Résistance aux antimicrobiens; fièvre typhoïde chez les voyageurs de retour du Pakistan; parler respectueusement

RMTC

Volume 45–11, le 7 novembre 2019 : Infections transmissibles sexuellement chez les hommes HARSAH

Actualités sur les maladies infectieuses

Résistance aux antimicrobiens – Nous écartons le principe de la sélection naturelle : il est temps d’agir maintenant

Source : Williams, Michelle A. Antimicrobial resistance: We are up against natural selection – the time to act is now. Extrait du : The Washington Post, 8 juillet 2019 (Michelle A. Williams est doyenne de la Harvard T.H. Chan School of Public Health). https://www.washingtonpost.com/opinions/dont-despair-our-antibiotic-resistance-crisis/2019/07/08/b164ea4e-9f62-11e9-b27f-ed2942f73d70_story.html (En anglais seulement)

Lorsque les médias couvrent les microbes résistants aux antibiotiques, ils décrivent généralement la situation en adoptant un ton alarmiste, teinté de crainte et d’impuissance. Et c’est en grande partie justifié. La résistance aux antibiotiques mine les fondations de notre système médical moderne. On ne peut plus compter sur ces médicaments pour un vaste éventail de situations critiques, par exemple pour les patients ayant besoin de se faire remplacer des articulations ou devant subir une chirurgie à cœur ouvert, ou encore les patientes devant subir une césarienne. Le projet Review on Antimicrobial Resistance, appuyé par le gouvernement britannique, prédit que, d’ici 2050, la résistance aux médicaments viendra faucher 10 millions de vies dans le monde entier. Alors oui, il est justifié d’avoir peur. En revanche, nous ne devons pas nous sentir impuissants. Bien que le problème de la pharmacorésistance soit complexe, la voie pour renverser la situation, elle, est simple. Il nous faut juste avoir la détermination de l’emprunter.

Nous écartons le principe de la sélection naturelle – l’évolution darwinienne en soi. Les antibiotiques, surtout lorsqu’ils sont utilisés de manière inappropriée, créent une pression sélective sur les bactéries. Les organismes les plus vulnérables aux médicaments meurent rapidement, tandis que les microbes les plus résilients survivent et se dupliquent. Comment l’humanité peut-elle l’emporter sur l’ingéniosité de la nature? Nous nous y prendrons de la même manière dont la santé publique a historiquement triomphé des fléaux associés aux maladies infectieuses... et de la même manière dont elle a combattu les autres problèmes bien connus tels que le tabagisme, les lieux de travail non sécuritaires et les aliments contaminés. Nous devons monter une campagne soutenue et coordonnée, qui sera menée sur de multiples fronts.

Voici une prescription pour résoudre la crise des antibiotiques : D’abord, nous devons prévenir les infections dans la mesure du possible. Une infection prévenue est un cas de résistance aux antibiotiques évité. La prévention est l’essence de la santé publique. Au chapitre de la lutte contre la résistance des microbes aux médicaments, cela signifie prescrire des antibiotiques seulement lorsqu’ils sont vraiment nécessaires. Cela signifie mettre un terme à l’utilisation inutile d’antibiotiques chez les animaux d’élevage. Et cela signifie aussi de consacrer des sommes plus importantes aux programmes de contrôle des infections dans les hôpitaux.

Ensuite, nous devons investir beaucoup plus d’argent dans la recherche et le développement. Une fois que de nouveaux antibiotiques font leur apparition sur le marché, nous devons briser le lien conventionnel entre les ventes et les profits. Contrairement aux autres médicaments, les nouvelles catégories d’antibiotiques devront être conservées le plus longtemps possible, grâce à une utilisation limitée. Plus tôt cette année, Jim O’Neill – un ancien économiste en chef de chez Goldman Sachs qui a présidé le projet Review on Antimicrobial Resistance – a suggéré de nationaliser la production d’antibiotiques.

Enfin, nous devons revoir notre conception des antibiotiques. Tout comme le sont nos rivières et nos forêts, ils sont de précieuses ressources... Ce sont des biens publics dont toute la population devrait pouvoir jouir. Renverser la marée de la résistance aux antibiotiques ne sera pas une tâche facile. L’enjeu est similaire aux changements climatiques en ce sens qu’il semble distant, abstrait et insidieux, mais est potentiellement catastrophique pour ceux qu’il touche. Par contre, contrairement aux changements climatiques qui ont leurs climatosceptiques, la résistance aux antibiotiques n’a pas de sceptique dans ses rangs... Les experts s’entendent pour dire que cette crise peut être résolue grâce à la science et à l’argent. Il est temps d’agir maintenant.

Hausse de fièvre typhoïde XDR chez les voyageurs de retour du Pakistan

Source : Centre européen de prévention et contrôle des maladies. Increase of XDR Typhoid fever in travellers returning from Pakistan. 9 octobre 2019. https://www.ecdc.europa.eu/en/news-events/increase-xdr-typhoid-fever-travellers-returning-pakistan (En anglais seulement)

Le centre irlandais de surveillance et de protection de la santé a signalé une hausse des avis de fièvre typhoïde chez les voyageurs de retour du Pakistan. Selon les autorités et en date de la semaine du 15 septembre (semaine 38), 23 cas de salmonella enterica serovar Typhi (S. Typhi) ont été déclarés en 2019, dont 12 concernaient des personnes ayant récemment voyagé au Pakistan; sept étant âgées de moins de 15 ans. Trois des 12 cas de fièvre typhoïde ayant un historique de voyage au Pakistan présentaient une infection par des souches extrêmement résistantes aux médicaments (XDR). L’Australie, le Canada, le Danemark, Taiwan, le Royaume-Uni et les États-Unis ont également détecté des cas de fièvre typhoïde XDR parmi des voyageurs de retour du Pakistan.

Selon l’OMS/BRMO, le Pakistan connaît une vague continue de S. Typhi XDR depuis 2016. En date d’août 2019, 10 365 cas de fièvre typhoïde XDR ont été déclarés depuis 23 districts de la province du Sindh; le district de Karachi étant le plus touché. Il est important de rappeler aux voyageurs se rendant au Pakistan du besoin de se faire vacciner contre la fièvre typhoïde avant de partir, ainsi que les règles d’hygiène adéquates à prendre au cours de leur voyage. Les professionnels de la santé devraient être avisés de la possibilité d’une infection S. Typhi XDR chez les patients de retour du Pakistan.

Le poids des mots : Pour un langage respectueux en matière de santé sexuelle, de consommation de substances, les ITSS

Source: Association canadienne de santé publique, Ressources et services. Le poids des mots : Pour un langage respectueux en matière de santé sexuelle, de consommation de substances, les ITSS et de sources de stigmatisation intersectionnelles. 2019. https://www.cpha.ca/fr/le-poids-des-mots-pour-un-langage-respectueux-en-matiere-de-sante-sexuelle-de-consommation-de

Les mots ont de l’importance! L’ACSP a publié une nouvelle ressource intitulée Le poids des mots : Pour un langage respectueux en matière de santé sexuelle, de consommation de substances, les ITSS et de sources de stigmatisation intersectionnelles. C’est un outil qui peut être utilisé par toute personne travaillant dans le domaine de la santé ou des services sociaux, surtout en lien avec les infections transmissibles sexuellement et par le sang, la santé sexuelle et la réduction des méfaits. L’outil dresse l’inventaire des termes qui peuvent contribuer à la stigmatisation, en explique les répercussions possibles et propose des solutions de rechange pour favoriser un dialogue plus respectueux et inclusif.

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