Visages du SCC : Abigail Carleton
le 9 juillet, 2024
Agente de projet, Opérations, Secteur des initiatives pour les Autochtones, administration centrale, Ottawa
« Je dirais avec assurance que oui, on améliore les services correctionnels pour les délinquants autochtones. Depuis l’administration centrale, on peut avoir l’impression d’être tellement éloigné de la première ligne qu’on ne l’influence pas vraiment. De temps à autre, on a l’occasion d’examiner un dossier ou un grief, ou encore de faire des recommandations concernant un délinquant qui, à petite échelle, ont d’énormes répercussions pour cette personne. »
Durant la quatrième année de son baccalauréat en travail social à l’Université Carleton à Ottawa, Abigail s’est trouvé un stage au sein de la Direction de l’apprentissage et du perfectionnement du SCC. Pendant son stage, elle a rencontré les employés de la Direction des initiatives pour les Autochtones, qui s’appelle aujourd’hui le Secteur des initiatives pour les Autochtones. Les relations positives qu’elle a établies avec ses collègues lui ont permis d’obtenir un emploi à temps plein au sein de la Direction quand elle a reçu son diplôme en 2019.
Il y a maintenant cinq ans qu’Abigail est employée dans cette direction/ce secteur. Dans le cadre de son travail sur le portefeuille/dossier des Inuits, elle doit notamment coordonner, offrir et coanimer de la formation sur la sensibilisation à la culture inuite à l’intention des employés. Cette Inuite d’Ottawa a aussi fait partie de l’équipe qui a revitalisé, mis à jour et publié la Stratégie holistique Anijaarniq ciblant les Inuit, qui décrit l’approche du SCC quant aux services correctionnels pour les Inuits. Abigail explique que depuis son élaboration en 2013, la Stratégie n’avait réellement existé qu’au sein de la Direction. Elle a contribué à en faire un document complet qui a été publié sur le site Web du SCC et sur le Hub en mars 2023.
« L’objectif de la Stratégie est de rapatrier les Inuits dans leurs communautés d’origine », dit Abigail.
Pour y parvenir et combler les lacunes dans les services offerts aux délinquants inuits, Abigail et ses collègues ont récemment mis sur pied le Groupe de travail sur la Stratégie Anijaarniq, dans le cadre duquel des organismes inuits nationaux travailleront en partenariat avec le SCC.
« Le SCC a de bonnes interventions et initiatives axées sur les Autochtones. Pour les [délinquants] inuits, nous avons des centres d’excellence inuits, soit des unités opérationnelles désignées dans lesquelles il doit y avoir un Aîné et du personnel inuits, et où les délinquants ont accès au Programme correctionnel intégré pour les Inuits. Ils ont également accès une fois par mois à des aliments prélevés dans la nature : de la viande fraîche provenant de notre Inuit Nunangant (territoires inuits), comme du caribou, du phoque, ou de l’omble chevalier. L’Établissement de Beaver Creek comporte également un endroit consacré à la sculpture. »
Abigail explique qu’il n’y a que quatre unités opérationnelles qui sont désignées comme étant des centres d’excellence inuits et qui offrent ces programmes et interventions pour Inuits. Elles sont situées dans les régions de l’Atlantique, de l’Ontario, du Québec et des Prairies. Il n’y a aucun établissement fédéral dans le Nord. Abigail indique que l’incarcération dans les établissements du Sud peut s’avérer très difficile pour les Inuits, en particulier pour les femmes inuites.
« Ces personnes sont toutes isolées de leurs communautés d’origine », affirme Abigail. « Il n’y a pas de programme pour les femmes inuites. Elles pourraient se retrouver à participer à un programme pour les Autochtones ou pour la population générale. »
Abigail ajoute que les Inuits ont une culture et des traditions distinctes, et que leurs cérémonies ne ressemblent aucunement à celles que l’on associe généralement aux peuples autochtones. « Ces personnes sont donc doublement isolées. »
Pour les Inuits qui ne sont pas logés dans un centre d’excellence inuit, et les femmes inuites en général, il n’y a peut-être personne dans leur établissement avec qui ils peuvent parler dans leur langue. Ils n’ont peut-être pas non plus accès à un Aîné inuit ou un agent de liaison autochtone avec qui parler ou travailler. Abigail espère que le Groupe de travail sur la Stratégie Anijaarniq aidera à combler certaines de ces lacunes. Elle souhaite aussi offrir plus de formation sur la sensibilisation à la culture inuite aux employés dans les établissements qui peuvent aider les délinquants inuits isolés.
Abigail est fière de ses origines inuites. Elle en fait part aux autres volontiers à l’extérieur du travail. Sa grande sœur a enseigné le chant guttural à Abigail et à sa petite sœur.
Abigail (à gauche) et sa sœur Aneeka chantant un chant guttural lors d’un événement, vêtues de leurs « amautis », des tenues d’apparat perlées et brodées.
« Nous donnons habituellement des spectacles à l’occasion de la Journée des peuples autochtones, de conférences importantes, et de la Journée de la vérité et de la réconciliation. Nous avons l’occasion de faire découvrir notre culture, et j’aime beaucoup ça. »
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