Visages du SCC : Tony Walby
9 août 2024
Conseiller technique en technologie de l’information, équipe de configuration et d’accessibilité des applications, administration centrale, Ottawa
« En fait, en ne faisant pas le travail nécessaire pour assurer l’accessibilité, nous nous privons du bassin de talents que nous pourrions avoir. Ça la loi et la norme, et c’est tout simplement ce qu’il convient de faire. »
Tony Walby a commencé à travailler au Service correctionnel du Canada (SCC) en 1998 comme administrateur de base de données. En 2006, sa vue a commencé à se détériorer, et on lui a diagnostiqué une maladie oculaire dégénérative. En 2010, sa vision avait considérablement diminué, et il a commencé à s’inquiéter pour son travail. Aucune des applications numériques avec lesquelles il travaillait n’était accessible.
Les connaissances et les compétences de Tony étaient importantes pour le SCC, et son gestionnaire ne voulait pas le perdre. Certains outils ont été achetés pour l’aider à faire son travail, mais Tony avoue que « c’était un processus très frustrant et très difficile. »
En 2017, son directeur lui a demandé de trouver un moyen d’évaluer les applications et de les rendre accessibles. Tony et un étudiant ont donc commencé à concevoir un outil numérique permettant de repérer les applications Web et numériques accessibles utilisées au SCC. C’est ainsi qu’est né le Centre d’expertise en accessibilité, une plateforme qui permet de mettre à l’essai toutes les applications du SCC pour déterminer si elles répondent aux normes d’accessibilité et qui assure le suivi de leur conformité. L’équipe de Tony s’efforce également d’aider les employés à comprendre l’accessibilité, ainsi que les normes et la législation en la matière.
Une grande partie de cette accessibilité consiste à rendre les documents et les sites Web lisibles autant pour les voyants que pour les non-voyants. Les lecteurs d’écran sont essentiels à cet égard. Ils lisent le texte à voix haute au fur et à mesure que l’utilisateur suit la page. Il est essentiel d’accompagner les images, les tableaux et les graphiques d’un texte de remplacement pour permettre aux personnes ayant une déficience visuelle comme Tony d’en connaître la nature.
Il explique que pendant la pandémie, lorsque les gens commandaient leurs courses en ligne, le texte alternatif de nombreuses photos sur les sites Web des commerçants n’était pas suffisant. Souvent, le seul texte fourni était le mot « légume ». Les personnes qui avaient recours à des lecteurs d’écran ne savaient donc pas si elles commandaient des carottes ou des pommes de terre.
Plus de six millions de Canadiens sont en situation de handicap. Les exigences en matière d’accessibilité existent depuis 2010 au sein du gouvernement, mais l’engagement légal d’offrir des services, des milieux de travail et des collectivités exempts d’obstacles a été pris en 2019 avec l’adoption de la Loi canadienne sur l’accessibilité. L’objectif est de rendre entièrement accessibles toutes les entités relevant du gouvernement du Canada, à savoir les ministères, les organismes et les sociétés d’État, d’ici 2040.
L’équipe de Tony était prête à relever le défi.
« Nous avons conçu l’outil qui nous permettra d’évaluer les applications Web conformément aux normes d’accessibilité du gouvernement du Canada », explique Tony. Il souligne que l’outil autonome conçu par son équipe est désormais utilisé par Environnement Canada et la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada. Tony affirme que le SCC est à la pointe de la conformité en matière d’accessibilité des applications Web et qu’il prévoit être entièrement accessible d’ici 2028.
Tony, en bleu, participant aux Jeux paralympiques de 2012 à Londres, en Angleterre, lors de sa première manche contre la France.
Tony a l’esprit de compétition. Il fait partie de l’équipe nationale de judo depuis l’âge de 16 ans. En 2008, à l’âge de 35 ans, il s’est retiré du judo réservé aux personnes non-handicapées lorsqu’il a été déclaré aveugle au sens de la loi. Il a toutefois continué à pratiquer ce sport en se consacrant à la formation et à l’entraînement des athlètes de haut niveau.
Mais Tony avait toujours l’esprit de compétition. En 2010, il s’est joint à l’équipe de para judo pour personnes malvoyantes et a participé aux championnats du monde de 2011, aux Jeux panaméricains de 2011 (où il a remporté une médaille de bronze) et aux Jeux paralympiques de 2012 et de 2016.
Tony a pris sa retraite après les Jeux paralympiques et ne participe plus aux combats de cet art martial.
Cependant, il continue de s’entraîner et de concourir au niveau mondial dans les katas de judo, des schémas préétablis d’attaque et de défense qui sont notés par des juges.
« Je suis la seule personne aveugle au monde à concourir à ce niveau dans cette discipline. »
L’année dernière, Tony et son partenaire ont terminé en 12e place.
« Je ne peux pas vraiment voir ce que je fais, mais c’est amusant », dit Tony. « Je me fie davantage à ma mémoire. »
En 2021, Tony est devenu la première personne aveugle canadienne à obtenir une ceinture noire de sixième degré.
Dans le cadre de son travail quotidien, il est fier que « le type qui a un handicap au SCC soit le responsable de l’accessibilité des technologies de l’information et de la communication ».
L’équipe compte un autre collègue malvoyant (également ancien athlète paralympique en natation). Les dix autres membres de l’équipe de Tony sont non‑handicapés. Tous sont également passionnés par l’accessibilité et l’élimination des obstacles en milieu de travail.
Tony insiste sur l’importance de l’accessibilité, car une grande partie de nos interactions quotidiennes au travail et à la maison se fait en ligne avec des ordinateurs et des téléphones cellulaires.
« Quand il est question de tâches quotidiennes, que ce soit de faire ses finances, ses courses ou à peu près n’importe quoi, si on ne les rend pas accessibles, on exclut une partie de la population. »
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