STR8 UP : 10 000 petits pas vers la guérison
Septembre 26, 2025

En 2002, Stan Tu’Inukafe était un intervenant auprès des jeunes en Saskatchewan et aidait les délinquants autochtones à se réinsérer dans la société. Il a constaté que l’affiliation à un gang était souvent un obstacle majeur, surtout en ce qui concerne l’obtention d’un logement.
« Sur la demande, l’agent demandait s’ils étaient membres d’un gang », explique Stan, se rappelant que bon nombre des personnes auprès desquelles il travaillait disaient qu’elles ne l’étaient pas, même si en réalité elles l’étaient, car leur seule autre option était l’itinérance.
C’est alors que Stan a commencé à réfléchir à la façon de les aider à quitter le milieu des gangs.
« Pourquoi ces gens devraient-ils mentir? » a-t-il dit.
Stan a commencé à se renseigner pour trouver des personnes travaillant auprès de jeunes affiliés à des gangs, et c’est ainsi qu’il a rencontré le Père André Poilievre.
Le Père André était l’ancien aumônier principal du Centre correctionnel de Saskatoon et cherchait des moyens d’aider les jeunes autochtones avec qui il travaillait à laisser derrière eux le monde des gangs. Partageant le même objectif, Stan et le Père André ont créé STR8 UP, une organisation vouée à aider les jeunes et les adultes autochtones à se désaffilier du milieu des gangs grâce à son approche des « 10 000 petits pas vers la guérison ».
Grâce à cette approche, STR8 UP offre des services de sensibilisation et de soutien aux anciens membres de gangs qui cherchent à se réhabiliter et à contribuer à une société saine. Cela comporte des programmes pour rétablir des liens dans la collectivité qu’ils ont pu perdre en tant que membres de gangs, ainsi que des possibilités de logement de transition, de soutien à l’éducation et à l’emploi et plus encore.
Le Père André est décédé en juillet à l’âge de 88 ans, mais Stan affirme que son approche consistant à travailler directement avec les gens reste essentielle à ce que fait STR8 UP. Stan se souvient d’avoir été émerveillé par le dévouement du Père André à rencontrer et à travailler avec tout le monde. Lorsqu’il a travaillé dans les Territoires du Nord-Ouest, le Père André s’est donné pour mission de visiter presque toutes les collectivités, y compris plusieurs collectivités isolées accessibles uniquement par avion, pour travailler directement avec les jeunes à risque.
« Cela ne lui dérangeait pas d’aller là où se trouvaient les gens, dit Stan. Il n’attendait pas qu’ils viennent à lui. »
En 2022, STR8 UP a commencé à travailler au Pénitencier de la Saskatchewan, permettant à l’organisation de travailler plus étroitement avec les délinquants et de renforcer les efforts pour les aider à laisser derrière eux le monde des gangs.
« Nous savions dès le départ qu’il y aurait des défis à relever », déclare Reg Bird, gestionnaire par intérim des Initiatives pour les Autochtones au Pénitencier de la Saskatchewan. « Nous avons un organisme et partenaire externe qui vient travailler au sein de l’établissement à temps plein, donc nous savions qu’il y aurait des défis, n’est-ce pas? Non seulement en ce qui concerne la perception du personnel du point de vue de la sécurité, mais aussi la logistique liée à la façon dont nous allions faire fonctionner cela. »
Reg et Stan ont commencé à collaborer pour aider tout le monde à s’adapter à cette relation de travail unique. Pour relever le défi d’avoir deux organisations travaillant vers l’atteinte du même objectif de manières différentes, Stan a décidé qu’il ne reviendrait pas au SCC d’aiguiller les délinquants vers STR8 UP dans le cadre de ses programmes. Au lieu de cela, les délinquants s’engageraient auprès de STR8 UP parallèlement au travail qu’ils faisaient déjà avec le personnel du SCC.
Reg affirme qu’ils espéraient avoir 20 ou 25 participants au cours des 3 premières années, mais qu’en moins d’un an, ils avaient déjà largement dépassé ce nombre.
Il mentionne que le fait d’offrir un soutien direct et en dehors de la structure correctionnelle traditionnelle a ouvert de nouvelles possibilités de réhabilitation.
« Si les délinquants sont dans l’établissement, suivent des programmes, consomment des substances et se présentent avec les facultés affaiblies, cela peut souvent entraîner leur suspension des programmes. Ce que j’ai vu avec STR8 UP, c’est qu’ils considèrent cela comme un obstacle, dit Reg. Ce délinquant a eu une rechute, STR8 UP est là en disant : 'd’accord, relève-toi.' Que pouvons-nous faire à l’avenir? Comment pouvons-nous aider? »
Grâce à l’intégration de STR8 UP au SCC, Stan est devenu encore plus familier avec les obstacles auxquels les membres de gangs peuvent être confrontés dans leur parcours de réhabilitation.
En raison du risque de conflit, les membres de gangs sont souvent séparés de la population régulière. Une fois qu’un délinquant a été déplacé, Stan dit qu’il est souvent difficile pour lui de se réintégrer dans la population plus large, même après avoir quitté le gang. Cela amène beaucoup de délinquants à demander des transfèrements, ce qui les éloigne encore plus de leurs collectivités et de leurs systèmes de soutien externes.
Stan a commencé à travailler avec le personnel du Pénitencier de la Saskatchewan pour trouver des solutions de rechange afin de réduire les conflits potentiels, tout en offrant des occasions aux délinquants affiliés à des gangs de participer davantage aux programmes. Il espère que le renforcement du partenariat entre STR8 UP et le SCC permettra de trouver des solutions à de nombreuses difficultés auxquelles font face les délinquants et le personnel.
Bien que les participants doivent officiellement quitter leur gang avant de rejoindre STR8 UP, l’organisation continuera de préparer le terrain avec les membres actifs de gangs, afin qu’ils sachent que l’option est là quand ils seront prêts.
« Le fait d’avoir nos agents de réinsertion sociale de STR8 UP sur place, de pouvoir rencontrer ces délinquants personnellement, en tête-à-tête, ou dans le cadre de leurs cercles de partage mensuels, c’est énorme », affirme Reg.
Pour les délinquants qui ont réussi à se désaffilier des gangs, il est important de partager leur histoire avec d’autres personnes dans la même situation qu’ils étaient autrefois. Stan dit que ses conversations avec les délinquants sont souvent très perspicaces et profondes, ce que Reg attribue au statut de STR8 UP en tant qu’organisme communautaire.
« Beaucoup de nos gars n’ont pas eu les meilleures expériences avec les figures d’autorité dans leur vie, dit Reg. Parfois, il faut des années à nos agents de liaison autochtones ou à nos agents de programmes correctionnels pour Autochtones pour établir un lien avec ces gars, alors qu’avec STR8 UP, cela pourrait ne prendre que 6 mois. »
En s’ouvrant de cette manière, Stan dit que les délinquants peuvent vraiment guérir et se transformer, et même commencer à aider leurs collectivités.
« Le traumatisme qui n’est pas transformé est transmis, dit-il. Nous voulons qu’ils se sentent à l’aise de partager leurs histoires. »
Détails de la page
- Date de modification :