Offrir un avenir meilleur aux délinquants grâce à l’imprimerie
le 23 décembre, 2024

La presse à imprimer a révolutionné la communication en permettant de diffuser des idées et des connaissances à des personnes partout dans le monde. Cinq siècles après son invention, l’imprimerie est une industrie vibrante qui, chez nous, donne l’occasion à des délinquants d’acquérir des compétences qui leur permettront de reprendre leurs vies en main.
Un atelier d’imprimerie d'une établissement, au Québec situé à 170 km au nord-ouest de Montréal, montre des trucs et des techniques utiles du métier et des compétences sociales positives à 30 délinquants afin de les aider dans leur réinsertion sociale.
Travailler dans une imprimerie n’est pas un cheminement de carrière courant, mais c’est un terrain d’apprentissage pertinent pour bon nombre d’emplois. L’atelier d’imprimerie est réputé pour offrir un excellent service et une variété de produits, et pour respecter ses engagements contractuels et les délais fixés.

Machine Kempsmith pouvant produire 12 000 chemises de classement par jour.
Créer des possibilités novatrices
L’atelier d’imprimerie produit des chemises de classement, des formulaires, de la papeterie (enveloppes, cartes professionnelles, bloc-notes, manuels de formation) et du matériel pour le Service correctionnel du Canada (SCC) et d’autres ministères et organismes gouvernementaux. Il produit aussi des articles gravés comme des porte-noms, des plaques nominatives de bureau et des pancartes. Dans le cadre de son Programme d’emploi et d’employabilité (PEE), CORCAN offre des possibilités d’emploi aux délinquants à l’atelier d’imprimerie.

Dans le cadre de la préparation des travaux d’impression, vingt délinquants travaillent ensemble pour assurer la qualité du produit final.
Les délinquants employés et formés à l’atelier d’imprimerie préparent les commandes, déterminent les paramètres d’imprimerie et acquièrent des compétences. De plus, ils exécutent des tâches liées à la production industrielle, telles que préparer les plaques, le papier et l’encre et effectuer les travaux de finition. Ils apprennent à utiliser une grande variété d’équipement et participent à toutes les étapes du processus d’imprimerie, ce qui leur permet d’acquérir des compétences transférables utiles pour les emplois dans la collectivité, que ce soit dans le domaine de l’imprimerie ou d’autres types d’emploi.
Par-dessous tout, l’atelier d’imprimerie aide les délinquants à se réhabiliter en vue de réussir leur réinsertion sociale.
« Souvent, des délinquants qui sont retournés dans la collectivité communiquent avec nos instructeurs pour demander s’ils peuvent postuler à des emplois dans des imprimeries privées » dit l’instructeur Alain Paiement.
Patrick Lampron, le superviseur de production, fait remarquer l’âge et les antécédents des employés.
« C’est la beauté du monde de l’imprimerie : il y a quelque chose pour tout le monde! » dit-il. « Quand on travaille sur des presses offsets et en flexographie, il faut rester debout toute la journée, donc ça convient à certains délinquants qui sont très actifs et en bonne santé. D’un autre côté, on peut amener les délinquants qui ont des problèmes de mobilité ou qui sont plus âgés du côté de la finition, car le travail se fait assis à un bureau. »
Chaque étape des activités d’imprimerie est supervisée par des instructeurs expérimentés qui guident les délinquants dans le processus, qui comprend la flexographie, la finition, l’expédition et la réception. Les trois membres de l’équipe d’imprimerie, Patrick, Alain et Yvon, ont accumulé plus de 100 ans d’expertise combinée dans le domaine grâce à l’expérience de travail qu’ils ont acquise dans les imprimeries du secteur privé avant de se joindre à CORCAN.
Formation en cours d’emploi
À l’atelier d'imprimerie, divers certificats de formation sont accordés pour plusieurs domaines spécialisés, et ce, dans les quatre ateliers d’imprimerie. Ainsi, l’atelier collabore avec le Comité sectoriel de main-d’œuvre des communications graphiques du Québec pour offrir une formation et des expériences de travail pertinentes dans le contexte du retour sur le marché du travail. Quoiqu’il en soit, les délinquants participant au programme de CORCAN acquièrent une expérience pratique du métier sur place.

La presse à imprimer qui peut imprimer des centaines de formulaires par jour sur du papier sans carbone.
« Je n’ai jamais été un premier de classe. Ce que j’aime, c’est d’apprendre avec les mains, et après, la tête suit. Chez CORCAN, on apprend par la pratique, et ça me convient parfaitement! » dit un délinquant employé dans l’imprimerie.
L’industrie de l’imprimerie du Canada est le quatrième plus important employeur industriel, qui compte plus de 98 000 travailleurs employés par près de 5 500 compagnies à l’échelle du pays. Au Québec seulement, 770 compagnies emploient près de 15 000 employés. Les délinquants acquièrent de l’expérience pour travailler dans de grandes ou petites imprimeries ou avec des professionnels de l’impression, bien qu’il puisse être difficile de trouver un emploi sans formation officielle.

Atelier d’entreposage et d’expédition où les délinquants envoient des articles dans les 48 heures suivant la commande.
Pour travailler dans l’industrie, les délinquants reçoivent une formation technique et développent des compétences, comme le souci du détail, car les travaux d’impression demandent de la précision et de la qualité. Ils acquièrent également un sens des responsabilités, de l’organisation et de l’observation. La capacité de maintenir sa concentration sous pression tout en respectant les échéances est essentielle, tout comme l’esprit d’équipe, l’autonomie et la débrouillardise. Le travail d’imprimerie peut sembler répétitif, donc la patience est un atout.
À l’atelier d’imprimerie, le respect des échéances est l’une des priorités du processus de production.
Chaque jour commence par l’extraction des commandes dans le système. En même temps, les délinquants sont responsables d’expédier, de rassembler, de préparer et d’organiser les articles finis, qui doivent être livrés à nos clients dans les 72 heures.
Marc, le spécialiste des finances dit que depuis le début de l’exercice 2024 à 2025, les délinquants et les instructeurs ont produit et préparé presque 700 commandes.
Le volume des commandes varie, des centaines de milliers de produits devant être livrés. Les commandes importantes proviennent principalement de contrats de service conclus avec divers ministères et organismes du gouvernement fédéral. Ainsi, un marché est offert d’un océan à l’autre, ce qui permet de faire des expéditions partout au Canada.
Christian, le gestionnaire des opérations, indique que le but est « que chaque achat d’impression au SCC et dans tous les ministères fédéraux se fasse avec CORCAN. Ça augmente les possibilités d’emploi pour les détenus! »
L’imprimerie offre aux délinquants une formation de pointe et une expérience de travail importante. Notons également que les participants impriment des manuels de formation pour les programmes correctionnels des détenus. Cela signifie que CORCAN produit des impressions indélébiles avec des matériaux qui sont imprimés par des délinquants, pour les délinquants.
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