Soutien animal inconditionnel : de la zoothérapie dans l’unité d’intervention structurée de l’Établissement de Stony Mountain
19 juillet 2024
À l’intérieur des murs de l’Établissement de Stony Mountain au Manitoba, on a recours à une forme de réhabilitation unique en son genre. Dans l’unité d’intervention structurée (UIS), où la liberté est limitée, l’arrivée hebdomadaire de chiens de thérapie donne aux détenus un sentiment de liberté inattendu.
Nos compagnons à quatre pattes ne sont pas là seulement pour battre de la queue, mais aussi pour aider à chasser les inquiétudes, le stress et la solitude. Depuis que la Winnipeg Humane Society a instauré le programme de zoothérapie il y a un peu plus d’un an, les membres du personnel ont remarqué une nette amélioration de la capacité des détenus à faire face au stress mental et émotif lié à l’incarcération.
Joshawa Elsner, un agent de programmes sociaux intérimaire qui supervise le programme de zoothérapie à l’Établissement de Stony Mountain, est impressionné par les effets que le programme produit dans la vie quotidienne des détenus, que ces derniers ressentent grâce à l’acceptation et au soutien inconditionnels qu’ils reçoivent. « Les chiens et leurs maîtres ont permis aux détenus de se sentir aimés et validés malgré leurs gestes passés », dit-il.
« De ce fait, ils ont développé leur estime de soi, leurs habiletés sociales, leur empathie et leur connaissance de soi. On voit plusieurs détenus sortir de leur coquille, baisser la garde et sourire alors qu’ils n’en ont pas l’habitude. »
La zoothérapie permet aux détenus de faire de l’introspection et de créer un lien affectif à un degré qui pourrait être difficile à atteindre avec des humains. Toutefois, les effets positifs du programme ne se limitent pas au bien-être émotionnel. Ils englobent aussi des aspects concrets comme l’amélioration du comportement dans l’unité, où logent temporairement des détenus qui ont dû être séparés des autres pour des raisons de sécurité ou qui sont en transition vers un établissement à sécurité maximale.
« Je sais que le soulagement du stress par la zoothérapie a contribué de plusieurs façons au bon fonctionnement de notre UIS », dit Joshawa.
Tous les vendredis après-midi, il y a une séance de zoothérapie d’une à deux heures dans le bureau de Joshawa, une pièce de 15 par 25 pieds dans laquelle il y a un fauteuil et des chaises. Elle est assez grande pour accueillir plusieurs détenus à la fois, leur permettant de discuter et de se rappeler leurs propres animaux de compagnie.
Les responsables du programme font une rotation régulière entre diverses races de chiens, dont un bouledogue, deux types de caniches, un husky et un chien-saucisse. Ils ont tous été très bien dressés pour être dociles et demeurer indifférents dans une variété de situations, comme lorsqu’ils entendent de grands bruits soudains ou reçoivent des caresses de plusieurs personnes à la fois.
Leurs maîtres, qui ont été approuvés par la Winnipeg Humane Society, apportent des friandises pour animaux que les détenus donnent aux chiens pour les nourrir et les encourager à faire des tours. Le programme ne connaîtrait pas cette réussite sans le dévouement de ces bénévoles qui amènent leurs chiens à l’établissement toutes les semaines en plus de visiter d’autres endroits comme des maisons de soins infirmiers et des écoles primaires.
Lorelle Selinger amène Meika, son husky sibérien, au programme de thérapie canine offert dans l’unité d’intervention structurée de l’Établissement de Stony Mountain jusqu’à trois fois par mois.
Lorelle Selinger amène son husky sibérien Meika à l’établissement jusqu’à trois fois par mois. Sa principale motivation est de voir les effets que la zoothérapie produit sur les détenus.
« Une fois, un détenu est passé juste pour dire à Meika qu’il apprenait à lire », dit‑elle. « Il suivait des cours de lecture de base à l’école, et il était sincèrement content de nous transmettre la nouvelle. Ce sont les moments comme celui-là qui me font croire que ça en vaut la peine, quand on en voit concrètement les effets chez les gens. »
Les détenus racontent souvent des histoires au sujet de leurs chiens d’enfance en disant à quel point ces animaux étaient importants pour eux.
« C’est facile pour eux de parler de chiens », dit Tim, qui fait régulièrement du bénévolat à l’Établissement de Stony Mountain en amenant Gordon, son bouledogue anglais. « Ils n’ont pas besoin de confier de grands secrets, mais racontent tout de même des histoires personnelles. C’est arrivé plusieurs fois que des détenus regardent Gordon droit dans les yeux et qu’ils lui caressent les bajoues en disant : "Je t’aime, Gordon — pouvez-vous le ramener, s’il vous plaît?" ».
« C’est très touchant de voir des détenus laisser tomber leurs masques pour simplement devenir des humains ordinaires avec un chien. Ce contact leur donne une pause mentale, car ils n’ont pas besoin de penser à se protéger des autres. Ainsi, ils ont plus de facilité à gérer le reste de leur journée. »
Tim se souvient d’un détenu qui a fondu en larmes après s’être soudainement rendu compte qu’il n’avait pas caressé de chien depuis six ans. « Les moments comme ceux-là sont très significatifs pour eux. C’est un vrai privilège qu’ils ne tiennent pas pour acquis. Ils disent souvent qu’ils vont adopter un chien quand ils seront en liberté. C’est en effet une excellente façon pour eux de retrouver leur place dans la société, de rencontrer de nouvelles personnes et de rester loin de celles qui les ont entraînés dans leur ancien mode de vie. »
Mukwah Jordan-Wade Land, un détenu de 37 ans, dit que le programme a été « libérateur » pour sa santé mentale.
« Quand j’ai vu que ce service était offert toutes les semaines, je me suis emballé. Pas seulement parce que j’aime les animaux, mais aussi parce que j’ai tout de suite compris l’effet qu’un tel contact physique intime pouvait avoir », dit-il.
« La régénération spirituelle et mentale que peut produire l’affection réciproque entre un humain et un animal (caresses, câlins, bisous) n’a pas seulement des effets abstraits. Si une caméra m’avait enregistré, on aurait pu voir ma réaction physiologique en temps réel. C’est assez fort pour sauver des vies. »
Les chiens de thérapie rappellent à Mukwah et à d’autres détenus dans l’UIS que la lumière et l’amour ont leur place même dans les endroits les plus sombres. Le programme de zoothérapie témoigne du pouvoir transformateur des relations entre les humains et les animaux. Il ouvre la voie vers la guérison et apporte une lueur d’espoir pour un avenir meilleur.
Gordon, un bouledogue anglais, est un habitué du programme de thérapie canine offert dans l’unité d’intervention structurée de l’Établissement de Stony Mountain, au Manitoba.
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