Pavillons de ressourcement : Une voie vers la réhabilitation et le renouement

le 27 septembre, 2024

Photo d’un paysage enneigé. À droite apparaît un grand capteur de rêves. À gauche, on peut lire : « Pavillons de ressourcement : Une voie vers la réhabilitation et le renouement ».

Les pavillons de ressourcement sont essentiels dans le contexte correctionnel du Canada. Les pavillons priorisent la guérison, le sentiment de communauté et le respect de la culture autochtone, appuyant par le fait même les efforts plus vastes déployés dans le but de parvenir à la vérité et la réconciliation.

Les pavillons de ressourcement sont bien plus que de simples établissements correctionnels; ce sont des sanctuaires de transformation. Ils permettent à la fois de déterminer les causes profondes du comportement criminel et de fournir des services de réhabilitation adaptés à la culture qui aident les détenus à renouer avec leurs origines, à guérir de leurs traumatismes et à se préparer à un bel avenir. Ils donnent l’occasion aux délinquants de rebâtir leurs vies et de réintégrer la société en tant que bons citoyens actifs.

Au Canada, on compte actuellement 10 pavillons de ressourcement financés et/ou administrés par le Service correctionnel du Canada. Quatre d’entre eux sont gérés exclusivement par le Service, alors que les autres sont gérés par des partenaires ou des organismes communautaires. 

Renouer grâce à la culture

Au cœur de la philosophie des pavillons de ressourcement se trouve une croyance selon laquelle la compréhension de son identité et de son héritage culturel peut mener au véritable changement. Teddi Saddleback, directrice exécutive par intérim au Centre Pê Sâkâstêw à Mâskwâcîs en Alberta, affirme que pour que cela se produise, il est important que les délinquants renouent avec les cultures et les langues des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Elle fait remarquer que plusieurs hommes au pavillon ont découvert des aspects de leur identité dont ils n’avaient jamais pris connaissance auparavant. Ainsi, cette philosophie les aide à comprendre leurs décisions passées et les motive à changer.

« Quand on a cette identité, qu’on peut s’y reconnaître et qu’on peut découvrir qui on est et d’où on vient, c’est absolument énorme », dit-elle.

Portrait d’une femme qui sourit
Teddi Saddleback, directrice exécutive intérimaire, Centre de ressourcement Pê Sâkâstêw

Le mode de vie adopté dans les pavillons de ressourcement, qui implique des cérémonies de suerie fréquentes et la récolte de remèdes autochtones traditionnels comme la sauge, a pour but d’inspirer un sentiment de respect et de responsabilité.

Sentier menant vers la porte principale du bâtiment
Centre de ressourcement Pê Sâkâstêw, à Mâskwâcîs, en Alberta

Ce processus comporte des cérémonies quotidiennes telles qu’une cérémonie matinale de purification par la fumée et un enseignement d’un Aîné, ce qui motive les hommes à se rapprocher de leurs origines.

Teddi insiste aussi sur l’importance de donner l’exemple dans ce contexte, et encourage les membres du personnel à prendre part aux mêmes pratiques culturelles que les résidents. Cette approche favorise un sentiment de communauté chez les résidents tout en les préparant à la vie à l’extérieur du pavillon en leur enseignant des habiletés fondamentales et en les responsabilisant.

Guérir grâce aux traditions et à la communauté

Randall Charlie, un agent correctionnel qui a près de 30 ans d’expérience, travaille depuis plus de 20 ans au Village de guérison Kwìkwèxwelhp à Harrison Mills, en Colombie-Britannique. Ce pavillon de ressourcement se trouve sur un territoire traditionnel du peuple Stó:lō, qui s’étend de Yale à Langley. Son expérience de la culture du peuple Salish de la Côte influence profondément son approche correctionnelle. Dans l’exercice de ses fonctions, Randall doit entre autres offrir de la formation culturelle au personnel et élaborer des stratégies de recrutement pour les agents correctionnels autochtones, ce qui témoigne de son engagement de toujours à intégrer les pratiques traditionnelles au système correctionnel.

L’aménagement non clôturé du village, qui s’apparente davantage à une collectivité qu’à une prison, permet aux résidents de s’investir pleinement dans leurs pratiques culturelles. Randall souligne l’importance des cérémonies qui ont lieu dans la maison longue traditionnelle au sol en terre battue. Cet endroit procure aux résidents et à la collectivité un endroit où se réunir et un sentiment d’appartenance et de continuité.

Guidés par les Aînés, les cérémonies et les enseignements culturels, les résidents vivent une expérience de découverte de soi et de guérison. Cette approche est particulièrement efficace pour ceux qui ont vécu des traumatismes importants, tels que les survivants des pensionnats autochtones et de la rafle des années soixante.

Aux yeux de Randall, la transformation de plusieurs délinquants témoigne de la réussite évidente des pavillons de ressourcement. Il raconte les histoires de délinquants qui, après s’être investis à fond dans les programmes culturels et spirituels du pavillon, ont réussi à réintégrer la société, à fonder une famille et à laisser derrière eux leur passé criminel.

Un homme qui sourit
Randall Charlie, agent correctionnel, Village de guérison Kwìkwèxwelhp

« J’ai parlé à quelques gars la semaine passée, et on ne croirait jamais qu’ils ont été incarcérés. C’est ça qui me motive », dit Randall.

« Ceux qui réussissent savent où ils sont et ce qu’ils doivent faire. Ils comprennent vraiment ce qui est arrivé et apprennent ce qu’ils doivent apprendre pour guérir. Ils sortent et ne reviennent pas, et c’est ça le but ultime. »

Le rôle des Aînés

Dans les pavillons de ressourcement, les Aînés occupent une place centrale dans le processus de guérison. Ils offrent de l’orientation, transmettent des enseignements culturels et appuient les délinquants dans leur cheminement vers la guérison. Randall raconte que certains Aînés ont aidé des délinquants à comprendre leurs traumatismes et à commencer leur processus de guérison.

« Je crois qu’ils ont leurs plus grandes prises de conscience quand ils ont la chance de parler à un Aîné en particulier qui leur donne plus d’information leur permettant de changer leur façon de vivre et de commencer à faire les choses différemment », raconte-t-il.

La participation de la communauté autochtone est toute aussi cruciale. Les membres de la communauté donnent souvent l’exemple et favorisent la réinsertion sociale des délinquants. Cette approche communautaire aide les délinquants à ressentir un sentiment d’appartenance et de responsabilité pouvant constituer un important facteur de motivation qui encourage le changement.

Enseigner des habiletés pratiques et la responsabilité personnelle

Une photographie d’arbres ébranchés. Devant les arbres se trouve une structure bombée composée de branches arquées. Une pile de grosses roches sont situées à l’avant-plan.
Les terres sacrées au Village de guérison Kwìkwèxwelhp où se déroulent les cérémonies de la suerie. Du côté droit se trouve un sentier menant vers un cours d’eau où ont lieu les bains rituels à l’eau froide. La purification spirituelle se fait dans le cadre de ces deux cérémonies à l’intention des membres du personnel et des résidents.

Les pavillons de ressourcement préparent également les résidents à la réinsertion sociale en leur permettant d’acquérir des habiletés pratiques et en favorisant la responsabilité personnelle. Les programmes destinés au perfectionnement des habiletés fondamentales, comme établir un budget, faire à manger et suivre un horaire, donnent aux résidents les outils dont ils ont besoin pour réussir à l’extérieur du pavillon. L’ajout des enseignements culturels fait en sorte qu’à leur départ, les résidents possèdent un profond sens de l’identité et une raison d’être.

« Tous les résidents rencontrent l’un de nos cinq Aînés pour procéder à ce qu’on appelle une déclaration solennelle. En gros, ils parlent de leur engagement, car leur présence devrait être traitée comme une cérémonie. Et tout ce qu’on fait lors des cérémonies concerne l’engagement et le respect de celui-ci jusqu’à la fin », explique Teddi.

Les résidents doivent se présenter tous les jours de 8 h à 16 h à leurs lieux de travail désignés, tels que les services d’alimentation ou d’entretien.

Le fait de suivre un horaire et d’acquérir des compétences transférables est essentiel à leur réinsertion sociale.

« D’après mon expérience, je peux dire que les hommes sont conscients de ce qu’ils ont ici », dit Teddi. « Et quand ils essaient réellement de changer, de travailler pour réintégrer la société et retourner dans leur collectivité d’origine, ils prennent conscience de ce qu’ils pourraient perdre. Ils risquent gros. »

Une vaste portée

Photo d’un paysage enneigé. À droite apparaît un grand capteur de rêves.
Un capteur de rêves à l’extérieur du Pavillon de ressourcement Willow Cree

Les bienfaits des pavillons de ressourcement se font ressentir non seulement par les résidents, mais aussi par la collectivité en général. En inspirant un sentiment de respect et de responsabilité chez leurs résidents, ces établissements contribuent au processus de guérison des collectivités touchées par des actes criminels. Les initiatives de service communautaire et les pratiques de justice réparatrice aident les résidents à rendre service et à demander pardon, ce qui renforce leur engagement envers le changement positif.

Les résidents qui assistent aux enseignements et qui s’adonnent aux pratiques culturelles ressortent souvent avec une nouvelle raison d’être et s’engagent à vivre différemment. Bien qu’elles ne soient pas universelles, ces transformations donnent de l’espoir et confirment l’efficacité des pavillons de ressourcement comme moyen de résoudre les problèmes systémiques présents dans le système de justice pénale.

Détails de la page

Date de modification :