Peggy Joiner : Militer en faveur du changement et de la responsabilisation au sein des services correctionnels canadiens
12 juillet 2024
« Ma force motrice est de croire que les gens peuvent changer tant qu’on leur donne les bons outils », dit Peggy Joiner. « Il y a beaucoup de personnes dans le système qui ont fait des erreurs, mais elles ne sont pas toutes mauvaises. »
La force motrice qui propulse Peggy Joiner depuis le début de sa carrière est de croire au pouvoir du changement. Pas étonnant qu’elle ait été choisie comme lauréate du prestigieux Prix James A. Murphy pour l’année 2023 après avoir passé plus de 40 ans à travailler auprès de personnes au sein du système de justice pénale.
Ce prix, qui souligne ses contributions remarquables aux comités consultatifs de citoyens (CCC), est son plus récent accomplissement dans le cadre de son parcours exceptionnel. Son père était psychiatre à l’Établissement de Springhill en Nouvelle-Écosse, sa province natale. Elle affirme donc avoir toujours su que les délinquants pouvaient réussir leur réinsertion sociale.
Peggy Joiner
« Le SCC (Service correctionnel du Canada) offre plusieurs programmes qui aident les gens en établissement et à l’extérieur », explique-t-elle. « Personne ne peut changer contre son propre gré. Mais si une personne le souhaite, le SCC doit la soutenir à l’aide d’outils qui fonctionnent. »
Peggy a commencé sa carrière dans le domaine des services correctionnels en 1980 quand elle a obtenu sa maîtrise en criminologie de l’Université d’Ottawa. Elle a été agente de projet au SCC, agente de probation pour le gouvernement de l’Alberta et gestionnaire d’un établissement pour jeunes en Nouvelle-Écosse. Son implication avec les CCC, qui dure depuis plus de 20 ans, remonte au début des années 2000, quand elle est devenue membre de l’un d’entre eux.
En assurant le lien entre le SCC et la collectivité, les membres des CCC comme Peggy aident à informer les membres du public, donnent suite à leurs préoccupations et suscitent leur appui, et ce, de façon bénévole.
À titre d’observateurs impartiaux des activités quotidiennes du SCC, ils sont en mesure de non seulement obtenir des renseignements sur les soins, la surveillance et les services offerts aux délinquants, mais aussi de donner des conseils concernant les politiques et les programmes.
L'idée des CCC comme moyen pour les citoyens de participer au processus correctionnel est née dans les années 1960, dans de petites villes près desquelles étaient situés des établissements. Aujourd’hui, les CCC font partie intégrante du système correctionnel fédéral. Tous les établissements et les bureaux de libération conditionnelle du Canada doivent avoir un CCC chargé d’observer les activités du SCC, d’assurer la liaison avec celui-ci et de le conseiller.
Habituellement, les membres des CCC ont entre autres la tâche d’interagir avec les délinquants, le personnel ou les membres de la collectivité. Ils peuvent même observer une audience disciplinaire interne, ou encore mettre des délinquants qui cherchent un emploi en relation avec des employeurs.
« Notre rôle est d’être les yeux et les oreilles du public et de faire connaître les points de vue de la collectivité sur ce qui fonctionne bien et ce qui ne fonctionne pas très bien. Même si le SCC n’a pas l’obligation de tenir compte de nos conseils, nous pouvons amener des changements importants », dit Peggy. Elle mentionne des réussites passées, comme sa participation à la rationalisation du processus destiné à faire parvenir leur courrier aux détenus pendant la pandémie de COVID-19, et au soutien des efforts visant à offrir de la formation sur le travail dans les établissements pour femmes aux agents correctionnels des établissements pour hommes.
Elle insiste également sur l’importance du rôle du personnel du SCC, des délinquants et du public dans le processus de réinsertion sociale. « Ce sont tous des partenaires qui contribuent à parts égales à la réussite de la réinsertion sociale », dit-elle.
Avec les années, Peggy a assumé des fonctions au sein des trois niveaux de la structure de gouvernance des CCC. Elle a fait partie du CCC de l’Établissement Nova pour femmes pendant 15 ans. De 2014 à 2020, elle a assuré la présidence des CCC de la région de l’Atlantique pour ensuite occuper le poste de présidente nationale de 2020 à 2022. À l’heure actuelle, Peggy travaille sans relâche pour redémarrer le CCC des collectivités de la Nouvelle‑Écosse, qui englobe le centre correctionnel communautaire Jamieson et les bureaux de libération conditionnelle locaux.
« Peggy sème l’enthousiasme partout où elle passe », affirme Donna Gardiner, présidente du CCC de Terre-Neuve. « Au fil des années, elle a été ma personne-ressource. J’avais confiance en ses connaissances et ses commentaires. À mon avis, aucun autre bénévole d’un CCC ne mérite ce prix autant que Peggy Joiner. »
Tout au long de son mandat, Peggy a dirigé des initiatives destinées à renforcer la collaboration entre les CCC et le SCC. Elle a joué un rôle déterminant en contribuant à la modernisation de la Constitution des CCC et à la revitalisation des comités dont le nombre de membres diminuait, et en s’assurant que les membres restants avaient assez de ressources pour s’acquitter de leur mandat efficacement. Son leadership a mené à l’élaboration d’un plan stratégique pour les CCC de 2020 à 2025, qui prépare le terrain pour les initiatives futures tout en priorisant l’inclusivité et l’équité.
En plus d’exercer ses fonctions avec les CCC, Peggy est également membre du corps professoral de l’École des services de santé et des services sociaux du Collège communautaire de la Nouvelle-Écosse. Avec plus de 25 ans d’expérience à enseigner dans le programme de justice pénale, elle transmet des connaissances inestimables sur les compétences générales, l’éthique, et le comportement criminel aux futurs professionnels.
« Ma plus grande fierté, c’est de voir mes étudiants réussir puis revenir pour enseigner », dit-elle. « À présent, trois des quatre enseignants titulaires du programme sont eux‑mêmes diplômés. »
Au-delà de ses projets professionnels, Peggy a toujours eu très à cœur de responsabiliser les communautés vulnérables et traditionnellement marginalisées au sein du système de justice. Dans le cadre de ses activités de défense des intérêts, elle s’attaque aux problèmes systémiques tels que la surreprésentation des femmes, des Autochtones et des personnes noires au sein des établissements correctionnels.
« Peggy est d’abord et avant tout une éducatrice. Sa connaissance approfondie du système carcéral canadien fait d’elle une précieuse ressource pour les nouveaux membres des CCC », affirme Brian Matthews, président du CCC de l’Établissement Nova pour femmes.
« Nous avons tous appris de son approche axée sur les détenus », dit-il. « Elle est toujours disponible pour répondre à nos questions, même après avoir assuré le leadership d’un autre CCC. »
En fin de compte, Peggy tente de donner espoir aux personnes touchées par le système de justice et d’inspirer les générations futures à créer une société plus équitable et empathique.
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