Aperçu – Mise à jour sur la santé mentale positive chez les jeunes au Canada

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Mélanie Varin, M. Sc.; Elia Palladino, B. Sc. S.; Tanya Lary, M.A.; Melissa Baker, Ph. D.

https://doi.org/10.24095/hpcdp.40.3.03f

Rattachement des auteures :

Agence de la santé publique du Canada, Ottawa (Ontario), Canada

Correspondance : Mélanie Varin, Agence de la santé publique du Canada, 785, avenue Carling, Ottawa (Ontario)  K1S 5H4; courriel : melanie.varin@canada.ca

Résumé

Le Cadre d'indicateurs de surveillance de la santé mentale positive (CISSMP) fournit des estimations des résultats et des facteurs de risque et de protection associés à une santé mentale positive pour les jeunes de 12 à 17 ans au Canada. Nous avons examiné la relation entre divers facteurs sociodémographiques et le bien-être psychologique et social chez les jeunes au Canada à l'aide des données tirées de l'Enquête canadienne sur le tabac, l'alcool et les drogues chez les élèves de 2016-2017. Le niveau scolaire et la province étaient significativement associés au bien-être psychologique et social.

Mots-clés : santé mentale positive, jeunes, santé publique, Canada

Introduction

En 2017, l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a publié le Cadre d'indicateurs de surveillance de la santé mentale positive pour les jeunes (le Cadre-Jeunes), articulé autour de cinq résultats en matière de santé mentale positive : la santé mentale autoévaluée, le bonheur, la satisfaction à l'égard de la vie, le bien-être psychologique et le bien-être social^{Note de bas de page 1}. Le Cadre-Jeunes vise à combler une lacune dans la surveillance de la santé mentale positive, à fournir un aperçu de l'état de la santé mentale positive et à orienter les politiques et les programmes de santé mentale au Canada^{Note de bas de page 2}. Notre aperçu fournit les estimations les plus à jour de la santé mentale positive et des déterminants individuels, familiaux, communautaires et sociaux associés à la santé mentale des jeunes Canadiens de 12 à 17 ans. Le bien-être est une composante essentielle de la santé mentale positive et, à ce titre, il est important d'en faire la promotion^{Note de bas de page 3}. Pour avoir un portrait plus complet du bien-être des jeunes au Canada, nous avons également examiné les relations entre divers facteurs sociodémographiques et trois éléments du bien-être psychologique et social, soit l'autonomie, la compétence et l'appartenance.

Méthodologie

Nous avons exploré les relations entre le sexe, le niveau scolaire et la province ainsi que l'autonomie, la compétence et l'appartenance à l'aide des données tirées de l'Enquête canadienne sur le tabac, l'alcool et les drogues chez les élèves (ECTADE) 2016-2017. La conception de l'enquête étant complexe, toutes les estimations ont été pondérées en fonction du poids d'échantillonnage et la méthode bootstrap a été utilisée pour les estimations de variance. Nous avons réalisé trois modèles de régression logistique ajustés. Toutes les analyses statistiques ont été réalisées à l'aide du logiciel SAS Enterprise Guide, version 7.1 (SAS Institute Inc., Cary, Caroline du Nord, États-Unis).

Bien-être psychologique – ECTADE 2016-2017

Autonomie

On a demandé aux jeunes d'encercler la réponse qui représentait le mieux leurs sentiments et la façon dont ils croyaient que les autres les avaient perçus au cours de la dernière semaine. Les six énoncés suivants ont été inclus : 1) « Je me sens libre de m'exprimer à la maison »; 2) « Je me sens libre de m'exprimer avec mes amis »; 3) « Je me sens libre de choisir quand et comment faire mes devoirs »; 4) « Je me sens libre de choisir quelles activités faire avec mes amis »; 5) « Je me sens libre de m'exprimer à l'école »; 6) « J'ai l'impression de pouvoir décider quand et comment faire mes tâches domestiques ».

Compétence

On a demandé aux jeunes d'encercler la réponse qui représentait le mieux leurs sentiments et la façon dont ils croyaient que les autres les avaient perçus au cours de la dernière semaine. Les six énoncés suivants ont été inclus : 1) « Je sens que je fais bien les choses à l'école »; 2) « Je sens que mes professeurs pensent que je suis bon pour faire les choses »; 3) « Je sens que je fais bien les choses à la maison »; 4) « Je sens que mes parents pensent que je suis bon pour faire les choses »; 5) « Je sens que je fais bien les choses quand je suis avec mes amis »; 6) « Je sens que mes amis pensent que je suis bon pour faire les choses ».

Bien-être social – ECTADE 2016-2017

Appartenance

On a demandé aux jeunes d'encercler la réponse qui représentait le mieux leurs sentiments et la façon dont ils croyaient que les autres les avaient perçus au cours de la dernière semaine. Les six énoncés suivants ont été inclus : 1) « Mes enseignants m'aiment et se soucient de moi »; 2) « J'aime passer du temps avec mes parents »; 3) « Mes parents m'aiment et se soucient de moi »; 4) « J'aime être avec mes enseignants »; 5) « Mes amis m'aiment et se soucient de moi »; 6) « J'aime passer du temps avec mes amis. »

Voici les réponses possibles aux questions sur l'autonomie, la compétence et l'appartenance : « vraiment faux pour moi », « plutôt faux pour moi », « plutôt vrai pour moi » et « vraiment vrai pour moi ». On a défini l'autonomie, la compétence et l'appartenance élevées comme ayant un score moyen de 3 (catégorie de réponse « plutôt vrai pour moi ») ou 4 (catégorie de réponse « vraiment vrai pour moi ») sur une échelle de 1 à 4.

Résultats

Principales constatations

Les dernières estimations de la prévalence sont présentées dans le tableau 1. De l'ensemble des jeunes au Canada, 75,9 % ont déclaré avoir un niveau élevé de santé mentale autoévaluée et 61,0 % ont déclaré un niveau élevé de satisfaction à l'égard de la vie en 2017. En 2015, 79,3 % des jeunes ont déclaré un niveau de bonheur élevé. En 2016-2017, 73,0 % des jeunes ont déclaré jouir d'une autonomie élevée, 78,4 % ont déclaré une compétence élevée et 81,8 % ont déclaré une appartenance élevée. En raison des changements importants qui ont été apportés à la méthodologie de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) en 2015^{Note de bas de page 4}, les estimations présentées dans l'édition précédente (2017) du Cadre-Jeunes^{Note de bas de page 1}, qui reposent sur les données de l'ESCC 2014, ne sont pas comparables aux données de cette édition (2019).

Déterminants sociodémographiques et résultats associés à la santé mentale positive

Le tableau 2 présente les rapports de cotes (RC) pour l'autonomie, la compétence et l'appartenance ajustés en fonction du sexe, du niveau scolaire et de la province.

Autonomie

La probabilité que les élèves de 12^e année déclarent jouir d'une autonomie élevée était de 12 % (rapport de cotes ajusté [RCa] = 1,12, intervalle de confiance [IC] à 95 % : 1,07 à 1,17) supérieure à celle des élèves de 10^e année. De même, la probabilité que les élèves de 7^e année déclarent jouir d'une autonomie élevée était de 7 % (RCa = 1,07, IC à 95 % : 1,01 à 1,14) supérieure à la probabilité que les élèves de 10^e année déclarent jouir d'une autonomie élevée. Les jeunes du Québec étaient environ deux fois (RCa = 1,98, IC à 95 % : 1,92 à 2,04) plus susceptibles de déclarer jouir d'une autonomie élevée que les jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador. Des rapports de cotes supplémentaires pour les autres provinces sont présentés dans le tableau 2.

Compétence

Les élèves de la 7^e à la 9^e année étaient plus susceptibles d'avoir des compétences élevées que ceux de 10^e année, tandis que les élèves de 11^e année en étaient moins susceptibles. Il n'y avait pas de différence significative quant à la probabilité des résultats en matière de compétence pour les élèves de 12^e année. Comparativement aux jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador, les jeunes de l'Île-du-Prince-Édouard, de l'Ontario, de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la Nouvelle-Écosse, du Manitoba, de la Saskatchewan et du Québec étaient plus susceptibles de déclarer une compétence élevée. Par exemple, la probabilité d'obtenir des résultats élevés dans la composante compétence chez les jeunes de l'Île-du-Prince-Édouard était 1,40 fois supérieure (RCa = 1,40, IC à 95 % : 1,35 à 1,46) à celle des jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador. Des rapports de cotes supplémentaires pour les autres provinces sont présentés dans le tableau 2.

Appartenance

Les jeunes de sexe masculin étaient moins susceptibles de déclarer un niveau d'appartenance élevé que ceux de sexe féminin (RCa = 0,83, IC à 95 % : 0,81 à 0,85). Dans l'ensemble, les jeunes de la 7^e à la 9^e année et de 12^e année étaient plus susceptibles de déclarer un niveau d'appartenance élevé que le groupe de référence de 10^e année. Toutefois, la probabilité d'obtenir des résultats élevés dans la composante appartenance était plus élevée chez les élèves de 7^e et de 8^e années que chez les autres élèves (tableau 2). Il n'y avait pas de différence significative quant à la probabilité des résultats en matière d'appartenance pour les élèves de 11^e année. À l'instar des différences provinciales observées pour ce qui est de l'autonomie et de la compétence, les probabilités d'un grand sentiment d'appartenance étaient plus élevées au Québec, en Ontario, à l'Île-du-Prince-Édouard, en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba, en Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan qu'à Terre-Neuve-et-Labrador (tableau 2).

Conclusion

Le Cadre d'indicateurs de surveillance de la santé mentale positive pour les jeunes est une ressource fondée sur des données probantes qui fournit de l'information sur la santé mentale positive chez les jeunes au Canada. Dans l'ensemble, la majorité des jeunes au Canada ont une santé mentale positive élevée. Nos résultats montrent également que les élèves de 7^e et de 8^e années affichent une probabilité significativement plus élevée de compétence et d'appartenance que les élèves du secondaire. Fait intéressant, nous avons observé des différences entre les provinces en ce qui a trait à la probabilité des résultats sur le plan du bien-être psychologique et social. Comparativement aux autres provinces, le Québec affichait la plus forte association autonomie-appartenance chez les jeunes. Cependant, les jeunes du Québec affichaient des probabilités inférieures à celles des jeunes des autres provinces sur le plan de la compétence. Les constatations présentées dans cet aperçu peuvent éclairer les initiatives de promotion de la santé mentale, en particulier pour ce qui est de certains niveaux scolaires et provinces.

Conflits d'intérêts

Les auteures déclarent n'avoir aucun conflit d'intérêts.

Contributions des auteures et avis

MV, EP, TL et MB ont rédigé l'aperçu. MV a analysé les estimations de prévalence concernant la santé mentale autodéclarée et les indicateurs et réalisé l'analyse du modèle de régression logistique. Toutes les auteures ont interprété les données, et examiné ou révisé le manuscrit.

Le contenu de l'article et les points de vue qui y sont exprimés n'engagent que les auteures; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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