Éclosions de maladies entériques en Colombie-Britannique : 2009-2013

RMTC

Volume 41-11, le 5 novembre 2015 : Les maladies d’origine alimentaire

Rapport d'éclosion

Surveillance des éclosions de maladies entériques en Colombie-Britannique de 2009 à 2013

Taylor M1*, Galanis E1,2, BC Enteric Outbreak Summary Working Group: Forsting S3, Gustafson L4, Ip J3, Jeyes J5, Lem M4, Murti M4, Nowakowski C6, Ritson M3, Stone J4, Tone G7

Affiliations

1 Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, Vancouver (Colombie-Britannique)

2 École de santé publique et de santé des populations, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver (ColombieBritannique)

3 Vancouver Coastal Health Authority, Vancouver (Colombie-Britannique)

4 Fraser Health Authority, Surrey (Colombie-Britannique)

5 Interior Health Authority, Vernon (Colombie-Britannique)

6 Vancouver Island Health Authority, Victoria (Colombie-Britannique)

7 Northern Health Authority, Prince George (Colombie-Britannique)

Correspondance

marsha.taylor@bccdc.ca

DOI

https://doi.org/10.14745/ccdr.v41i11a02f

Résumé

Contexte : La connaissance des sources d'éclosion de maladies entériques, du fardeau de la maladie, du mode de transmission et de l'utilisation des interventions éclaire la planification, l'élaboration des politiques et les programmes de prévention.

Objectif : Décrire les tendances en matière d'éclosions de maladies entériques qui ont fait l'objet d'enquêtes en Colombie-Britannique entre 2009 et 2013.

Méthodologie : On a effectué une analyse des éclosions de maladies entériques entrées dans un système de déclaration des éclosions en ligne national et sécurisé au moyen du Réseau canadien de renseignements sur la santé publique (RCRSP) et ayant fait l'objet d'une enquête en Colombie-Britannique entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2013. Les données comprenaient des renseignements sur l'agent pathogène, le nombre de cas, les hospitalisations, les décès, le contexte, le mode de transmission, la source, les facteurs qui ont contribué à l'éclosion et les interventions. Les éclosions d'infection virale dans des établissements résidentiels et les éclosions associées aux voyages internationaux ont été exclues.

Résultats : On a enquêté sur 104 éclosions en Colombie-Britannique entre 2009 et 2013. Parmi celles-ci, 93 ont été déclarées par des organisations de la Colombie-Britannique, et 11 ont été déclarées par l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et ont fait l'objet d'une enquête nationale. Il y a eu 21 éclosions par année en moyenne. Dans l'ensemble, le taux annuel de vagues d'intoxication alimentaire en Colombie-Britannique était de 2,8 par million de personnes. On a identifié un agent pathogène, notamment les norovirus, la Salmonella et l'infection à E. coli., dans (76 %) des éclosions. Il y a eu 108 hospitalisations (3,8 % de tous les cas) et deux décès (0,1 % de tous les cas), le premier causé par le botulisme et le second par une infection à E. coli O157. Les établissements de services alimentaires étaient le milieu le plus souvent signalé (33,7 %) et étaient suivis de la collectivité (24 %) et des réceptions privées (12,5 %). Les types d'aliments les plus souvent signalés étaient les fruits et légumes, la viande et les fruits de mer. Les données montraient une combinaison agent pathogène-source alimentaire entre la Salmonella et les œufs.

Conclusion : Il s'agit de la première publication dans laquelle on résume les tendances en matière d'éclosions de maladies entériques en Colombie-Britannique, ce qui comprend l'évaluation des sources, du fardeau et des interventions. La déclaration et l'analyse continues des données sur les éclosions en Colombie-Britannique permettront d'améliorer l'évaluation des tendances dans les sources et les agents pathogènes au fil du temps et d'approfondir les connaissances relatives à l'efficacité des interventions associées aux éclosions.

Introduction

On estime à 552 209 le nombre de cas de maladies d'origine alimentaire contractées au Canada en Colombie-Britannique chaque année (données non publiées, Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique et Agence Santé Publique Canada, 2014). Malgré le fait qu'une petite partie de ces cas soit associée à des éclosions confirmées (entre 0,8 % et 2,5 % de tous les cas)Note de bas de page 1 les éclosions sont une précieuse source d'information sur les sources de maladie, le fardeau de la maladie, les modes de transmission et les interventionsNote de bas de page 2. Les autorités de santé publique, les décideurs, les professionnels de la salubrité des aliments et l'industrie alimentaire peuvent se servir de cette information pour fixer leurs priorités et ainsi que planifier et mettre en œuvre des programmes de prévention. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a mis en œuvre un programme de surveillance des éclosions de maladies entériques en 2008 afin de décrire les tendances, d'améliorer la connaissance, de déterminer la source et d'évaluer les interventions et l'utilisation des ressources.

L'objectif de l'étude consiste à décrire les tendances en matière d'éclosions de maladies entériques ayant fait l'objet d'une enquête en Colombie-Britannique entre 2009 et 2013, ainsi qu'à déterminer les sources et à décrire les interventions.

Méthodologie

Les épidémies de gastro-entérite doivent être déclarées en Colombie-BritanniqueNote de bas de page 3. En août 2008, on a mis en ligne, en Colombie-Britannique, un système national de déclaration des éclosions au moyen du Réseau canadien de renseignements sur la santé publique. En Colombie-Britannique, les éclosions de maladies entériques sont entrées dans ce système par les autorités sanitaires locales et le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique. Le système du Réseau est également utilisé par d'autres provinces et territoires du Canada.

Il y a deux types d'éclosions de maladies gastro-intestinales dans le système, soit l'éclosion au sein de la collectivité, où au moins deux cas non liés de maladies similaires pouvant être liés entre eux sur le plan épidémiologique (c'est-à-dire être liés en fonction du moment du lieu ou du type d'exposition), et l'éclosion dans un établissement, où au moins trois cas de maladies similaires peuvent être liés entre eux sur le plan épidémiologique (c'est-à-dire être liés en fonction d'une exposition dans une période de quatre jours dans un milieu institutionnel).

Toutes les données sont saisies à la main (rétrospectivement) et comprennent des renseignements sur les agents pathogènes, le nombre de cas, les hospitalisations, les décès, le contexte, le mode de transmission, la source, les facteurs qui ont contribué à l'éclosion et les interventions. Chaque autorité sanitaire locale est tenue d'entrer dans le système les éclosions ayant fait l'objet d'une enquête sur leur territoire. Le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique entre les éclosions multirégionales, et l'Agence entre les éclosions multiprovinciales et multiterritoriales.

Le présent rapport comprend des données sur les enquêtes sur les éclosions de maladies entériques déclarées en Colombie-Britannique entre 2009 et 2013. Les éclosions nationales (déclarées par l'Agence de la santé publique du Canada) qui comprenaient les cas relevés en Colombie-Britannique ont également été incluses. Les éclosions d'infection virale dans des établissements résidentiels et les éclosions associées aux voyages internationaux ont été exclues. Les données ont été extraites le 6 mars 2014.

Les données relatives aux éclosions nationales ont quant à elles été extraites le 5 juin 2014. On a comparé le milieu, les facteurs contributifs et les interventions relatifs aux éclosions déclarées comme étant d'origine alimentaire et à la transmission interhumaine. On ne s'est appuyé que sur les éclosions déclarées comme étant d'origine alimentaire pour l'attribution des sources. On a lié les éclosions aux manipulateurs d'aliments lorsqu'un agent pathogène était découvert chez un manipulateur d'aliment ou quand on découvrait un manipulateur d'aliment infecté. L'année et le mois de l'enquête sur l'éclosion étaient fondés sur la date de commencement de l'enquête. On a calculé la durée des éclosions au moyen des dates d'apparition et de disparition des symptômes indiquées.

Résultats

On a enquêté sur 104 éclosions en Colombie-Britannique entre 2009 et 2013. Les organisations de la Colombie-Britannique ont déclaré 93 éclosions, et l'Agence de la santé publique du Canada a déclaré 11 éclosions. On a enquêté sur une moyenne de 21 éclosions, une médiane de 22 éclosions et un écart de 16 à 26 éclosions par année (Figure 1). On a noté une augmentation d'environ 40 % dans les éclosions ayant fait l'objet d'une enquête en 2011, 2012 et 2013. Le taux annuel de vagues d'intoxication alimentaire en Colombie-Britannique était de 2,8 par million de personnes.

Figure 1 : Nombre d'éclosions de maladies entériques déclarées par année en Colombie-Britannique (N = 104)

Figure 1 : Nombre d'éclosions de maladies entériques déclarées par année en Colombie-Britannique (N = 104)

Description textuelle : Figure 1

Figure 1 : Nombre d'éclosions de maladies entériques déclarées par année en Colombie-Britannique (N = 104)


On a déclaré 50 (48,1 %) éclosions bactériennes et 42 (40,4 %) éclosions virales. On a identifié en laboratoire un agent pathogène pour 79 (76 %) des éclosions (Tableau 1). Les agents pathogènes les plus fréquemment déclarés étaient les norovirus, la Salmonella et l'infection à E. coli (Tableau 2). Enteritidis était le sérotype de Salmonella (n = 13, 50 %), et toutes les infections à l'E. coli étaient causées par l'E. coli O157.

Il y avait un total de 2 134 cas liés à l'éclosion (cas cliniques et cas confirmés en laboratoire) (Tableau 1). La majorité des cas (76,4 %) ont été identifiés de manière clinique, et les éclosions causées par des agents pathogènes viraux étaient les plus nombreuses et représentaient la majorité des cas cliniques. Une hospitalisation a été nécessaire dans 108 (5,1 %) cas. La majorité des hospitalisations (81, 75 %) étaient dues aux éclosions causées par une bactérie. Les agents pathogènes à l'origine de la plupart des hospitalisations étaient la Salmonella (38, 35,2 %), l'E. coli (37, 34,3 %) et les norovirus (10, 9,3 %). Les infections bactériennes ont causé deux décès (Tableau 1), dont un par le botulisme et l'autre par une infection à l'E. coli O157.

Il y avait une moyenne de 20,3 cas par éclosions. Les éclosions causées par des agents pathogènes viraux étaient les plus nombreuses (29 cas), et celles causées par les levures et les champignons étaient les moins nombreuses (7 cas). La médiane de la durée des éclosions était de quatre jours. Les éclosions causées par des bactéries et des parasites étaient considérablement plus longues que les autres (durées de 11 et 16 jours respectivement) (Tableau 1).

Tableau 1 : Les caractéristiques des enquêtes sur les éclosions de maladies entériques par type d'agent pathogène, Colombie-Britannique, 2009 à 2013
Caractéristiques Éclosion
bactérienne
(n = 50)
Éclosion
virale
(n = 42)
Éclosions
parasites
(n = 2)
Éclosions
d'origine
inconnue
(n = 4)
Cas liés à
une toxine
ou à un
produit
chimique
(n = 5)
Cas liés
à des
levures ou
des
champignons
(n = 1)
Total
(n = 104)
Nombre (%) d'éclosions confirmées en laboratoire 49 (98,0 %) 23 (54,8 %) 2 (100 %) 0 (0 %) 5 (100 %) 0 (0 %) 79 (76,0 %)
Nombre total de cas confirmés en laboratoire 398 80 12 0 12 0 502
Nombre total de cas cliniques 351 1 138 16 45 75 7 1 632
Nombre moyen de casTableau 1 - Note de bas de page 1/ ou d'éclosions 14,9 29,0 22,0 11,3 15,4 7,0 20,3
Nombre total et % de taux d'hospitalisation 81 (75,8 %) 20 (25,0 %) 0 0 7 0 108
Nombre total et % de taux de décès 2 (100 %) 0 0 0 0 0 2
Durée médiane (nombre de jours) de l'éclosion en fonction de la date d'apparition 11 (0 à 234) 4 (0 à 137) 16 1 (0 à 2) 0 (0 à 11) 0 4 (0 à 234)
Tableau 2 : Éclosions de maladies entériques par agent pathogène en Colombie-Britannique de 2009 à 2013
Agent pathogène Nombre (%)
Norovirus 38 (36,5 %)
Salmonella 26 (25 %)
Escherichia coli 12 (11,5 %)
Clostridium botulinum 3 (2,9 %)
Campylobactérie 2 (1,9 %)
Hépatite A 2 (1,9 %)
Intoxication à l'histamine 2 (1,9 %)
Intoxication par des mollusques ou crustacésTableau 2 - Note de bas de page 1 2 (1,9 %)
Staphylococcus 2 (1,9 %)
AutreTableau 2 - Note de bas de page 2 7 (6,7 %)
Éclosions d'origine inconnueTableau 2 - Note de bas de page 3 8 (7,7 %)
Total 104

L'exposition alimentaire était le mode de transmission prévalent (59,6 %) (Tableau 3). Parmi les 62 éclosions d'origine alimentaire, 40 (64,5 %) étaient causées par une bactérie. La cause prévalente était la Salmonella (n = 22). Parmi les éclosions résultant d'une transmission interhumaine, 22 (95,7 %) étaient causées par des norovirus.

Les établissements de services alimentaires étaient le milieu le plus souvent signalé (33,7 %), suivis de la collectivité (24 %) et des réceptions privées (12,5 %) (Tableau 3). Les éclosions dans des établissements de services alimentaires étaient causées par des aliments et la transmission interhumaine. Parmi les huit cas d'éclosions résultant d'une transmission interhumaine dans les établissements de services alimentaires, deux étaient attribuables à des manipulateurs d'aliments malades. Les éclosions résultant d'une transmission interhumaine étaient prévalentes dans les installations, comme les hôpitaux, les écoles et les hôtels (Tableau 3).

Tableau 3 : Éclosions de maladies entériques par mode de transmission et milieu, Colombie-Britannique, de 2009 à 2013
Milieu d'éclosion Origine alimentaire Transmission interhumaine Origine inconnue AutreTableau 3 - Note de bas de page 1 Eau Total
Établissement de services alimentaires 24 (38,7 %) 8 (34,8 %) 1 (8,3 %) 2 (25 %) 0 (0 %) 35 (33,7 %)
Collectivité 17 (27,4 %) 2 (9 %) 5 (41,7 %) 1 (12,5 %) 0 (0 %) 25 (24 %)
Réception privée 10 (16,1 %) 3 (13 %) 0 (0 %) 0 (0 %) 0 (0 %) 13 (12,5 %)
ÉtablissementTableau 3 - Note de bas de page 2 5 (8,1 %) 4 (17,4 %) 1 (8,3 %) 1 (12,5 %) 0 (0 %) 11 (10,6 %)
Installation ne faisant pas partie d'un établissementTableau 3 - Note de bas de page 3 0 (0 %) 3 (13,0 %) 1 (8,3 %) 0 (0 %) 0 (0 %) 4 (3,8 %)
Installation de loisir 0 (0 %) 2 (8,7 %) 0 (0 %) 1 (12,5 %) 0 (0 %) 3 (2,9 %)
Plus d'un milieu 3 (4,8 %) 1 (4,3 %) 1 (8,3 %) 1 (12,5 %) 0 (0 %) 6 (5,8 %)
Autre 2 (3,2 %) 0 (0 %) 2 (16,6 %) 2 (25 %) 0 (0 %) 6 (5,8 %)
Inconnu 1 (1,6 %) 0 (0 %) 0 (0 %) 0 (0 %) 0 (0 %) 1 (1 %)
Total 62 (59,6 %) 23 (22,1 %) 11 (10,6 %) 8 (7,7 %) 0 (0 %) 104

On a déterminé que la source de 45 (72,6 %) des éclosions d'origine alimentaire (Tableau 4) était des aliments et les plus souvent signalés étaient les fruits et légumes, la viande et les fruits de mer. On a trouvé le plus grand nombre d'agents pathogènes (n = 5) dans les fruits et les légumes  qui incluaient des fruits et des légumes frais, congelés et en conserve. Parmi les 14 éclosions de Salmonella dont on a déterminé la source, cinq des éclosions signalées étaient  principalement à des œufs (35,7 %). La seule éclosion attribuable à des produits laitiers a été causée par du fromage non pasteurisé. Les norovirus ont causé dix éclosions d'origine alimentaire. On a déterminé la source de neuf d'entre elles. Les éclosions de norovirus étaient attribuables à des fruits de mer, des aliments mixtes, des fruits et des légumes. On a déterminé qu'un manipulateur d'aliments infecté avait joué un rôle dans les huit éclosions de source déterminée et dans l'éclosion de source indéterminée. Dans huit des éclosions avec source et dans l'éclosion sans source, on a déterminé qu'un manipulateur d'aliments était le facteur contributif (les données non montrées).

Tableau 4 : Éclosions d'origine alimentaire par agent pathogène et source, Colombie Britannique, de 2009 à 2013
Type d'aliment Clostridium botulinum Escherichia coli Hépatite A Norovirus Salmonella Intoxication par des mollusques ou crustacésTableau 4 - Note de bas de page 1 Staphylococcus AutreTableau 4 - Note de bas de page 2 Inconnu Total
Fruits et légumes 1 1 1Note de bas de page 4 3 3 0 0 0 1 10
ViandeTableau 4 - Note de bas de page 3 0 4 0 0 4Note de bas de page 5 0 1 0 0 9
Fruits de mer 1 0 0 2Note de bas de page 6 0 4Note de bas de page 7 0 0 1 8
Aliments mixtes 0 0 0 3 0 0 1 1 2 7
Œufs 0 0 0 0 5Note de bas de page 8 0 0 0 0 5
Produits laitiers 0 1 0 0 0 0 0 0 0 1
Sauces et condiments 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1
Inconnu 0 2 1 2 10 0 0 4 2 21
Total 3 8 2 10 22 4 2 5 6 62

Les œufs étaient à l'origine du plus grand nombre de cas (n = 196), aliments mixtes (n = 168) et fruits de mer (n = 139). Ces aliments étaient à l'origine de 45,5 % de tous les cas d'éclosions d'origine alimentaire.

Les facteurs contributifs prévalents des éclosions d'origine alimentaire étaient associés aux processus de production alimentaire (p. ex., échecs à des points critiques, cuisson inadéquate et contamination croisée). Dans le cas des éclosions résultant d'une transmission interhumaine, les facteurs contributifs prévalents étaient l'exposition à une personne malade, à un cas ou à un environnement contaminé (Tableau 5).

Tableau 5 : Facteurs contributifs des éclosions d'origine alimentaire et des éclosions résultant d'une transmission interhumaine, Colombie-Britannique, de 2009 à 2013
Facteurs contributifs Origine alimentaire
(N = 62)
Transmission interhumaine
(N = 23)
Échec de point de contrôle 17 (27,4 %) 1 (4,3 %)
Contamination croisée 11 (17,7 %) 3 (13 %)
Température inadéquate (p. ex., réfrigération ou conservation des aliments chauds) 12 (19,4 %) 0
Réchauffement inadéquat 1 (1,6 %) 0
Manipulateur d'aliments infecté 11 (17,7 %) 2 (8,7 %)
Cuisson inadéquate 12 (19,4 %) 0
Mauvaise hygiène 8 (12,9 %) 6 (26,1 %)
Contact avec un personnel soignant 0 2 (8,7 %)
Exposition à un cas confirmé ou probable 1 (1,6 %) 7 (30,4 %)
Hygiène de l'environnement inadéquate 5 (8 %) 3 (13 %)

Les interventions les plus souvent effectuées pour maîtriser les éclosions étaient la sensibilisation, la désinfection des lieux et le regroupement en cohorte des cas et du personnel (Tableau 6). La sensibilisation et la désinfection des lieux constituaient les interventions les plus répandues pour lutter contre les éclosions résultant d'une transmission interhumaine. Les interventions les plus souvent effectuées pour maîtriser les éclosions d'origine alimentaire consistaient à rappeler des produits et à fermer des installations. Dans le cas des éclosions résultant d'une transmission interhumaine, elles consistaient à limiter l'accès, les déplacements et les visites, et à regrouper les cas et le personnel en cohorte. Dans sept cas d'éclosions d'origine alimentaire, on a signalé un changement de politique comme intervention. On a diffusé un communiqué pour dix éclosions (neuf d'origine alimentaire et une résultant d'une transmission interhumaine). La sensibilisation était l'intervention la plus répandue pour l'ensemble des sources alimentaires. Les rappels visaient surtout la viande (cinq), les fruits de mer (deux) et les fruits (deux). On a procédé à la désinfection des installations dans le cas d'éclosions causées par huit sources alimentaires différentes.

Tableau 6 : Interventions effectuées pour maîtriser les éclosions d'origine alimentaire et les éclosions résultant d'une transmission interhumaine, Colombie-Britannique, de 2009 à 2013
Intervention Origine alimentaire
(N = 62)
Transmission interhumaine
(N = 23)
Autre
(N = 20)
Total
Sensibilisation 36 (59 %) 15 (24,6 %) 10 (16,4 %) 61
Désinfection de l'installation 13 (40,6 %) 9 (28,1 %) 10 (31,3 %) 32
Regroupement des cas ou du personnel en cohorte 2 (11,8 %) 8 (47,1 %) 7 (41,2 %) 17
Exclusion du personnel 7 (46,7 %) 5 (33,3 %) 3 (20 %) 15
Rappel 12 (100 %) 0 0 12
Restriction de l'accès à l'installation, les déplacements et les visites 2 (18,2 %) 7 (63,6 %) 2 (18,2 %) 11
Communiqué 9 (90 %) 1 (10 %) 0 10
Fermeture de l'installation 6 (66,7 %) 1 (11,1 %) 2 (22,2 %) 9
Changement stratégique 7 (100 %) 0 0 7
Immunisation des personnes susceptibles d'être malades 1 (100 %) 0 0 1
Avis d'ébullition 0 0 0 0

Discussion

Au cours de la période de cinq ans, le nombre important d'éclosions de maladies entériques déclarées a imposé un lourd fardeau de maladie à la Colombie-Britannique. L'augmentation du nombre d'éclosions déclarées entre 2011 et 2013 est probablement due aux efforts visant à améliorer la déclaration des éclosions. Il faut ajouter à cela la décision de cesser la déclaration des éclosions virales dans les installations résidentielles à partir de juillet 2011, qui pourrait avoir amélioré la déclaration des éclosions associées à d'autres modes de transmission, à d'autres milieux et à d'autres sources. L'exclusion limite la capacité à déterminer le nombre total d'éclosions de maladies entériques causées par toutes les sources et tous les agents pathogènes dans tous les milieux, à l'échelle provinciale.

Les norovirus étaient la cause d'éclosion prévalente, suivis de la Salmonella. Les deux sont parmi les cinq principaux agents pathogènes à l'origine de maladies d'origine alimentaire contractées en milieu résidentiel en Colombie-Britannique (données non publiées, Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique et Agence de la santé publique du Canada, 2014). Ces agents pathogènes sont aussi la principale cause d'éclosions aux États-UnisNote de bas de page 2. Les éclosions virales comportaient le plus grand nombre de cas, et les éclosions bactériennes étaient la principale cause d'hospitalisations et de décès. Les éclosions bactériennes et parasites, et les éclosions liées à une toxine ou à un produit chimique avaient davantage tendance à être confirmées en laboratoire que les éclosions virales. Cela est probablement attribuable au fait qu'on peut enquêter sur éclosions virales et les gérer sans diagnostic en laboratoire, et que celles-ci sont spontanément résolutives et ne sont pas associées à des cas graves.

Le taux d'hospitalisation (3,8 %) est comparable à celui des États-Unis (3,4 %) et inférieur à celui de l'Europe (13,8 %)Note de bas de page 2Note de bas de page 10. Le taux de décès (0,1 %) est inférieur à celui des États-Unis (0,7 %), mais légèrement supérieur à celui de l'Europe (0,03 %)Note de bas de page 2Note de bas de page 10. Aux États-Unis et en Colombie-Britannique, la Salmonella, l'E. coli et les norovirus ont causé le nombre et le taux d'hospitalisations les plus importants. Ces similarités pourraient être dues au fait que les cas les plus graves sont susceptibles de faire l'objet de tests et d'être confirmés en laboratoire dans les deux pays. La différence par rapport au taux d'hospitalisation en Europe pourrait être attribuable à l'inclusion de maladies plus graves, comme la toxoplasmose et la tularémie. La différence entre le taux de décès en Colombie-Britannique, aux États-Unis et en Europe pourrait être attribuable à de faibles chiffres.

Le taux annuel d'éclosions d'origine alimentaire en Colombie-Britannique (2,8 par million d'habitants) est inférieur à celui des États-Unis (4,8 par million d'habitants)Note de bas de page 2. Cela pourrait être attribuable à la différence des systèmes et des méthodes de déclaration.

Les établissements de services alimentaires étaient le principal milieu associé à toutes les éclosions (34 %) en Colombie-Britannique. Parmi les éclosions de Salmonella en Colombie-Britannique, les établissements de services alimentaires demeuraient le milieu prévalent et étaient associés à 47,6 % des éclosions. La situation est similaire aux États-Unis, où les restaurants et les épiceries comportant un lieu unique pour la préparation de nourriture étaient le milieu prévalent pour les éclosions d'origine alimentaire, mais dans une proportion plus élevée (68 %). Les exploitations alimentaires commerciales néozélandaises étaient le deuxième milieu en importance pour les éclosions de Salmonella (31 %), alors que les lieux résidentiels étaient le milieu le plus signaléNote de bas de page 2Note de bas de page 9.

La majorité des éclosions étaient d'origine alimentaire (59,6 %). La Salmonella était la principale cause d'éclosions d'origine alimentaire (35,8 %). Parmi les éclosions de Salmonella, 84,6 % étaient d'origine alimentaire, ce qui est supérieur au taux néozélandais (63 %)Note de bas de page 9. La Salmonella étaient également la principale cause d'éclosions d'origine alimentaire déclarées en EuropeNote de bas de page 10.

On déterminé une source d'exposition pour 72,6 % des éclosions d'origine alimentaire. Il s'agit d'une augmentation par rapport aux déclarations faites en Colombie-Britannique et dans les autres provinces et territoiresNote de bas de page 11Note de bas de page 12. Cela pourrait être attribuable au fait que les éclosions de source indéterminée sont plus susceptibles d'être déclarées que les autres. Les fruits et les légumes frais, la viande et les fruits de mer étaient les aliments les plus souvent en cause (16 %, 15 % et 13 % respectivement). Les fruits et les légumes frais étaient à l'origine de plus d'éclosions que la viande, les œufs et les produits laitiers. Une analyse américaine a révélé que les produits de la viande étaient la principale source d'éclosions d'origine alimentaire et que les légumes-feuilles étaient la cause d'un nombre grandissant d'éclosionsNote de bas de page 2au cours des dernières années. Les éclosions causées par des fruits et des légumes frais ont augmenté en Amérique du NordNote de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15. La surveillance de ces tendances au moyen des données sur les éclosions permettra de réordonner les priorités en matière d'intervention.

Les données montrent un lieu entre la Salmonella et les œufs. Durant cette période, la Colombie-Britannique a enquêté sur un grand nombre d'éclosions prolongées de Salmonella Enteritidis associées à des œufsNote de bas de page 8. Les œufs sont demeurés la principale cause d'éclosions de Salmonella Enteritidis aux États-Unis, mais on a noté une diminution graduelle des éclosions de Salmonella causés par les œufsNote de bas de page 2. Les données européennes ont montré que les œufs et les ovoproduits sont le principal véhicule alimentaire pour la SalmonellaNote de bas de page 10. On a déjà procédé à l'attribution propre aux aliments au Canada, deux fois en s'appuyant sur l'avis d'experts et une fois en s'appuyant sur les données sur les éclosionsNote de bas de page 16Note de bas de page 17Note de bas de page 18. Dans les trois cas, on a déterminé que la viande de volaille était la source la plus probable des infections à la Salmonella. On a déterminé que les œufs étaient la deuxième source en importance selon l'avis des experts. Selon les experts, une bonne partie des infections entériques d'origine bactérienne seraient attribuables à des fruits et à des légumes frais, ce qui correspond aux conclusions de la présente étudeNote de bas de page 16Note de bas de page 17.

Les éclosions sont une source validée de données d'attribution. Parmi les forces des données sur les éclosions, mentionnons le lien clair entre les agents pathogènes et les aliments, l'accès aux données au fil du temps et l'inclusion d'une grande variété d'aliments qui ne sont pas nécessairement pris en compte par d'autres méthodesNote de bas de page 9. Cependant, les éclosions ne font pas toutes l'objet d'une enquête et ne sont pas toutes déclarées. En outre, les données provenant de tous les systèmes ne sont pas toujours comparablesNote de bas de page 19Note de bas de page 20.

On a établi que des manipulateurs d'aliments avaient joué un rôle dans neuf éclosions de norovirus. Cela met en évidence la nécessité d'améliorer la sensibilisation et les ressources visant les manipulateurs d'aliments et leur employeur, ainsi que les interventions visant à identifier et à exclure rapidement les travailleurs malades.

La sensibilisation et la désinfection des installations étaient les interventions les plus fréquentes. Les autres interventions, comme les rappels et les changements stratégiques sont moins fréquentes, car elles nécessitent la détermination d'une source alimentaire ou d'un problème particulier. Les interventions sont influencées par le milieu dans lequel elles sont menées. C'est notamment le cas des interventions dans des milieux institutionnels où la transmission interhumaine peut être prévalente. Cependant, il est impossible de dire si les interventions effectuées ont permis d'empêcher de nouveaux cas, car on n'a pu obtenir la date des interventions. La documentation relative à l'efficacité des interventions en réponse aux éclosions est limitée, notamment dans le cas des éclosions généralisées et des éclosions au sein de la collectivité. Une enquête plus approfondie faciliterait la prise de décisions, l'attribution des ressources et les enquêtes sur les éclosions.

L'analyse a montré que le système de surveillance convient à la tâche, malgré ses limites. On se concentre sur un petit nombre d'éclosions déclarées sur une courte période. Par conséquent, il est impossible d'effectuer une analyse plus approfondie par agent pathogène ou au moyen de l'évaluation de l'évolution des tendances. On finira par surmonter cet obstacle quand plus d'éclosions seront déclarées. En outre, les autorités provinciales et territoriales en matière de santé publique doivent entrer les éclosions dans le système pour que celui-ci fonctionne. Bien qu'on ait mis en place des processus pour vérifier l'entrée des éclosions connues, il se pourrait que certaines éclosions ne soient pas détectées et déclarées, et ne fassent pas l'objet d'une enquête. Enfin, les données décentralisées peuvent aussi avoir une incidence sur la qualité des données. Lorsque des problèmes sur le plan de la qualité des données sont notés, on apporte des améliorations aux normes ou au système.

Conclusion

La surveillance des éclosions de maladies entériques en Colombie-Britannique fournit de l'information sur les tendances, les sources, les milieux et les modes de transmission. On s'est appuyé sur les données pour éclairer les évaluations techniques et les évaluations des risques, les rapports et les publications. On pourrait s'appuyer sur des données supplémentaires pour éclairer l'établissement des priorités locales en matière de salubrité des aliments, pour formuler des messages concernant les combinaisons d'agents pathogènes et d'aliments et pour affecter des ressources à des interventions particulières.

La déclaration et l'analyse continues des données sur les éclosions en Colombie-Britannique permettront d'améliorer l'évaluation des tendances dans les sources et les agents pathogènes au fil du temps et d'approfondir les connaissances relatives à l'efficacité des interventions associées aux éclosions.

Remerciements

Les auteurs souhaitent remercier leurs collègues au sein de l'autorité sanitaire qui ont saisi les éclosions, ainsi que les laboratoires et le Laboratoire de santé publique et de référence en microbiologie de la Colombie-Britannique pour le soutien au diagnostic.

Conflit d’intérêts

Aucun.

Financement

Aucun.

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