Une histoire sur la narration
Par Crofton Steers
Il était une fois un jeune homme qui travaillait pour le gouvernement du Canada. Pour lui, c’était en quelque sorte une histoire de famille, puisque son père l’avait fait avant lui. Tout comme son père, il travaillait en communications, expliquant aux Canadiens le travail du gouvernement et œuvrait pour les aider. Le jeune homme a fait de son mieux et travaillé dans de nombreux ministères et sur différents dossiers intéressants. Souvent, comme il se retrouvait à répondre aux questions d’intermédiaires, comme les médias ou le cabinet d’un ministre, il avait l’impression que ces distractions l’empêchaient de parler directement aux Canadiens. Il s’en est lassé et a commencé à se demander si ce travail était vraiment sa destinée.
Un jour, quelque chose lui est arrivé : son ministère l’a contacté pour lui demander de l’aider à « narrer des histoires ». Voilà un mot qui a interpellé le jeune homme, un mot qui évoquait les souvenirs des livres d’histoires que son père lui lisait lorsqu’il était enfant. Ayant étudié la littérature à l’université, il aimait les histoires sous toutes leurs formes. Bien que l’occasion semble intéressante – l’idée l’enchantait –, il y avait un problème. Il n’était pas tout à fait certain de comprendre ce qu’on lui demandait.
« Que pouvait signifier la narration dans le contexte du gouvernement?
»
Dans le monde des communications d’État, les « histoires » équivalaient souvent à des articles de presse. Est-ce ce qu’on entendait ici? On attendait peut-être qu’il trouve un contenu intéressant et les présente sous forme d’histoires aux médias.
La « narration de marque » était également un terme important dans le monde du marketing, amenant les gens à s’investir affectivement dans les entreprises, en liant celles-ci à certaines valeurs. Est-ce là ce qu’il doit faire?
Ou s’agit-il de quelque chose de plus simple?
Pour approfondir ses recherches, le jeune homme a parlé à différentes personnes et commencé à lire des articles et des livres. Il a appris que la narration était un moyen puissant, car elle fait appel aux émotions du public et qu’elle accrochait, ses messages faisant des échos plus profonds que de simples informations.
Il a également commencé à se rendre compte que la narration pouvait être aussi simple que… raconter des histoires. Mais, la narration n’était-elle peut-être pas aussi simple, surtout au sein d’un grand ministère?
Il a pris un stylo et du papier et a commencé à réfléchir à ce que devrait contenir une bonne histoire, quelle que soit la manière dont on la raconte.
Avant tout, a-t-il pensé, une histoire doit comporter un personnage, une personne dans laquelle on pouvait s’investir et qu’on pouvait suivre. S’il est possible d’humaniser une organisation, un animal ou même un grille-pain, l’histoire la plus simple est celle d’une personne. Les personnes s’intéressent à d’autres personnes et s’identifient à elles.
Deuxièmement, une histoire doit avoir un cadre. Il peut s’agir du lieu où se déroule l’histoire ou simplement d’une mise en situation, un peu comme on met la table avant un repas.
Bon, le décor est planté et le personnage principal est présenté. Que se passerait-il ensuite? Qu’est-ce qui en ferait une bonne histoire? « Les événements! », pense le jeune homme. Mais, il ne peut pas s’agir d’événements normaux. Le personnage doit faire un voyage, affronter l’adversité, grandir. Il doit franchir des écueils, surmonter des obstacles qui se mettent en travers de son chemin. C’est ce que l’on appelle souvent le « récit », un mot que le jeune homme verra même utilisé en dehors de la narration.
Enfin, le personnage peut soit réussir dans sa quête, soit échouer. En fin de compte, une leçon sera apprise en cours de route et le personnage grandirait. L’émotion générée par l’histoire, la leçon et la morale de l’histoire resteraient alors dans l’esprit du public.
C’est à ce moment-là que l’homme s’est rendu compte que ce modèle de narration pouvait servir à communiquer n’importe quoi d’une manière qui engage émotionnellement l’auditeur, le lecteur ou le spectateur. La narration pourrait aider à expliquer les initiatives du gouvernement du point de vue des personnes qui reçoivent l’aide, ou même de celui des personnes qui fournissent l’aide.
Le jeune homme pose son bloc-notes et réfléchit à tous les programmes gouvernementaux qu’il a contribué à faire connaître au cours de sa carrière. Il réfléchit à la façon dont la narration aurait pu l’aider dans le passé, puis s’est mis à formuler une nouvelle stratégie pour sa situation actuelle. Son ministère soutient sa stratégie et l’aide à la mettre en œuvre. Celle-ci est bien accueillie et, bien qu’imparfaite, le jeune homme en est fier.
C’était une fin heureuse pour lui, mais aussi un nouveau départ.
Par nature, le travail au sein du gouvernement n’est pas un roman. Il peut être froid, émaillé de couches de faits, de chiffres, de politiques et de processus qui masquent le fait qu’au fond, il s’agit de personnes qui aident d’autres personnes.
Ensemble, en tant que communicateurs, racontons des histoires.
La narration au sein du gouvernement est un domaine en pleine évolution qui peut prendre diverses formes, des vidéos aux balados en passant par les médias sociaux. Les messages transmis par la narration ont beaucoup plus de chances d’être retenus que par les méthodes de communication traditionnelles.
Il s’agit d’un outil à la disposition de tous les communicateurs. Il suffit de garder à l’esprit la structure suivante lors de la rédaction de votre histoire.
Vous devez avoir :
- un personnage principal;
- un cadre clair;
- un récit (le parcours du personnage);
- un aboutissement pour le personnage.
Dans la mesure du possible, essayez d’utiliser un langage clair et simple.
Toutes ces informations et bien d’autres sont discutées sur le site de la Communauté de pratique en narration (accessible uniquement sur le réseau du gouvernement du Canada).
La vie en numérique a également publié un article récent sur une initiative d’histoires numériques à laquelle l’auteur a participé et qui contient des informations supplémentaires.
Découvrez ces excellentes ressources sur la narration :
- Microsérie d’apprentissage Pleins feux sur l’ACCÈSsibilité : Communications
- L’art de raconter : un outil de communication (accessible uniquement sur le réseau du gouvernement du Canada)
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