Se façonner un nouvel avenir avec le cuir et les textiles

23 août 2024

À gauche de l’image, on peut lire : « Se façonner un nouvel avenir avec le cuir et les textiles ». À droite, il y a deux carrés qui comportent chacun une image, soient celles d’un aigle et du devant d’un mocassin en cuir respectivement.

un homme penché au-dessus d’une peau d’animal à une table
L’un des participants au programme de couture et de travail du cuir découpe une peau d’animal pour en faire un produit commercialisable.

« Quand j’ai conçu ce programme, je cherchais quelque chose que les délinquants allaient pouvoir ramener avec eux à leur sortie », explique Karl Lech, instructeur du programme de couture et de travail du cuir offert par CORCAN à l’Établissement de Warkworth, en Ontario.

« Il faut que ce soit bon marché, donc on essaie de faire en sorte que les produits que nous fabriquons soient aussi pratiques que possible. En gros, avec la somme de 500 dollars, les délinquants peuvent se créer une entreprise et s’en occuper depuis leur domicile. »

Karl a joué un rôle déterminant dans la mise en place du programme de couture et de travail du cuir, créé en septembre 2008. Offert par CORCAN, ce programme s’adresse aux Autochtones et aux personnes qui adhèrent à un mode de vie autochtone. Au départ, Karl a enseigné aux 13 premiers participants à fabriquer des objets artisanaux d’inspiration autochtone, tels que des tambours, des mitaines, des sacs et des mocassins.

Le programme permet la création de produits commercialisables

Depuis, le programme est devenu un atelier de produits artisanaux autochtones prospère qui propose une plus grande variété d’articles fabriqués par des délinquants, comme des chapeaux, des bandeaux et des capteurs de rêves. Ils fabriquent également des étuis à lunettes en cuir pour le service de lunetterie des délinquants à l’Établissement de Beaver Creek, ainsi que des porte-insignes en cuir pour l’administration centrale du Service correctionnel du Canada. Les revenus tirés de la vente de ces produits sont réinvestis dans le programme de CORCAN.

Karl cherche toujours à donner plus de produits à fabriquer aux participants. Cette initiative permet aux responsables du programme de se procurer divers outils, ce qui enrichit l’expérience des participants. « Plus je leur fais connaître d’équipements, plus ils auront de connaissances à leur sortie », explique Karl.

étagères stockées de mocassins
On fabrique entre autres des mocassins pour l’atelier de produits artisanaux autochtones.

On montre aux participants à coudre à la main et à utiliser des outils pour travailler le cuir et d’autres textiles naturels. Ils acquièrent de l’expérience à utiliser de l’équipement pour travailler le textile, comme des machines à coudre industrielles, des couteaux chauffants, des riveteuses, une presse de découpage de 20 tonnes servant à découper les produits en cuir à l’emporte-pièce, et des scies à onglets mixtes servant à découper les cadres de tambour à l’atelier. Les participants acquièrent des compétences techniques et apprennent des techniques de travail du cuir et du textile qui leur sont précieuses en vue de se trouver un emploi à leur sortie. Ils acquièrent également des compétences essentielles en matière de communication et de résolution de problèmes, qui leur seront utiles pour d’importe quel emploi.

Dans le cadre du programme de CORCAN, les participants au programme de couture et de travail du cuir reçoivent entre autres de la formation professionnelle sur les chariots élévateurs, la rédaction de curriculum vitae et le Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT). Les participants qui perfectionnent davantage leurs compétences peuvent obtenir une certification de base du Conseil canadien de la fourrure attestant leur capacité à se servir d’une machine à coudre la fourrure.

Au fil des ans, Karl a également établi de bonnes relations avec des organisations autochtones.

« Les nombreux centres culturels autochtones que j’ai visités soutiennent tous le programme et approuvent la qualité des produits fabriqués », dit Karl avec fierté. « Quand des Aînés et des agents de liaison autochtones nous donnent leur rétroaction après être venus ici et avoir vu nos produits, ils disent tous apprécier ce qu'on fait. »

Fabriquer des produits artisanaux, expérience révélatrice

Karl évoque les anciens participants. « Le programme en a éclairé plusieurs », dit-il. Pendant leur participation, ils croyaient que ce qu’ils fabriquaient allait pouvoir se vendre, et les gens apprécient le travail qu’ils ont accompli. »

Il se souvient de James, l’un des anciens participants, comme d’un étudiant curieux et désireux d’apprendre. Aujourd’hui, James met ses compétences au service de la collectivité.

peinture d’un grizzli qui grogne sur une peau de tambour ronde
Dale met son talent à profit pour décorer les peaux destinées aux tambours fabriqués à l’atelier.

« Quand j’étais à l’Établissement de Warkworth, j’ai profité de l’occasion pour m’épanouir et apprendre de nouvelles choses dans mon parcours vers la guérison », dit James. « J’ai appris qu’il y avait un atelier de fourrure et de cisaillage ici, et ça m’a tout de suite intéressé. À ma sortie, une autre occasion s’est présentée. J’ai mis en application dans la collectivité les compétences que j’avais acquises, donc à présent, j’ai une entreprise secondaire. » Il considère Karl comme un mentor qui le soutient. « Karl est formidable. On avait une excellente relation professionnelle ». Quand James a été libéré, Karl l’a mis en relation avec des fournisseurs de cuir pour l’aider à se lancer.

Dale, lui aussi un ancien participant, dit avoir aimé le programme en tant que personne autochtone. « Je suis Métis. Je trouve que le programme permet aux participants autochtones de mettre en pratique leurs compétences en fabriquant des artéfacts autochtones. Il nous permet d’approfondir notre ascendance autochtone ».

Après sa libération, Dale est resté en contact avec Karl. Il crée des centaines d’œuvres d’art impressionnantes sur les tambours autochtones qui sont fabriqués à l’atelier et en vente sur le site Web de CORCAN.

Ches, un autre ancien participant, est fier de ses origines innues (Labrador). Il souligne que les créations réalisées par les participants dans le cadre du programme représentent la culture autochtone. « Les Aînés viennent souvent dans notre établissement pour superviser le fonctionnement du programme et donner des conseils sur le plan culturel », dit-il.

Faire du talent une entreprise

« Les compétences que j’ai acquises à l’atelier de fourrure de l’Établissement de Warkworth m’ont énormément aidé à me trouver un emploi lorsque j’ai été libéré », poursuit Ches. « J’ai réussi à obtenir un poste dans une entreprise qui cousait des combinaisons de pompiers. Par après, je suis devenu gérant d’usine dans la même entreprise. J’augmentais mes revenus en fabriquant des objets artisanaux autochtones et en les vendant dans ma communauté. »

mitaines à fourrure accrochées sur une barre
Mitaines en peau de mouton en vente à l’atelier de produits artisanaux autochtones.

Depuis sa libération, Ches vend des mitaines en peau de mouton dans sa communauté. Il souligne à quel point son passage à l’atelier de produits autochtones a changé sa vie.

« Je ne possédais presque rien à ma libération, mais à présent, j’ai une maison, des économies et une nouvelle voiture », raconte Ches.

Karl garde un très bon souvenir de ces anciens participants. Il constate que tous trois ont continué à travailler dans le domaine de l’artisanat qu’ils ont appris dans le cadre du programme à l’Établissement de Warkworth. « Au bout du compte, les délinquants sont repartis avec les outils dont ils ont besoin. »

« Notre travail est de leur donner les outils qui leur permettront de réussir à leur sortie et d’éviter la récidive. J’ai communiqué avec de nombreux détaillants de produits autochtones, qui ont tous affirmé qu’ils aimeraient bien embaucher des personnes qui fabriquent ces produits. Pour les délinquants autochtones, ça représente une occasion de vivre d’un emploi qu’ils aiment et qui est adapté à leur culture. S’ils ne souhaitent pas suivre cette voie, ils peuvent plutôt se trouver un emploi dans l’industrie du textile, car dans ce domaine, ils peuvent mettre en pratique les compétences qu’ils ont acquises. »

Karl est convaincu que leur avenir est prometteur. Il termine en disant : « Ça fait partie du parcours vers la guérison ».

Pour en savoir plus sur les produits spécialisés, consultez le site Produits spécialisés | Catalogue CORCAN.

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