Commentaire – Surveillance de l’insécurité alimentaire des ménages au Canada : l’heure du bilan

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Valerie Tarasuk, Ph. D.; Andrée-Anne Fafard St-Germain, Ph. D.; Timmie Li, M. Sc. Comm.

https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.10.04f

Rattachement des auteurs

Département des sciences nutritionnelles, Faculté de médecine Temerty, Université de Toronto, Toronto (Ontario), Canada

Correspondance

Valerie Tarasuk, Département des sciences nutritionnelles, Faculté de médecine Temerty, Université de Toronto, 1 King’s College Circle, Toronto (Ontario)  M5S 1A8; tél. : 416‑978‑0618; courriel : valerie.tarasuk@utoronto.ca

Citation proposée

Tarasuk V, Fafard St-Germain A, Li T. Surveillance de l’insécurité alimentaire des ménages au Canada : l’heure du bilan. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2022;42(10):501-506. https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.10.04f

L’insécurité alimentaire des ménages, soit un accès insuffisant ou précaire à la nourriture en raison de contraintes financières, est un grave problème de santé de la population au Canada. Cette insécurité est associée à une mauvaise santé mentaleNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4, à des taux accrus de maladies infectieusesNote de bas de page 5, de maladies non transmissiblesNote de bas de page 6Note de bas de page 7 et de blessuresNote de bas de page 8, à une utilisation accrue des soins de santéNote de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12 et à une mortalité prématuréeNote de bas de page 13. Faisant l’objet d’un suivi depuis 2005 dans le cadre du Module d’enquête sur la sécurité alimentaire des ménages (MESAM) de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC)Note de bas de page 14, ce problème était répandu et affichait une tendance à la hausse avant la pandémieNote de bas de page 15Note de bas de page 16. En effet, l’insécurité alimentaire touchait 12,7 % des ménages, soit environ 4 370 000 personnes, en 2017-2018Note de bas de page 15. Deux grandes initiatives stratégiques fédérales témoignent de la prise de conscience qu’il faut des mesures plus efficaces. La Stratégie de réduction de la pauvreté, publiée en 2018, présente la prévalence de l’insécurité alimentaire des ménages comme un indicateur important de la capacité des Canadiens à subvenir à leurs besoins de baseNote de bas de page 17, conduisant à l’ajout du MESAM à l’Enquête canadienne sur le revenu (ECR), afin de faciliter la présentation de rapports annuels dans le Tableau de bord de la pauvreté, un site Web qui permet de faire un suivi des principaux indicateurs de la pauvreté figurant dans la StratégieNote de bas de page 18. En 2019, l’insécurité alimentaire des ménages a été définie comme une priorité de la Politique alimentaire pour le CanadaNote de bas de page 19.

Les préoccupations concernant l’insécurité alimentaire ont augmenté au printemps 2020, lorsque les fermetures de commerces liées à la pandémie ont empêché des milliers de personnes de travaillerNote de bas de page 20. Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont non seulement rapidement mis en œuvre de nouveaux programmes de soutien du revenu et de subventions salariales, mais ils ont également créé d’importants programmes de financement pour les banques alimentaires et divers programmes caritatifs d’assistance alimentaireNote de bas de page 21Note de bas de page 22Note de bas de page 23Note de bas de page 24. Les enquêtes de population ont été temporairement suspendues mais, en mai 2020, une mesure abrégée de l’insécurité alimentaire a été incluse dans la deuxième Série d’enquêtes sur les perspectives canadiennes (SEPC-2). Au cours des 30 jours précédents, 14,6 % des répondants à cette enquête en ligne ont déclaré avoir souffert d’insécurité alimentaireNote de bas de page 25. Par rapport à l’ESCC 2017-2018, si l’on tient compte des différences dans les échantillons et dans les mesures de l’insécurité alimentaire, les estimations donnent à penser que la prévalence de l’insécurité alimentaire des ménages aurait augmenté de 39 % de depuis le début de la pandémieNote de bas de page 25. Dans ce contexte, l’investissement sans précédent de fonds publics dans les organismes caritatifs d’assistance alimentaire s’est poursuivi tout au long de 2021Note de bas de page 26Note de bas de page 27.

Les données récemment publiées par Statistique Canada sur l’ECR de 2018, 2019Note de bas de page 18 et 2020Note de bas de page 28 et sur l’ESCC de 2019 et 2020Note de bas de page 29, résumées à la figure 1, remettent en question la perception généralisée selon laquelle l’insécurité alimentaire s’est aggravée pendant la pandémie. Ces enquêtes fournissent des estimations de prévalence très différentes, ce qui soulève des questions sur les critères de référence à utiliser pour suivre les progrès réalisés dans la lutte contre l’insécurité alimentaire des ménages. Nous proposons une analyse des différences et des similitudes entre les données récemment publiées et une réflexion sur la façon dont il convient d’assurer la surveillance de l’insécurité alimentaire à l’avenir.

Figure 1. Pourcentage de personnes vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire au Canada, à l’exclusion des territoires
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel
Figure 1. Pourcentage de personnes vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire au Canada, à l’exclusion des territoires
Niveau d’insécurité alimentaire ESCC 2017-2018 (janv. 2017 à déc. 2018) ESCC 2020 (sept. à déc. 2020) ECR 2018 (janv. À juin 2019) ECR 2019 (janv., fév., juil. à sept. 2020) ECR 2020 (janv. à sept. 2021)
Insécurité alimentaire grave 2,6 % 1,7 % 3,6 % 3,2 % 3,6 %
Insécurité alimentaire modérée 5,8 % 4,5 % 8,0 % 7,6 % 7,6 %
Insécurité alimentaire marginale 4,2 % 3,3 % 5,2 % 5,1 % 4,6 %

Sources : Les données de l’ESCC sont tirées de Polsky et Garriguet (2022)Note de bas de page 29 et les données de l’ECR sont tirées de Statistique Canada (2022)Note de bas de page 28. Dans le cas de l’ESCC, l’année de l’enquête correspond à l’année de l’entrevue, tandis que dans le cas de l’ECR, l’année de l’enquête correspond à l’année précédant l’année de l’entrevue. Les périodes de collecte de données de chaque enquête sont indiquées entre parenthèses. L’insécurité alimentaire est évaluée au cours des 12 mois précédents.

Abréviations : ECR, Enquête canadienne sur le revenu; ESCC, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes.

L’insécurité alimentaire des ménages à travers le prisme de l’Enquête canadienne sur le revenu

La première diffusion publique des données de l’ECR sur l’insécurité alimentaire a eu lieu en janvier 2022, avec les données de 2018 et 2019Note de bas de page 18, suivie en mars 2022 des estimations actualisées pour l’ECR 2018 et 2019 ainsi que des résultats pour 2020Note de bas de page 28. Selon l’ECR 2018, 6 099 000 personnes (16,8 % de la population) dans les 10 provinces vivaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaireNote de bas de page 28. Ce nombre est descendu à 5 845 000 personnes (15,9 % de la population) dans l’ECR 2019 et est resté relativement stable, à 5 839 000 (15,8 %), dans l’ECR 2020Note de bas de page 28. Les estimations initiales de la prévalence dans l’ECR 2018 et 2019 révèlent une diminution notable de l’insécurité alimentaire modérée/grave, avec un degré de confiance de 90 %, entre les deux annéesNote de bas de page 18.

L’insécurité alimentaire des ménages à travers le prisme de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes

Les estimations de prévalence de l’ESCC 2019 et 2020 ont été publiées en février 2022Note de bas de page 29. Il est à noter que les données ne sont pas disponibles pour l’ensemble des provinces dans l’ESCC 2019 parce que la Colombie-Britannique a refusé de mesurer l’insécurité alimentaire au cours de ce cycle. Les résultats de l’ESCC pour 2020 ont été fondés sur des entrevues en ligne menées de septembre à décembre 2020 dans les 10 provinces. Contrairement à la pratique antérieure qui consistait à présenter les estimations de prévalence de l’ESCC pour les ménagesNote de bas de page 15, les estimations récemment publiées représentent la prévalence de l’insécurité alimentaire des ménages chez les Canadiens de 12 ans et plus (la population cible de l’ESCC)Note de bas de page 29. Cette prévalence était de 9,6 % en 2020, une baisse statistiquement significative par rapport à la prévalence de 12,6 % figurant dans l’ESCC 2017-2018 pour les 10 provinces (p < 0,001)Note de bas de page 29.

Comparaison des résultats des deux enquêtes

En résumé, les analyses de l’ECR et de l’ESCC indiquent que la prévalence de l’insécurité alimentaire des ménages au Canada était plus faible en 2020 qu’avant la pandémie. Cette constatation est en contradiction avec les rapports antérieurs faisant étant d’une insécurité alimentaire croissante provoquée par la pandémieNote de bas de page 25Note de bas de page 30. Cette baisse est toutefois plausible étant donné les aides au revenu consenties par le gouvernement fédéral, les subventions salariales et les diverses interventions ayant visé à faire plafonner ou à réduire le coût de la vie pendant cette périodeNote de bas de page 31.

Cela dit, les résultats de l’ECR et de l’ESCC donnent une impression très différente de l’ampleur du problème de l’insécurité alimentaire des ménages au Canada, tant avant que pendant la pandémie. L’ESCC 2017-2018 recense 1,7 million de Canadiens de moins vivant dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire que l’ECR 2018, cette dernière estimation ne comprenant aucune donnée concernant les territoires. Les différentes unités utilisées pour les analyses menées en 2020 compliquent les comparaisons pour cette année mais, en supposant que les Canadiens de moins de 12 ans aient un taux d’insécurité alimentaire semblable à ceux de 12 ans ou plus, les résultats de l’ESCC montrent que moins de 1 Canadien sur 10 a été touché par l’insécurité alimentaire des ménages en 2020Note de bas de page 29, alors que ce rapport est d’environ 1 sur 6 dans le cas de l’ECRNote de bas de page 28.

Comment expliquer cette divergence?

L’insécurité alimentaire des ménages est corrélée de manière similaire dans l’ESCC et l’ECR à d’autres indicateurs de désavantage social et économiqueNote de bas de page 18Note de bas de page 29, ce qui laisse entendre que ces deux enquêtes rendent compte d’un problème similaire. Une analyse détaillée des estimations de la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée/grave à l’échelle des ménages selon l’ECR 2018 et l’ESCC 2017-2018 a révélé que les différences entre les enquêtes en ce qui concerne la pondération des populations et l’imputation des réponses manquantes n’expliquaient qu’une petite fraction de la divergenceNote de bas de page 18. Selon les auteurs, la divergence pourrait s’expliquer en partie par le taux de réponse aux enquêtes, qui est plus élevé dans le cas de l’ECR 2018 (77,4 %) que dans celui de l’ESCC 2017-2018 (61,5 %), phénomène attribuable au fait que l’ECR est un supplément à l’Enquête sur la population active, qui est obligatoireNote de bas de page 18. Bien que l’on ait eu recours à des ajustements pour les cas de non-réponse dans les deux enquêtes, l’approche utilisée pour ce faire était différente, et il est impossible de mesurer les effets de ces ajustementsNote de bas de page 18. En outre, il est possible que certains participants répondent différemment au MESAM selon si les questions sont posées dans le contexte de la santé et des comportements en matière de santé (ESCC) ou dans celui de l’emploi et des finances des ménages (ECR), mais ce type d’effet est difficile à déceler, et encore plus à quantifier.

La divergence entre les estimations de l’ESCC 2017-2018 et celles de l’ECR 2018 est toutefois faible comparée à la divergence observée entre les estimations de l’ESCC 2020 et celles de l’ECR 2019 et 2020. En supposant que la prévalence de l’insécurité alimentaire chez les enfants de moins de 12 ans soit semblable à celle observée chez les enfants de 12 ans ou plus, il y a plus de six points de pourcentage d’écart entre les estimations de l’ECR 2019 et 2020 et celles de l’ESCC 2020, et ce, même si ces enquêtes portent sur une période similaire. La prévalence nettement moins élevée observée dans l’ESCC 2020 pourrait être liée au très faible taux de réponse à cette enquête (24,6 % contre 80,3 % dans le cas de l’ECR 2019 et 76,6 % dans le cas de l’ECR 2020)Note de bas de page 29, mais il convient de mener d’autres analyses afin d’évaluer ce biais potentiel. Ce faible taux de réponse suscite un questionnement sérieux sur la représentativité de la population dans l’ESCC 2020 et la fiabilité des résultats de l’enquête.

Autres comparateurs

Depuis son adoption par Santé Canada, le MESAM a été inclus dans une autre enquête transversale sur la population menée dans les 10 provinces, soit l’Enquête sur les dépenses des ménages de 2010 (EDM 2010). Cette enquête a également révélé une prévalence de l’insécurité alimentaire supérieure à celle fournie par l’ESCC. En raison d’une erreur dans l’administration des huit énoncés concernant les enfants dans le MESAM de l’EDM 2010, le statut d’insécurité alimentaire des ménages a été uniquement déterminé à l’aide de l’échelle de sécurité alimentaire des adultes, ce qui a donné une prévalence pondérée de 16,6 % (IC à 95 % : 15,6 à 18,5; estimation par les auteurs à l’aide du fichier de données principal). La décision des gouvernements du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard de ne pas mesurer l’insécurité alimentaire dans l’ESCC 2010 empêche l’estimation d’une prévalence pour l’ensemble des provinces cette année‑là, mais l’estimation de la prévalence nationale selon l’ESCC 2011 (qui comprenait les territoires) était de 12,3 %Note de bas de page 32.

Les estimations de prévalence de l’EDM 2010 et de l’ESCC 2011 ne sont pas parfaitement comparables, mais leurs différences ne sont pas susceptibles d’expliquer l’importante divergence observée. L’omission des énoncés concernant les enfants dans l’EDM 2010 conduirait uniquement à un biais à la baisse, et l’inclusion des territoires dans l’ESCC 2011 entraînerait tout au plus une légère augmentation de la prévalence par rapport à celle observée avec les provinces seules. Une comparaison des estimations de prévalence de l’ESCC 2010 et 2011 pour les provinces, avec des données pour les deux années, ne révèle qu’une seule différence statistiquement significative, soit une augmentation au Québec entre 2010 et 2011Note de bas de page 32. Cela donne donc à penser que, si l’on avait des données pour les 10 provinces dans l’ESCC 2010, la prévalence serait probablement inférieure à l’estimation de l’ESCC 2011. L’ampleur et la direction de la divergence entre l’ESCC 2011 et l’EDM 2010 concordent avec la différence observée entre les estimations prépandémiques de l’ESCC et de l’ECR, ce qui ajoute de la crédibilité à l’idée selon laquelle l’ESCC sous-estimerait la prévalence de l’insécurité alimentaire des ménages.

Rétrospectivement, s’il avait été possible de comparer les résultats de la SEPC-2 aux données prépandémiques de l’ECR plutôt que de l’ESCC, le changement apparent en ce qui concerne l’insécurité alimentaire aurait été moindre. En ayant recours à des méthodes semblables à la comparaison réalisée avec l’ESCC 2017-2018, qui donnait à penser que la prévalence avait augmenté de 39 %Note de bas de page 25, nous avons plutôt estimé à 11 % l’augmentation de l’insécurité alimentaire entre l’ECR 2018 et la SEPC-2 (calculs des auteurs à l’aide du fichier de données principal). Devant ce résultat, il est possible que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux aient choisi de continuer à allouer des fonds aux programmes caritatifs d’assistance alimentaire, mais ces décisions n’auraient pas été fondées sur une estimation révélant une hausse abrupte de la prévalence de l’insécurité alimentaire.

Quelles sont les prochaines étapes?

Alors que le Canada commence à émerger de la pandémie et que les programmes de soutien au revenu et de subventions salariales mis en œuvre pour faire face à la crise sont graduellement abandonnés, il est plus important que jamais de surveiller la prévalence et la gravité de l’insécurité alimentaire des ménages. Ce n’est qu’en mesurant ce problème annuellement dans l’ensemble du pays, de façon fiable, que nous serons en mesure de comprendre l’effet des réponses actuelles du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux et territoriaux, que nous pourrons fixer des objectifs visant à réduire l’insécurité alimentaire et que nous pourrons adopter des stratégies d’intervention efficaces et fondées sur des données probantes. Le MESAM étant maintenant inclus dans l’ECR et l’ESCC, nous avons un choix important à faire. Les données récemment diffusées indiquent clairement que ces deux enquêtes ne sont pas interchangeables.

Le Canada n’est pas le seul pays où l’on constate que les estimations de la prévalence varient d’une enquête de population à une autre. Des divergences similaires sont courantes aux États-Unis, qui sont sans doute le chef de file mondial en matière de mesure de l’insécurité alimentaire. Le MESAM et ses dérivés sont utilisés dans plusieurs enquêtes qui y sont menées, mais les estimations de la prévalence au sein de la population sont tirées de la Current Population Survey [Enquête sur la population actuelle], en raison de la grande taille d’échantillon, de la représentativité de l’enquête à l’échelle des États et de la rapidité avec laquelle les rapports annuels sont présentésNote de bas de page 33.

Nous recommandons que l’ECR soit utilisée comme véhicule d’enquête pour toutes les activités de surveillance de l’insécurité alimentaire qui seront menées à l’avenir, car le taux de réponse systématiquement élevé qui est associé à cette enquête donne à penser que l’ECR fournirait une estimation plus représentative de l’insécurité alimentaire à l’échelle de la population que l’ESCC. Étant donné les graves répercussions de l’insécurité alimentaire des ménages sur la santé, il est impératif que sa prévalence ne soit pas systématiquement sous-estimée au sein de la population.

Enfin, l’ECR présente trois autres avantages importants par rapport à l’ESCC. Premièrement, elle est conçue pour fournir des estimations annuelles de prévalence, ce qui permet un degré de surveillance jamais atteignable avec l’ESCC dans la mesure où le MESAM n’est inclus comme contenu obligatoire que dans un cycle de l’ESCC sur deux. Deuxièmement, la publication rapide des tableaux de données de l’ECRNote de bas de page 28 et la mise à jour régulière des taux de prévalence de l’insécurité alimentaire modérée/grave dans le Tableau de bord de la pauvreté signifient que les intervenants et les décideurs peuvent utiliser les résultats de cette enquête pour éclairer leurs décisions en temps réelNote de bas de page 34. Nous maintenons que la prévalence de l’insécurité alimentaire marginale devrait être incluse dans les estimations du Tableau de bordNote de bas de page 16, mais les utilisateurs des connaissances peuvent toujours obtenir cette information en consultant les tableaux de donnéesNote de bas de page 28. Troisièmement, la surveillance de l’insécurité alimentaire par l’intermédiaire d’une enquête en population générale spécialement conçue pour recueillir des données sur le revenu, sur les activités concernant le marché du travail et sur d’autres circonstances financières facilite l’analyse des politiques et l’évaluation des programmes et permet d’orienter l’élaboration d’interventions efficaces pour lutter contre l’insécurité alimentaire.

Notre recommandation de se fonder dorénavant sur l’ECR pour surveiller l’insécurité alimentaire comporte toutefois une mise en garde importante : l’ECR doit inclure des échantillons représentatifs des territoires. Même si les territoires sont peu populeux et que l’inclusion d’échantillons représentatifs de leur population n’aura que peu d’effet sur les estimations nationalesNote de bas de page 18, il est à noter que la prévalence de l’insécurité alimentaire est, notamment, beaucoup plus élevée au Nunavut que partout ailleurs au CanadaNote de bas de page 15Note de bas de page 18. L’insécurité alimentaire a continué de prendre de l’ampleur avant la pandémie malgré les investissements fédéraux dans Nutrition Nord Canada, un programme de subvention à l’intention des détaillants alimentaires qui vise à améliorer l’accès aux aliments et à en réduire les coûts dans le NordNote de bas de page 35. La réduction de l’insécurité alimentaire dans les territoires doit être une priorité nationale, et une surveillance continue est essentielle pour y parvenir.

Remerciements

Ces travaux de recherche sont appuyés par les Instituts de recherche en santé du Canada (NRF 178380). Ils ont été menés au Centre de données de recherche de Toronto, qui fait partie du Réseau canadien des Centres de données de recherche. Ce service est offert grâce au soutien de l’Université de Toronto, de la Fondation canadienne pour l’innovation, des Instituts de recherche en santé du Canada, du Conseil de recherches en sciences humaines et de Statistique Canada.

Conflits d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

Contributions des auteurs et avis

Tous les auteurs ont contribué à la conception, à la rédaction et à la révision de ce commentaire. VT était responsable de l’acquisition des données utilisées pour les calculs; AAFSG a effectué l’analyse des données.

Le contenu et les points de vue exprimés dans cet article sont ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement ceux du gouvernement du Canada.

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