Nouveaux cas de VIH, 2008 à 2017
Publié par : L’Agence de la santé publique du Canada
Numéro : Volume 45–11 : Infections transmissibles sexuellement chez les hommes HARSAH
Date de publication : 7 novembre 2019
ISSN : 1719-3109
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Volume 45–11, le 7 novembre 2019 : Infections transmissibles sexuellement chez les hommes HARSAH
Surveillance
Cas de VIH nouvellement diagnostiqués chez les personnes de 50 ans et plus, comparativement aux personnes de moins de 50 ans : 2008 à 2017
N Haddad1, A Robert1, N Popovic1, O Varsaneux1, M Edmunds1, L Jonah1, W Siu1, A Weeks1, C Archibald1
Affiliation
1 Le Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections, l’Agence de la Santé publique Canada, Ottawa, ON
Correspondance
Citation proposée
Haddad N, Robert A, Popovic N, Varsaneux O, Edmunds M, Jonah L, Siu W, Weeks A, Archibald C. Cas de VIH nouvellement diagnostiqués chez les personnes de 50 ans et plus, comparativement aux personnes de moins de 50 ans : 2008 à 2017. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2019;45(11):311–7. https://doi.org/10.14745/ccdr.v45i11a02f
Mots-clés : VIH, surveillance, gais, bisexuels, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, utilisateurs de drogues injectables, 50 ans et plus
Résumé
Contexte : La population canadienne vieillit et près de 40 % des Canadiens sont âgés de 50 ans et plus. Avec le vieillissement de la population, des problèmes uniques liés à la santé commencent à se manifester, notamment le nombre croissant d’infections transmissibles sexuellement et par le sang. Comprendre l’épidémiologie du VIH chez les personnes plus âgées est important en vue d’orienter les programmes de prévention des maladies et de lutte contre celles-ci.
Objectif : Évaluer les tendances en matière de cas de VIH nouvellement diagnostiqués au Canada chez les personnes de 50 ans et plus (≥ 50 ans) et celles de moins de 50 ans (< 50 ans), puis comparer leurs caractéristiques démographiques de base et leurs catégories d’exposition pour la période de 2008 à 2017.
Méthodes : La surveillance du VIH à l’échelle nationale est menée par l’Agence de la santé publique du Canada par l’entremise de la communication (à titre volontaire) de données par les autorités de santé publique provinciales et territoriales. Des analyses descriptives ont été menées sur les cas de VIH signalés entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2017 afin de comparer les profils démographiques et les catégories d’exposition pour les deux groupes d’âge.
Résultats : Entre 2008 et 2017, la proportion des cas de VIH nouvellement diagnostiqués chez les 50 ans et plus est passée de 15,1 % à 22,8 %. Les taux de diagnostic du VIH chez les hommes et les femmes plus âgés ont augmenté avec le temps, et une augmentation relativement plus élevée a été constatée chez les femmes. Une proportion plus élevée de cas de VIH nouvellement diagnostiqués étaient des hommes dans le groupe des plus âgés (81,2 %) par rapport au groupe plus jeune (74,6 %). Parmi les homme jeunes et plus âges, le catégorie d’exposition au VIH plus fréquente était d’être gais, bisexuels et autres hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH). Viennent ensuite les catégories de contacts hétérosexuels et de consommation de drogues injectables; cependant, les proportions relatives variaient selon l’âge, puisque la catégorie de gbHARSAH était plus élevée dans le groupe des moins de 50 ans.
Conclusion : Au Canada, plus de 20 % de tous les cas de VIH nouvellement diagnostiqués concernent maintenant des personnes âgées de 50 ans et plus. Les initiatives de dépistage et de prévention du VIH visent depuis toujours les populations plus jeunes et pourraient ne pas avoir la même incidence sur les populations plus âgées. Ces données peuvent être utilisées pour orienter les futures mesures de santé publique qui seront conçues pour lutter contre le VIH chez les populations plus âgées.
Introduction
À l’échelle mondiale, on estimait à 36,9 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH en 2017Note de bas de page 1, et on évalue que plus de 10 % de la population adulte vivant avec le VIH dans les pays à revenu faible ou intermédiaire est âgée de 50 ans ou plus (≥ 50 ans)Note de bas de page 2. Dans les pays développés, ces personnes âgées de ≥ 50 ans représentent environ 30 % des adultes atteints du VIHNote de bas de page 3. En raison des progrès constants réalisés dans le traitement du VIH, le nombre et la proportion de personnes vivant avec le VIH à un âge avancé vont probablement continuer d’augmenterNote de bas de page 4; on prévoit que le nombre de personnes âgées de ≥ 50 ans atteintes du VIH et ayant un revenu faible ou intermédiaire augmentera de 47 %, pour atteindre 6,9 millions d’ici 2020Note de bas de page 5.
La proportion de la population canadienne âgée de ≥ 50 ans a augmenté de 12,7 % au cours des cinq dernières années et atteint maintenant près de 40 %Note de bas de page 6. À mesure que le nombre d’aînés canadiens augmentera et qu’ils vivront plus longtemps, ils seront confrontés à plusieurs enjeux liés au maintien et à la promotion de la santé. Les Canadiens plus âgés qui sont atteints du VIH vivent également avec la possibilité de faire face à : un vieillissement accéléré, des effets secondaires causés par l’utilisation prolongée d’antirétrovirauxNote de bas de page 7 et des taux plus élevés de comorbidités non liées au sida, notamment le diabète, le cancer et les maladies cardiovasculairesNote de bas de page 4Note de bas de page 8. Ainsi, l’épidémie de VIH pose de graves problèmes aux personnes plus âgées en raison des problèmes physiques, mentaux et psychologiques qui accompagnent inévitablement le vieillissement, aussi bien que l’infection au VIHNote de bas de page 9Note de bas de page 10. Avec le vieillissement des populations nationales et mondiales, il est important de comprendre l’épidémiologie du VIH chez les personnes plus âgées en vue d’orienter les programmes de sensibilisation et de prévention.
L’objectif de la présente analyse consiste à évaluer les tendances des cas de VIH nouvellement diagnostiqués au Canada pour les populations âgées de ≥ 50 ans et celles de moins de 50 ans (< 50 ans), puis de comparer les caractéristiques démographiques de base ainsi que les catégories d’exposition de ces deux populations, pour la période de 2008 à 2017.
Méthodes
L’étude s’appuie sur des données du Système national de surveillance du VIH/sida, qui est géré par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC)Note de bas de page 11. Le Système national de surveillance du VIH/sida est un système passif basé sur des cas, qui collige des données non nominales de personnes nouvellement diagnostiquées séropositives au Canada; ces données sont soumises à l’ASPC par les autorités de santé publique provinciales et territoriales. Les détails relatifs aux méthodes de surveillance ont été décrits précédemmentNote de bas de page 11Note de bas de page 12.
Les données relatives à l’âge, au sexe et aux catégories d’exposition ont été analysées pour les cas de VIH signalés entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2017. Les cas ont été stratifiés en deux groupes : le premier composé de personnes de ≥ 50 ans au moment du diagnostic; et le deuxième composé de celles de < 50 ans au moment du diagnostic. Les catégories d’exposition utilisées dans la surveillance du VIH sont indiquées au tableau 1 et sont utilisées selon un cadre hiérarchiqueNote de bas de page 11 afin de refléter le mode de transmission du VIH le plus probable, même si un cas donné comportait plusieurs catégories d’exposition.
Catégorie d’exposition | Type d’exposition signalé |
---|---|
Gais, bisexuels et autres hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH) | Rapport sexuel homosexuel |
Utilisateurs de drogues injectables (UDI) | Usage de drogues par injection |
gbHARSAH-UDI | Rapport sexuel homosexuel et usage de drogues injectables |
Hétérosexuel/endémiqueNote a de Tableau 1 (Hét-endémique) |
Une personne née dans un pays où le VIH est endémiqueNote a de Tableau 1 qui rapporte des rapports hétérosexuels |
Hétérosexuel/risque (Hét-risque) |
Relations sexuelles hétérosexuelles avec une personne infectée par le VIH ou présentant un risque accru d’infection par le VIH (p. ex. une personne qui s’injecte des drogues, un homme qui a des partenaires sexuels masculins ou une personne originaire d’un pays où le VIH est endémique) |
Hétérosexuel/aucun risque signalé (ARS-Hét) |
Relations sexuelles hétérosexuelles, lorsque le contact hétérosexuel est le seul facteur de risque signalé et que rien n’est connu en ce qui a trait aux facteurs liés au VIH en lien avec le partenaire |
Autres | Exposition périnatale, exposition par le travail ou transfusion de sang ou de facteurs de coagulation hors du pays, et toute autre sorte d’exposition |
Le Québec ne soumet pas de données sur la catégorie d’exposition à l’ASPC, de sorte que les cas nouvellement diagnostiqués au Québec ont été exclus des analyses impliquant la catégorie d’exposition. Des tests du chi carré séparés ont été menés pour comparer la répartition des catégories d’exposition entre les groupes plus âgés et les plus jeunes, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Tous les taux ont été calculés à partir des dénominateurs de population, lesquels ont été recueillis dans la publication de Statistiques démographiques annuelles produite par Statistique CanadaNote de bas de page 13.
Résultats
Il y a eu 22 534 cas de VIH nouvellement diagnostiqués, entre 2008 et 2017, et pratiquement tous les cas (99,8 %) comprenaient des données sur l’âge (n = 22 486). Dans l’ensemble, 19,7 % de ces personnes (n = 4 438) étaient âgées de ≥ 50 ans, représentant une augmentation de 39,1 %. Le nombre de nouveaux diagnostics de VIH chez les ≥ 50 ans est passé de 15,1 % en 2008 à 22,8 % en 2017 (figure 1). De même, le taux de diagnostics de VIH pour cette tranche d’âge est passé de 3,5 pour 100 000 habitants en 2008 à 3,9 pour 100 000 habitants en 2017. Le taux de diagnostic de VIH pour le groupe plus jeune était plus élevé que pour le groupe des plus âgés, et il a fluctué au cours de cette période, mais a diminué de 9,9 pour 100 000 habitants en 2008 à 8,0 pour 100 000 habitants en 2017.
Figure 1 : Nombres et taux rapportés (pour 100 000 habitants) concernant les diagnostics de VIH chez les personnes plus âgées (≥ 50 ans), chez les plus jeunes (< 50 ans) et chez tous les Canadiens dont l’âge a été déclaré, 2008 à 2017Figure 1 note a
Description textuelle : Figure 1
Figure 1 : Nombres et taux rapportés (pour 100 000 habitants) concernant les diagnostics de VIH chez les personnes plus âgées (≥ 50 ans), chez les plus jeunes (< 50 ans) et chez tous les Canadiens dont l’âge a été déclaré, 2008 à 2017 Figure 1 note a
Année de diagnostic du VIH |
Nombre de diagnostics du VIH signalés | Proportion de jeunes Canadiens (%) | Proportion de Canadiens plus âgées (%) | Taux de diagnostics du VIH | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Jeunes Canadiens | Canadiens plus âgées | Tous les Canadiens | Jeunes Canadiens | Canadiens plus âgées | Tous les Canadiens | |||
2008 | 2 201 | 391 | 2 592 | 84,9 % | 15,1 % | 9,9 | 3,5 | 7,8 |
2009 | 2 012 | 349 | 2 361 | 85,2 % | 14,8 % | 9,0 | 3,1 | 7,0 |
2010 | 1 876 | 412 | 2 288 | 82,0 % | 18,0 % | 8,4 | 3,5 | 6,7 |
2011 | 1 834 | 429 | 2 263 | 81,0 % | 19,0 % | 8,2 | 3,6 | 6,6 |
2012 | 1 704 | 367 | 2 071 | 82,3 % | 17,7 % | 7,6 | 3,0 | 5,9 |
2013 | 1 623 | 432 | 2 055 | 79,0 % | 21,0 % | 7,2 | 3,4 | 5,8 |
2014 | 1 599 | 450 | 2 049 | 78,0 % | 22,0 % | 7,1 | 3,4 | 5,7 |
2015 | 1 593 | 502 | 2 095 | 76,0 % | 24,0 % | 7,1 | 3,7 | 5,8 |
2016 | 1 767 | 562 | 2 329 | 75,9 % | 24,1 % | 7,8 | 4,2 | 6,4 |
2017 | 1 839 | 544 | 2 383 | 77,2 % | 22,8 % | 8,0 | 3,9 | 6,5 |
Répartition par groupe d’âge et sexe
De 2008 à 2017, des données relatives à l’âge et au sexe étaient disponibles pour 22 413 (99,4 %) des 22 534 cas de VIH nouvellement diagnostiqués. Parmi ceux-ci, 81,2 % étaient des hommes âgés de ≥ 50 ans, contre 74,6 % qui étaient des hommes âgés de < 50 ans (données non présentées). Les taux correspondants de diagnostic du VIH étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes, et ce, pour les deux groupes d’âge. Les taux chez les hommes et les femmes âgés de ≥ 50 ans ont augmenté avec le temps, la hausse relative étant plus élevée chez les femmes (passant de 1,0 à 1,6 pour 100 000 habitants chez les femmes, et de 6,6 à 6,5 pour 100 000 habitants chez les hommes). Chez les < 50 ans, les taux tant chez les hommes que chez les femmes ont diminué avec le temps, la baisse étant proportionnellement plus forte chez les femmes (passant de 5,6 à 4,2 pour 100 000 habitants chez les femmes, et de 14,1 à 11,7 pour 100 000 habitants chez les hommes) (figure 2).
Figure 2 : Taux annuels (pour 100 000 habitants) de nouveaux diagnostics de VIH par tranche d’âge et par sexe, Canada, 2008 à 2017Figure 2 note aFigure 2 note b
Description textuelle : Figure 2
Figure 2 : Taux annuels (pour 100 000 habitants) de nouveaux diagnostics de VIH par tranche d’âge et par sexe, Canada, 2008 à 2017 Figure 2 note aFigure 2 note b
Groupe d’âge |
Sexe | Année du diagnostic et taux de cas de VIH rapportés | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | ||
Canadiens plus âgés | Hommes âgé de 50 ans et plus | 6,3 | 5,3 | 5,8 | 6,2 | 5,0 | 5,9 | 5,5 | 6,2 | 6,9 | 6,5 |
Femmes âgé de 50 ans et plus | 1,0 | 1,0 | 1,4 | 1,1 | 1,1 | 1,0 | 1,5 | 1,4 | 1,5 | 1,6 | |
Jeunes Canadiens | Homme âges de moins de 50 ans | 14,1 | 12,9 | 12,6 | 12,0 | 11,3 | 10,9 | 10,5 | 10,4 | 11,5 | 11,7 |
Femmes âgées de moins de 50 ans | 5,6 | 5,0 | 4,0 | 4,2 | 3,7 | 3,4 | 3,5 | 3,6 | 3,9 | 4,2 |
Répartition des catégories d’exposition
De 2008 à 2017, il y a eu 14 751 nouveaux cas de diagnostics de VIH où l’âge, le sexe et la catégorie d’exposition étaient connus (65 %). Étant donné que la catégorie d’exposition des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (gbHARSAH) ne s’appliquait qu’aux hommes, l’analyse de la variable relative à la catégorie d’exposition a été réalisée séparément, par sexe. Autant chez les hommes plus âgés que chez les plus jeunes, appartenir au groupe gbHARSAH constituait la catégorie d’exposition la plus courante, suivie par la catégorie des contacts hétérosexuels, puis la catégorie d’usage de drogues par injection. Par ailleurs, plus d’hommes jeunes (62,4 %) se sont identifiés à la catégorie gbHARSAH, que d’hommes plus âgés (48,0 %). En revanche, il y avait moins d’hommes qui se sont identifiés à la catégorie des contacts hétérosexuels dans le groupe plus jeune (18,3 %) comparativement au groupe plus âgé (32,0 %). La proportion attribuée à la catégorie d’usage de drogues par injection était semblable dans les deux groupes : 14,4 % parmi les hommes plus âgés; et 12,5 % parmi les hommes plus jeunes (tableau 2).
Catégorie d’exposition | Hommes | Femmes | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Âgé de moins de 50 ans | 50 ans et plus | Âgé de moins de 50 ans | 50 ans et plus | |||||
n | % | n | % | n | % | n | % | |
gbHARSAH | 5 723 | 62,4 | 957 | 48,0 | S.O. | 0,0 | S.O. | 0,0 |
gbHARSAH-UDI | 348 | 3,8 | 47 | 2,4 | S.O. | 0,0 | S.O. | 0,0 |
UDI | 1 150 | 12,5 | 288 | 14,4 | 898 | 29,0 | 78 | 16,0 |
AutresNote a de Tableau 2 | 277 | 3,0 | 63 | 3,2 | 244 | 7,9 | 44 | 9,0 |
Contact hétérosexuel | 1 675 | 18,3 | 639 | 32,0 | 1 953 | 63,1 | 367 | 75,1 |
|
522 | 5,7 | 121 | 6,1 | 867 | 28,0 | 126 | 25,8 |
|
464 | 5,1 | 240 | 12,0 | 620 | 20,0 | 129 | 26,4 |
|
689 | 7,5 | 278 | 13,9 | 466 | 15,1 | 112 | 22,9 |
Sous-totalNote b de Tableau 2 | 9 173 | - | 1 994 | - | 3 095 | - | 489 | - |
Aucun risque signalé | 403 | 3,0 | 152 | 4,2 | 143 | 3,1 | 27 | 3,2 |
Catégorie d’exposition inconnue ou non rapportée (manquante) | 3 850 | 28,7 | 1 448 | 40,3 | 1 322 | 29,0 | 317 | 38,1 |
Total | 13 426 | - | 3 594 | - | 4 560 | - | 833 | - |
Chez les femmes, la catégorie relative aux contacts hétérosexuels était la plus élevée dans les deux groupes d’âge, mais elle était relativement plus élevée chez les ≥ 50 ans (75,1 % contre 63,1 %). Par ailleurs, la proportion de cas dans la catégorie d’exposition relative à l’usage de drogues injectables était relativement plus élevée chez les < 50 ans (29,0 % contre 16,0 %). Dans la catégorie d’exposition relative aux contacts hétérosexuels, la proportion attribuée aux personnes en provenance de pays où le VIH est endémique était semblable pour les deux groupes d’âge (25,8 % ≥ 50 ans; 28,0 % < 50 ans) (Tableau 2). La répartition des diagnostics de VIH pour l’ensemble des catégories d’exposition était considérablement différente entre les populations plus jeunes et celles plus âgées, et ce, aussi bien chez les hommes que chez les femmes (test du chi carré; p < 0,0001).
De 2008 à 2017, la répartition des catégories d’exposition par groupe d’âge n’a pas beaucoup changé pour les hommes et les femmes (données non présentées). Par exemple, chez les hommes, le groupe gbHARSAH a continué de représenter la plus importante catégorie d’exposition au fil du temps, tandis que chez les femmes, ce sont les contacts hétérosexuels qui ont continué de représenter la plus importante catégorie d’exposition.
Discussion
Au Canada, plus de 20 % de tous les cas de VIH nouvellement diagnostiqués concernent maintenant des personnes âgées de 50 ans et plus. Le nombre de nouveaux diagnostics de VIH chez les personnes plus âgées a augmenté de 39,1 % entre 2008 et 2017; de même, le taux de nouveaux diagnostics de VIH au cours de cette période a également augmenté. Cette tendance contraste avec la catégorie des plus jeunes, qui a connu une diminution globale de la proportion et du taux de nouveaux diagnostics de VIH au cours de la même période; ces changements au fil du temps ont été observés à la fois chez les hommes et chez les femmes, bien que les changements relatifs aient été observés de façon plus importante chez les femmes. La plus grande proportion de nouveaux diagnostics a été constatée dans la catégorie d’exposition gbHARSAH, représentant près de la moitié des hommes plus âgés et les deux tiers des hommes plus jeunes.
La tendance à la hausse des diagnostics de VIH chez les personnes plus âgées a également été observée dans d’autres pays. L’incidence de 20 % se situe entre les estimations mondiales de l’ONUSIDA de 10 % (pour les pays à revenu faible et intermédiaire)Note de bas de page 2 et 30 % (pour les pays développés)Note de bas de page 3. Au Royaume-Uni, le nombre de nouveaux cas d’infections au VIH a diminué de façon générale; par contre, le nombre et la proportion de nouveaux diagnostics chez les personnes de ≥ 50 ans ont continué d’augmenterNote de bas de page 14. À titre comparatif, une analyse récente des données du Système de surveillance européenne a comparé les personnes plus âgées (≥ 50 ans) aux personnes plus jeunes (15 à 49 ans) en 2014 et 2015. Le taux de notification moyen des nouveaux diagnostics chez les personnes plus âgées a augmenté, principalement dans les pays de l’Union européenne de l’Est et de l’Espace économique européen. L’analyse a également révélé que les personnes âgées de ≥ 50 ans sont plus susceptibles de contracter le VIH par contact hétérosexuel et de présenter des signes de la maladie tardivementNote de bas de page 15. Aux États-Unis, en revanche, les diagnostics de VIH chez les personnes de ≥ 50 ans ont diminué de 7 %, entre 2011 et 2015Note de bas de page 16. Cette tendance a également été observée dans la ville de New York, où le nombre de nouveaux diagnostics de VIH, de 2001 à 2017, a diminué de manière significative pour l’ensemble de la population et pour les personnes âgées de ≥ 50 ansNote de bas de page 17.
Une augmentation des tests de dépistage du VIH pourrait expliquer en partie l’augmentation du nombre de diagnostics de VIH attribués aux Canadiens plus âgés. La Colombie-Britannique a connu une hausse générale de la fréquence des tests de dépistage du VIH depuis 2011, et la fréquence des tests dépistage des ≥ 50 ans a augmenté, de 2011 à 2016Note de bas de page 18. Une forte proportion de nouveaux diagnostics ont été rapportés dans la catégorie d’exposition gbHARSAH (près de la moitié chez les hommes plus âgés et les deux tiers chez les hommes plus jeunes), qui demeure le principal moteur de l’épidémie de VIH au CanadaNote de bas de page 12. En général, la population gbHARSAH continue d’être touchée de façon disproportionnée par le VIH. En Ontario, le pourcentage de tests dans la population gbHARSAH est passé de 17,7 % en 2007 à 28,6 % en 2016Note de bas de page 19. Les tests peuvent également inclure les hommes gbHARSAH séronégatifs pour le VIH, groupe qui présente un risque plus élevé, car le test constitue la première étape pour envisager des approches préventives telles que la prophylaxie préexpositionNote de bas de page 20.
Outre ces initiatives de dépistage, plusieurs autres raisons pourraient expliquer l’augmentation des proportions et des taux chez les personnes âgées de ≥ 50 ans, notamment le faible usage du préservatif chez les personnes plus âgéesNote de bas de page 21Note de bas de page 22Note de bas de page 23; le fait de ne pas mettre en priorité les efforts de prévention du VIH chez les adultes plus âgésNote de bas de page 24; et une tendance à obtenir un diagnostic de façon relativement tardive au sein de cette populationNote de bas de page 23, permettant ainsi la transmission du virus. Aux États-Unis, les personnes plus âgées (≥ 50 ans) sont davantage susceptibles d’être atteintes du VIH à un stade avancé de l’infection au moment du diagnostic, et donc de commencer le traitement de manière tardiveNote de bas de page 16. Les personnes plus âgées sont susceptibles de souffrir de troubles médicaux liés au VIH plus tard au cours de la maladie, comparativement à leurs homologues plus jeunesNote de bas de page 25. Au Canada, le nombre de diagnostics de femmes âgées de ≥ 50 ans a augmenté depuis 2008, et les contacts hétérosexuels constituaient la catégorie d’exposition la plus fréquemment signalée pour ce groupe d’âge (ainsi que pour les femmes plus jeunes).
Cette augmentation du nombre de cas de VIH diagnostiqués chez les femmes plus âgées pourrait être due en partie au fait que ces femmes sont moins préoccupées par les risques de grossesse et s’adonnent possiblement davantage à des rapports sexuels non protégésNote de bas de page 22Note de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 28. La hausse observée des diagnostics de VIH rapportés chaque année pourrait également être attribuée en partie à des diagnostics antérieurs d’infection par le VIH, pour lesquels une personne aurait pu être testée et ce nouveau cas aurait été rapporté plusieurs fois, et ce, en raison de la migration interprovinciale ou encore de la migration au Canada après avoir reçu un diagnostic de VIH à l’extérieur du Canada. Cependant, pour le moment, il n’est pas possible d’évaluer l’incidence d’un diagnostic reçu antérieurement par groupe d’âge, car cette information n’est pas disponible. L’augmentation du nombre de cas de VIH nouvellement diagnostiqués chez les adultes de ≥ 50 ans entraîne des répercussions importantes. Les personnes plus âgées présentent des caractéristiques démographiques et des facteurs de risque différents de ceux des adultes plus jeunes; ainsi, les initiatives de dépistage et de prévention du VIH, qui ont toujours visé une population plus jeune, pourraient ne pas avoir la même efficacité sur les populations plus âgées. Prévoir des interventions pour cibler les caractéristiques distinctives de cette population plus âgée pourrait s’avérer nécessaire. L’Agence de la santé publique du Canada continuera de fournir des mises à jour concernant la situation du VIH au sein de cette population, car ces données pourraient être utilisées en vue d’orienter les futures mesures de santé publique qui seront conçues pour lutter contre le VIH chez les personnes plus âgées.
Limites
Bien que les données de surveillance décrivent les cas diagnostiqués de l’épidémie, les estimations nationales de la prévalence et de l’incidence du VIH fournissent un portrait global de l’épidémie de VIH au Canada et incluent les personnes infectées par le VIH qui ont été diagnostiquées et non diagnostiquéesNote de bas de page 29. Les données relatives aux nouveaux diagnostics ne concernent que les individus testés et diagnostiqués séropositifs, et ne représentent aucunement tout l’éventail des personnes vivant avec le VIH. De plus, ces données ne fournissent aucun renseignement quant au moment où ces personnes ont été infectées. L’analyse décrite dans la présente étude s’est limitée à des variables présentant des données relativement complètes, notamment l’âge, le sexe et la catégorie d’exposition. Enfin, ces données pourraient inclure un sous-groupe de personnes ayant reçu un diagnostic de VIH dans une autre province (ou autre pays). D’autres limites relatives au Système national de surveillance du VIH/sida ont été décrites ailleurs dans le présent documentNote de bas de page 12.
Conclusion
Au Canada, plus de 20 % de tous les cas de VIH nouvellement diagnostiqués concernent maintenant des personnes âgées de 50 ans et plus. Les initiatives nationales de dépistage et de prévention du VIH visent depuis toujours les populations plus jeunes et pourraient ne pas avoir la même incidence sur les populations plus âgées. Ces données peuvent être utilisées pour orienter les futures mesures de santé publique qui seront conçues pour lutter contre le VIH chez les populations plus âgées.
Déclaration des auteurs
- N. H. — Acquisition de données, analyse et interprétation de données, réécriture de l’article original, notamment la conceptualisation, rédaction, version définitive, révision, édition, validation, visualisation
- A. R. — Acquisition et analyse de données, validation, rédaction et révision de la version définitive
- N. P. — Révision, édition, validation, visualisation et approbation de la version à publier
- O. V. — Conceptualisation, analyse initiale des données et première ébauche
- M. E. — Conceptualisation, analyse initiale des données et première ébauche
- L. J. — Conceptualisation, analyse initiale des données et première ébauche
- W. S. — Conceptualisation, révision de la première ébauche
- A. W. — Examen des données, recherche, révision de la version définitive
- C. A. — Révision, rédaction, édition, approbation finale
Conflit d’intérêts
Aucun.
Remerciements
L’Agence de la santé publique du Canada tient à remercier tous les fournisseurs de données pour leurs généreuses contributions et leur participation. La source des renseignements provient des programmes provinciaux et territoriaux portant sur le virus d’immunodéficience humaine (VIH) et le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA).
Financement
Ce travail a été réalisé grâce au soutien de l’Agence de la santé publique du Canada.
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