Au revoir les sandales, bonjour le parka!

23 août 2024

Une femme debout, les bras dans les airs, se tient sur un sol sale et glacé, des collines basses en arrière-plan

« C’est l’idée de faire autre chose qui m’a amenée à travailler au Nunavut, sans compter l’appel à l’aventure! Si j’avais à décrire une journée typique de mon quotidien ici, je dirais premièrement qu’il n’y a pas de "journée typique", car tous les jours sont différents. »

Le 3 septembre 2022, Marita Erkila a déménagé à Iqaluit avec sa famille. Elle se souvient bien de cette date, car il faisait 30 degrés Celsius à Ottawa ce jour-là, et elle avait quitté la ville en sandales de plage. Après un vol de trois heures, Marita et sa famille sont arrivés à Iqaluit sous la pluie, et le thermomètre affichait trois degrés Celsius.

« J’ai vite retiré mes sandales pour enfiler mon parka, qui est mon fidèle compagnon depuis! 

Moins de deux mois plus tard, le 28 octobre, j’ai vécu ma première tempête de neige d’Iqaluit. Elle était violente et accompagnée de vents de 100 km/h. Elle a marqué le début d’un très long premier hiver. Avec deux hivers d’Iqaluit à mon actif, je ne dirais pas que j’aime les hivers longs et froids, mais j’admets que cet endroit est encore plus beau quand il est recouvert de neige! » 

Le visage d’une femme

Marita Erkila, responsable des agents de libération conditionnelle

Marita a entamé son parcours dans le domaine des services correctionnels bien avant son arrivée au Nunavut. Elle a été inspirée par son père, un agent de la Police provinciale de l’Ontario, qui a rapidement éveillé chez elle un vif intérêt pour le domaine. Après avoir travaillé comme agente correctionnelle provinciale auprès de jeunes contrevenants en Colombie-Britannique au début des années 1990, elle est allée à l’Université de la Vallée du Fraser à Abbotsford pour obtenir un baccalauréat en sociologie et en anthropologie. 

Ses études lui ont permis d’élargir ses connaissances des structures sociétales et du comportement humain, ce qui s’est avéré indispensable dans les rôles qu’elle a occupés dans le domaine des services correctionnels. Elle a notamment travaillé à l’Établissement de Matsqui et à l’Établissement Mountain, des établissements pour hommes à sécurité moyenne à Abbotsford et à Agassiz, en Colombie-Britannique, et comme agente de libération conditionnelle dans la collectivité à Sudbury, en Ontario.

« J’apprends continuellement de nouvelles choses au sujet du Nord. À mon arrivée, le paysage de la toundra, qui s’étendait à perte de vue, me semblait désolé. Quand une habitante de la région m’a dit qu’elle aimait le fait qu’il n’y avait pas d’arbres qui lui bloquaient la vue, j’ai ricané un peu, car cela semblait aller à l’encontre de ma première impression d’austérité. À présent, je suis plutôt d’accord avec elle, car je vois la vraie beauté du paysage d’ici, surtout sans obstruction! 

« La beauté de la toundra est exceptionnelle. C’est vraiment incroyable à quel point tout s’épanouit vite ici au premier signe de la fonte des neiges. Petites fleurs, petites baies, petits oiseaux qui nichent... J’ai l’impression que plus je reste ici longtemps, plus la beauté naturelle du territoire se dévoile à moi. Le plus beau de la vie ici, c’est de vivre parmi certains des artistes les plus talentueux du Canada. 

« Le talent artistique manifesté dans le territoire est une véritable merveille. Je me sens vraiment choyée de pouvoir acheter des œuvres d’art locales directement des artistes eux-mêmes, que ce soient des sculptures, des dessins, des mitaines, des chapeaux, des bijoux ou des parkas. C’est aussi tout un honneur d’avoir l’occasion de rencontrer les artistes et de leur parler. J’expose leurs œuvres d’art à la maison et au bureau avec beaucoup de fierté. De plus, je porte le chapeau et le parka en peau de phoque soigneusement fabriqués à la main que j’ai achetés en ressentant un grand respect pour l’habileté des artistes, entre autres car leurs confections sont parfaitement à l’épreuve du froid, malgré le facteur vent à moins 50 degrés! »

« C’est ce qui a tout changé pour moi, et je suis reconnaissante envers le Bureau de libération conditionnelle d’Ottawa de m’avoir accueillie si généreusement. J’aimerais saluer mon patron, Richard Marceau, qui a déjà vécu ici et qui sait exactement ce que c’est. Le fait d’avoir ce lien avec quelqu’un qui s’y connaît, non seulement sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan personnel, a été d’un très grand secours pour moi et ma famille. »

Étant la seule membre du personnel du SCC à temps plein au Nunavut, Marita s’occupe de situations qui sortent de l’ordinaire de son emploi d’agente de libération conditionnelle à Sudbury.

Femme portant un grand capuchon à fourrure; un chien lui touche le visage de son museau.

Marita et son chien Antonio à Iqaluit

« La plus grande différence, c’est que je suis la seule agente de libération conditionnelle. Le sentiment d’isolement était intense à mon arrivée. J’étais tellement habituée de traverser le corridor pour aller discuter d’une affaire dans le bureau d’un collègue qu’au début, j’avais l’impression de ne pas savoir quoi faire. Toutefois, cette impression s’est vite dissipée quand je me suis souvenue que je pouvais joindre mes merveilleux mentors et sources de soutien du Bureau de libération conditionnelle d’Ottawa par téléphone ou par courriel. Maintenant, « l’isolement » n’est qu’une référence géographique, rien de plus. 

« C’est ce qui a tout changé pour moi, et je suis reconnaissante envers le Bureau de libération conditionnelle d’Ottawa de m’avoir accueillie si généreusement. J’aimerais saluer mon patron, Richard Marceau, qui a déjà vécu ici et qui sait exactement ce que c’est. Le fait d’avoir ce lien avec quelqu’un qui s’y connaît, non seulement sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan personnel, a été d’un très grand secours pour moi et ma famille. »  

 

La gestion de la logistique de la réhabilitation et de la réinsertion sociale des délinquants, la coordination avec les détachements locaux de la GRC, et l’établissement de liens communautaires essentiels dans l’un des territoires les plus éloignés du Canada font partie des tâches quotidiennes de Marita. 

Elle pourrait commencer sa journée en organisant des vols pour les délinquants qui retournent dans leur ville natale, en avisant les autorités locales, ou en se rendant dans des petites villes comme Kinngait (Cape Dorset), dans le sud de l’île de Baffin, pour rencontrer des membres de la collectivité. Ces étapes assurent une intégration harmonieuse des délinquants libérés. Le travail de Marita est crucial pour établir la confiance et maintenir la sécurité au sein de ces communautés étroitement liées.

« Chaque jour consiste à collaborer et à comprendre les choses à mesure, soit l’un des aspects les plus particuliers et les plus intéressants de mon travail ici. L’un de mes aspects préférés est de pouvoir mobiliser nos partenaires de manière très significative. Par exemple, on peut rencontrer des membres de la GRC pour discuter du retour d’un délinquant dans une petite collectivité de 1 500 personnes et parler franchement des répercussions qui pourraient en découler. En tant que membre d’une équipe qui cherche à assurer la réinsertion sociale réussie des délinquants en utilisant des approches exceptionnelles et collaboratives, je peux dire en toute honnêteté que j’ai vécu des choses extraordinaires. Ils ont fait de la réinsertion sociale positive une merveilleuse réalité, ce qui me confirme que les gens s’en soucient vraiment. »  

Pour Marita, il était essentiel de comprendre la culture inuite et de l’intégrer dans son travail pour gérer le risque que représente un délinquant dans la collectivité. Elle fait entre autres la promotion de programmes qui aident les délinquants à renouer avec leurs racines culturelles en participant à des activités traditionnelles comme la chasse et la pêche, qui sont aussi des pratiques thérapeutiques.

Une femme debout, les bras dans les airs, se tient sur un sol sale et glacé, des collines basses en arrière-plan

Marita près du bord de l’eau au printemps

« La culture, la langue et l’art inuits sont des trésors inestimables que je chérirai toute ma vie. Ç’a été une expérience tout à fait unique. Mais par-dessus tout, je dois dire que c’est l’amabilité des gens et l’impression de petit village qui nous ont gardés ici, ma famille et moi. Il y a un côté authentique chez les gens d’ici que j’apprécie. Même si je sais que vivre et travailler dans l’Arctique n’est peut-être pas pour tout le monde, j’encourage quiconque a le goût de l’aventure à y songer. »

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