début de l'enquête téléphonique. Aucune mesure incitative n'a été prise auprès de participants. Enfin, des caractéristiques individuelles ont été recueillies dans les deux groupes-échantillons.

Démarche d'analyse

L'analyse de l'ensemble des réponses de la population générale, des influenceurs et de chacune des deux provinces au sujet des diverses politiques de lutte contre le tabagisme s'est faite au moyen de l'obtention de pourcentages favorables nets (PFN)Note de bas de page 37. On calcule le PFN en soustrayant le pourcentage de répondants qui « s'oppose fortement » ou « s'oppose quelque peu » à une politique du pourcentage de répondants qui « appuie quelque peu » ou « appuie fortement » une politique. La mesure qui en résulte varie sur une échelle continue de +100 à −100 et s'interprète facilement (un pourcentage positif indique un avis favorable et un pourcentage négatif indique un avis défavorable). Afin de comparer de façon cohérente le degré d'appui accordé par chaque groupe-échantillon aux différentes politiques de lutte contre le tabagisme, nous avons interprété qualitativement les PFN au moyen des sept échelons de RoseliusNote de bas de page 37 (voir tableau 1). Nous avons opté pour ce cadre de comparaison des degrés d'appui en raison du fait que les PFN constituent des statistiques descriptives et non de cause à effet.

Tableau 1. Interprétation qualitative du niveau de réponses favorables, d'après la méthode du pourcentage favorable net de RoseliusNote de bas de page 37
Interprétation qualitative Fourchette de pourcentage favorable net
Extrêmement favorable +100 à +71,5
Très favorable +71,4 à +42,9
Légèrement favorable +42,8 à +14,3
Neutre +14,2 à −14,1
Légèrement défavorable −14,2 à −42,7
Très défavorable −42,8 à −71,3
Extrêmement défavorable −71,4 à −100,0

En outre, toutes les politiques se sont vu attribuer un code selon leur niveau sur l'échelle d'intervention du NCB. L'objectif consistait à évaluer les politiques en fonction de leurs avantages pour la société par rapport à une éventuelle perte de libertés individuellesNote de bas de page 22. L'échelle du NCB évolue de l'intervention la moins intrusive à la plus intrusive, selon les niveaux suivants : ne rien faire; fournir des renseignements; offrir le choix; orienter les choix en modifiant la politique par défaut; orienter les choix par des mesures incitatives; orienter les choix par des mesures dissuasives; restreindre les choix; éliminer les choixNote de bas de page 22. Trois codeurs ont classé chaque politique de lutte contre le tabagisme incluse dans le sondage PMC à partir d'une liste de codage détailléeNote de bas de page 38. Tout désaccord entre les codeurs a été réglé par un consensus et la consultation de la chercheure principale.

À cette étape, nous nous sommes rendu compte que les politiques ne correspondaient pas toutes exactement aux niveaux de l'échelle d'intervention du NCB. Nous avons donc créé une catégorie supplémentaire, que nous avons appelée « réorienter l'action gouvernementale ». Ce niveau a permis de rassembler les politiques axées sur des interventions modifiant le mode d'action du gouvernement plutôt que les libertés individuelles directement (p. ex. poursuites contre les fabricants de produits du tabac afin d'obtenir une indemnisation pour les personnes qui ont subi un préjudice causé par les produits du tabac).

Résultats

Le taux de réponse au sondage PMC de 2016 a été de 5,1 % des 5 926 influenceurs invités (n = 302; 174 en Alberta et 128 au Québec) et de 7,4 % des 32 580 membres du grand public invités (n = 2 400; 1 200 en Alberta et 1 200 au Québec). Le tableau 2 présente les caractéristiques individuelles des répondants. Les influenceurs ayant participé à l'enquête se sont avérés être principalement des hommes d'un certain âge, mais ce profil correspond à la constitution générale du groupe des dirigeants stratégiques du Canada Note de bas de page 39, Note de bas de page 40.

Tableau 2. Caractéristiques des influenceurs et des membres du grand public de l'Alberta et du Québec ayant participé au sondage Prévention des maladies chroniques de 2016
Caractéristiques individuelles Alberta Québec
Influenceurs
% (n)
Membres du grand public
% (n)
Influenceurs
% (n)
Membres du grand public
% (n)
Sexe
Masculin 70,9 (107) 49,2 (591) 67,6 (73) 46,7 (560)
Féminin 29,1 (44) 50,8 (609) 32,4 (35) 53,3 (640)
Âge
18 à 45 ans 9,6 (15) 32,9 (390) 25,7 (28) 34,8 (415)
46 ans et plus 90,4 (141) 67,1 (797) 75,3 (81) 65,2 (776)
Scolarité
Jusqu'au postsecondaire - 20,5 (244) - 18,8 (224)
Postsecondaire - 79,5 (944) - 81,2 (966)
Revenu du ménage
< 70 000 $ - 36,6 (383) - 52,8 (564)
≥ 70 000 $ - 63,4 (663) - 47,2 (504)
Scolarité
Jusqu'au secondaire/école de métiers - 57,7 (685) - 48,2 (573)
Études universitaires - 42,3 (503) - 51,8 (617)
Secteur
Gouvernement provincial 19,2 (30) - 10,2 (11) -
Autorité municipale 24,4 (38) - 55,6 (60) -
Milieu professionnel 23,1 (36) - 24,1 (26) -
Commission scolaire 14,7 (23) - 3,7 (4) -
Média 6,4 (10) - 2,8 (3) -
Autre 12,2 (19) - 3,1 (4) -

Les répondants du grand public ont été choisis au sein des ménages de façon à refléter les profils de leur province.

Les influenceurs comme le grand public ont exprimé un avis « légèrement », « très » ou « extrêmement » favorable au sujet de toutes les politiques, à l'exception d'une seule, au sujet de laquelle les influenceurs de l'Alberta ont exprimé un avis neutre. Le niveau que les codeurs ont le plus couramment attribué aux politiques de lutte contre le tabagisme incluses dans le sondage PMC était « éliminer les choix » (n = 12/29), tandis que le niveau le moins courant était « orienter les choix par des mesures incitatives » (n = 1/29) (voir le tableau 3).

Tableau 3. Pourcentage net des influenceurs de l'Alberta et du Québec qui se sont montrés favorables aux options en matière de politiques de lutte contre le tabagisme, d'après le sondage Prévention des maladies chroniques de 2016
Options en matière de politiques de lutte contre le tabagisme Total Alberta Québec
PFN % Données manquantes % PFN % Données manquantes % PFN % Données manquantes %
Éliminer les choix
Interdire la vente de la cigarette électronique aux mineurs (18 ou 19 ans, selon l'âge légal de la province) 92,6 9,9 91,1 9,2 94,7 10,9
Interdire de fumer dans tous les espaces publics extérieurs là où les enfants sont présents (par exemple : terrains de jeu, parcs, terrains de sport, plages) 91,4 7,6 86,6 5,7 98,3 10,2
Augmenter les pénalités aux marchands qui vendent des produits du tabac aux mineurs 84,9 7,6 86,7 4,6 82,3 11,7
Renforcer les procédures pour prévenir la vente illégale aux mineurs (par exemple, contrôle obligatoire de l'identité des personnes de moins de 25 ans, formation des employés, aucun employé de moins de 18 ans, etc.) 81,4 7,6 80,6 5,2 82,5 10,9
Interdire la vente de la cigarette électronique là où la vente des produits du tabac est interdite 79,9 10,9 74,5 9,8 87,5 12,5
Contrôler activement l'interdiction existante de la cigarette électronique contenant de la nicotine afin que ces produits illégaux et non approuvés ne soient pas disponibles au Canada Note de bas de page a 76,8 14,2 71,1 12,6 85,0 16,4
Interdire l'utilisation du narguilé (aussi appelé houka) dans tous les espaces publics où l'usage du tabac est interdit 75,8 20,5 73,9 12,1 79,3 4,7
Interdire la cigarette électronique dans tous les espaces publics où la consommation du tabac est interditeNote de bas de page a 69,9 11,9 63,4 12,1 78,8 11,7
Interdire de fumer dans tous les lieux de travail, y inclus les sites extérieursNote de bas de page a 66,7 8,6 60,0 8,0 75,9 9,4
Interdire de fumer dans toutes les installations d'habitation en groupe (actuellement, il est permis de fumer dans des salles désignées)Note de bas de page a 59,0 7,9 48,1 6,9 74,1 9,4
Interdire tout produit du tabac aromatisé, y inclus la cigarette au mentholNote de bas de page a 53,0 16,9 42,5 16,1 67,6 18,0
Interdire de fumer dans tous les véhicules motorisésNote de bas de page a 51,1 7,9 37,4 6,3 70,4 10,2
Restreindre les choix
Réglementer rigoureusement la promotion de la cigarette électronique, y inclus l'interdiction du marketing utilisant des personnes et des modes de vie célèbres, déclarations nonconfirmées par rapport à la santé, promotion au détail, marketing ciblé vers les jeunes et co-marquage de la cigarette électronique avec une marque traditionnelle de cigarette 79,1 14,6 73,7 12,6 86,8 17,2
Exiger que les marchands de tabac obtiennent une licence spéciale pour la vente de produits du tabacNote de bas de page a 44,9 12,3 52,3 10,9 34,5 14,1
Orienter les choix par des mesures dissuasives
Augmenter le prix des cigarettes jusqu'à 1 $ le paquet de 25 cigarettes 59,4 16,9 58,4 14,4 60,8 20,3
Augmenter le prix des cigarettes de plus de 1 $ le paquet de 25 cigarettes 52,2 18,2 46,2 16,7 60,8 20,3
Orienter les choix par des mesures incitatives
Subventionner 100 % des coûts des traitements pour arrêter de fumer, y inclus la thérapie de remplacement de la nicotine (TRN)Note de bas de page a 44,4 8,3 35,0 6,3 57,9 10,9
Orienter les choix en modifiant la politique par défaut
Appliquer pleinement la législation en vigueur liée à la réduction du tabagisme 94,2 8,3 91,4 6,9 98,3 10,2
Exiger que la cigarette électronique soit visuellement différente de la cigarette ordinaire 86,3 17,9 84,7 17,2 88,5 18,8
Exiger que tout produit du tabac soit vendu dans un paquet normalisé et sans éléments promotionnels sauf la marque, les risques pour la santé, la liste des ingrédients nocifs et des émissionsNote de bas de page a 64,1 13,2 55,0 13,2 76,6 13,3
Exiger la normalisation de la forme, grandeur, couleur et des filtres des cigarettes et autres produits du tabacNote de bas de page b 53,2 17,9 35,2 16,7 78,6 19,5
Interdire, aux points de vente, les panneaux qui affichent le prix et la disponibilité des produits du tabac 50,6 12,9 44,7 12,6 58,6 13,3
Offrir le choix
Fournir des programmes de conseils et de soutien aux personnes qui veulent arrêter de fumer 93,7 6,0 90,4 4,0 98,3 8,6
Exiger des options de soutien fournies par l'employeur, telles que le counselling ou la thérapie de remplacement de la nicotine, dans tout lieu de travail où il est interdit de fumerNote de bas de page a 33,3 9,6 16,5 9,2 56,5 10,2
Fournir des renseignements
Mettre en œuvre des campagnes d'éducation pour le public concernant les conséquences de l'usage du tabacNote de bas de page a 75,5 7,9 64,4 6,3 91,3 10,2
Déployer des campagnes de dénormalisation de l'industrie du tabac qui éduquent le public sur les pratiques trompeuses de l'industrieNote de bas de page a 67,3 12,9 50,6 11,5 90,8 14,8
Réorienter l'action gouvernementale
Réaffectation, par le gouvernement, de 100 % des nouveaux revenus attribués au tabac directement aux programmes de prévention des maladies chroniques et aux programmes de santé et bien-être 84,8 8,3 81,5 6,9 89,6 10,2
Actionner les compagnies de tabac afin de recouvrer les coûts des soins de santé suite aux pratiques de marketing trompeuses et négligentes telles que cibler les jeunes, mentir au sujet des effets sur la santé, lutter contre les lois, etc.Note de bas de page a 46,8 11,6 31,6 9,2 68,8 14,8
Actionner les compagnies de tabac dans le but d'indemniser les personnes lésées par les produits du tabac et addictées à la nicotine (le recours collectif des fumeurs du Québec)Note de bas de page b 29,1 12,3 12,3 10,9 52,7 14,1
Note de bas de page a

Indique une différence qualitative d'un niveau entre le soutien indiqué par les influenceurs de l'Alberta et ceux du Québec.

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Note de bas de page b

Indique une différence qualitative de deux niveaux entre le soutien indiqué par les influenceurs de l'Alberta et ceux du Québec.

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Les éléments de l'enquête auprès de la population générale se sont vu attribuer les mêmes niveaux que ceux de l'enquête auprès des influenceurs (voir le tableau 4). Cependant, la version réduite destinée au grand public ne comprenait pas les politiques classées dans les catégories « restreindre les choix », « offrir le choix » et « fournir des renseignements ». La politique ayant remporté l'appui le plus élevé (PFN = 94,2 : « extrêmement favorable ») dans l'ensemble du groupe des influenceurs a été « mettre pleinement en application la législation actuelle sur la réduction du tabagisme », une politique de niveau « orienter les choix en modifiant la politique par défaut ». La politique ayant remporté l'appui le plus faible (PFN = 29,1 : « légèrement favorable ») chez les influenceurs a été « poursuivre en justice les fabricants de produits du tabac afin d'obtenir une indemnisation pour les personnes qui ont subi un préjudice causé par les produits du tabac et la dépendance à la nicotine », une politique de niveau « réorienter l'action gouvernementale ».

Tableau 4. Pourcentage net des membres du grand public de l'Alberta et du Québec qui se sont montrés favorables aux options en matière de politiques de lutte contre le tabagisme, d'après le sondage Prévention des maladies chroniques de 2016
Options en matière de politiques de lutte contre le tabagisme Total Alberta Québec
PFN % Données manquantes % PFN % Données manquantes % PFN % Données manquantes %
Éliminer les choix
Renforcer les procédures pour prévenir la vente illégale aux mineurs (par exemple, contrôle obligatoire de l'identité des personnes de moins de 25 ans, formation des employés, aucun employé de moins de 18 ans, etc.) 86,5 0,3 84,3 0,3 88,6 0,3
Interdire la vente de la cigarette électronique aux mineurs (18 ou 19 ans, selon l'âge légal de la province) 80,5 1,7 79,6 1,8 81,4 1,7
Interdire de fumer dans tous les espaces publics extérieurs là où les enfants sont présents (par exemple : terrains de jeu, parcs, terrains de sport, plages) 78,4 0,3 72,6 0,3 84,3 0,3
Interdire l'utilisation du narguilé (aussi appelé houka) dans tous les espaces publics où l'usage du tabac est interdit 64,4 14,0 60,7 6,8 68,7 21,2
Interdire la cigarette électronique dans tous les espaces publics où la consommation du tabac est interdit 64,4 2,3 63,5 2,7 65,2 1,8
Interdire de fumer dans tous les lieux de travail, y inclus les sites extérieurs 59,4 0,5 51,2 0,7 67,5 0,4
Interdire tout produit du tabac aromatisé, y inclus la cigarette au menthol 50,7 1,9 44,8 1,8 56,7 1,9
Interdire de fumer dans tous les véhicules motorisésNote de bas de page a 46,5 1,2 36,3 1,2 56,7 1,2
Orienter les choix par des mesures dissuasives
Augmenter le prix des cigarettes jusqu'à 1 $ le paquet de 25 cigarettes 43,6 2,3 43,6 1,8 43,5 2,7
Augmenter le prix des cigarettes de plus de 1 $ le paquet de 25 cigarettesNote de bas de page a 41,9 2,0 39,2 1,8 44,7 2,1
Orienter les choix par des mesures incitatives
Subventionner 100 % des coûts des traitements pour arrêter de fumer, y inclus la thérapie de remplacement de la nicotine (TRN) 61,7 1,3 55,6 1,3 67,8 1,2
Orienter les choix en modifiant la politique par défaut
Exiger que tout produit du tabac soit vendu dans un paquet normalisé et sans éléments promotionnels sauf la marque, les risques pour la santé, la liste des ingrédients nocifs et des émissions 57,9 2,6 53,4 2,0 62,5 3,2
Action gouvernementale
Actionner les compagnies de tabac afin de recouvrer les coûts des soins de santé suite aux pratiques de marketing trompeuses et négligentes telles que cibler les jeunes, mentir au sujet des effets sur la santé, lutter contre les lois, etc. 55,7 1,6 47,8 1,6 63,6 1,7
Note de bas de page a

Indique une différence qualitative d'un niveau entre le soutien indiqué par les membres du grand public de l'Alberta et ceux du Québec.

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Considérés séparément, les influenceurs de l'Alberta et du Québec ont exprimé des degrés d'appui différents envers 15 des 29 politiques de lutte contre le tabagisme. Les deux politiques pour lesquelles la différence d'appui a été le plus marquée (une différence d'appui de deux niveaux sur l'échelle d'intervention) étaient :

Au sein de la population générale des deux provinces considérée dans son ensemble, la politique à laquelle les répondants se sont montrés le plus favorables a été le renforcement des procédures visant à empêcher la vente illégale à des mineurs, une politique de niveau « éliminer les choix » (PFN = 86,5 : « extrêmement favorable »). À l'opposé, la politique qui a remporté le plus faible appui dans l'ensemble de la population générale était l'augmentation des taxes sur le tabac de plus de 1,00 $ par paquet de 25 cigarettes, une politique de niveau « orienter les choix par des mesures dissuasives » (PFN = 41,9 : « légèrement favorable »). La politique suivante pour ce qui est de l'appui le plus faible était du même ordre et consistait en une augmentation des taxes sur le tabac de 1,00 $ ou moins par paquet de 25 cigarettes (PFN = 43,6 : « très favorable »).

Les répondants du grand public de l'Alberta et du Québec ont exprimé un degré d'appui différent au sujet de deux politiques seulement (contre 15 chez les influenceurs) :

Dans l'ensemble, les influenceurs et les membres du grand public n'ont exprimé un degré d'appui différent qu'au sujet de deux politiques :

Analyse

L'un des principaux défis de l'adoption de mesures en santé publique consiste à tenir compte des tendances qui opposent la défense des libertés individuelles et la promotion d'une santé optimale à l'échelle de la populationNote de bas de page 22. Les résultats de nos recherches illustrent la tension entre ces deux tendances : ils révèlent en effet divers degrés d'appui envers les politiques de lutte contre le tabagisme fondées sur des données probantes lorsqu'elles restreignent les libertés individuelles. D'après nos résultats, la population générale et les influenceurs étaient « extrêmement » ou « très » favorables à la majorité des politiques de santé publique destinées à la lutte contre le tabagisme incluses dans le sondage PMC. Ce résultat est prometteur, car il suggère, parmi les intervenants gouvernementaux et non gouvernementaux, ainsi que chez les citoyens, un degré d'acceptation global élevé des interventions stratégiques et destinées à différents milieux visant la réduction de la consommation de tabac, notamment à fumer. Nos constatations mettent en évidence les politiques antitabac qui, au cours du processus de transformation des politiques visant l'atteinte des objectifs de réduction du tabagisme, offriraient des « victoires rapides »Note de bas de page 1.

Nous avons par exemple constaté que les influenceurs et la population générale étaient favorables aux politiques de lutte contre le tabagisme ciblant les enfants et les jeunes, ainsi qu'aux politiques ciblant la réglementation de la cigarette électronique. Les influenceurs et la population générale étaient en effet « très favorables » à l'interdiction d'utiliser les cigarettes électroniques dans tous les lieux publics où la consommation de tabac est interdite et « extrêmement favorables » à l'interdiction de la vente de cigarettes électroniques aux mineurs. Ces résultats pourraient revêtir un intérêt particulier pour les promoteurs de politiques publiques axées sur la santé en Alberta, car la province n'avait pas encore, en avril 2019, adopté de lois spéifiques sur la réglementation de la cigarette électronique Note de bas de page 41, Note de bas de page 42. Le degré élevé de soutien des répondants de l'Alberta envers la réglementation de la cigarette électronique dans la province constitue en effet une occasion pour les défenseurs de la santé publique de tirer parti de la situation et de plaider pour des interventions sous forme de politiques et dans différents milieux.

Dans le cadre de notre analyse, nous avons utilisé l'échelle d'intervention du NCB pour évaluer l'appui envers les politiques selon leur degré d'atteinte aux libertés individuelles. Selon le NCB, pour que la population l'accepte, une approche plus intrusive exige des preuves plus solides (selon lesquelles la perte de liberté sera compensée par un effet réel de l'intervention)Note de bas de page 22. Autrement dit, moins les interventions stratégiques et destinées aux milieux sont intrusives, plus elles semblent acceptablesNote de bas de page 23. Néanmoins, nous avons constaté un soutien considérable tant chez les influenceurs qu'au sein du grand public envers certaines politiques restrictives se trouvant au niveau supérieur de l'échelle d'intervention (c.-à-d. « éliminer les choix »).

Le degré d'appui élevé envers les politiques qui « restreignent » les options ou en « éliminent » témoigne peut-être du succès des nombreuses politiques restrictives qui ont été prises à l'égard du tabagisme au CanadaNote de bas de page 43. L'appui pourrait aussi être lié au fait que les répondants étaient ou non fumeurs, une variable prédictive que nous n'avons pas mesurée. Cependant, une récente enquête canadienne a révélé un appui élevé, même chez les fumeurs, envers des politiques de lutte contre le tabagisme qui iraient au-delà des approches législatives actuelles, de nombreux Canadiens regrettant d'avoir commencé à fumer, souhaitant arrêter ou prévoyant d'arrêterNote de bas de page 15.

Le niveau de scolarité atteint pourrait aussi être un facteur prédictif de l'appui envers les politiques antitabacNote de bas de page 15. La grande majorité des personnes qui ont participé à notre enquête avaient terminé des études postsecondaires, ce qui pourrait avoir eu un effet sur le degré élevé d'appui envers les politiques restrictives de lutte contre le tabagisme.

Selon les résultats du sondage PMC de 2016, le degré d'atteinte que portent aux libertés individuelles les politiques publiques axées sur la santé n'est qu'un des éléments ayant une incidence sur les attitudes par rapport à la lutte contre le tabagisme. Bien que nous ayons constaté un appui élevé envers les politiques correspondant aux niveaux les plus élevés de l'échelle d'intervention, le plus faible appui exprimé l'a été envers les politiques qui « orientent le choix par des mesures dissuasives » (un des niveaux intermédiaires de l'échelle d'intervention), en particulier chez les répondants du grand public. Les membres de la population générale qui ont répondu à notre enquête ont exprimé l'appui le plus faible envers les politiques d'augmentation des taxes sur les paquets de cigarettes (les PFN ont été de 43,6 et de 41,9 pour les deux politiques proposées). Il s'agit d'un résultat étonnant dans la mesure où la majorité des répondants n'étaient probablement pas fumeurs (en effet, la prévalence du tabagisme au Canada était de 15 % en 2017Note de bas de page 2, et les participants issus du grand public qui ont formé l'échantillon étaient issus d'une sélection par composition aléatoire de numéros de téléphone). Les non-fumeurs n'auraient pas été directement touchés par de telles politiques. Le faible degré d'appui envers les politiques fiscales pourrait indiquer que les préférences en matière de politiques ne sont pas uniquement guidées par l'intérêt personnelNote de bas de page 44, mais aussi par des croyances sociales profondément enracinées propres aux milieux politiques néolibéraux (c.-à-d. où l'on a une préférence marquée pour la non-intervention de l'État).

De plus, certaines stratégies classées au niveau de la « réorientation de l'action gouvernementale » (p. ex. les poursuites contre les fabricants de produits du tabac afin d'obtenir une indemnisation pour les personnes qui ont subi un préjudice causé par les produits du tabac et la dépendance à la nicotine) figuraient aussi parmi les moins populaires chez les influenceurs, en particulier en Alberta. Ce faible soutien constitue un défi pour les promoteurs de la santé publique qui œuvrent à réduire le tabagisme, d'autant plus que les politiques fiscales (qui entrent aussi dans cette catégorie) ont fait leurs preuves comme moteurs de transformation des comportementsNote de bas de page 3. D'après les résultats de l'enquête, les promoteurs de la santé pourraient avoir à consacrer leurs efforts de sensibilisation aux effets positifs sur la santé publique des mesures fiscales de réduction de la consommation de tabac. Une des approches qui contribue à augmenter l'appui envers les politiques fiscales de réduction du tabagisme consiste à affecter les recettes fiscales supplémentaires à un soutien direct des initiatives axées sur la santé. Par exemple, il a été constaté que les fumeurs sont plus susceptibles d'appuyer l'imposition de taxes sur les produits du tabac si les taxes sont consacrées au financement de projets de santé plutôt que transférées dans le budget général finançant d'autres prioritésNote de bas de page 44.

Dans l'ensemble, les influenceurs et le grand public ont indiqué un degré comparable d'appui envers la grande majorité des politiques de lutte contre le tabagisme proposées dans le sondage PMC de 2016. Deux mesures présentaient une différence de popularité notable, soit l'interdiction des narguilés dans les lieux publics où le tabac est interdit et l'augmentation des taxes sur le tabac de plus de 1,00 $ par paquet de 25 cigarettes. Dans les deux cas, les influenceurs ont exprimé un appui plus important que les membres de la population générale. Notons que si les influenceurs prennent le risque d'adopter une politique malgré un faible appui de la population, cela n'empêche pas la modification des comportements. On a en effet constaté que l'appui envers une politique augmentait au fil du temps à la suite de l'adoption de la loi pertinente Note de bas de page 14, Note de bas de page 23.

Les membres du grand public en Alberta et au Québec ont exprimé un degré comparable d'appui envers la majorité des politiques (11/13) : il s'agit d'un résultat étonnant, car les recherches antérieures avaient démontré que les fumeurs du Québec appuyaient de façon plus marquée les politiques de lutte contre le tabagisme que les fumeurs albertainsNote de bas de page 15. Les influenceurs de l'Alberta et du Québec se sont montrés, au contraire, en désaccord sur plus de la moitié des politiques (15/29). Les Québécois influents se sont notamment montrés « extrêmement favorables » aux deux politiques du niveau de « l'information » (comme les campagnes visant à dénormaliser l'usage du tabac et à éduquer le grand public aux pratiques trompeuses de l'industrie du tabac), alors que les Albertains influents n'y étaient que « très favorables » (les PFN ont été de 90,8 et de 91,3 au Québec, contre 50,6 et 64,4 en Alberta). Bien que les mesures « informatives » se trouvent tout en bas de l'échelle d'intervention du NCB, c'est-à-dire qu'elles sont les moins intrusives, les politiques de ce niveau n'ont pas été les plus populaires chez les Albertains influents. C'est également une surprise, car, par le passé, ce gouvernement provincial a plutôt été partisan des politiques les moins interventionnistesNote de bas de page 45. Il est cependant possible que les campagnes « d'information » visant l'industrie du tabac soient perçues comme plus interventionnistes que les documents sur l'abandon du tabac présenté comme un choix individuel. Contrairement à l'opinion en matière de politiques en Alberta, l'opinion au Québec est généralement favorable à l'intervention de l'État, par exemple au moyen de la taxation et de l'affectation de fondsNote de bas de page 46. On définit l'Alberta depuis un certain nombre d'années comme « un État démocratique néolibéral à parti politique unique, gouverné par les conservateurs »Note de bas de page 45,p.258 [traduction], tandis que le Québec a un passé de social-démocratie à syndicats forts, où l'État est plus présentNote de bas de page 47. Il n'est donc pas étonnant que, par rapport aux politiques au sujet desquelles l'avis des influenceurs divergeait d'une province à l'autre (15/29), les Québécois influents aient exprimé un avis plus favorable dans 14 des 15 cas. La tradition politique spécifique (interventionnisme ou non de l'État) à chacune des deux provinces pourrait expliquer les différences dans le degré d'appui.

Points forts et limites

Le sondage PMC était limitée par son échantillon transversal et mixte, à la fois choisi (influenceurs de politiques) et aléatoire (grand public), ce qui a empêché une interprétation longitudinale ou de cause à effet des résultats. Nous avons plutôt calculé les valeurs du PFN, une mesure élaborée pour les études de marché (où les répondants plus motivés constituent généralement la norme) afin de faciliter la prise de décisions à propos d'initiatives commercialesNote de bas de page 37. De façon similaire, nous avons utilisé les valeurs du PFN pour mieux comprendre les points de vue des influenceurs et du grand public afin d'orienter les mesures de promotion. Le faible taux de réponse à l'enquête a constitué également une limite, comme dans bon nombre d'enquêtes similaires menées auprès de professionnels Note de bas de page 48, Note de bas de page 49. D'ailleurs, on observe une baisse globale de la participation aux enquêtes dans leur ensembleNote de bas de page 50. Le faible taux de réponse a rendu difficile, entre autres, l'analyse de l'appui aux politiques par sous-groupe d'influenceurs. Bien que des travaux de recherche aient démontré que la diminution des taux de participation aux enquêtes ne fausse pas nécessairement les résultats Note de bas de page 51, Note de bas de page 52, nous avons utilisé diverses stratégies visant à réduire le biais de non-réponse, comme les appels et les courriels de suivi répétés (selon le groupe de participants), pour nous assurer d'obtenir le plus grand échantillon possible.

Notre examen ciblé de l'appui des influenceurs et du grand public à l'égard des politiques éventuelles de lutte contre le tabagisme dans deux provinces canadiennes constitue l'un des points forts de cette recherche. À notre connaissance, peu d'études menées en contexte canadien ont examiné l'acceptabilité des interventions contre le tabagisme à la fois selon les intervenants gouvernementaux et non gouvernementaux et selon le grand public Note de bas de page 7, Note de bas de page 19, Note de bas de page 20. Bien que notre enquête ait été réalisée en 2016, nos constatations fournissent encore, au moment de la rédaction de cet article, l'aperçu le plus à jour des opinions des influenceurs et du grand public sur l'acceptabilité des politiques de lutte contre le tabagisme en Alberta et au Québec. Bien qu'il soit possible que les opinions des participants aient changé depuis 2016, des études antérieures indiquent que l'appui à l'égard des politiques de lutte contre le tabagisme tend vers une plus grande acceptabilité avec le temps Note de bas de page 23, Note de bas de page 53, Note de bas de page 54. Par conséquent, il se peut que les niveaux de soutien du sondage PMC de 2016 suivent une tendance similaire. Les prochains cycles du sondage PMC tireraient profit de l'ajout d'autres variables individuelles pouvant avoir une influence sur les niveaux de soutien (p. ex. le fait de fumer ou non), ainsi que de l'exploration des tendances en matière de soutien au fil du temps, notamment une mise à jour en 2019 sur les différentes politiques de lutte contre le tabagisme.

Un autre point fort de cette étude a été l'élaboration de la liste de codage de l'échelle d'interventionNote de bas de page 38, un premier effort notable pour accroître la capacité d'interprétation des niveaux de l'échelle d'intervention du NCB appliquée à des études sur les politiques publiques axées sur la santé. Ce travail a contribué à améliorer la transparence de nos observations et a conduit à la création d'une nouvelle catégorie visant à « réorienter l'action gouvernementale ». Nous pensons que d'autres chercheurs pourraient trouver la liste de codage que nous avons élaborée fort utile pour interpréter l'échelle d'intervention du NCB, en particulier pour comprendre les enjeux éthiques des différentes politiques publiques axées sur la santé qui n'entrent pas dans les catégories de l'échelle d'origine. L'utilisation de plusieurs codeurs dans le processus d'analyse a permis d'accroître la rigueur du codage.

Un dernier point fort de notre étude réside dans le fait que les options en matière de politiques présentées aux répondants ont été examinées en détail par un groupe d'experts composé de membres d'organismes communautaires, de praticiens et de chercheurs dans le domaine de la lutte contre le tabagisme, qui les a jugées opportunes et fondées sur des données probantes, ce qui accroît la pertinence de nos conclusions et leur application dans le cadre d'initiatives politiques.

Conclusion

Alors que le gouvernement du Canada renouvelle son engagement à l'égard de la politique de lutte contre le tabagisme, laquelle vise à réduire considérablement le fardeau du tabagisme au sein de la populationNote de bas de page 1, il est important d'examiner les niveaux d'appui des influenceurs et du grand public aux éventuelles interventions, afin de sélectionner stratégiquement les initiatives et activités de lutte antitabac. D'après les recherches que nous avons effectuées, les répondants considèrent presque toutes les politiques proposées de lutte contre le tabagisme comme « extrêmement », « très » ou « légèrement » favorables, même les politiques qui restreignent fortement ou suppriment les libertés individuelles. Les politiques jugées particulièrement favorables sont celles qui renforcent la réglementation des nouveaux produits du tabac (p. ex. les cigarettes électroniques) afin qu'elle soit aussi stricte que la réglementation actuelle des produits du tabac, ainsi que les politiques qui visent les enfants et les jeunes. Notre étude fournit d'autres renseignements sur certains des obstacles que les promoteurs de la santé peuvent rencontrer dans l'optimisation des politiques de lutte contre le tabagisme. Par exemple, bien que la taxation des produits du tabac ait été l'une des politiques les plus efficaces pour réduire l'usage du tabacNote de bas de page 6, nous avons constaté qu'il s'agissait de l'une des interventions les moins appuyées. Nous avons également constaté de nombreuses différences relativement aux niveaux de soutien entre les influenceurs de l'Alberta et ceux du Québec, ces derniers manifestant un appui plus marqué à la plupart des politiques. Pour que le Canada atteigne sa nouvelle cible de réduction du tabagisme à moins de 5 %, les promoteurs de la santé devront définir des stratégies aptes à surmonter les obstacles à l'adoption de politiques efficaces et à réduire les méfaits du tabagisme grâce à des stratégies de choix du contenu diffusé mettant en relief les avantages pour la santé de la population. Malgré les légères différences de niveau de soutien observées dans notre étude, nous avons constaté que les influenceurs et le grand public se sont montrés favorables, en général, à la grande majorité des politiques de lutte contre le tabagisme. Ces niveaux de soutien favorables sont positifs et devraient encourager les promoteurs de la santé à réclamer des mesures législatives plus vigoureuses en matière de politiques et d'interventions de lutte contre le tabagisme afin d'atteindre les objectifs du Canada pour 2035.

Remerciements

Ces travaux ont reçu le soutien du Partenariat canadien contre le cancer dans le cadre du projet Connaissances et actions liées pour une meilleure prévention (COALITION) sur les politiques, Policy Opportunity Windows - Engaging Research Uptake in Practice (POWER UP!). Mme Nykiforuk a également reçu du soutien dans le cadre de sa chaire en santé publique appliquée des Instituts de recherche en santé du Canada, en partenariat avec l'Agence de la santé publique du Canada et Alberta Innovates - Health Solutions (2014-2019; CPP 137909). Les auteures remercient les partenaires de l'Association pour la santé publique du Québec pour leur appui dans la réalisation de l'enquête. Elles souhaitent également remercier Hannah Faye Mercader pour sa précieuse contribution au projet.

Conflits d'intérêts

Les auteures déclarent n'avoir aucun conflit d'intérêts.

Contributions des auteures et avis

Mmes Nykiforuk et Raine ont dirigé la conception du projet et obtenu son financement. Mme Nykiforuk a dirigé l'élaboration et l'exécution de l'enquête et en a supervisé l'analyse. Mmes McGetrick et Kongats ont effectué l'analyse. Mme Kongats a rédigé le manuscrit avec le soutien éditorial critique de Mmes McGetrick, Nykiforuk et Raine.

Le contenu de l'article et les points de vue qui y sont exprimés n'engagent que les auteurs et ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

Références

Note de bas de page 1

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Ruokolainen O, Ollila H, Patja K, Borodulin K, Laatikainen T, Korhonen T. Social climate on tobacco control in an advanced tobacco control country: a population-based study in Finland. Nord Stud Alcohol Drugs. 2018;35(3):152-164. doi:10.1177/1455072518767750.

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Note de bas de page 18

Kuang Hock L, Hui Li L, Chien Huey T, et al. Support for smoke-free policy among Malaysian adults: findings from a population-based study. BMJ Open. 2019;9(2):e020304. doi:10.1136/bmjopen-2017-020304.

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Note de bas de page 19

Cohen JE, de Guia NA, Ashley MJ, Ferrence R, Northrup DA, Studlar DT. Predictors of Canadian legislators' support for tobacco control policies. Soc Sci Med. 2002;55(6):1069-1076. doi:10.1016/S0277-9536(01)00244-1.

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Note de bas de page 20

de Guia NA, Cohen JE, Ashley MJ, et al. Support for tobacco control policies: how congruent are the attitudes of legislators and the public? Can J Public Health. 2003;94(1):36-40. doi:10.1007/BF03405050.

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Note de bas de page 21

Rosen LJ, Rier DA, Connolly G, Oren A, Landau C, Schwartz R. Do health policy advisors know what the public wants? An empirical comparison of how health policy advisors assess public preferences regarding smoke-free air, and what the public actually prefers. Isr J Health Policy Res. 2013;2(1):20. doi:10.1186/2045-4015-2-20.

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Note de bas de page 22

Nuffield Council on Bioethics. Public health: ethical issues. Londres (R.-U.) : Nuffield Council on Bioethics; 2007.

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Note de bas de page 23

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Note de bas de page 24

Coburn D. Income inequality, social cohesion and the health status of populations: the role of neo-liberalism. Soc Sci Med. 2000;51(1):135-146. doi:10.1016/S0277-9536(99)00445-1.

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Note de bas de page 25

Clark J, Crandall PG, O'Bryan C. Climbing the intervention ladder to handwashing compliance: a review and directions for future research. Food Control. 2018;84:544-551. doi:10.1016/j.foodcont.2017.09.009.

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Note de bas de page 26

Patel MS. Nudges for influenza vaccination. Nat Hum Behav. 2018;2(10):720-721. doi:10.1038/s41562-018-0445-x.

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Note de bas de page 27

Jebb SA. Carbohydrates and obesity: from evidence to policy in the UK. Proc Nutr Soc. 2015;74(3):215-220. doi:10.1017/S0029665114001645.

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Note de bas de page 28

Stok FM, de Ridder DT, de Vet E, et al. Hungry for an intervention? Adolescents' ratings of acceptability of eating-related intervention strategies. BMC Public Health. 2016;16(1):5. doi:10.1186/s12889-015-2665-6.

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Note de bas de page 29

Hillier-Brown FC, Summerbell CD, Moore HJ, et al. The impact of interventions to promote healthier ready-to-eat meals (to eat in, to take away or to be delivered) sold by specific food outlets open to the general public: a systematic review. Obes Rev. 2017;18(2):227-246. doi:10.1111/obr.12479.

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Note de bas de page 30

Kongats K, McGetrick JA, Raine KD, Voyer C, Nykiforuk CI. Assessing general public and policy influencer support for healthy public policies to promote healthy eating at the population level in two Canadian provinces. Public Health Nutr. 2019;22(8):1492-1502. doi:10.1017/S1368980018004068.

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Note de bas de page 31

McGetrick JA, Kongats K, Raine KD, Voyer C, Nykiforuk CI. Healthy public policy options to promote physical activity for chronic disease prevention: understanding Canadian policy influencer and general public preferences. J Phys Act Health. 2019;16(7):565-574. doi:10.1123/jpah.2018-0020.

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Note de bas de page 32

Knai C, Petticrew M, Durand MA, Eastmure E, Mays N. Are the Public Health Responsibility Deal alcohol pledges likely to improve public health? An evidence synthesis. Addiction. 2015;110(8):1232-1246. doi:10.1111/add.12855.

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Note de bas de page 33

Hoek J. Informed choice and the nanny state: learning from the tobacco industry. Public Health. 2015;129(8):1038-1045. doi:10.1016/j.puhe.2015.03.009.

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Note de bas de page 34

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Note de bas de page 35

Jepson RG, Harris FM, Platt S, Tannahill C. The effectiveness of interventions to change six health behaviours: a review of reviews. BMC Public Health. 2010;10:538. doi:10.1186/1471-2458-10-538.

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Note de bas de page 36

Shanahan EA, McBeth MK, Hathaway PL. Narrative policy framework: the influence of media policy narratives on public opinion. Polit Policy. 2011;39(3):373-400. doi:10.1111/j.1747-1346.2011.00295.x.

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Note de bas de page 37

Roselius T. Consumer rankings of risk reduction methods. J Mark. 1971;35(1):56-61. doi:10.1177/002224297103500110.

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Note de bas de page 38

PLACE Research Lab. Intervention Ladder Policy Analysis Framework [Internet]. Edmonton (AB): University of Alberta; 2017 [consultation le 15 novembre 2017]. En ligne à : http://placeresearchlab.com/chronic-disease-prevention-survey/#1510675691441-561b7d9e-0277

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Note de bas de page 39

Howlett M. Public managers as the missing variable in policy studies: An empirical investigation using Canadian data. Rev Policy Res. 2011;28(3):247-263. doi:10.1111/j.1541-1338.2011.00494.x.

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Note de bas de page 40

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Note de bas de page 41

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Note de bas de page 42

Dubois S. Here's what Alberta's major political parties say about a tax on e-cigarettes [Internet]. Edmonton (AB): CBC; 2019 [mise à jour le 29 mars 2019]. En ligne à : https://www.cbc.ca/news/canada/edmonton/alberta-vaping-products-tax-1.5076279

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Note de bas de page 43

Tilson M. Country reports on smoke-free policies in Canada. Genève (CH) : Organisation mondiale pour la santé; 2018.

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Spivak AL, Givel MS, Monnat SM. Self-interest and public opinion in health policy: smoking behavior and support for tobacco control. Soc Theory Health. 2018;16(1):20-43. doi:10.1057/s41285-017-0041-6.

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Note de bas de page 45

Patten S. The politics of Alberta's one-party state. In: CW Smith, BM Evans, editors. Transforming provincial politics: the political economy of Canada's provinces and territories in the neoliberal era. Toronto (Ont.) : University of Toronto Press; 2015. p. 255-84.

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Note de bas de page 46

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Note de bas de page 47

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Note de bas de page 48

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Note de bas de page 49

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Note de bas de page 50

Curtin R, Presser S, Singer E. Changes in telephone survey nonresponse over the past quarter century. Public Opin Q. 2005;69(1):87-98. doi:10.1093/poq/nfi002.

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Note de bas de page 51

Keeter S, Miller C, Kohut A, Groves RM, Presser S. Consequences of reducing nonresponse in a national telephone survey. Public Opin Q. 2000;64(2):125-148. doi:10.1086/317759.

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Note de bas de page 52

Groves RM. Nonresponse rates and nonresponse bias in household surveys. Public Opin Q. 2006;70(5):646-675. doi:10.1093/poq/nfl033.

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Note de bas de page 53

Heloma A, Jaakkola MS. Four-year follow-up of smoke exposure, attitudes and smoking behaviour following enactment of Finland's national smoke-free work-place law. Addiction. 2003;98(8):1111-1117. doi:10.1046/j.1360-0443.2003.00429.x.

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Note de bas de page 54

Pursell L, Allwright S, O'Donovan D, et al. Before and after study of bar workers' perceptions of the impact of smoke-free workplace legislation in the Republic of Ireland. BMC Public Health. 2007;7(1):131. doi:10.1186/1471-2458-7-131.

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