Sous clé : Cinq artefacts fascinants du Musée pénitentiaire du Canada
le 18 juillet 2025
Au cœur du Musée pénitentiaire du Canada, à Kingston, en Ontario, se cachent des objets étonnants qui lèvent le voile sur les histoires méconnues du système correctionnel canadien. Au-delà des barreaux et des uniformes typiques, ces cinq artefacts offrent un regard inattendu sur la vie en prison et l’évolution du système correctionnel au Canada. On y découvre aussi bien des objets évoquant des évasions audacieuses que du mobilier royal, ainsi qu’un lien surprenant avec la légende du rock Eric Clapton.
1. Outils d’extraction de pierres utilisés lors de la construction du Pénitencier de Kingston
Le Pénitencier de Kingston, devenu une véritable icône canadienne, a littéralement été construit par ceux qu’il était destiné à enfermer. On peut y voir les outils d’origine, tels que des ciseaux, des marteaux et des pics, utilisés par les détenus tout au long du XIXe siècle pour extraire et tailler les blocs de calcaire qui composent les murs imposants de la prison. Ce travail exténuant s’inscrivait au cœur des premières philosophies pénales, qui prônaient la discipline par le travail acharné. Ces outils ont servi non seulement à bâtir le pénitencier lui-même, mais aussi de nombreux bâtiments environnants de l’établissement.
Un exemple notable est le pavillon Mackenzie du Collège militaire royal du Canada. « Ils ont aussi taillé de la pierre pour d’autres projets dans des régions situées hors de Kingston : plusieurs phares, des églises, et même des appuis de fenêtre en calcaire pour des résidences privées », explique Dave St. Onge, historien et conservateur du musée.

Ce travail a véritablement jeté les bases de l’infrastructure correctionnelle fédérale du Canada ainsi que des collectivités avoisinantes.
2. Sac à dos en tissu fabriqué à la main porté par un pigeon pour le transport d’objets interdits
Le 19 décembre 2022, des agents correctionnel de l’Établissement du Pacifique, en Colombie-Britannique, ont intercepté un passeur des plus improbables : un pigeon portant un minuscule sac à dos en tissu fabriqué à la main. À l'intérieur se trouvait de la méthamphétamine en cristaux, évaluée à 16 000 $ par les institutions. La mission audacieuse de l’oiseau constitue un exemple aussi étrange que réel des méthodes de plus en plus inventives utilisées pour faire entrer des objets interdits dans les établissements correctionnels. Si le pigeon ne fait pas partie de la collection du musée, le harnais récupéré, lui, y est bien exposé.

« C’est un excellent exemple de tentative de contourner les avancées technologiques en matière de sécurité en revenant à des méthodes plus à l’ancienne », explique Dave.
3. Carabine Ruger Mini-14 utilisé lors de l’évasion de 1990 à l’Établissement de Kent
Une carabine Ruger Mini-14, aujourd’hui conservée dans les réserves du musée, a été utilisée lors d’une spectaculaire tentative d’évasion par hélicoptère à l’Établissement de Kent en juin 1990. Au cours de l’incident, des détenus ont ouvert le feu depuis l’hélicoptère détourné. L’agent correctionnel Rip Kirby, en patrouille autour du périmètre, a été blessé à la jambe par balle à travers la porte de son véhicule. Malgré sa blessure, il a ouvert le feu en retour et endommagé l’hélicoptère. Bien qu’ils soient parvenus à s’évader, les détenus ont été localisés et appréhendés deux jours plus tard sur une île du lac Harrison.

Le fusil a ensuite été désarmé et donné au musée par la division de la GRC d’Agassiz, en Colombie-Britannique. Il symbolise un puissant rappel des risques encourus par le personnel correctionnel et des défis complexes liés à la gestion des établissements à haute sécurité.
4. Les enregistrements de piano et la connexion musicale d’Edward (Teddy) Fryer
Edward (Teddy) Fryer n’était pas un détenu comme les autres. Beaucoup croient qu’il est le père biologique du célèbre guitariste Eric Clapton. Bien que les deux hommes ne se soient jamais rencontrés, les rares enregistrements de Fryer et de son groupe, réalisés pendant son incarcération au Pénitencier de Kingston, témoignent d’un moment unique de la vie culturelle de l’établissement.

Son jeu alliait la rigueur de la technique classique aux sonorités du blues et du jazz, créant une musique à la fois maîtrisée et profondément expressive.
Deux enregistrements de Fryer font désormais partie de la collection du musée, préservant non seulement son talent musical, mais aussi un lien culturel rare avec l’un des musiciens les plus influents du XXe siècle. En plus de sa musique, Fryer a laissé deux peintures sur le thème musical, datées de 1952, elles aussi conservées dans la collection du musée.
Ces œuvres reflètent davantage son lien profond avec les arts pendant son séjour derrière les barreaux, et même au-delà, explique Dave, qui précise qu’il a ensuite travaillé comme pianiste de salon en Ontario et dans le nord de l’État de New York. « Apparemment, il serait même retourné jouer au pénitencier dans le cadre des spectacles de Woodhouse après sa libération », ajoute-t-il.
L’héritage de Fryer offre un aperçu rare et profondément humain des élans créatifs qui peuvent naître en milieu correctionnel.
5. Chaises conçues pour la visite royale de 1860
Lorsque le prince de Galles (futur roi Édouard VII) devait visiter le Canada en 1860, les détenus du Pénitencier de Kingston furent chargés de confectionner le mobilier pour la résidence royale. Chaque pièce devait être meublée avec un bois canadien différent afin de mettre en valeur les ressources naturelles du pays.


Bien que la visite ait finalement été annulée, les chaises ornées, réalisées dans l’atelier d’ébénisterie du pénitencier, sont toujours conservées, témoignant d’un savoir-faire remarquable. Après l’annulation de la visite, ces chaises furent vendues au public lors d’une vente aux enchères de trois jours, mais leur héritage perdure comme un symbole des contributions inattendues des prisons au patrimoine national du Canada.
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Ces cinq artefacts ne sont qu’un aperçu des nombreux objets surprenants et inspirants que renferme le Musée pénitentiaire du Canada. Chaque objet permet de mieux comprendre l’histoire correctionnelle du Canada, depuis la construction physique de son plus ancien pénitencier jusqu’aux complexités culturelles et opérationnelles de la vie carcérale d’aujourd’hui.
Le musée est situé à Kingston, en Ontario, et il est ouvert de façon saisonnière. Pour connaître les heures d’ouverture et les indications pour s’y rendre, veuillez consulter le site Web officiel du musée.
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